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HAL Id: hal-00771587 https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00771587 Submitted on 9 Jan 2013 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. Histoire de la maladie mentale dans le Moyen-Orient médiéval Ali Amad, P. Thomas To cite this version: Ali Amad, P. Thomas. Histoire de la maladie mentale dans le Moyen-Orient médiéval. An- nales Médico-Psychologiques, Revue Psychiatrique, Elsevier Masson, 2011, 169 (6), pp.373. 10.1016/j.amp.2010.06.023. hal-00771587 Accepted Manuscript Title: Histoire de la maladie mentale dans le Moyen-Orient m´ edi´ eval Authors: A. Amad, P. Thomas PII: S0003-4487(11)00064-3 DOI: doi:10.1016/j.amp.2010.06.023 Reference: AMEPSY 1308 To appear in: Annales Médico-Psychologiques Received date: 8-6-2010 Accepted date: 27-6-2010 Please cite this article as: Amad A, Thomas P, Histoire de la maladie mentale dans le Moyen-Orient m´ edi´ eval, Annales medio-psychologiques (2010), doi:10.1016/j.amp.2010.06.023 This is a PDF file of an unedited manuscript that has been accepted for publication. As a service to our customers we are providing this early version of the manuscript. The manuscript will undergo copyediting, typesetting, and review of the resulting proof before it is published in its final form. Please note that during the production process errors may be discovered which could affect the content, and all legal disclaimers that apply to the journal pertain. Page 1 of 11 Accepted Manuscript 1 Mémoire Histoire de la maladie mentale dans le Moyen-Orient médiéval History of mental illness in Medieval Middle East A. Amad *, P. Thomas Service de Psychiatrie Adulte, Hôpital Michel Fontan, Centre Hospitalier Universitaire de Lille, France Auteur correspondant : A. Amad, Service de Psychiatrie Adulte, Hôpital Michel Fontan, Centre Hospitalier Universitaire de Lille, France Adresse email : aliamad2@yahoo.fr Texte reçu le 8 juin 2010 ; accepté le 6 septembre 2010 Résumé La médecine arabe est le fruit de savoirs venant de plusieurs horizons ; elle est notamment influencée par la médecine grecque. Les moines nestoriens ont joué un rôle capital dans le processus de transmission des connaissances du monde arabe au monde grec. Le savoir médical s’est développé et a été diffusé en parallèle de l’expansion de l’Islam au Moyen-Orient. En effet, la tradition musulmane a élevé la médecine au premier rang parmi les sciences. Ainsi, protéger et préserver la santé des individus est un principe religieux reconnu. Les troubles mentaux étaient considérés comme des maladies à part entière, et de très célèbres médecins de cette époque ont écrit et travaillé sur ce sujet. On distingue alors différents types de traitement comprenant des prises en charge psychothérapeutiques, pharmacologiques, musico-thérapeutiques et hospitalières dans les Bimaristans. Mots clés : Bimaristan ; Contexte socio-économique ; Histoire ; Histoire médiévale ; Maladie mentale ; Médecine arabe Abstract Arabic medicine has multiple influences and Greek heritage is the most important. Nestorian monks played an essential role in transmitting knowledge. Medicine’s development and diffusion coincided with Islam expansion. Indeed, Muslim tradition raised medicine in the first rank among sciences. Protect and preserve health of the individuals is a recognized religious principle. Mental disorders were considered as full-fledged diseases, and numerous Manuscrit Page 2 of 11 Accepted Manuscript 2 illustrious physicians of this time wrote about this. Different kinds of treatment existed: psychotherapy, pharmacotherapy, music therapy and hospitalization in the Bimaristans. Keywords: Arabic medicine; Bimaristan; History; Knowledge transmission; Medieval history; Mental illness; Treatment « Où est donc cette vache que je la tue ? » demande Avicenne un couteau à la main, face à un prince délirant qui beugle et crie : « Je suis une vache ! Tuez-moi et faites un ragoût avec ma viande. » L’illustre médecin le palpe, déclare que la bête est trop maigre et indique qu’il faut l’engraisser. Pour se préparer au sacrifice, le malade accepte alors la nourriture qu’il refusait jusque-là. Ses forces reviennent et il guérit [9]. Voilà un exemple typique de traitement psychique utilisé dans la médecine arabo- musulmane médiévale. Les médecins de l’époque disposent en effet d’un système de soin de la maladie mentale étonnamment moderne, comprenant des traitements médicamenteux, des soins psychothérapeutiques et des prises en charge hospitalières. L’histoire de la maladie mentale dans le Moyen-Orient médiéval illustre parfaitement le lien essentiel entre un contexte socioculturel et économique favorable et l’émergence puis le développement d’une science. Ainsi, l’essor de l’islam au VIIe siècle marque considérablement le Moyen-Orient. Les conquêtes des musulmans facilitent la transmission de connaissances médicales venant de plusieurs régions grâce aux traductions d’ouvrages en langue arabe et à l’assimilation de nombreuses cultures, conformément aux propos du prophète de l’Islam qui enseigne à ses compagnons d’aller « chercher le savoir jusqu’en Chine ». Ce climat influence alors la perception des malades mentaux. Ces derniers sont peu stigmatisés, ils sont considérés comme des malades à part entière et la maladie fait partie du destin décidé par Dieu. Se soigner ou soigner son prochain étant une prescription religieuse, les hautes autorités sociales contribuent financièrement aux structures médicales, ces dons étant favorisés par la bonne santé économique de l’empire musulman jusqu’au XIIIe siècle. D’ailleurs, le mot « majnoun » en arabe, qui signifie communément « fou », prend une connotation tantôt magique, tantôt scientifique, selon le contexte économique. Les médecins arabo-musulmans développent alors des théories sur les maladies mentales et composent des traitements, encouragés par la prescription religieuse de soutien psychologique au malade. Les établissements tels que les bîmâristâns peuvent alors se Page 3 of 11 Accepted Manuscript 3 développer, permettant de réelles prises en charge hospitalières. Le fonctionnement de ces hôpitaux a d’ailleurs probablement influencé Pinel lui-même, qui, dans son Traité médico- philosophique sur l’aliénation mentale, prenait en exemple, pour la prise en charge des malades mentaux, l’hôpital de Saragosse, fortement inspiré des bîmâristâns [2]. 1. Origines et influences de la médecine arabe Les origines de la médecine arabe sont par conséquent multiples. On distingue néanmoins une influence principale de la médecine grecque, elle-même dérivée de la médecine ancestrale ayurvédique fondée sur l’analogie entre le corps humain et le cosmos. Comment le savoir s’est transmis du monde grec au monde arabe ? La réponse à cette question apparaît avec l’étude des activités des moines nestoriens. Ces moines sont originaires de l’empire byzantin. Ils sont chassés en 431, à la suite du concile d’Éphèse qui déclare leur doctrine hérétique. Ils choisissent alors de se réfugier dans l’empire perse et plus précisément en Mésopotamie. Leur rôle devient alors essentiel dans le processus de transmission des connaissances scientifiques. Les Nestoriens sont de culture grecque et possèdent de nombreux ouvrages de philosophie, de médecine, et de toutes sortes de sciences. La médecine qu’ils pratiquent est essentiellement hippocrato-galénique. Les Nestoriens sont accueillis à Jondishapour (actuellement en Iran du Sud-Ouest), construite au IIIe siècle par le roi Shapor Ier. Cette ville devient rapidement un centre intellectuel rayonnant, baignant dans les traditions zoroastrienne et perse, et comprenant un enseignement du grec et de l’indien. Son apogée est atteint au VIIe siècle, durant lequel les néoplatoniciens d’Athènes sont accueillis et durant lequel la ville obtient le statut d’école de Jondishapour, véritable académie de médecine et de philosophie où l’enseignement tient une place primordiale. Elle devient le creuset de multiples cultures et de connaissances [12]. C’est ainsi qu’à Jondishapour se réunissent diverses influences, dont la médecine grecque avec sa théorie des humeurs, la tradition locale perse avec la pureté des corps, l’hygiène sexuelle et la pharmacopée, un certain apport copte et chinois, et enfin quelques connaissances indiennes (certains médecins étaient envoyés en Inde et revenaient avec des connaissances en pharmacopée, des instruments chirurgicaux…) [2]. En 638, Jondishapour est conquise par les musulmans. La langue arabe ainsi que l’Islam se répandent rapidement. Quant aux livres, ils sont pour la plupart traduits en arabe, notamment sous l’impulsion des califes abbassides (750-1258). D’ailleurs, la « Maison de la sagesse », Bayt al-Hikma, est créée sous Al-Ma’mun (IXe siècle), il s’agit d’une bibliothèque Page 4 of 11 Accepted Manuscript 4 et d’un institut de traduction, du grec et du perse vers l’arabe, ouvert aux intellectuels [5]. 1.1. Influence religieuse L’islam connaît un essor extraordinaire dès le début du VIIe siècle. Les nombreuses conquêtes des musulmans font que les terres d’Islam se transforment rapidement en un vaste empire. En parallèle, la médecine se développe considérablement durant cette période. En effet, la tradition musulmane enseigne que la médecine est au premier rang parmi les sciences. Préserver et conserver la santé des individus est un principe religieux reconnu. D’ailleurs, le prophète de l’islam Muhammad (Mahomet) pratique la médecine. On raconte qu’elle lui aurait été enseignée par son ami Ibn Kalada, médecin célèbre formé à l’école de Jondishapour, à qui il envoyait les patients « compliqués » [6]. La médecine prophétique est surtout régie par les principes de la médecine des humeurs. Elle combat les croyances et les superstitions uploads/Sante/histoire-de-la-maladie-mentale-dans-le-moyen-orient-medieval.pdf
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- Publié le Nov 19, 2021
- Catégorie Health / Santé
- Langue French
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