orgasmique fut ensuite violemment combattu par les féministes (3) qui, brandiss
orgasmique fut ensuite violemment combattu par les féministes (3) qui, brandissant l’étendard clitoridien et trouvant intolérable cette dépen- dance de leur épanouissement sexuel à l’homme et son pénis, allèrent jusqu’à nier l’existence même de l’orgasme vaginal. Actuellement les idéologies extrémistes font place à la reconnais- sance de la grande diversité des réactions et des vécus sexuels féminins. Beaucoup de femmes sont multiorgasmiques et témoignent que leur plaisir peut aussi bien être déclenché par stimu- lation clitoridienne que par pénétration vaginale ou même en l’absence de stimuli périphériques, comme dans certaines expériences “mystiques” ou oniriques. ANORGASMIE RELATIVE D’autres femmes sont douées d’une moindre variabilité et n’atteignent l’orgasme que par un seul type de stimulation. Si elles sont satisfaites, il n’y a bien entendu pas lieu de leur “imposer” un autre mode de fonctionnement, mais que donner comme conseil si elles se plaignent, et c’est fréquent, d’une relative insensibilité vagi- nale? Nous sommes donc ici dans un contexte qu’on pourrait appeler anorgasmie relative. ATTITUDES Proprioception périnéo-vaginale Nous pouvons attirer leur attention sur le versant actif de la proprioception périnéo-vaginale. Une femme peut apprendre à “prendre son plaisir” sur le pénis quasi immobile de son partenaire sans nécessiter de vigoureux va-et-vient qui déclen- chent trop vite l’éjaculation. Le tango est une danse pleine de charmes qui peut durer plus longtemps qu’un rock endiablé…, mais il demande un long apprentissage et une bonne complicité entre les partenaires. Le fameux point G de Grafenberg est une zone érogène de la paroi vaginale qui n’est pas systématiquement locali- sée à la face antérieure du tiers superficiel du vagin comme on a pu le décrire. Chaque femme a ses zones sensibles qu’elle pourra découvrir avec l’heureuse bienveillance participante de son partenaire. Sous forme de boutade, sachez cependant que le point G est entre le point F et le point H…! Notons que les femmes qui mécon- L’anorgasmie avec ou sans déficit de la phase d’excitation devrait remplacer l’ancienne classi- fication trop imprécise qui utilisait le terme de frigidité pour désigner cette dysfonction sexuelle féminine fréquente. La grande enquête de Laumann et collaborateurs (1) aux USA por- tant sur 1749 femmes entre 18 et 59 ans révèle dans cette population une prévalence de 14% de femmes habituellement incapables d’atteindre l’orgasme. Les auteurs reconnaissent qu’il convient de revoir ce chiffre à la hausse car les femmes qui n’avaient pas eu de relations sexuelles depuis plus d’un an étaient exclues de l’étude… SIGNIFICATION DE LA PLAINTE «Docteur, je ne ressens rien quand je fais l’amour… Docteur, mon nouveau compagnon est déçu, je ne jouis pas comme il le voudrait…» On ne répond pas à pareilles questions par de vagues encouragements à la résignation ni par une boutade qui ne serait plaisante que pour son auteur! Il convient d’interroger la question avant que d’y répondre, éventuellement en proposant un nouveau rendez-vous pour en parler plus cal- mement. Pourquoi cette patiente pose-t-elle cette question maintenant? Que signifie pour elle le vocabulaire qu’elle emploie? La plainte peut faire suite à une conversation avec une amie, à une lecture, à une remarque de l’ex- conjoint ou du nouvel amant. Il peut exister à ce propos un “impérialisme” masculin qu’il faut dénoncer: certains hommes veulent que leur partenaire jouisse comme ils le souhaitent… Les malentendus sont innombrables au sujet de ce qui serait la “norme” de la réaction orgasmique féminine et certaines femmes qui “fonction- naient” avec bonheur sont déstabilisées d’ap- prendre que leur jouissance n’est pas conforme aux soi-disant standards de la “presse people” ou des articles de sexologie médicale! Sans faire une revue exhaustive du discours savant sur le plaisir sexuel au féminin, on peut rappeler que pour Freud (2), l’orgasme clitoridien était «du petit bois tendre d’allumage qui sert à faire brûler du bois plus dur», seul l’orgasme vaginal étant l’apanage de la femme mûre et épanouie. Ce dogme de la hiérarchie bifocale * Gynécologue Clin. Univ. St Luc 1200 Bruxelles MG & LA FEMME La Revue de la Médecine Générale n°211 mars 2004 142 Les troubles du plaisir sexuel féminin Quelle place pour des conseils appropriés en médecine générale? par le Prof. Armand Lequeux* L a médicalisation des dysfonctions sexuelles masculines avec l’arrivée des inhibiteurs de la phosphodiestérase semble conduire un nombre accru de femmes à oser s’avancer elles aussi sur ce terrain et à poser plus volontiers des questions sur leur fonction sexuelle à leur médecin généraliste. Laissant de côté la problématique des inhibitions du désir, l’auteur nous propose un survol de celle du plaisir sexuel féminin… RÉSUMÉ L’anorgasmie féminine est un symptôme souvent évo- qué en consultation de méde- cine générale. Faute de pou- voir y répondre avec efficacité, le praticien risque de ne pas entendre cette plainte ou de la négliger, alors que son écoute attentive peut permettre de lever des malentendus et/ou de propo- ser des pistes qui peuvent conduire ses patientes à un plus grand degré d’épanouis- sement sexuel. Mots clefs: Orgasme féminin, plaisir sexuel. ABSTRACT The absence of female orgasm is often evoked during visits to the general practitioner. If the latter fails to respond effectively, he may ignore this com- plaint. However, careful hearing can help to solve misunderstandings and/or make suggestions for a bet- ter sexual development. Keywords: Female orgasm, sexual pleasure. possible au féminin : on peut en espérer une action positive essentiellement sur la libido mais aussi sur la vasocongestion et la lubrifi- cation génitales (8). Il faut y penser en particu- lier en cas de plaintes sexuelles après une ovariectomie bilatérale avec œstrogénothéra- pie de compensation : une femme ainsi traitée a perdu la moitié de ses apports en andro- gènes ! Attention aux effets négatifs essentiel- lement cutanés (acné, pilosité) ! Il est impéra- tif d’obtenir une biologie sanguine montrant des taux de base faibles en androgènes avant de proposer un tel traitement qui n’a pas encore dans notre pays d’indication officielle au féminin. ANORGASMIES TOTALES PRIMAIRES Celles-ci sont en réalité rares (9). Une anam- nèse attentive dans un climat de confiance permettra souvent de repérer soit des antécé- dents orgasmiques dans l’enfance ou dans l’adolescence, parfois très chargés en culpabi- lité, soit des orgasmes plus ou moins consciemment attribués à la masturbation ou survenant pendant le sommeil. Certaines femmes connaissent en réalité l’orgasme mais, pour diverses raisons, ne le reconnais- sent pas comme tel ou l’inhibent. Entre le simple déficit d’information et le trouble pro- fond de la personnalité ou les antécédents d’abus sexuels dans l’enfance, il y a toute une palette de situations cliniques qu’il nous fau- dra préciser avant d’orienter notre patiente vers une éventuelle thérapie adaptée. Une attention particulière doit être accordée au phénomène très répandu de la simulation orgasmique féminine. Si ce comportement ne porte guère à conséquence dans une relation fugace, il peut finir par poser un problème inso- luble dans un couple durable. Soit Madame reste bloquée dans son simulacre et ne peut guère espérer s’épanouir ainsi, soit elle “craque” et avoue, parfois après de longues années. Ce qui est souvent très mal perçu par Monsieur qui ne sera plus dans les conditions adéquates pour explorer avec elle les mille et un détours qui conduisent au plaisir sexuel! Le médecin pour- rait avoir ici un rôle de démineur particulière- ment délicat pour dénouer avec bonheur un tel sac de nœuds… CONCLUSION En conclusion, il nous paraît évident que le médecin généraliste a une place essentielle dans l’écoute de pareil dysfonctionnement sexuel même si, comme souvent, il n’a pas plus que d’autres la solution miracle à proposer. Nous boitons tous en matière de sexualité (10), ce qui ne doit pas nous empêcher d’avancer et de chercher notre chemin tout en aidant parfois un tant soit peu nos patientes et patients à se mettre en route à leur tour. ❚ naissent trop leurs possibilités de motricité péri- néo-vaginale peuvent être orientées vers quelques séances de kinésithérapie adaptée avec stimulation endovaginale et biofeedback comme dans les troubles sphinctériens vésicaux(4). Aide psychologique Ne négligeons bien entendu pas les éléments psycho-relationnels qui pourraient apparaître à l’anamnèse. Pour certaines femmes, en fonction de leur personnalité et de leur histoire, la péné- tration est vécue comme intrusive et ne pourra pas être érotisée sans une thérapie individuelle ou conjugale. ANORGASMIES TOTALES SECONDAIRES Il s’agit ici de patientes qui ont connu la jouis- sance sexuelle mais ne la retrouvent plus. MISE AU POINT Anamnèse Il conviendra d’interroger les circonstances qui ont accompagné le changement. Un nouveau partenaire ou un climat désastreux avec l’an- cien? La prise d’un antidépresseur SSRI (5) qui peut aussi bien bloquer les orgasmes féminins que les éjaculations masculines? Une dyspareu- nie qui nécessiterait un bilan étiologique précis? Étiologies et explorations Un déficit de la phase d’excitation (absence de vasocongestion et de lubrification) peut être exploré comme une dysérection masculine (bilan sanguin avec glycémie, lipidogramme, fonction hépatique, thyroïdienne, gonadique et hypothalamique). À côté des évidents éléments psychogènes primaires ou secondaires, il y a les causes artérielles (tabac, hypertension, cholesté- rol…), neurologiques (sclérose en plaques, dia- bète…) et hormonales (déficit androgénique, hypothyroïdie, prolactinémie élevée…). TRAITEMENT Malgré les résultats uploads/Sante/ troubles-du-plaisir-sexuel-feminin.pdf
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- Publié le Fev 07, 2022
- Catégorie Health / Santé
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