INTRODUCTION Le conflit de générations est un thème universel dans la littératu

INTRODUCTION Le conflit de générations est un thème universel dans la littérature et la vie réelle. Dans le roman "Sous l'orage" de Seydou Badian Kouyaté, ce conflit est mis en évidence à travers les différents points de vue et les attitudes des personnages. L'histoire se déroule dans un village africain où les traditions sont profondément enracinées dans la vie quotidienne. Cependant, l'arrivée des Blancs a bouleversé l'équilibre social et culturel de la société. Les jeunes générations sont confrontées à un choix difficile entre suivre les traditions ou adopter les nouvelles idéologies apportées par les Blancs. Cette situation crée un fossé entre les jeunes et les anciens, ce qui entraîne un conflit de valeurs et de compréhension. Dans cet exposé, nous analyserons les différentes causes du conflit de génération dans « sous l’orage », en mettant en évidence les tensions entre traditions ancestrales et les nouvelles idéologies modernes importées par le colonisateur français. Nous étudierons également les conséquences de ce conflit dans la famille de père Benfa et les problèmes de communications entre les deux générations. I. Définition Le conflit de générations est un phénomène social qui se produit lorsque les membres de différentes générations ont des opinions, des valeurs et des attentes divergentes quant à la vie en société. Ce conflit est souvent lié aux différences de perception entre les anciens, qui ont vécu des expériences différentes et ont été éduqués selon des normes et des valeurs différentes, et les jeunes, qui grandissent dans un monde qui évolue rapidement et sont souvent influencés par des tendances et des idéologies modernes. Le conflit de générations peut se manifester dans divers domaines de la vie et peut avoir des conséquences positives ou négatives sur la société. II. Les origines des conflits Le conflit de générations dans "Sous l'orage" trouve ses origines dans le contexte historique et social de l'époque. Nous sommes à la fin des années 1930, en pleine colonisation française du Mali, qui était alors une colonie française appelée Soudan français. Les bouleversements politiques, sociaux et culturels de cette époque ont créé un fossé entre les anciennes traditions et valeurs africaines, et les nouveaux modes de vie, de pensée et d'action introduits par les colonisateurs. Parmi les principaux facteurs qui ont alimenté ce conflit nous pouvons citer l’éducation coloniale (l’école) et les désaccords sur le mariage dans le cas de Kany. 1. L’éducation coloniale (l’école) : Principalement lié à l'éducation de nouvelles valeurs coloniales sur les traditions africaines, père Benfa s'oppose à la scolarisation de sa fille Kany, non pas en tant que telle, mais en tant que système qui, selon lui, détourne les enfants de la tradition et prive les parents de leur autorité paternelle. Le système scolaire empêche également le mariage précoce, ce qui empêche le père d'exercer sa prérogative dans le domaine du mariage de l'enfant, puisqu'il ne peut plus marier sa fille comme et quand il le souhaite. Cela crée un conflit au sein de la famille, dans lequel le père se montre furieux contre l'enfant désobéissant. À la fin du conflit, le père est vaincu et apparaît comme un héros déchu, car toutes les corrections paternelles se sont révélées inefficaces. En revanche, pour Kany, la scolarisation représente un moyen de se libérer de la tradition et de l'autorité paternelle. Elle considère le mariage comme un choix personnel basé sur l'amour, plutôt qu'une obligation traditionnelle. Ainsi, dans le roman, Kany préfère mourir plutôt que d'épouser un homme qu'elle n'aime pas. Cette volonté inébranlable de l'enfant fait échouer les tentatives de correction paternelles et l'inefficacité de ces mesures punitives traduit l'affaiblissement de l'autorité du père. Ce dernier, voyant que la force ne peut rien résoudre, se résigne malgré lui et laisse Kany faire à sa guise. Grâce à sa formation européenne, Kany peut désormais agir indépendamment de l'autorité paternelle pour ce qui concerne son propre mariage. 2. Le mariage de Kany Ayant conclu le mariage de Kany à l’insu de celle-ci, père Benfa charge la mère de faire part de sa décision à sa fille et demande à son fils aîné d’en faire autant aux cadets qui n’ont pas assisté aux délibérations des anciens. Les cadets n’ont pas assisté aux délibérations sur le mariage de leur sœur probablement parce qu’on les avait jugés trop jeunes pour avoir voix au chapitre. Ainsi maman Téné transmet-elle le message du père à sa fille : « Kany, ton père et ses frères ce sont réunis. Ils ont décidé que tu épouses Famagan. Sache donc te conduire en conséquence. Dans la rue, au marché, partout où tu seras, n’oublie pas que tu as un mari désormais. Et les gens t’observeront. C’est la parole de ton père ». Ce texte met en évidence un exemple du mariage forcé en Afrique traditionnelle où la mère et sa fille « n’ont pas de voix » au sujet du mariage de cette dernière, même si toutes les deux s’y opposent. Il faut y reconnaître non seulement « la puissance paternelle », mais aussi la force de la tradition qu’elle représente et qui la soutient. Pourtant, la jeune fille exprime clairement son opposition au choix de son père : « Je n’aime pas Famagan, je n’aime pas Famagan, cria Kany au milieu des sanglots. Il n’est pas question d’aimer, fit maman Téné, tu dois obéir ; tu ne t’appartiens pas et tu ne dois rien vouloir ; c’est ton père qui est le maître et ton devoir est d’obéir. Les choses sont ainsi depuis Toujours». Ce texte illustre encore une fois ce qu’on vient de dire sur la puissance paternelle renforcée par la Tradition. On constate que dans la lutte contre la tradition, Kany n’a aucun soutien de la part de sa mère. Bien au contraire, Celle-ci continue de mettre en valeur l’autorité paternelle et le sacré de la tradition en rappelant à sa fille que son devoir est d’obéir parce que « les choses sont ainsi depuis toujours ».Autrement dit, elle demande à sa fille une obéissance inconditionnelle, comme l’exige la tradition. Cependant, contrairement à l’esprit de la tradition, Kany reste intransigeante dans sa décision. Elle oppose une volonté inébranlable en disant à sa mère : «Mâ ! fit Kany, qui s’était vivement redressée. Pardonne-moi, mais je ne peux être la femme de Famagan. Faites de moi ce que vous voudrez, je préfère mourir». Par sa détermination de « mourir » plutôt que de céder, l’héroïne a donc lancé un défi à la tradition et Bafoué l’autorité paternelle. Elle a refusé d’obéir à l’ordre de son père et d’écouter les conseils maternels à ce propos. Il convient de souligner que la désobéissance de Kany cause beaucoup d’angoisses à sa mère. Celle-ci se trouve dans une situation aussi difficile que celle de sa fille. D’une part, elle craint les reproches du père (son mari) qui l’accusera d’être en connivence avec sa fille désobéissante. D’autre part, elle aime beaucoup sa fille et craint également pour cette dernière la correction paternelle qui viendra inévitablement. Ainsi désarmée et angoissée par l’intransigeance de Kany, « Maman Téné avait les larmes aux yeux. Sa voix n’était plus celle de l’autorité, mais de l’amitié et de l’amour. On eût dit qu’elle comprenait Kany, qu’elle savait que ce mariage était une épreuve pour elle » Si Kany s’est ainsi révoltée contre l’autorité parentale, on est étonné de lire dans le commentaire d’un certain critique : « La révolte de Kany ne s’extériorise pas, c’est une question de principes, la jeune fille ne s’agite pas et parle peu ; elle pleure beaucoup, ce qui n’est encore qu’une forme de la soumission ! Elle met peu de conviction à tenter de se défendre, de s’imposer ; finalement et de façon brutale, on peut déplorer qu’elle n’ait pas de caractère ». Si, d’après ce texte, « la révolte de Kany ne s’extériorise pas », comment décrira-t-on la réaction de la jeune fille qui « préfère mourir » plutôt que d’accepter un mariage forcé ? Selon le critique, « pleurer beaucoup n’est qu’une forme de la soumission ». Même si cela est vrai dans une certaine mesure, on ne croit pas qu’il en soit ainsi dans le cas d’une jeune fille qui a juré sur sa vie de ne pas se soumettre à l’autorité paternelle traditionnelle exigeant d’elle une obéissance inconditionnelle. Certes, Kany pleure parce qu’elle n’a pas un cœur de fer. Elle aime beaucoup sa mère et n’aime pas la voir souffrir à cause d’elle. Or; paradoxalement, elle se Trouve dans une situation inextricable où elle est contrainte de désobéir irrévocablement à son père. Elle sait bien que par sa désobéissance elle augmentera les Souffrances et l’angoisse de sa mère. Mais elle n’y peut rien car, il lui est impensable de revenir sur sa décision. Si la révolte de Kany ne s’était pas extériorisée, maman Téné n’aurait pas demandé à sa fille de ne pas se dresser contre son père et en l’occurrence, la jeune fille aurait probablement prétendu obéir à son père afin de tromper et calmer sa mère. Mais il n’est rien de tout cela, uploads/Societe et culture/ conflits-de-generations-dans-sous-l-x27-orage.pdf

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