Décisions inconscientes Sexualités et symptôme : refoulement, forclusion et dém

Décisions inconscientes Sexualités et symptôme : refoulement, forclusion et démenF par Agnès Aflalo La loi forclôt l’interpretaFon par Ricardo Seldes Sur un arFcle de J. Chamorro, Someterse a la invención del sujeto par Ramiro Tejo, suivi de la réponse de Jorge Chamorro J’entends des voix qui me parlent, film de Gérard Miller et Anaïs FeuilleGe Le maître de demain, c’est dès aujourd’hui qu’il commande — Jacques Lacan N° 926 – Dimanche 28 mars 2021 – 06 h 56 [GMT + 2] – lacanquotidien.fr Décisions inconscientes Sexualités et symptôme : refoulement, forclusion et démenF par Agnès Aflalo La loi forclôt l’interpretaFon par Ricardo Seldes Sur un arFcle de J. Chamorro, Someterse a la invención del sujeto par Ramiro Tejo, suivi de la réponse de Jorge Chamorro J’entends des voix qui me parlent, film de Gérard Miller et Anaïs FeuilleGe Le maître de demain, c’est dès aujourd’hui qu’il commande — Jacques Lacan N° 926 – Dimanche 28 mars 2021 – 06 h 56 [GMT + 2] – lacanquotidien.fr Sexualités et symptômes : refoulement, forclusion et démenti par Agnès Aflalo Depuis un demi-siècle, les démocraties sont divisées face aux problèmes soulevés par les minorités sexuelles. Ces problèmes retentissent à toutes les échelles de la société depuis la famille jusqu’à la nation. Ils concernent aussi bien les applications de la science au corps humains que le prix de ces techniques ainsi que les enjeux éthiques qu’ils mettent en exergue. Car plus les discours dominants imposent des réponses qui valent pour tous et plus les singularités qui s’en exceptent se regroupent en communauté pour faire pression sur les autorités. Elles imposent alors de nouvelles réponses universelles au prix de démentis, de refoulements et de forclusions qui, loin de le résoudre, entretiennent le malaise contemporain. Sexualités : « médecine, justice, loi » aller et retour L’érosion du symbolique propre à notre époque dénude avec une intensité croissante la disjonction du sexe anatomique et du sexe psychique ou « ressenti ». De nombreuses minorités sexuelles en témoignent. Elles commencent à se faire entendre il y a des années, notamment avec les émeutes de Stonewall en 1969 qui marquent le début de la bataille menée par des homosexuels aux États-Unis. La police de New York arrêtait alors la clientèle gay et lesbienne d’un bar, et ce, en vertu d’une loi qui interdisait le port des vêtements masculins par une personne de sexe féminin ou l’inverse. Ces arrestations ont marqué la naissance du mouvement LGBT qui est commémoré chaque année par la Gay Pride. C’est alors que la minorité homosexuelle commence à faire reconnaitre ses droits et obtient en 1973 de sortir l’homosexualité de la catégorie « déviance sexuelle » dans le Manuel statistique de diagnostics de psychiatrie (DSM). Depuis lors, la lutte des minorités sexuelles n’a jamais cessé. En effet, après la bataille du DSM, il y a eu celle de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de sa Classification Internationale des Maladies (CIM). Il faudra attendre 1990 pour que l’OMS raye l’homosexualité de la liste des maladies mentales de la CIM. La Journée IDAHO – International day against homophobia and transphobia – commémore cette décision depuis 2005. Désormais célébrée dans plus de soixante pays, elle sensibilise l’opinion publique sur les problèmes liés aux questions de genre et d’identité des minorités sexuelles. Mais les mouvements gay et lesbien d’hier sont aujourd’hui Sexualités et symptômes : refoulement, forclusion et démenti par Agnès Aflalo Depuis un demi-siècle, les démocraties sont divisées face aux problèmes soulevés par les minorités sexuelles. Ces problèmes retentissent à toutes les échelles de la société depuis la famille jusqu’à la nation. Ils concernent aussi bien les applications de la science au corps humains que le prix de ces techniques ainsi que les enjeux éthiques qu’ils mettent en exergue. Car plus les discours dominants imposent des réponses qui valent pour tous et plus les singularités qui s’en exceptent se regroupent en communauté pour faire pression sur les autorités. Elles imposent alors de nouvelles réponses universelles au prix de démentis, de refoulements et de forclusions qui, loin de le résoudre, entretiennent le malaise contemporain. Sexualités : « médecine, justice, loi » aller et retour L’érosion du symbolique propre à notre époque dénude avec une intensité croissante la disjonction du sexe anatomique et du sexe psychique ou « ressenti ». De nombreuses minorités sexuelles en témoignent. Elles commencent à se faire entendre il y a des années, notamment avec les émeutes de Stonewall en 1969 qui marquent le début de la bataille menée par des homosexuels aux États-Unis. La police de New York arrêtait alors la clientèle gay et lesbienne d’un bar, et ce, en vertu d’une loi qui interdisait le port des vêtements masculins par une personne de sexe féminin ou l’inverse. Ces arrestations ont marqué la naissance du mouvement LGBT qui est commémoré chaque année par la Gay Pride. C’est alors que la minorité homosexuelle commence à faire reconnaitre ses droits et obtient en 1973 de sortir l’homosexualité de la catégorie « déviance sexuelle » dans le Manuel statistique de diagnostics de psychiatrie (DSM). Depuis lors, la lutte des minorités sexuelles n’a jamais cessé. En effet, après la bataille du DSM, il y a eu celle de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de sa Classification Internationale des Maladies (CIM). Il faudra attendre 1990 pour que l’OMS raye l’homosexualité de la liste des maladies mentales de la CIM. La Journée IDAHO – International day against homophobia and transphobia – commémore cette décision depuis 2005. Désormais célébrée dans plus de soixante pays, elle sensibilise l’opinion publique sur les problèmes liés aux questions de genre et d’identité des minorités sexuelles. Mais les mouvements gay et lesbien d’hier sont aujourd’hui concurrencés par les queer et les trans qui les jugent trop volontiers normatifs. Le mouvement queer est né dans les années 1990 aux États-Unis dans le contexte d’une intense mobilisation contre le sida quelques années plus tôt. D’abord partisans des identités floues, gender fluid, ils se radicalisent ensuite. Ils revendiquent en effet le dépassement du binaire sexuel homme/femme, et au-delà, la fin de toute référence identitaire au genre. Le transsexualisme, quant à lui, obtient sa sortie du DSM III à la fin des années 1980. L’OMS le retire à son tour de la liste des maladies mentales de la CIM en 2018. Mais les victoires se remportent aussi sur la plan judiciaire et législatif. Deux exemples récents nous le montrent. Le 15 juin 2020, la Cour suprême américaine accordait le bénéfice des mécanismes de lutte contre les discriminations au travail aux salariés homosexuels et transgenres, et, dès sa prise de fonction, en janvier dernier, Joe Biden marquait sa politique d’ouverture à l’égard des minorités sexuelles aux États-Unis, et cela entre autres, en nommant Rachel Levine, une femme transgenre et ancienne pédiatre, au poste de secrétaire adjointe à la Santé (1). Il supprimait également le décret Donald Trump de 2016, qui contournait la loi « Obamacare », et visait à interdire aux trans de servir dans l'armée. Depuis le début de cette lutte, les minorités sexuelles, que l’adversité a parfois réussi à souder en de puissants lobbies, vont de la médecine à la justice, et des tribunaux aux législateurs pour se faire reconnaitre dans leur existence propre et dans leurs droits. Les premières batailles visaient à obtenir une dé-psychiatrisation des sexualités minoritaires ainsi que la dépénalisation de leur pratique. Mais au nom du droit à la vie privée ( right privacy), les victoires successives ont fait évoluer le mouvement et ses exigences. Relevons deux de ces victoires récentes en France. D’abord, en avril 2017, l’État français est condamné par la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), au nom du respect à la vie privée, car il obligeait jusque-là les personnes trans à subir une mutilation irréversible (stérilisation) pour obtenir le changement de sexe à l’état civil. Quelques mois plus tard, en octobre, l’Assemblée nationale adoptait le projet de loi « justice pour le XXIe siècle » abrogeant la loi qui a fait condamner l’État français. Elle assure, entre autres, une démédicalisation du changement de sexe à l’état civil. Mais cette double victoire intensifie l’opposition entre certains trans et leurs soutiens et certaines féministes au sujet de leurs droits (2). Il fait aussi cristalliser un malaise sur le genre des enfants, et en particulier pour ceux portant le diagnostic de « dysphorie de genre ». « La femme n’existe pas » Pour les trans, il suffit désormais de se dire femme pour l’être et occuper sa place dans l’espace du côté des femmes. Mais une fois débarrassé du bistouri et des hormones, et aussi des plasties génitales, reste le délicat des caractères sexuels secondaires, en particulier la pilosité. En effet, si les trans bravent la différence des sexes, le refus d’adopter leur perspective peut entrainer l’accusation de transphobie et le risque d’avoir à en répondre devant les tribunaux. En témoigne le cas d’une esthéticienne ayant refusé une épilation pubienne à une femme trans porteuse d’un pénis parce qu’elle se sentait gênée. Elle s’est alors vue accusée de discrimination transphobe. uploads/Sante/ lq-926.pdf

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  • Publié le Fev 21, 2022
  • Catégorie Health / Santé
  • Langue French
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