Fiche 212 – Les instances d’intégration assurent-elles toujours la cohésion soc

Fiche 212 – Les instances d’intégration assurent-elles toujours la cohésion sociale ? ? Sociologie Acquis de première : Socialisation, capital social, sociabilité, anomie, désaffiliation, disqualification, réseaux sociaux Notions : cohésion sociale 2.1 - Quels liens sociaux dans les sociétés où s'affirme le primat de l’individu ? II – Intégration, conflit, changement social Introduction – Une crise des instances d’intégration ?  Les instances d’intégration sont l’ensemble des lieux, des institutions autour desquelles se nouent les liens sociaux. Il y a plusieurs instances d’intégration : famille, école, travail, citoyenneté. Selon S.Paugam, le lien social assure l’intégration grâce à deux mécanismes complémentaires :  La protection renvoie à l’ensemble des supports que l’individu peut mobiliser face aux aléas de la vie (ressources familiales, communautaires, professionnelles, sociales)  la reconnaissance renvoie à l’interaction sociale qui stimule l’individu en lui fournissant la preuve de son existence et de sa valorisation par le regard de l’autre ou des autres. La reconnaissance est donc basée sur la « valeur » et « l’utilité de l’individu » : c’est son importance par rapport au groupe  Jusqu'aux années 1960, la famille, l'école et le travail étaient des institutions stables qui pouvaient donc protéger l'individu. Or aujourd'hui, ces institutions semblent précaires et instables. En effet, il y a eu une désinstitutionalisation : les individus refusent de se voir imposer des modèles, du fait de la montée de l'individualisme. Ainsi, les instances d'intégration semblent ne plus pouvoir assurer aujourd'hui la cohésion sociale.  Or, l’individualisme n’est pas forcément un phénomène négatif, même du point de vue de l’intégration sociale. I. Une crise de la famille ? A. La famille : une instance essentielle d’intégration sociale 1. La famille, acteur majeur de la socialisation  La famille est un agent de socialisation dont l’action est directe ; c’est une fonction explicite de la famille  .La famille est l’agent essentiel de la socialisation primaire :  C’est la première socialisation que l’individu subit dans son enfance, et grâce à laquelle il devient un membre de la société.  Traditionnellement on considère que la socialisation primaire exercée pendant l’enfance joue un rôle essentiel puisque l’enfant étant plus malléable, intériorise les modèles de comportement  la famille transmet le langage, les mœurs, les rôles sociaux. Elle permet donc d’acquérir la culture qui permet à l’individu de s’intégrer au groupe 2. La famille constitue un réseau de solidarité. La famille implique un ensemble d’obligations et de droits réciproques permanents entre ses membres, tant sur le plan légal que sur le plan affectif. C’est notamment la relation entre parents et enfants, bien plus durable que la relation de couple par exemple, ou encore la relation entre grands-parents et petits-enfants, avec ce qu’elle implique souvent en termes d’échange de services ou de transferts financiers. Conclusion La famille assure donc :  une fonction de protection : la parenté protège l’individu contre les risques de la vie sociale, en apportant une aide financière, une disponibilité en temps  une fonction de reconnaissance : la socialisation permet la construction de l’identité B. Une crise du modèle familial traditionnel 1. Constat  Jusqu’aux années 70 le modèle familial est basé sur un couple marié pour la vie avec de nombreux enfants. La famille est donc très stable. Ce modèle a alors plusieurs caractéristiques :  jeune âge au mariage des conjoints (les hommes se marient en moyenne plus tard que les femmes)  nombre d’enfants élevé assurant le renouvellement des générations (supérieur à 2.1 enfants par femme)  taux de divorces faible.  Par rapport à ce modèle familial considéré comme la norme, la maternité solitaire, le concubinage, le divorce sont considérés comme déviants.  Mais, à partir des années 70, tous les pays européens quelques soient leur culture, leur tradition, leur religion connaissent une rupture. Le modèle dominant semble alors entrer en crise: baisse du nombre de mariages, hausse du nombre de divorces, baisse du nombre de naissances, augmentation du nombre de naissances hors-mariage 2. Explications  Cette remise en cause de la famille s’explique par la montée de l’individualisme.  Elle s’inscrit dans un mouvement général de sécularisation et de privatisation de la vie conjugale et de dénégation de la légitimité de toute autorité à légiférer en matière de rapports personnels. 3. Quelles conséquences sur l’intégration ?  La socialisation et le contrôle social qu’exerçait la famille, c’est-à-dire transmettre des normes et des valeurs et veiller à leur respect, sont plus difficile à exercer, parce que, dans une société individualiste, la tolérance et l’épanouissement personnel sont devenu primordiaux.  La réduction de la taille des familles, conséquence des divorces et du plus petit nombre d’enfants, diminue de manière mécanique le nombre de personnes avec qui l’individu a des liens familiaux. Cela signifie que la solidarité familiale sera limitée à un nombre réduit de personnes.  Cette crise contribue au risque d’exclusion : du fait de l’isolement, de la perte de sociabilité, de soutien et d’intégration qu’elle provoque. Ne pas appartenir à un tissu de relations familiales, à un réseau de sociabilité et de solidarité privée est ainsi construit comme un risque : un risque solitude.  Elle engendre aussi un appauvrissement : en effet le fait pour un enfant de vivre dans une famille monoparentale augmente par 3 le risque d'être pauvre par rapport à une famille où il y a un couple. C. Une crise d’un modèle familial et non de la famille On constate symétriquement l’invention de nouvelles formes familiales  Selon H Tincq : « les divorces sont trois fois plus nombreux aujourd’hui qu’au début des années 60. Mais après le divorce on se remarie ou, le plus souvent, on cohabite. Cela donne les fameuses familles recomposées c’est à dire les situations d’après divorce quand le couple est multiplié par deux et que les enfants ont deux foyers de référence. Comme l’explique M Segalen « plutôt que soustraction, il y a alors abondance de parents. L’enfant ne dispose plus d’un père mais de deux pères, un père biologique et un père social ».  Le PACS qui est basé sur une autre conception de la famille :  un couple plus fragile et moins durable (le PACS se conclut et se dénoue plus rapidement que le mariage)  un couple n’est pas obligatoirement composé de deux individus de sexe différents Conclusion Parler aujourd’hui de crise de la famille comme un fait accompli n’est pas aussi évident que l’on pouvait a priori le penser :  Certes les indicateurs démographiques sont dans le rouge.  Mais la famille apparaît plus que jamais comme la valeur de référence, au plan individuel comme au plan collectif.  Nous assistons aujourd’hui à la disparition d’un modèle (celui qui a dominé durant les trente glorieuses). Mais le nouveau modèle qui est en train de se construire n’a pas encore imposé sa cohérence. II. Une crise de l’école ? (cf t hème 1.2 Comment rendre compte de la mobilité sociale?) A. Le rôle intégrateur de l’école 1. Le rôle traditionnel de l’école : la transmission d’une culture commune . L’«école républicaine», construite au cours de la 3è République, en particulier avec les lois de Jules Ferry rendant la scolarité obligatoire, a pour objectif de donner à tous les français des bases communes.  Elle a imposé la langue française au détriment des langues régionales de manière très systématique.  Elle a valorisé la science et la raison, et à travers elles, l’idée d’une culture universelle dépassant les particularismes religieux.  Elle a diffusé tout un ensemble de valeurs patriotiques (les grandes dates de l’histoire de France, les «grands hommes», le drapeau français, la Révolution française, etc) qui ont contribué à construire réellement la Nation française  Une des valeurs véhiculée par l’école est l’égalité des chances. L’école se veut méritocratique. La démocratisation scolaire est donc un objectif. (cf fiche 1222) 2. La construction des individus.  L’école doit permettre à l’enfant de développer sa personnalité, de s’épanouir, donc de construire son identité personnelle, par définition différente de celle des autres enfants.  Emile Durkheim avait déjà souligné que l’individu était nécessairement une construction sociale : ce n’est que dans un cadre social, par opposition avec les autres et plus généralement dans l’interaction avec les autres que l’on peut affirmer une personnalité propre 3. La préparation à la vie active. L’école prépare à l’entrée dans le monde du travail en dispensant des qualifications et en les validant par des diplômes :  Le diplôme, c’est la reconnaissance de capacités et donc d’une sorte « d’utilité sociale », mais c’est aussi le début de l’appartenance à un monde professionnel  On retrouve dans cette fonction utilitaire de l’école un peu la même fonction intégratrice que la division du travail : donner une place à chacun en lui donnant une identité professionnelle. B. Une remise en cause du rôle de l’école en tant qu’instance d’intégration (cf thème 12- la mobilité sociale) 1. L’école assure-t-elle une culture commune ? Les valeurs développées par l’école ne sont pas obligatoirement partagées par tous. Des conflits uploads/Societe et culture/ fiche-212-cohesion-sociale-et-instance-d-x27-integration.pdf

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