Alexis Chabot Culture générale Méthodologie de la dissertation • Classes prépar

Alexis Chabot Culture générale Méthodologie de la dissertation • Classes préparatoires • Instituts d’études politiques • Concours administratifs 2e édition revue et augmentée g.com Culture générale Méthodologie de la dissertation 2e édition revue et augmentée Alexis Chabot Ancien élève de l’École normale supérieure Agrégé de Lettres modernes Docteur en littérature et sciences humaines Diplômé de Sciences Po Paris Enseignant à la Prép’ENA Paris I/ENS P T I M U M C o l l e c t i o n d i r i g é e p a r F a b i e n F i c h a u x Retrouver ce titre sur Numilog.com ISBN 9782340-054028 © Ellipses Édition Marketing S.A., 2020 32, rue Bargue 75740 Paris cedex 15 Retrouver ce titre sur Numilog.com 3 Introduction • Une dissertation pas comme les autres Introduction Une dissertation pas comme les autres « Montrez que vous pensez, on vous en saura gré. » Rapport du jury de l’ENA, 2002 Pourquoi une méthodologie particulière pour la dissertation de Culture générale, souvent intitulée « épreuve de Question contemporaine » ? La question se pose, car l’exercice de la dissertation est le plus répandu dans les études supérieures, qu’il s’agisse de l’université – dans l’ensemble des matières –, d’écoles plus spécialisées telles que les Instituts d’Études Politiques ou les écoles de commerce, ou bien encore dans les différents concours administratifs, toutes catégories confondues. Or cette dissertation est également l’une des épreuves les plus fréquemment proposées aux étudiants ou aux aspirants à la fonction publique. En quoi cette épreuve est-elle particulière ? Comment s’y préparer ? La nécessité de traiter à part la dissertation de Culture générale tient à son objet même : non pas un domaine particulier du savoir dont vous devriez restituer votre apprentissage méthodique, non pas une connaissance technique, avec ses codes et son lexique spécifiques, dont vous devriez démontrer que vous les avez acquis avec sérieux, que vous les maniez avec facilité et que vous en maîtrisez les principales problématiques. Tel serait l’objet d’une dissertation de droit ou d’économie, par exemple. Mais telle n’est pas la fonction de la dissertation de Culture générale : par opposition aux dissertations « techniques », elle vise avant tout à mettre à l’épreuve votre capacité à raisonner, à réfléchir par vous-même, à investir des questions essentielles au monde contemporain. Contrairement aux idées reçues, vous n’êtes pas attendus sur votre citation précise de tel passage de PLATON ou sur votre lecture de tous les livres contemporains « dont on parle ». Il s’agit d’une logique différente que l’on peut résumer ainsi : prendre le risque de la pensée. Retrouver ce titre sur Numilog.com 4  On peut choisir comme référence le concours externe d’entrée à l’École nationale d’administration (ENA), mais aussi quelques concours administratifs de haut niveau, qui permettent de définir dans ses grandes lignes cette étrange épreuve qu’est la dissertation de Culture générale, au-delà du strict cadre des concours de la fonction publique. Cette épreuve a récemment évolué, du moins en superficie, pas nécessairement en profondeur. Ainsi, dans l’arrêté du 13 octobre 1999 fixant les programmes des épreuves des concours d’entrée à l’ENA, l’épreuve communément désignée comme celle de Culture générale se trouvait plus précisément dénommée de la manière suivante : « L’évolution générale politique, économique et sociale du monde et le mouvement des idées depuis le xviiie siècle ». Il était ensuite précisé : « Cette composition suppose, outre des connaissances précises sur l’évolution du monde et des idées depuis le xviiie siècle, la détention par les candidats d’une solide culture historique. L’épreuve doit notamment permettre d’apprécier l’aptitude des candidats à exprimer sur le sujet proposé tant une analyse des faits et des événements qu’une interprétation personnelle et argumentée. » La réforme des concours d’entrée à l’ENA, appliquée à partir de la session de 2015, a altéré la plupart des épreuves et la dissertation de Culture générale n’y a pas tout à fait échappé. Désormais elle est intitulée « Question contemporaine » : un inti- tulé que l’on retrouve notamment à l’examen d’entrée aux sept Instituts d’Études politiques de province mais aussi, grosso modo, au concours d’administrateur de l’Assemblée nationale (« Composition portant sur les problèmes politiques, internationaux, économiques et sociaux du monde contemporain ») ou encore au concours d’administrateur du Sénat (« Composition portant sur l’évolution politique, économique, sociale et culturelle du monde contemporain »). Quant à l’École nationale de la magistrature, elle a opté pour l’intitulé : « Connaissance et compréhension du monde contemporain ». Ainsi, par-delà quelques différences minimes de formulation, on peut considérer qu’il s’agit d’une même épreuve. Aux candidats à l’entrée à l’ENA, l’épreuve proposée est décrite comme une « composition sur une question contemporaine d’ordre général portant sur le rôle des pouvoirs publics et leurs rapports à la société ». Si la volonté de recentrer la réflexion sur l’action publique est clairement affichée, c’est néanmoins cette épreuve qui, de manière générale, tous concours confondus, a connu le moins grand bouleversement. D’abord parce que, contrairement aux épreuves de droit et d’économie, le concours externe (qui se distingue ainsi du concours interne) ne propose pas de « dossier » regroupant des textes censés orienter la réflexion des candidats (pas de dossier non plus pour l’entrée aux IEP de province mais un programme précis en deux thèmes). L’exercice même de la dissertation la plus traditionnelle est donc conservé pour cette épreuve et ce n’est naturellement pas un hasard. Ensuite, parce que la présentation, par l’arrêté du 16 avril 2014, de la nouvelle épreuve de Question contemporaine à l’ENA, montre que les fondamentaux ne changent pas, en particulier ce à quoi il sera attaché une si grande importance dans les pages qui suivent, à savoir la finalité de cette épreuve, les attentes particulières qui sont celles du jury, autrement dit l’esprit Retrouver ce titre sur Numilog.com 5 Introduction • Une dissertation pas comme les autres singulier de la dissertation traditionnellement désignée comme « dissertation de Culture générale ». Dans cet arrêté, on lit en effet la description suivante, particulièrement importante pour ne pas se tromper d’exercice : « Une épreuve consistant en une composition sur une question contemporaine d’ordre général portant sur le rôle des pouvoirs publics et leurs rapports à la société. Cette épreuve de composition porte sur un sujet ayant trait à l’État, aux pouvoirs publics et à leurs rapports avec la société. Elle a pour but de mesurer la capacité des candidats à réfléchir sur le sens du service de l’État dans la société contemporaine et vise à apprécier l’aptitude de futurs hauts fonctionnaires à appréhender les enjeux et les finalités de l’action publique dans le gouvernement des sociétés. Cette composition, qui n’est en aucun cas réductible à une épreuve technique, suppose des connaissances dans les domaines littéraires, philosophique, historique et des sciences humaines et sociales. Au-delà de la vérification des qualités d’argumentation et de rédaction, le candidat doit témoigner de capacités critiques et formuler un point de vue qui lui soit propre. » Ainsi, l’insistance, naturelle pour un concours administratif, sur la centralité de l’État et des politiques publiques dans la réflexion, ne doit pas dérober ces deux constantes : il ne s’agit pas d’une épreuve technique et il s’agit de mesurer la capa- cité à mener une véritable réflexion sur des sujets complexes qui appellent des savoirs et des points de vue divers. Depuis de nombreuses années, les rapports de jury de l’ENA vont dans le sens de ces exigences fondamentales et toujours valables. Il importe de lire avec attention les remarques du jury, tant se dessinent en creux, dans les critiques émises chaque année sur les copies des candidats, les exigences de tout correcteur de dissertation de Culture générale. Les observations du jury du concours 2002, par exemple, ont une valeur qui dépasse évidemment les limites du concours d’entrée à l’ENA ; quel que soit le cadre (concours, examen) dans lequel vous avez à présenter une réflexion de Culture générale, ces observations vous concernent. Elles mettent d’abord l’accent sur le fait que « la réflexion devait prendre en compte une mise en perspective historique, à laquelle invitait tout naturellement la définition même de l’épreuve. » Plus intéressantes encore, ces remarques qu’il faut citer in extenso. Les premières concernent la nécessaire « prise en charge personnelle du sujet » : « On aimerait rappeler aux candidats que si les cours de préparation sont un très précieux aliment de la réflexion, ils ne constituent pas une bible que l’on doive réciter ad verbum. Un élémentaire discernement permet au candidat adulte d’envisager que si un cours commun est communément récité, cela donne des copies d’une somptueuse banalité. La méthode est de bonne guerre pour décrocher une unité de valeur ou un module, mais on ne saurait la recommander pour un concours, dont le principe même est de distinguer, de classer, d’évaluer des qualités individuelles. Disons qu’à peine un quart des copies semblent témoigner d’un effort de « prise en charge » personnelle du sujet. C’est vraiment décevant. D’autant plus que la repro- duction tend à affaiblir uploads/Societe et culture/ culture-generale-methodologie-de-la-dissertation.pdf

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