Les re seaux pe docriminels avant l’heure : l’Ho pital Ge ne ral, l’affaire Dam
Les re seaux pe docriminels avant l’heure : l’Ho pital Ge ne ral, l’affaire Damiens et l’affaire des poisons Faisons un peu d’histoire, pour une fois. Revenons au XVIIIe siècle, et un peu avant aussi, à la Cour de Louis XIV et Louis XV. Et on va parler de ces histoires de messes noires, de réseaux pédocriminels et satanistes qui à l’époque ont bien existé. Une historienne, Marion Sigaut, a ressorti des archives enterrées parce qu’elles abordent LE tabou de nos sociétés : l’exploitation sexuelle des enfants dans les hautes sphères. Plongeons donc dans cet Ancien Régime où la bourgeoisie prenait déjà le pas, via la magistrature et les banques notamment, sur l’absolutisme. Dans une conférence publiée par un site avec lequel je ne suis pas en phase, dirons-nous, mais qui a le mérite d’aborder la question de la pédocriminalité en se limitant aux concessions légales de notre pays ‘de la liberté d’expression’, Marion Sigaut plante le décor en abordant l’affaire Damiens. Les historiens et ceux qui ont pu bénéficier d’une éducation décente (je pense aux plus de 30 ans) savent que l’affaire Damiens, c’est surtout le supplice de Damiens : un type torturé et écartelé pendant des heures, un fou disait-on. Enfin, surtout Voltaire, le Maître de la pensée unique et de la propagande de l’époque dite des "Lumières". D’ailleurs, si on va sur la bible de la propagande, à savoir Wikipédia, on nous explique encore que Robert François Damiens était un fou (un "déséquilibré", disait-on), qui a tenté d’assassiner Louis XV en raison de sa folie. De lui, on sait surtout qu’il a été le dernier écartelé de France, en 1757. Damiens a été domestique chez plusieurs magistrats parisiens, et son frère travaillait aussi chez un conseiller du Parlement. Un jour de janvier, il décide d’attaquer le roi avec un canif, et même le roi, légèrement blessé grâce à ses épais vêtements, lui a pardonné. Dès qu’il a été arrêté, le Garde des Sceaux a tenté de le faire tuer sur un bûcher, mais la "procédure" a été empêchée in extremis. C’est le Parlement qui a réussi à obtenir, exceptionnellement, de prendre en main le procès. Les frères et sœur, la femme et la fille de Damiens sont très vite interrogés et mis au secret, puis le procès démarre le 12 février sous très haute surveillance. Au cours de son procès, il aurait tout de même dit "Si je n’étais jamais entré dans les salles du palais, et que je n’eusse servi que des gens d’épée, je ne serais pas ici". Le Parlement l’a condamné à un supplice incroyablement sévère, pour des gens qui se revendiquaient lettrés et de l’esprit des Lumières. On lui a brulé une main, puis on lui met les bras et les cuisses en tenailles, on jette de l’huile, de la graisse et du plomb fondu sur ses plaies, avant de l’écarteler avec quatre chevaux, étape qui dura plus d’une heure. Si bien que les médecins ont estimé qu’il fallait lui couper les nerfs pour finir de l’écarteler, ce qui a encore pris beaucoup de temps. Le supplice fut si atroce que l’impopularité du roi n’a fait que grandir dans la population. Marion Sigaut : Damiens, une affaire de mœurs ? D’après le registres de l’enquête, Damiens avait une fille, Marie-Élisabeth, car son fils était mort en bas âge. Sa fille, comme la femme de Damiens, ont comparu au procès. Mais étrangement, sa fille a été arrêtée 4 jours après l’attentat, mais le premier interrogatoire qu’elle subit, officiellement, n’a eu lieu qu’un mois plus tard. On connait presque chaque journée de Damiens dans les trois ou quatre mois qui ont précédé, pourtant il reste de grosses lacunes. On sait qu’il a été beaucoup torturé quand il a été capturé, mais on ne sait pas ce qu’il a avoué. Apparemment, il a plutôt dit qu’il n’avait rien à dire, mais que sa femme et sa fille, dont il a d’abord tenté de dissimuler l’existence, étaient innocentes, et qu’il n’avait pas de complice. Il aurait dit que son geste avait été motivé par la religion, et parce que "tout le royaume périt". Il aurait aussi dit de "prendre garde" au Dauphin (car il allait être tué, selon les retranscriptions des interrogatoires), et que si on avait tranché la tête à cinq ou six évêques, il n’aurait pas commis cet acte. En lisant ce que racontent les témoins les plus proches de la scène du "régicide", on se demande même si Damiens a vraiment tenté de tuer le roi. D’après Marion Sigaut, la procédure a été entachée de nombreux faux. Par exemple, un ordre est signé de l’Assemblée alors qu’elle ne s’est pas réunie ce jour-là. Damiens passait pour un fou, mais d’autres disent qu’au contraire, a eu la tête haute jusqu’au bout. Sa fille et sa femme ont été obligées de quitter le royaume, ses frères et sœur ont été incités à changer de nom, on a détruit la maison où est né Damiens. Mais que disait Damiens, pour passer pour un fou ? Il disait tout simplement qu’on lui avait enlevé sa fille. C’est du moins la théorie de Marion Sigaut, qui date ledit enlèvement en 1750, à cette période où les rumeurs dans Paris évoquaient de tels enlèvements. Mais c’est contesté, car les historiens officiels se basent sur les registres, qui mentionnent bien que Damiens a une fille. Certes, elle a même été arrêtée. Peut-être en a-t-il eu une autre ? Ou est-ce que Marie-Élisabeth est la fillette enlevée ? À cette époque en tout cas, il semble que "le roi se faisait livrer des petites filles", notamment par la Pompadour, sa favorite vieillissante qui aurait trouvé ce moyen pour garder les faveurs du souverain. Il les installait dans le Parc aux Cerfs, un pavillon un peu éloigné du château de Versailles. Des jeunes filles de petite noblesse, voir des ouvrières âgées d’une quinzaine d’années dit-on aujourd’hui, y vivent et sont entretenues pour être à disposition du roi. Aucun des enfants n’était reconnu, et les filles étaient vite envoyées se marier en province. On sait aussi que Damiens a été le domestique de plusieurs personnages de la Cour comme madame de Montmorency, ou encore le frère de la Pompadour, le marquis de Marigny, qui trempait dans les magouilles pédophiles de sa sœur. De fait, Louis XV ne semblait pas effarouché par la jeunesse de ses "maîtresses", comme Marie Louise O’Murphy, qui a été sa maîtresse entre ses 14 et ses 17 ans (elle a aussi un enfant de lui à 16 ans). Comme par hasard, il semble que ce soit le frère de la Pompadour qui l’ait introduite auprès du roi. Marie Louise était vierge, condition sine qua non pour la suite, et elle faisait partie de celles qu’on appelait "les petites maîtresses" du roi. Cependant, l’histoire officielle déclare que le terme "petites" ne fait pas référence à leur âge, mais au fait qu’elles n’étaient pas officielles. Ce serait Marigny qui aurait fait faire le portrait de Marie Louise, nue, qu’il a présenté au Roi pour qu’il sache à quoi elle ressemblait. En 1755, le roi, qui l’avait appelée sa "petite reine", la répudie et la fait expulser à 4 h du matin de la maison dans laquelle il l’avait installée trois ans plus tôt. La même année, c’est encore la Pompadour qui organise son mariage. En fait, Marie Louise aurait été éjectée car elle voulait elle-même mettre la Pompadour sur la touche. En 1749 le Dauphin, qui n’arrivait pas à avoir d’enfant, a fini par prendre une gamine de 4 ou 5 ans dans la rue, qui avait le malheur de passer sous ses fenêtres. On l’appela Mademoiselle de Tourneville, on l’a lavée et on l’a envoyée au couvent des Ursulines "pour y être élevée et y avoir toutes sortes de maîtres". Et personne à la Cour n’y a rien trouvé à redire. En 1750, le curé de Saint Sulpice a dénoncé un bordel qui avait pignon sur rue au faubourg Saint Antoine, mais qui était réservé aux amateurs de petits garçons. Le quartier semblait d’ailleurs réputé pour les rencontres homosexuelles. La prostitution, même de majeurs, était alors interdite, et on la tolérait quand elle était discrète, ce qui ne semblait pas être le cas. L’homosexualité aussi était interdite, même si à la cour c’était très tendance de s’y adonner. Enfin, le viol d’un enfant était puni de mort. Mais, bien sûr, quand il s’agit de la Cour, on ferme les yeux. Il faut dire que le XVIIIe siècle semblait partagé entre lubricité et religion, entre royauté et magistrature, et l’affaire de l’Hôpital Général sent bon de parfum de ce siècle qui, décidément, a des relents nauséabonds. Qu’on connaît d’ailleurs très bien pour les subir encore aujourd’hui, ainsi que cette omerta qui interdit systématiquement d’attaquer les "notables" (pour qui, de quoi ? Enfin bref), et encore moins les "puissants", ceux pour qui les lois n’existent pas, sauf pour réduire les crimes au statut d’infraction. Voyons donc ce qu’est cette histoire de l’Hôpital Général, uploads/Sante/ les-reseaux-pedocriminels-au-xviii-siecle.pdf
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- Publié le Dec 23, 2021
- Catégorie Health / Santé
- Langue French
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