ÊTRE CITOYEN DANS LA SOCIÉTÉ NUMÉRIQUE Édito Petit imprécis du numérique Dans c
ÊTRE CITOYEN DANS LA SOCIÉTÉ NUMÉRIQUE Édito Petit imprécis du numérique Dans ce monde numérique qui se transforme plus vite que nous ne saurions l’écrire, il nous a semblé important de pro poser à chacune et chacun quelques grands repères qui lui permettent de se situer et de prendre pleinement sa place de citoyen. Ce guide est la résultante de cette tentative, celle de dessiner une vision globale de ce qui caractérise cette société dite de l’information et du numérique, d’en mesurer les transfor mations profondes et d’identifier les résistances ou mises à distance nécessaires pour la maîtriser. Jeunes et adultes, nous sommes tous concernés ! Ces nou veaux espaces et outils qui prennent une part toujours plus grande dans nos vies revêtent certes un potentiel inédit d’in formation, d’expression, de participation et de créativité, mais ils demandent aussi une posture critique permanente. Leurs usages posent des questions fondamentales : celle du sens que nous donnons à nos relations sociales et personnelles ; de notre présence en ligne et de l’identité numérique que nous devons maîtriser pour en rester les auteurs ; de nos données personnelles que des algorithmes trop obscurs captent dans une logique commerciale en mettant en jeu notre vie privée ; de la frugalité énergétique des systèmes informatiques… Par-delà, les enjeux sont pour nous également ceux de notre vie démocratique, notamment à travers la nouvelle fabrique de l’information, ses spécificités, biais et désordres. Agir par l’éducation et la mobilisation citoyenne sont pour nos deux associations les piliers pour construire une socié té numérique éclairée, autour des valeurs fondamentales de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Un monde où innovations technologiques soient synonymes de progrès humain et de développement durable et solidaire pour construire et faire le choix d’une société humaniste et respectueuse de l’avenir de notre planète. Pour l’équipe Ceméa et Savoir*Devenir, Christian Gautellier et Pascale Garreau Partie 1 Introduction : La société numérique : jeunes et adultes, tous concernés Page 6 Partie 2 Un potentiel inédit d’expression, de participation et de créativité Page 10 Partie 3 Présence en ligne et identité numérique Page 12 Partie 4 Derrière les algorithmes, les données personnelles mises en jeu Page 14 Partie 5 S’informer dans la société numérique Page 17 Partie 6 Agir par l’éducation et la mobilisation citoyenne Page 20 Annexes La Charte Ceméa – Savoir*Devenir / Ressources Page 22 Sommaire 4 L a présence des technologies numériques dans tous les domaines de notre quotidien nous amène au jourd’hui à parler globalement de société numérique. Les technologies ont certes de tous temps imprégné les activités humaines. Mais ce qui est nouveau, c’est la di mension « pollinisation invisible » de nos vies, cette façon de fertiliser ou « d’ubériser » la plupart de nos activités avec une puissance décuplée. Internet change profondément la donne culturelle Le numérique, notamment à travers le réseau Internet, a ceci d’implacable et d’irréversible qu’il ne se contente pas d’une « augmentation du réel » au travers d’un apport technique d’outils particuliers, mais s’insère et agit à tra vers les réseaux, au cœur même de nos fonctionnements démocratiques, de notre culture et du lien social, modifiant notre rapport aux autres, notre façon d’être et notre regard sur le monde. Les adultes comme les jeunes sont immergés dans cet écosystème et les technologies numériques questionnent nos manières d’appréhender les lieux, les temps et notre rapport aux savoirs aussi bien qu’au travail. Leurs usages, avec tous leurs po tentiels et leurs limites, se développent en même temps qu’ils se diversifient. Les appréhender de façon critique, les choisir plutôt que les subir est un enjeu collectif d’éducation et de culture. La transition numérique est une opportunité à saisir En terme économique, la réalité du monde numérique, c’est à la fois l’émer gence d’une multitude de start-ups innovantes au plan technique mais aussi sociétal, et la domination de grands groupes industriels qui ont pour finalité la production à moindre coût et le profit, par captation des données personnelles et monétisation de celles-ci. Nous nous trouvons actuellement à un moment charnière de notre histoire, ce lui de la « transition numérique » que nous pouvons infléchir. Souhaitons-nous acquiescer à une forme de servitude volontaire et consentir à perdre la main sur une grande partie de nos activités professionnelles et personnelles ? Ou voulons-nous nous donner les moyens de bénéficier du potentiel extraordinaire que représente le numérique pour porter nos projets sociétaux et personnels ? PARTIE 1 Divina Frau-Meigs, Professeure Sorbonne nouvelle, Présidente de Savoir*Devenir Enjeux en matière de géopolitique et gouvernance d’Internet Pour comprendre la gouvernance d’Internet, il faut se doter de connaissances en matière de géopolitique du numérique. Les normes, structures, applications et principes partagés qui président à la gestion du réseau des réseaux ont une double origine, qui explique bien des problèmes actuels : la guerre froide et le néo-colonialisme. Internet naît dans la guerre froide comme le montre la situation de ses « serveurs racines », qui sont indispensables pour établir les communications entre un ordinateur et les adresses Internet, et contrôlent donc l’accès à tous les services en ligne (sites, mails, etc). Ces serveurs racines sont au nombre de 13 dans le monde, 10 aux États-Unis (6 sur la côte Est, 4 sur la côte Ouest) et 3 chez des « alliés » : le Japon, la Suède et le Royaume-Uni. Ils sont administrés par l’ICANN (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers), une entreprise protégée par le système judiciaire californien qui définit les standards de transmission, ce qui donne, de fait, aux États-Unis le contrôle du marché numérique. LA SOCIÉTÉ NUMÉRIQUE : JEUNES ET ADULTES, TOUS CONCERNÉS ! PARTIE 1 6 7 13 WIDE Tokyo 9 Autonomica, Stockholm (+ 3 autres emplacements) 11 RIPE Londres (+ Amsterdam et Francfort) 2 USC-ISI Marina del Rey, CA 12 ICANN Los Angeles, CA 5 NASA Mt View, CA 6 Internet Software C. Palo Alto (+ 17 autres emplacements) 1 Verisign, Dulles, VA 3 Cogent, Herndon, VA (et Los Angeles) 4 U Maryland College Park, MD 7 US Dod Vienna, VA 8 ARL Aberdeen, MD 10 Verisign, (11 emplacements) Leur absence en Amérique Sud, Afrique, Asie et Australie, illustre la mainmise des États-Unis sur l’accès au réseau mondial. Implantation des serveurs racines (nom, organisation, emplacement) PARTIE 1 PARTIE 1 SE CONNECTENT : Jamais Plus rarement Une à deux fois par semaine Tous les jours Les chiffres parlent d’eux-mêmes, comment penser notre société sans intégrer la dimension numérique alors qu’une si grande majorité de nos concitoyens passent par la case Internet tous les jours ? Source : CREDOC, Enquêtes sur les « Conditions de vie et les Aspirations » En faveur d’une autre gouvernance Une solution pour pallier cette situa tion de domination, pourrait être de se mobiliser pour une gouvernance mondiale de l’Internet, avec un pro cessus multi-partie prenantes, où seraient réellement représentés de façon équitable tous les acteurs, y compris la société civile. Les principes et valeurs partagés pourraient alors être ceux de l’ac cès, de la diversité, de la neutralité, de l’opérabilité, de la protection de la vie privée, la portabilité des don nées, le pluralisme des moteurs de recherche et des plateformes, l’édu cation critique aux médias et au nu mérique. S’y ajouterait la frugalité des systèmes car l’urgence clima tique est indissociable de l’urgence numérique. Frugalité des systèmes et des usages, le climat n’attend pas ! Côté environnement, si les questions liées aux terminaux numériques sont relativement bien connues - consomma tion importante de métaux rares sources de conflit, problèmes de recyclage, obsolescence programmée… - d’autres préoccupations majeures méritent d’être soulignées. Depuis quelques temps, différents lieux amplifient ainsi le cri d’alarme concernant Internet et l’empreinte énergétique de ses data centers. Avec le « côté immatériel » du Net, la prise de conscience de cette « pollution cachée » s’était évanouie. Internet est pourtant l’un des plus gros pollueurs actuels. Les informations et données s’accumulent à un rythme quasi exponentiel. Les centres de stockage nécessitent des sys tèmes de refroidissement très gourmands en énergie (notamment par la climatisation). La consommation énergétique des infrastructures du Web (serveurs, data centers…) pourrait représenter, en 2030, l’équivalent de la consommation énergétique mondiale de 2008, selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie. Que faire ? Si l’on y met les moyens, il existe des pratiques alternatives comme le fait de placer ces « fermes de serveurs », non dans la chaude Californie mais dans des pays plus froids, des solutions permettent de récupérer la chaleur qu’elles produisent pour chauffer des locaux, des quartiers, voire une ville entière. De même, des énergies renouvelables (sources hydrauliques) ou des techniques sans climatisation (air extérieur filtré, optimisation des flux d’air et techniques de « water cooling ») sont utilisées par quelques groupes. Pour les citoyens, le choix de rechercher un hébergeur qui s’engage sur cet enjeu « écologique » est à encourager, ainsi que les pratiques qui visent à ne sauvegarder que ce dont on a besoin… et donc à vider régulièrement ses « mémoires ». 8 9 À uploads/Societe et culture/ citoyen-numerique-bd-pdf.pdf
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- Publié le Jui 25, 2022
- Catégorie Society and Cultur...
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