La connaissance d’un art (et le shiatsu en est un) passe par celle de son histo
La connaissance d’un art (et le shiatsu en est un) passe par celle de son histoire et de ses racines. Je crois profondément que cette connaissance participe à une juste pratique. Elle y participe d’abord parce qu’elle « sérénise » le pratiquant en lui donnant des références. Elle y participe ensuite parce qu’elle rappelle à tous moments, à travers ses histoires, ses anecdotes, combien une pratique et une technique, sont le résultat d’une expérience d’autant plus grande qu’elle est ancienne. L’histoire permet enfin de mettre en exergue un principe majeur, valable pour tous les domaines de la v i e ; « u n e technique est un moyen d’atteindre un résultat et non un but en soi ». Le rappel de ce principe est nécessaire de nos j o u r s . L e s c o n t r a i n t e s ressenties liées à l’urgence, le culte du court terme et de l’éphémère, de plus en plus présents dans nos sociétés, vident en effet de leur substance et de leur dimension philosophique, toutes les approches qui succombent à ces prétendues nécessités du monde « moderne ». On ne retient d’elles, de ce fait, que leur forme, leur technique apparente, qui sont plus facilement codifiables, « normables », « fédéralisables » et « syndicalisables ». Tout ceci se fait sous prétexte de rationalisation, de sécurisation et de protection des « usagers » mais l’histoire de toutes les pratiques de santé, depuis l’aube des temps, a démontré qu’il n’en est rien, les systèmes mis en place ayant bien souvent dérivé vers le seule préservation des corporations. Il en est malheureusement de même pour le shiatsu. Le dossier qui suit va tenter de nous rappeler combien cette pratique a elle aussi, parfois perdu son âme. Mais ce dossier va également montrer combien elle a paradoxalement su aussi la préserver. Ce dossier va enfin illustrer combien cette préservation de l’essentiel, passe par un enseignement où l’humilité, la patience, la pratique « sans objet » voire même le simple droit de regarder sont autant d’ingrédients de l’enseignement traditionnel et autant de symboles d’une recherche sincère, réelle et motivée. Il vous permettra en d e r n i e r l i e u d’envisager qu’il ne peut pas y avoir de bonne pratique sans un sens élevé de l’esprit, que ce soit en termes d’éthique, de rigueur, mais aussi d’humanité et de spiritualité. Le retour à la source, ce Japon qui nous fascine, nous montre encore tout cela mais nous enseigne aussi que, là bas comme chez nous, il est plus facile d’être « simplement technique » et plus difficile d’intégrer une dimension plus « philosophique ». Cela peut sembler étonnant alors que de plus en plus de p a t i e n t s r e c h e r c h e n t c e t t e « dimension », « un peu plus de sens et un peu moins de technique » dans la façon dont on les soigne. Michel Odoul. 1 “de l’Institut Français de Shiatsu” La lettre de l’Institut Directeur de la publication: Michel Odoul Imprimé par l’I.F.S. Abonnement plein tarif: 30 € Tarif préférentiel réservé aux adhérents du Centre: 20 € Les abonnements sont souscrits pour une série complète, à compter du numéro de septembre-décembre de l’année. Dépôt légal à la date de l’impression ISSN 1633-6186 Institut Français de Shiatsu 106 rue Monge 75005 PARIS Tél.: 01.45.87.83.17. Fax: 01.45.87.65.96. s.a.r.l. au capital de 7.622 €. R.C.S. Paris B 433 989 787 La reproduction partielle ou totale des articles de cette lettre est interdite sauf autorisation préalable. ÉDITORIAL Shiatsu... I F S Lettre trimestrielle de l’Institut Français de Shiatsu HORS SERIE N° 5 – HIVER 2004 / 2005 – - 15 € - Janvier 2005 La Lettre Zen Shiatsu. Par Shizuto Masunaga. Editions Trédaniel. Prix: 15,00 € env. Ce livre est le livre de réfé- rence du courant Shiatsu de Shizu- to Masunaga. Au-delà des techni- ques de base présentées, c’est l’ensemble de la philosophie de l’auteur qui est exposée avec sim- plicité et clarté. Quelque soit le cou- rant auquel on appartienne, il me semble important de connaître ce livre car il est un rappel sans détour de l’importance majeure de l’atti- tude du praticien, de son respect du patient et de l’importance de l’iden- tification des causes psychologi- ques ou comportementales du dé- séquilibre de ce dernier. ******** L’harmonie des Energies. Guide de la Pratique Taoïste et des fondements du Shiat- su. Par Michel Odoul. Editions Albin Michel. Prix: 18,90 €. Ce livre que vous connaissez pour la plupart d’entre vous, est celui qui présente les bases du courant Na- kasono enseigné à l’Institut. Ap- puyé sur toute la conceptualisation de la M.T.C., il décrit les techniques générales de travail en shiatsu sur les méridiens et les différents points permettant d’agir sur l’éner- gie ainsi que les incidences com- portementales pouvant générer des déséquilibres. Un livre à avoir pour tous ceux qui pratiquent à l’Institut ou qui cherchent des bases fonda- mentales à leur pratique. Michel Odoul. La lettre de l’Institut Choisir et lire 2 Le diagnostic n’est pas le pronostic. Dr Bernie Siegel. Un dossier réalisé par Michel Odoul. Le shiatsu… Retour aux sources Afin de construire ce dossier nous avons fait appel à deux intervenants, deux experts en leur matière, Sayori Okada chargée de mener une enquête au Japon et Roland San Salvadore pour nous apporter le témoignage d’un occidental ayant été formé au Japon. Sayori est une interprète japonaise d’une infinie gentillesse, d’une modestie et d’un raffinement qui ne trahissent pas des générations de culture du pays du Soleil Levant. J’a rencontré Sayori Okada il y a plusieurs années lors d’un congrès. Vêtue d’un kimono tradi tionnel, coiffée et maquillée dans l’esprit des geishas, elle accompagnait tout un groupe, lui même en habit traditionnel, hommes et femmes, venus à Paris rencontrer et honorer leurs correspondants français. Or ces correspondants, le Hair Club de France, n’étaient ni des personnalités politiques, théâtrales, ou d’un domaine tel que celui des arts martiaux pa exemple. Il s’agissait de coiffeurs ayant su obtenir le respect de ces hom- mes et de ces femmes venus d’aussi loin et qui n’avaient pas hésité à passer plus de trois heures pour s’habiller d’un kimono de cérémonie, se maquiller et se coiffer. Je retrouvais là toute la profondeur et l’essence de l’âme japonaise que j’avais déjà rencontrée et vécue à travers l’Aïkido. Je retrouvais là ce supplément d’âme qui donne à ce qui « prépare tout geste ou toute action » autant voire plus d’importance qu’au geste ou à l’action eux-mêmes, à l’image par exemple de cette extraordinaire céré- monie du thé où le temps passé à boire le thé ne représente qu’une in- fime partie de ce moment hors du temps. Sayori m’a donc semblé être un émissaire de valeur que l’Institut pouvait envoyer au Japon enquêter sur la situation du Shiatsu. Roland San Salvadore est un praticien shiatsu qui enseigne le Do In à l’Institut. Sa bonhommie joviale, son rire communicatif et son catogan sont bien connus de nos élèves Beaucoup, en revanche, ignorent le parcours qui est le sien et qui en a fait le deuxième homme de la situation pour ce dossier. Roland connaît bien le Japon, il y a vécu et l’a telle ment apprécié qu’il a épousé une japonaise. Bourlingueur devant l’éternel, nomade au fond de lui, il a beaucoup pratiqué l’orient, parle japonais et a suivi l’enseignement de plusieurs maîtres japonais dans différentes formes de Shiatsu. Il peut en cela té moigner des pratiques d’enseignement, des contenus, de la philosophie et de l’abnégation dont il faut parfois savoir faire preuve. Il reviendra enfin sur le fait qu’une bonne pratique du Shiatsu implique pour le prati cien autre chose qu’une simple connaissance technique, combien le propre travail d’un praticien sur lui-même est essentiel et combien l’idée qu’il se fait de sa pratique l’est aussi. Ceci permettra sans doute à certains de mieux comprendre la place que prennent par exemple dans notre cursus, la préparation du praticien, le Do In, la Diététique, la psychologie, etc. Un peu d’histoire. Toutes les traditions du monde ont des techniques corporelles qui utilisent la main e le massage pour soigner, soulager, reposer ou détendre. Il n’en est pas autrement au Japon Les traces les plus anciennes de thérapies manuelles remontent au VIème siècle avec l’ap port, sous le nom de Kampô, des techniques fondamentales de la médecine traditionnelle chinoise dont le massage, physique et énergétique. C’est cette dimension du Kampô qui pri le nom d’Anma ou Amma, terminologie que l’on voit apparaître dans des écrits vers 700 e qui fut utilisée ensuite tout au long de l’histoire du Japon. Le Anma de l’époque était une technique thérapeutique complète, comprenant diagnostic et traitement. Cependant, pen dant toute la période où le Japon, sous la férule de la dynastie Tokugawa (1600 à 1860 envi ron), se ferma au monde et refusa toute relation avec l’extérieur, uploads/Sante/ le-shiatsu-au-japon.pdf
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- Publié le Jul 16, 2021
- Catégorie Health / Santé
- Langue French
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