Université de Paris-Est En partenariat avec le CFCPH de l’AP-HP Master de Philo
Université de Paris-Est En partenariat avec le CFCPH de l’AP-HP Master de Philosophie Pratique Spécialité Ethique Médicale et Hospitalière Deuxième Année Médicament et Individu Révélations de l’effet placebo Joël Schlatter Responsable pédagogique : Professeur Eric Fiat Septembre 2010 Université de Paris-Est En partenariat avec le CFCPH de l’AP-HP Master de Philosophie Pratique Spécialité Ethique Médicale et Hospitalière Deuxième Année Médicament et Individu Révélations de l’effet placebo Joël Schlatter Responsable pédagogique : Professeur Eric Fiat Septembre 2010 Sommaire Introduction ................................................................................ Erreur ! Signet non défini. Pharmakos, origine de la pharmacie .......................................... Erreur ! Signet non défini. Pharmakon, poison et remède ................................................... Erreur ! Signet non défini. Le remède, corps et esprit .......................................................... Erreur ! Signet non défini. Définition, origine ................................................................... Erreur ! Signet non défini. Remède mystifié ..................................................................... Erreur ! Signet non défini. Remède démystifié ................................................................. Erreur ! Signet non défini. Le médicament moderne ............................................................ Erreur ! Signet non défini. Qu’est‐ce qu’un médicament ? ............................................... Erreur ! Signet non défini. Le médicament comme objet technique ................................ Erreur ! Signet non défini. Le médicament, objet de Gestell ? ......................................... Erreur ! Signet non défini. Le médicament, objet de l’utopie ........................................... Erreur ! Signet non défini. Placebo, effet placebo, effet nocebo : définitions ...................... Erreur ! Signet non défini. Placebo .................................................................................... Erreur ! Signet non défini. Effet placebo ........................................................................... Erreur ! Signet non défini. Effet nocebo ............................................................................ Erreur ! Signet non défini. Des génériques aux placebos ...................................................... Erreur ! Signet non défini. Placebo, mensonge et vérité ...................................................... Erreur ! Signet non défini. Placebo entre croyance et confiance .......................................... Erreur ! Signet non défini. Placebo, signification de l’esprit au corps ................................... Erreur ! Signet non défini. Traitement et expectative ...................................................... Erreur ! Signet non défini. Effet placebo et réponse de signification incorporée ............. Erreur ! Signet non défini. Placebo, un mystère objectivé par la technique ? ...................... Erreur ! Signet non défini. Placebo et médecines dépourvues d’assise scientifique ............ Erreur ! Signet non défini. Le pouvoir de la transcription ................................................. Erreur ! Signet non défini. Les vertus symboliques asiatiques .......................................... Erreur ! Signet non défini. La médecine d’Avicenne ......................................................... Erreur ! Signet non défini. Homéopathie .......................................................................... Erreur ! Signet non défini. La foi, placebo de l’âme .......................................................... Erreur ! Signet non défini. Conclusion ................................................................................... Erreur ! Signet non défini. Bibliographie ............................................................................... Erreur ! Signet non défini. Index nominum ........................................................................... Erreur ! Signet non défini. Index rerum ................................................................................. Erreur ! Signet non défini. 5 Introduction Les médecins ont affaire à des personnes malades qui, pour des raisons manifestes d’efficacité thérapeutique, se présentent très vite à eux, dans le contexte de l’hôpital, comme des corps morcelés, comme des systèmes d’organes, de vaisseaux, de tissus, de cellules, de molécules, aujourd’hui retranscrits sur écrans ou sur papier sous formes d’images, de graphes, au risque de perdre de vue la totalité de la personne vivante. Or à quoi bon opérer un œsophage et guérir un cancer il y a peu inguérissable si c’est seulement pour accomplir une prouesse technique ? Pourquoi restaurer la fonction de nutrition si ce n’est aussi pour nourrir l’amour de la vie ? L’homme ne vit pas seulement de pain ; il lui faut aussi des roses, comme disait Marx, et la parole aimante qui donne sens et orientation à la vie. Le modèle médical correspond très adéquatement à la quête du bien-vivre qui est un élément déterminant de la philosophie en général et de la philosophie antique en particulier. Dans la mesure où la norme du bien consiste à articuler harmonieusement les différentes facultés, corporelles et spirituelles de l’homme, la santé, norme incontestable de la pratique médicale est apparue comme un modèle explicatif de la norme du bien-vivre. Pourtant l’homme demeure en recherche effrénée et permanente d’un perpétuel bien être et d’une éternelle jeunesse. Il poursuit depuis des millénaires l’ambition de posséder le remède qui améliorera ses performances physiques et intellectuelles et qui les pérennisera au-delà de toutes limites qui se nomment vieillesse et handicap. Ce philtre magique appartient au rêve le plus ancestral de l’humanité. Il fait l’objet d’une quête éternelle dirigée vers un talisman miraculeux qui serait tout puissant et redoutable. L’homme voudrait être ce magicien qui ferait disparaître les ciseaux de la Parque Atropos, divinité romaine, maîtresse de la durée de la vie. Ainsi démunie, elle ne couperait plus le fil mythique, symbole de l’existence humaine, devenue alors infinie. Si la mort est inévitable, les causes de la mortalité sont évitables, à condition de ne pas oublier la nécessité de tromper la mort avec ses propres armes. Telle est la question moderne qui remplace une recherche du salut par une 6 recherche de la santé. La demande d’immortalité ne porte pas uniquement sur la négation de la mort, mais sur le bien-vivre, le euzein grec. L’essentiel, n’est-ce pas de supprimer les maux et les causes diversifiées de la mortalité ? Certaines causes peuvent trouver une réponse technique appropriée les réduisant à n’être plus que des cas isolés. A chaque mal, son remède, pourquoi pas à la mort, ou au moins à ses causes secondaires. A l’échelle de l’humanité, les maladies ont été réduites par la performance des médicaments. Le médicament est ainsi aujourd’hui l’un des dispositifs centraux du système de santé tel qu’il prévaut dans les pays occidentaux. Il se trouve au cœur de la relation thérapeutique. La consultation débouche presque toujours sur la rédaction d’une ordonnance. Celle-ci substitue, à l’énoncé parfois confus des malaises du patient, la prescription de remèdes qui circonscrivent doublement ces malaises, parce qu’ils les incluent dans une pathologie définie et sont censés les faire disparaître ou du moins les atténuer. L’ordonnance, exécutée par le pharmacien, peut être encore répétée, commentée, voire réinscrite sur les emballages du médicament, alors que les vignettes, décollées de l’emballage sont collées sur la feuille de maladie. Le médicament représente l’un des dispositifs par lesquels les individus qualifient leurs états, éprouvent leurs symptômes, construisent une interprétation de leur état et distribuent des effets et des causes. Il est l’objet de la relation, de la médiation entre le médecin, le pharmacien et le patient. Il fonde un lien tel qu’il doit permettre la guérison tant espérée. Mais pour comprendre le processus de la médiation, il est nécessaire de suivre le parcours du médicament de son origine à maintenant, de mieux cerner les médecines allopathiques des médecines homéopathiques ou alternatives. Nous proposons de tracer un parcours anthropologique du médicament, du pharmakon au médicament moderne, de disséquer les raisons du détournement de plus en plus grandissant des patients vers les médecines douces. Nous opposerons ainsi les vertus du médicament moderne aux vertus du placebo révélé par son effet placebo. 7 CHAPITRE PREMIER DU PHARMAKOS AU MEDICAMENT MODERNE Pharmakos, origine de la pharmacie A l’origine de la pharmacie, le pharmakos désigne une personne considérée à la fois comme poison et remède. Il est une victime émissaire, un réceptacle qui cristallise sur lui tout le mal et incarne la culpabilité collective. Il est désigné pour être sacrifié ramenant le calme et la paix de la société. C’est son sacrifice qui par sa sacralisation va permettre d’équilibrer les fortes tensions au sein de la communauté. Le rituel sacré peut-être une fête où le mythe fondateur est répété pour la nouvelle année ou un rite d’expiation dévoué à l’apaisement de la colère du dieu, afin que le monde retourne à son état normal. Globalement, il s’agit de faire une offrande à un dieu, et il est important que le sacrifice soit compris comme tel et que « à l’opération sacrificielle suppose une certaine méconnaissance. Les fidèles ne savent pas et ne doivent pas savoir le rôle jouée par la violence ».1 Le processus permet, par la violence qu’il suppose, de substituer, de transférer collectivement au dépens de la victime, les tensions internes, les rancunes, les rivalités, toutes les velléités réciproques d’agression au sein de la communauté : « c’est la communauté entière que le sacrifice protège de sa propre violence, c’est la communauté entière qu’il détourne vers des victimes qui lui sont extérieures ».2 Il a pour fonction d’apaiser les violences intestines, d’empêcher les conflits d’éclater. Si elles devaient laisser libre court à leurs déchaînements, c’est la société elle-même qui pourrait à terme disparaître. D’une vengeance à l’autre, tout le monde finirait par se tuer mutuellement. René Girard, 1 René Girard. La violence et le sacré, Paris, Hachette Pluriel, 1998, p. 17. 2 Idem, p. 18. 8 dans La violence et le sacré, explique les mécanismes de la régulation de cette violence dans les sociétés archaïques. Dans la Grèce, le sacrifice humain « se perpétuait sous la forme du pharmakos que la ville entretenait à ses frais pour le sacrifier de temps à autre, notamment dans les périodes de calamités ».3 Le sacrifice crée ainsi du lien social de l'intérieur. Mais qui est cette victime ? Le pharmakos est toute personne qui selon la société est sacrifiable. Il peut être un prisonnier de guerre, un condamné à mort, une personne handicapée, un esclave. Il peut être toute personne considérée comme entrant dans des catégories marginales caractérisées tantôt par une uploads/Sante/ medicaments-et-individu-js-mp2-2010-pdf.pdf
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- Publié le Dec 14, 2021
- Catégorie Health / Santé
- Langue French
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