1 Dionysos et Hermés, mutations sociales et communications transculturelles. Ge

1 Dionysos et Hermés, mutations sociales et communications transculturelles. Georges Bertin Préface du professeur Yves Chevalier Splendor solis 1582. 2 Dionysos, c’est la figure de l’Autre. Il incarne toujours l’ailleurs. C’est un dieu que l’on ne peut pas localiser, dieu, en même temps, de l’errance, un vagabond qui préside aux fêtes marquant la cohésion sociale des communautés locales, les Dionysies. C’est le dieu du temps des tribus dont il actualise, dans les danses en cercle, la manifestation. Dieu de la communion partagée, dieu de l’ivresse et de l’orgie, du printemps et du renouveau, il est dans l’arkhé, touche à nos racines individuelles et collectives. C’est le dieu de la transgression. Hermès, c’est le plus jeune des dieux de l’Olympe. C’est un dieu farceur, insolent, voleur. Messager, il favorise le commerce et la circulation des voyageurs, il relie en les faisant communiquer ensemble les vivants et les morts dont il est l’agent de liaison. Il est encore le « trismégiste », trois fois savant, car tout ce qui est en haut est comme ce qui est en bas… il traverse nos savoirs … et nos cultures. L’un et l’autre incarnent, en s’articulant dans nos imaginaires, la pluralité de nos êtres et de nos connaissances jamais achevées. Ils sont complémentaires. 3 A Lucien Trichaud1 et Jacques Ardoino in memoriam… 1 Résistant , écrivain, historien, fondateur de la République des Jeunes en 1945, premier délégué général des la Fédération Française des Maisons des Jeunes et de la Culture. 4 Sommaire. Préface … (professeur Yves Chevalier) p 7 Introduction p.8 1ère partie : le transculturel p. 10 Chapitre 1 Dionyos et Hermès, figures transverses à l’ère post moderne p.11 Wilhelm Reich, l’ombre portée de Dionysos p. 12 Cornélius Castoriadis, legein et champs de l’imaginaire le retour d’Hermès p. 22 Exploration « symbolologique » : Gilbert Durand et Carl Gustav Jung p 30 Michel Foucault p. 35 C-G Jung p. 36 Chapitre 2 Le transculturel une histoire déjà ancienne et si actuelle. p.39 Culture, crise de la culture ou inventions de cultures vécues au pluriel ? Chapitre 3, d’une société à l’autre, perspective diachronique p. 51 Sociétés à déterminations traditionnelles : modes de communication Sociétés intro déterminées, ou modernes : modes de communication Sociétés extéro déterminées, ou post modernes : modes de communication Chapitre 4, d’une culture à l’autre, perspective synchronique. p. 60 De Rabelais à Mc Luhan 2ème partie, Orient Occident et Transculturalité p 68 Chapitre 5, Genèse d’une transculturalité Orient-Occident. p. 68 L’Orientalisme et Les Lumières, p.72 Le 19ème siècle p.73 -Les saint-simoniens p.74 -Auguste Comte et la transculturalité Orient-Occident p.75 La Théosophie p.84 5 Chapitre 6, pédagogues et acteurs, Orient et éducation culturelle en Occident, de Condorcet à L’Education Nouvelle. p.88 Chapitre 7, contre les totalitarismes, la transversalité : du ban et de la marge aux marches. Aspects sociologiques. p 96 Une logique de communauté ? p. 106 3ème partie, l’ère transculturelle p.110 Chapitre 8, une conjuration transculturelle, p 111 Une recherche action : le mythe d’Avalon et The Actual Avalonians 112 Chapitre 9, de la mutation des systèmes de communication culturelle à la conversion transculturelle. p. 121 De l’interculturel au transculturel 122 La conversion transculturelle ? p.125 Transculturalité et post modernité p. 129 Le Sacré p. 132 p.137 Chapitre 10, Hermés et le partage du savoir de Rabelais à Mc Luhan Chapitre 11, La société en réseaux, médio globalité et Galaxie Internet, perspectives critiques. p.151 Chapître 12, retour au mythe comme outil transculturel pour une intelligence du social, p. 168 Envoi. p 180 Bibliographie. p. 183 Annexe : tableaux comparatifs. p.191 6 Préface Professeur Yves Chevalier, Université Bretagne-Sud Dionysos et Hermès. Communications sociales et société transculturelle. Il fallait bien deux divinités, et non des moindres, pour accompagner d’une bienveillante tutelle l’auteur de cet ouvrage. Puisant dans une œuvre historique et conceptuelle, déjà riche et originale, comme dans des travaux de terrain qui ne rechignent pas aux approches quantitatives, le projet se construit autour d’une idée simple : la transculturalité n’est autre qu’une « présence au monde », posture que l’on qualifierait de « naturelle » si l’on ne se méfiait pas – comme l’auteur – des étiquettes trop tôt posées, des classifications trop commodes pour être nettes. Interculturalité, multiculturalité, Georges Bertin ne s’embarrasse pas d’arguties notionnelles. Il va chercher les sources des mondes autres plutôt que celles des autres mondes ; des romans médiévaux à l’élection de Miss America en 2013, en passant, bien sûr, par les chemins de Compostelle, Dionysos-Bertin, le vagabond, travaille la matière des esprits et des corps pour arpenter à grands pas le terrain de sa recherche des mécanismes de l’altérité, des stratégies du même et de l’autre. Entre archaïsme et modernité, appuyé sur quelques divinités secondaires qui l’accompagnent depuis toujours (G. Durand, M. Maffesoli, E. Morin, …) Georges Bertin va cartographier les « lieux » d’émergence de l’ère transculturelle. Le mythe d’Avalon, les néo-avaloniens, les manifestations numériques d’un néo-tribalisme, le dépistage des fascinations orientalistes ou nordiques, l’analyse de corpus issus du web : la musette « mythodologique » de l’auteur est bien fournie. Apparaissent alors, avec une vive clarté, les bricolages métaphysiques, reliant plutôt que religieux, les combinatoires souvent facétieuses que les individus mettent en œuvre pour faire communauté, ou que les communautés tricotent pour rester source d’individuation. Toute cette « hybridité liquide » qui n’est autre que l’homme même. 7 Mais Hermès le farceur n’est pas loin et chacune des « trajectivités » pointées par l’auteur a son cortège de paradoxes, de contradictions malicieuses. Racines et chemins, frontières et ouvertures, individu et communauté, route de la soie et circuits courts, identité et différence : Bertin-Hermès fait son miel et s’amuse de ces occasions de penser et de passer les frontières des disciplines ; comme le petit caillou dans la chaussure que l’on garde jusqu’à l’étape parce qu’il nous rappelle à chaque pas que penser n’est rien d’autre que sans cesse réapprendre à penser. 8 Introduction. « L’histoire est bel et bien à un tournant, écrivait Manuel Castells voici vingt ans2, une révolution technologique, celle de l’informatique a transformé la manière de penser, d’acheter, de vendre, de faire la guerre et de faire l’amour. Une économie déjà mondialisée relie les produits et les talents du monde entier (…) Une culture de la virtualité réelle, installée dans un univers audio-visuel de plus en plus interactif pénètre les représentations et les communications mentales partout dans le monde intégrant la diversité des cultures dans un hypertexte électronique. » Face à cette mondialisation tourbillonnante, à cet ébranlement des fondations culturelles et géopolitiques de notre « société-monde (Morin)», du village global (Mc Luhan), nous voyons émerger de nouveaux paradigmes de l’être ensemble dont celui de la transculturalité. Et c’est bien dans ce contexte que, désormais, la Société transculturelle existe, elle n’est pas ou plus la somme de diverses cultures, mais la création collective et accélérée d’une autre manière d’être au monde. L’observation de nos communications sociales liées aujourd’hui au numérique et aux logiques informationnelles, des images que sous tendent nos imaginaires sociaux, la rend patente. Elles attestent la réalité d’un nouvel être ensemble. Aussi, comme l’a écrit Michel Maffesoli, « il ne sert à rien d’en nier ou d’en dénier l’existence et l’ampleur sous peine de réveils brutaux3 » La société transculturelle rencontre déjà les aspirations et pratiques du plus grand nombre, nous amenant à développer des attitudes spécifiques: respect, tolérance, curiosité, volonté de promouvoir des coopérations fortes, de réinterpréter notre passé de rechercher recherche de convergences, acceptation de l’altération à laquelle nous conduit inévitablement tout contact avec l’autre culture, les autres cultures, dans ce que Michel Maffesoli nomme la « société d’âmes4 » et Teilhard de Chardin «l’acte cosmique de personnalisation universelle»5. Foin des discours identitaires, ceux du repli frileux, du refus de toute altération, de la « contraction » (Maffesoli), elle laisse la 2 Castells Manuel, Fin de millénaire, l’ère de l’information III, Paris, Fayard, 1996. 3 Maffesoli Michel, La contemplation du monde, figures du style communautaire, Paris, Biblio Essais,1996, p. 65. 4 Ibidem p.67 5 Teilhard de Chardin Pierre, L’Energie humaine, Paris, Le Seuil, 1963, p .105. 9 place au pluriel, à des identifications successives, aux figures de l’expansion avec une forte composante d’onirique, d’incertain, d’inachevé. La société transculturelle se déploie sous nos yeux, tant dans sa réalité vécue que dans des aspects proprement discursifs partagés, elle existe et s’impose à ceux qui ont des yeux pour voir. Elle se joue à la fois entre des sociétés hétérogènes et à l’intérieur de ces mêmes sociétés dans une relation au temps et à l’espace aujourd’hui revisitée. Et certes, comme nous le verrons, alors que nous sommes encore dans la première moitié du nouveau millénaire, l’accélération des échanges communicationnels en est le vecteur décisif sur fond de crise de l’Etatisme dans les tourbillons de la mondialisation tant les réseaux technologiques de la communication se déploient en réseaux planétaires réactivant tribus et communautés d’intérêt… Peut-être est–elle la traduction -déjà pointée par un Emmanuel Mounier dénonçant la pensée toute faite- de la « révolution personnaliste et communautaire» qui se déploie sous nos uploads/Societe et culture/ dionysos-et-hermes-imaginaire-des-communications-sociales-et-transculturalite-georges-bertin 1 .pdf

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