Maladie, handicap, société et modèle économique. La crise sanitaire liée au cor
Maladie, handicap, société et modèle économique. La crise sanitaire liée au coronavirus a révélé une grande problématique actuelle : celle de la maladie dans notre société. Certes, les questions de santé ont toujours bénéficié, à certains égards, d’un traitement médiatique, sans que pour autant le sens commun n’y accorde plus d’importance que cela. Pourtant, ces derniers mois, les corps, les esprits et les pathologies se sont rappelés à tout à chacun, que ce soit par l’expérience de la maladie, du partage d’informations d’un proche atteint, et même un développement des discussions et des débats autour de ces problématiques. On n’a qu’à penser au développement des activités de ces militants en ligne, sur des réseaux comme tik tok, Instagram, YouTube qui cherchent à témoigner de la réalité du handicap et de la maladie. Ce qui jusqu’alors était caché-esquissé se voit dévoilé, nous poussant à nous interroger sur le sens de la maladie, et plus largement du handicap, dans notre société. Il en ressort une nécessité de l’évaluation de cette expérience particulière et de son articulation avec le social : de quelle façon notre société capitaliste, productiviste, opérant par rapport hiérarchique marque un rappel du corps et de l’esprit (si cela a un sens de procéder à travers cette dichotomie) des individus à eux-mêmes, par le prisme de ce qui est considéré comme un dysfonctionnement. Bref, quelle est la part de responsabilité qu’à le modèle capitaliste, dans la réalité vécue de plusieurs centaines de millions de personnes atteintes de maladies, handicaps, troubles dans le monde ? Bien entendu, le sujet est vaste, et le format limité du topo me pousse à opérer par choix : je suis très loin de prétendre à l’exhaustivité. De ce fait, cet exposé n’aura guère données statistiques, et sera plus théoriques, car je n’ai pas le temps de les présenter ; bien entendu, je me suis documenté, si vous voulez des ressources on pourra se les partager. J’ai bien conscience que les distinctions que je fais ici sont bien floues : notamment le rapport entre handicap, maladie, trouble, mais mon développement sera l’occasion d’une redéfinition des termes à la mesure que mon exposé en éprouvera la nécessité. Comment vais-je procéder pour le déroulement de mon exposé ? À force de réflexion, j’ai trouvé qu’il y avait différents types de rapports que le capitalisme entretenait avec la maladie, le capitalisme ayant différents « mode d’être », chacun de ces modes ayant une influence bien spécifique sur la santé. On pourrait présenter ces modes ainsi : la volonté d’extension des activités productivistes, le mode de vie que cette extension implique et, une des données fondamentales du capitalisme, le rapport au travail. En plus de cela, viennent s’ajouter des causes rétroactives « par compensation ». Après avoir examiné ces raisons de l’influence du capitalisme sur la santé, nous pourrons proposer et réfléchir ensemble à des idées pour améliorer la situation. Tout d’abord, la volonté d’extension des activités productivistes génère des maladies, allant de la plus bégnine et la plus ponctuelle, au problème de santé grave, chronique, handicapant, morbide. Cette volonté d’expansion conduit à un rapport à la nature bien particulier qui nous est nuisible. Comme le déclare Bookchin dans Notre environnement synthétique : « Afin de devenir un organisme dominant, l’homme est obligé de faire un large usage de la nature, mais la nature a des exigences à l’égard de l’homme que celui-ci doit satisfaire s’il veut jouir d’une bonne santé et de bien-être. » Les émissions de CO2, la pollution de l’air, des eaux, la déforestation visant à développer les mononcultures qui sont celles a dont a besoin le système agro-alimentaire, la culture des huiles de palme, de soja, le développement des élevage industriel(une des principales causes de déforestation), sont autant de foyer de diffusions de nouvelles maladies et de virus. La situation du covid le montre parfaitement, mais d’autres maladies issues de ce type d’exposition se multiplient : les cancers, les maladies neurodégénératives, les maladies chroniques (asthme, diabète). Outre le fait que le capitalisme crée des maladies, il affaiblie les organismes (comme dans le cadre des problèmes de santé chronique), qui ne sont plus en mesure de se protéger comme il se doit. Cette volonté d’expansion productiviste, génératrice de maladies et d’affabilissement des organismes conduit à un conditionnement des modes de vie, qui, de fait, favorise une fragilisation de chacun. On peut penser à la banalisation de la consommation de produits transformés industriellement, de l’usage de pesticides, conservateurs et autres produits chimiques dans le cadre des fruits et légumes que l’on consomme ou même des gavages d’antibiotiques que subissent les animaux, et qui nous reviennent en propre. Bien entendu, cela augmente le risque de développer des maladies dégénératives, cancers et autres problèmes de santé chronique. On pourrait nous dire de manger autrement, mais quand on a pas la chance de baigner dans cette culture du « vivre mieux en vivant plus responsable », par habitude, par manque de moyens financiers, par manques de temps ou pour d’autres raisons, il est compliqué de faire autrement. On est dans une logique de prioritaisation des tâches à telle point que la santé doit se faire oublier, passer en second plan. Puisque tous nous est donné, et est à portée de main, nous n’avons plus à chercher quoi que ce soit, et même, nous n’en avons pas le temps, du fait des injonctions sociétales à travailler plus : c’est la sédentarité, autre facteur de développement de problèmes de santé. Le capitalisme a donc une influence directe sur le cours du quotidien de chacun, chacun se voyant lésé d’une façon ou d’une autre quant à sa santé par rapport à cela ; mais il n’y a pas que le quotidien qui use, il y a aussi le cadre dans lequel s’inscrit ce quotidien qui constitue un terreau favorable à des problèmes de santé. Je pense notamment au monde urbain, qui est génératrice de stress, de fatigue chronique, soumise à une pollution atmosphérique, visuelle et sonore quasiment constante, sans compter toutes les problématiques qui peuvent s’articuler à cela : insécurité, trafique, pauvreté, violence. Ce sont autant de facteurs qui favorisent l’apparitions de problèmes de santé : par exemple pour la santé physique l’asthme, et beaucoup d’études montrent que les personnes vivant en ville ont beaucoup plus de chance de développer des problèmes de santé mentale (dépression nerveuse, troubles anxieux, schizophrénie, etc.). Le quotidien au travail va également dans ce sens-là. La division des tâches à travers laquelle nous procédons fait que nous ne faisons plus que travailler certains pans de nous- mêmes (juste le corps, juste l’esprit, juste une partie du corps) ; or, cela combiné à la sédentarité ambiante, fait que certaines parties de l’humain ne sont pas travaillées, du fait de ce rapport au travail qui fractionne les tâches à la mesure des individus. Forcément, des déséquilibres se créent : le.a caissièr.e. qui utilise toujours la même main va développer des tendinites, celui/ celle qui est toujours assis.e. va développer des problèmes de dos, etc. Sans compter le grand nombre de métiers à risques : risque d’accident du travail par des machines, exposition à des produits nocifs. On pense également au développement du mal-être au travail, de l’injonction à toujours faire plus : les troubles anxieux, dépressifs et autres burn out sont très souvent les résultats du travail capitaliste. La logique productiviste a donc une influence sur une fragilisation de l’humain, un développement des maladies, mais aussi sur le mode de vie de chacun, qui, de la même façon fragilise encore plus les individus ; les causes s’influencent mutuellement et se nourrissent entre elles. Finalement, ce qu’on remarque, c’est que certes des gens naissent avec des maladies, certes des gens ont des prédispositions génétiques à développer une maladie, ou que celles-ci ont toujours été en eux, « en puissance », potentiellement et qu’elle était amené à se révéler au cours de leur existence. Cependant, beaucoup de maladies et autres troubles sont directement produites par le monde dans lequel nous vivons. Et qu’en est-il de la prise en charge de ces maladies ? Est-ce que cela conduit à une remise en question du système ? Pas vraiment, la prise en charge de la maladie et très souvent superficielle et s’inscrit dans le cadre du système capitaliste, conduisant les concerné.e.s à être lésé.e.s d’une façon ou d’une autre. Ainsi, alors même quand a bien conscience que la pollution et que notre mode de vie ne sont tout simplement pas compatible avec notre santé, on va continuer d’opérer ainsi, car cela sert les intérêts des capitalistes. Une personne atteinte de cancer, va faire certes l’objet de soin, mais sans que pour autant on interroge ce qui l’a amené à son cancer. Cette logique est encore plus significative dans le cadre de troubles mentaux liés à notre mode de vie ou de travail. Ainsi, une personne qui fait un burn out et une dépression nerveuse va se voir proposé des médicaments, alors que cette personne n’est pas intrinsèquement malade, mais des éléments de sa vie l’ont uploads/Sante/ mala-die.pdf
Documents similaires










-
33
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Dec 02, 2022
- Catégorie Health / Santé
- Langue French
- Taille du fichier 0.0848MB