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See discussions, stats, and author profiles for this publication at: https://www.researchgate.net/publication/234136605 Dans quelle mesure la traduction littéraire relève-t-elle de la traduction culturelle ou linguistique ? Thesis · January 2008 READS 601 1 author: Amelie Leconte University of Nice Sophia Antipolis 4 PUBLICATIONS 0 CITATIONS SEE PROFILE All in-text references underlined in blue are linked to publications on ResearchGate, letting you access and read them immediately. Available from: Amelie Leconte Retrieved on: 14 June 2016 Traductologie Mini Mémoire Responsable : Inês Oseki-Dépré Amélie Leconte Master 2 Professionnel Sciences du langage Parcours « Didactique du FLES et Coopération linguistique et éducative » Groupe : à distance Sujet : Dans quelle mesure la traduction littéraire relève-t-elle de la traduction culturelle ou linguistique ? Université de Provence - Département de Français Langue Etrangère Institut de la Francophonie Année universitaire 2007-2008 « C'est le langage qui serait «cryptique» non seulement dans sa totalité excédée et non théorisable, mais comme recelant des poches, des endroits où les mots se font choses, le dedans dehors, en ce sens indécryptable dans la mesure où le déchiffrement est nécessaire pour maintenir le secret dans le secret. Le code ne suffit plus. La traduction est infinie. » BLANCHOT, Maurice (1980). L'Ecriture du désastre. Paris, Gallimard. p. 206 Table des matières Introduction 1 1 La traduction littéraire ou l’art de l’approximation conscient 2 1.1 Du langage 2 1.1.1 Pensée et langage 2 1.1.2 Langage et écriture 2 1.1.3 Langage et sens 3 1.2 Des langues et des cultures en littérature 4 1.2.1 De la diversité des langues et des écritures 4 1.2.2 La culture dans la langue 5 1.2.3 Langue et culture des textes littéraires 6 1.3 La figure du traducteur 9 1.3.1 L’empathie 9 1.3.2 Le bilinguisme du traducteur 10 1.3.3 Un positionnement théorique pour guider la pratique traductive 11 2 La traduction littéraire comme contact interpersonnel et interculturel 12 2.1 Le discours littéraire 12 2.1.1 La notion de discours littéraire et la traduction envisagée comme une double pratique discursive 12 2.1.2 Dialogisme, polyphonie et intertextualité 15 2.1.3 Le plurilinguisme, la diglossie, l’hétéroglossie, le multiculturalisme 17 2.2 Pour une traduction culturelle 20 2.2.1 Les approches culturelles et ethnologiques de la traduction 20 2.2.2 Les réalias : classification 22 2.2.3 Pour une traduction culturelle 23 2.3 Les genres littéraires 26 2.3.1 Roman narratif 26 2.3.2 Théâtre 28 2.3.3 Poésie 29 3 Le rôle de la traduction littéraire 32 3.1 L’influence des traductions littéraires 32 3.1.1 « Source d’enrichissement de la langue-culture d’accueil » 32 3.1.2 Traduction et constitution d’espaces littéraires et intellectuels 33 3.1.3 La théorie du polysystème 34 3.2 Traduction et mondialisation 35 3.2.1 Les flux de la traduction 35 3.2.2 Le cas particulier de la traduction actuelle de la Bible en langues dominées 37 3.2.3 Pour une éthique du traduire 38 3.3 Les enjeux de la traduction en ce début de siècle 39 4 Conclusion 41 Bibliographie 42 Sitographie 46 Introduction Si la théorisation de la traduction s’est constituée au cours des siècles depuis l’Antiquité (Cicéron, Horace, Saint Jérôme, Chaucer, Luther, Nicolas Perrot d'Ablancourt, …) de manière dyadique. On opposait alors la forme au sens, la lettre à l’esprit, la fidélité à la trahison. Mais c’est seulement au XXème siècle qu’elle se complexifie, bouleversant complètement les oppositions bipolaires qui prévalaient jusqu’alors. Le langage devient l’objet incontournable de la philosophie et on lui accorde une place fondamentale dans la réflexion sur l’être humain chez Benjamin, Wittgenstein, Derrida, ... Ce siècle est celui de l’avènement de la linguistique avec le Cours de Saussure en 1916, de l’émergence de la sociolinguistique dans les années 60, de la théorie et la critique littéraires françaises de Barthes, Ricoeur, Genette, qui marqueront les théories de la traduction. Devant cette extraordinaire prolifération de textes et de théories sur la traduction émanant de disciplines diverses s’institue la traductologie dans les années 70. La traduction n’est plus seulement un art, mais une science du langage. Parallèlement, le siècle de la mondialisation est marqué d’une ouverture sur le monde qui met à l’épreuve les langues et les cultures. L’amplification des contacts interculturels oblige à la compréhension de l’Autre, de l’étranger dans sa différence culturelle et donc linguistique. La naissance de la traductologie se situe à un moment sans précédent dans l’histoire de l’humanité où la compréhension de l’Autre devient fondamentale. Le dialogue interculturel est le mot d’ordre, le bilinguisme ou le plurilinguisme sont plus que jamais valorisés. Dans ce contexte, le besoin de théoriser la traduction littéraire se révèle essentiel. Il s’agit d’approfondir les connaissances purement linguistiques sur le fonctionnement des langues, d’en considérer la teneur sociologique, la dimension philosophique, les implications culturelles… afin de comprendre et de faciliter le transfert interlingual des savoirs et des idées. Mais il s’agit également de gérer des réalités où l’étranger a une place qu’il devient impossible de nier. Dans un tel contexte, la traduction devient une des clés de voûte de l’évolution des sociétés. La traduction littéraire est un terme polysémique qui englobe une multitude de réalités. En considérant le terme tour à tour comme un acte de langage, un processus, un produit fini et une réalité sociale, nous tenterons de montrer dans quelle mesure la traduction littéraire relève de la traduction linguistique ou culturelle. Page 1 1 La traduction littéraire ou l’art de l’approximation conscient 1.1 Du langage 1.1.1 Pensée et langage La pensée et le langage forment une dialectique complexe. La pensée réfléchie, le langage intérieur de Vygotsky, ne peut être définie indépendamment du langage puisqu’elle en est la seule manifestation et l’instrument. Le langage a la particularité d’être à la fois naturel et culturel. Naturel, puisque l’être humain est, pour ainsi dire, génétiquement programmé pour le langage. Culturel, en ce que l’évolution de la compétence langagière d’un sujet est indissociable d’un apprentissage. L’évolution du langage chez l’enfant dépend du contexte socioculturel dans lequel se fait l’acquisition. Ce contexte détermine le système linguistique (la langue première) qui sera adopté par le sujet en vue de communiquer ses pensées mais surtout façonnant une certaine vision du monde (Humboldt), et donc une manière de penser. Comme le rappelle Meschonnic : « c’est la pensée qui est maternelle, pas la langue » (Meschonnic : 1999, p.59). Il n’en demeure pas moins que le langage est le « filtre » au travers duquel nous apparaît le monde. En permettant de nommer, de raconter le passé et d’imaginer l’avenir, de construire un mode d’expression et un monde de représentations, le langage est fondamental dans le processus de développement d’un individu et dans la formation de l’identité du sujet. On se souviendra avec force de l’axiome poétique de Joë Bousquet : « Le langage n’est pas contenu dans la conscience, il la contient. » Exprimer sa pensée est rendu possible par le langage, par sa structure même, puis et surtout, par l’usage qu’on en fait, en faisant fie de ce qu’il est, de ce qu’il induit en nous et malgré nous. Cette pensée coulée dans le moule d’une langue particulière apprise, formelle, impersonnelle, culturelle, socialement, historiquement et géographiquement définie, est contrainte aux limites du langage. Antonin Artaud à l’extrême de Bousquet illustre la lucidité pathologique de l’aliénation verbale. De l’impossible exclusivité des mots, de la prison du signe, des limites du langage lui-même (dont reparle Meschonnic). Artaud voulait sortir de la prison du signe, Verlaine rêvait d’un langage à la hauteur du vécu et pour cela de disposer d’autant de nuances qu’il peut y avoir de degrés subtils dans la pensée intérieure. Vain. « Nous échouons à traduire entièrement ce que notre âme ressent : la pensée demeure incommensurable avec le langage » (Bergson : 1959, p. 124). Il y a de l’approximation dans le langage et traduire le réel en mots pose les mêmes problèmes que traduire d’une langue à l’autre (Ecole de traduction allemande, Heidegger). 1.1.2 Langage et écriture La littérature implique le langage dans sa dimension écrite. L’écriture n’est pas l’attribut de toute langue, c’est même le contraire, puisque la majorité des langues qui existent sont exclusivement orales. De fait, si certaines langues n’ont pas d’écriture, elles en ont une potentiellement si l’on considère que l’écriture est une invention spontanée et toujours possible de l’homme qui, selon Saussure, se veut la transcription de la parole orale. Pour lui : « L’image graphique des mots nous frappe comme un objet permanent et solide, plus propre que le son à constituer l’unité de la langue à travers le temps. Le lien a beau être superficiel et créer une unité purement factice : il est beaucoup plus facile à saisir que le lien naturel, le seul véritable, celui du son (…) L’image graphique finit par s’imposer au dépend du son » (Saussure : 1968, p. 46). Page 2 Cette surdétermination du signe, devenue aujourd’hui une véritable « croisade contre le signe » (Dosse : 2008), chez Meschonnic, est l’illusion d’une stabilité du langage. L’homme a besoin de croire à du stable (Nietzsche), l’écriture s’offre en paréidolie. A l’origine était le mythe dont la fonction était de naturaliser les codes culturels grâce au langage. « Le mythe uploads/Societe et culture/ amelie-leconte-dossier-traductologie.pdf

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