Revue Méd. Vét., 2013, 164, 3, 106-111 ZEGHDOUDI (M.) AND COLLABORATORS 106 Int
Revue Méd. Vét., 2013, 164, 3, 106-111 ZEGHDOUDI (M.) AND COLLABORATORS 106 Introduction Cette maladie séculaire introduite en Algérie durant les années 90 avec l’importation de la poulette démarrée (future poule pondeuse âgée de 18 semaines) [5] ne cesse de faire des réapparitions dans les différents types d’élevage en Algérie. Cette maladie pose de sévères menaces dans l’élevage industriel aviaire et le développement de stratégies pour la contrôler et représente actuellement l’un des plus grands challenges [8, 13]. Durant les années 2010 et 2011, il est fait état chez les éleveurs de l’apparition dans les différents types d’élevage, de mortalités sans symptomatologie apparente et des formes lésionnelles variables parfois nodulaires affectant différents viscères, qui ont engendré des pertes économiques considérables. De plus, l’absence d’un diagnostic formel a entrainé une consommation importante en produits vétérinaires. Sur le terrain, la recherche de la présence virale soit directement par visualisation des particules virales en microscopie électronique, soit indirectement par mise en évidence par immuno-précipitation des anticorps sériques est totalement impossible car les animaux sont en général vaccinés contre la maladie de Marek, la souche vaccinale étant très proche de la souche sauvage. De ce fait, la constatation de la présence virale par les moyens habituels de diagnostic virologique ne peut jamais être une preuve décisive de la maladie. Il est possible, par ailleurs, de confirmer le diagnostic par histopathologie en analysant l’intensité de la prolifération des lymphocytes en périphérie des nerfs périphériques. En raison de l’existence des formes atypiques de la maladie de Marek, il est donc important et utile de répertorier l’ensemble des signes cliniques et des lésions observés au cours de ces formes particulières et de déterminer l’incidence de cette pathologie en fonction du type d’élevage. Etude lésionnelle de la maladie de Marek chez le poulet de chair et chez les reproducteurs dans l’Est algérien M. ZEGHDOUDI1*, N. BOUZIDI1, L. AOUN1 1Institut des Sciences Vétérinaires, Université El Tarf, 36000 El Tarf, ALGERIE. *Auteur chargé de la correspondance : mouradzeg@yahoo.fr RESUME Cette enquête, réalisée entre 2010 et 2011, présente une analyse anatomopathologique des formes non classiques de la maladie de Marek observées dans l’est algérien dans 2 types d’élevage, celui du poulet de chair et celui des reproducteurs. La maladie est apparue chez les poulets de chair âgés de 35 jours et a évolué sur 17 jours entrainant une mortalité de 5.0% au total alors que chez les reproducteurs, elle a sévi sur des animaux âgés de 24 semaines et a évolué sur 12 semaines engendrant une mortalité totale de 15.9% (23.1% chez les coqs et 14.9% chez les poules). Dans les 2 types d’élevage, aucun signe d’atteinte nerveuse n’a été observé et les cas de mortalité sont apparus soudainement. Des lésions tumorales sous forme nodulaire ou diffuse ont été principalement mises en évidence dans le foie et la rate (avec une prévalence de 61.2% chez les reproducteurs et de 17.1% chez les poulets de chair), le proventricule (avec une prévalence de 20.3% chez les reproducteurs et de 83.0% chez les poulets de chair), et sur la grappe ovarienne (prévalence de 24.2% chez les poules reproductrices) associées à des lésions rénales. La présence d’un infiltrat lymphocytaire massif dans le nerf sciatique a été systématiquement observé et à permis de confirmer le diagnostic de la maladie de Marek. Ces résultats montrent que la réémergence de cette maladie se traduit essentiellement par des formes viscérales plutôt que nerveuses. Mots-clés : Maladie de Marek, poulet de chair, reproducteur, lésions, histopathologie, Algérie. SUMMARY Pathology of Marek’s disease This survey, conducted in 2010/2011, presents a pathology analysis of non classical forms of the Marek’s disease observed in broilers and broiler breeders in East Algeria. The disease has occurred on 35 days old broilers and spread over 17 days leading to an overall mortality rate of 5.0% whereas it has affected 24 week old breeders for 12 weeks and has lead to an overall mortality rate of 15.9% (23.1% in males and 14.9% in females). Clinical neurological signs were unapparent and death was sudden in the 2 breeding types. Diffuse or nodular tumour lesions were particularly found in liver and spleen (prevalences of 61.2% and 17.1% in breeders and broilers, respectively), in proventriculus (prevalences of 20.3% and 83.0% in breeders and broilers, respectively) and in ovarian cluster (prevalence of 24.2% in hens) coupled to kidney lesions. A massive lymphocyte infiltrate in sciatic nerve was always observed and has confirmed the diagnosis of Marek’s disease. These results indicate that the new emergency of this disease is specially linked to visceral lesions instead of nervous signs. Keywords: Marek’s disease, broiler, breeder, lesions, histopathology, Algeria. Revue Méd. Vét., 2013, 164, 3, 106-111 ETUDE LÉSIONNELLE DE LA MALADIE DE MAREK 107 Matériel et Méthodes ANIMAUX L’enquête s’est déroulée sur une période allant de Novembre 2010 à Décembre 2011, dans des fermes situées dans la région d’Annaba dans l’Est algérien spécialisées de façon exclusive depuis au moins une dizaine d’années dans un type d’élevage, soit celui des reproducteurs des poulets de chair, soit celui de la production de poulets de chair. L’effectif des reproducteurs était de 5200 poules et 750 coqs, de souche Hubbard F15, importés de France, vaccinés contre la maladie de Marek au premier jour dans leur couvoir d’origine avec le vaccin cryomarex (rispens + HVT (Herpes Virus Turkey)) du laboratoire Merial. Les poulets de chair (effectif : 5 000), de même souche que les reproducteurs, étaient issus de reproducteurs localisés au centre du pays. Les visites ont été réalisées de façon régulière et hebdomadaire à partir du premier jour d’installation du poussin jusqu’à l’âge d’apparition des premières lésions tumorales (35 jours pour le poulet de chair et 24 semaines pour les reproducteurs), où elles sont devenues quotidiennes. ELÉMENTS DIAGNOSTIQUES L’observation de signes cliniques généraux ou éventuellement spécifiques de la maladie de Marek a été réalisée par bâtiment d’élevage. Des autopsies ont été systématiquement réalisées sur des sujets morts depuis moins de 12 heures et un tableau lésionnel exhaustif complet a été dressé. En parallèle, des échantillons de nerfs sciatiques ont été prélevés sur les cadavres du jour et envoyés sous couvert du froid fixés dans du formol à 10% et identifiés par des chiffres qui correspondent à la date de prélèvement, le type d’élevage, l’âge et le sexe des oiseaux au laboratoire régional vétérinaire d’Annaba (laboratoire de référence sous l’égide du ministère de l’agriculture) pour une analyse histologique. Après inclusion en paraffine, des sections de 4 µm d’épaisseur ont été colorés par l’hémalun-éosine Safran. Les éléments diagnostiques principaux sont constitués par des cellules mononucléées polymorphes associant des lymphocytes de taille variable. Selon l’intensité de la prolifération des lymphocytes en périphérie des nerfs, les prélèvements ont été classés en 3 types : A (prolifération intense), B (prolifération modérée) et C (faible prolifération). Résultats SIGNES CLINIQUES Les symptômes sont restés inapparents à l’exception d’une pâleur accentuée de la crête, une immobilité suivie d’une mort subite en position de décubitus dorsal parfois précédée par des convulsions. Aucun poulet n’a présenté des troubles de locomotion ou un écartement des pattes. Comme le montre le tableau I, des cas de mortalité sont apparus brutalement à partir de la 24ème semaine chez les reproducteurs et à partir du 35ème jour chez les poulets de chair. Ainsi, 6.9% des reproducteurs (47 coqs et 364 poules) et 2.6% (130 sujets) des poulets de chair sont morts respectivement pendant la 24ème semaine au 35ème jour. Dans l’un et l’autre type d’élevage, cette vague de mortalité s’est poursuivie de façon relativement intense jusqu’à la 37ème semaine chez les reproducteurs (6.5% de mortalité, soit 115 coqs et 273 poules) et jusqu’au 52ème jour chez les poulets de chair (2.1% soit 105 sujets) alors qu’au-delà de ces 2 périodes, le taux de mortalité s’est considérablement réduit (2.4% chez les reproducteurs de la 38ème à la 57ème semaine ; 0.3% chez les poulets de chair du 53ème au 60ème jour). Reproducteurs Poulets de chair Effectif initial Caractéristiques Coqs : 750 ; poules : 5200 Pic de ponte (/poule) : 81% Pic d’éclosion : 75% 5000 Poids moyen à 60 jours : 2.5kg Maladie de Marek : âge d’apparition des lésions Durée d’évolution 24ème semaine 13 semaines 35ème jour 17 jours Mortalités 1ère période 2ème période 3ème période 1ère - 23ème semaine Coqs : 47 (6.3%) Poules : 364 (7.0%) de la 24ème à la 37ème semaine Coqs : 115 (15.3%) Poules : 273 (5.3%) De la 37ème à la 57ème semaine Coqs : 11 (1.5%) Poules : 136 (2.6%) 1er - 35ème jour : 130 (2.6%) Du 35ème au 52ème jour : 105 (2.1%) Du 52ème au 60ème jour : 16 (0.3%) Tableau I : Caractéristiques des types d’élevage et évolution du taux de mortalité en fonction des données épidémiologiques de la maladie de Marek [4, 10]. Revue Méd. Vét., 2013, 164, 3, 106-111 ZEGHDOUDI (M.) AND COLLABORATORS 108 TABLEAU NÉCROPSIQUE Au total, 121 cadavres ont été autopsiés entre le 35ème (exclus) et le 60ème (inclus) jour chez les poulets de chair et 88 (72.7%) oiseaux âgés de 35 à 52 jours ont uploads/Sante/ rmv164-106-111.pdf
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- Publié le Jul 05, 2022
- Catégorie Health / Santé
- Langue French
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