La pression sociale Héloïse De Visscher Publication pédagogique d’éducation per

La pression sociale Héloïse De Visscher Publication pédagogique d’éducation permanente Groupe & Société CDGAI Centre de Dynamique des Groupes et d’Analyse Institutionnelle asbl Publication pédagogique d’éducation permanente La pression sociale Auteure Héloïse De Visscher - CDGAI Concept et coordination CDGAI Collection Mobilisations sociales (comme issues possibles aux injustices) - 2012 Éditrice responsable : Chantal Faidherbe Présidente du C.D.G.A.I. Parc Scientifique du Sart Tilman Rue Bois Saint-Jean, 9 B 4102 - Seraing - Belgique Graphisme : Le Graphoscope legraphoscope@gmail.com 3 Cette publication a trouvé forme suite aux questions expri- mées par des travailleurs du secteur non-marchand. Intentions de ce livret N Sensibiliser aux concepts d'influence et de pression sociale N Eclairer certaines questions liées à la pression sociale à travers des textes d'auteurs, des expériences racontées et des références culturelles N Permettre le questionnement par rapport à la pression sociale et aux attentes de rôle N Ouvrir à la réflexion sur le positionnement de chacun face à la pression sociale d'une part et d'autre part, à sa propre contribution à cette pression Publics visés N Les animateurs, formateurs, coordinateurs, directeurs de l’associatif et des services publics N Les enseignants, les CPMS, les intervenants GRH N Les psychologues, psychiatres, médecins, infirmiers N Toute personne intéressée par le sujet 4 Les publications d’éducation permanente du CDGAI La finalité de ces publications est de contribuer à construire des échanges de regards et de savoirs de tout type qui nous permettront, collectivement, d’élaborer une société plus humaine, plus «reliante» que celle qui domine actuellement. Fondée sur un système économique capitaliste qui encourage la concurrence de tous avec tous et sur une morale de la responsabilité, notre société fragilise les humains, fragmente leur psychisme et mutile de nombreuses dimensions d’eux- mêmes, les rendant plus vulnérables à toutes les formes de domination et d’oppression sociétales, institutionnelles, organisationnelles, groupales et interpersonnelles. La collection Mobilisations sociales (comme issues possibles aux injustices) Cette collection propose des regards pluriels à propos de pratiques de luttes et de mobilisations collectives portées par des citoyens et des citoyennes en recherche d’une démocratie «plus juste». Elle vise à nourrir notre réflexion et notre esprit critique à propos des fonctionnements collectifs qui nous paraissent «aller de soi». Proposer un regard qui va au-delà des évidences dans la déconstruction de nos schémas de lecture invisibles, mais également proposer des alternatives qui nous semblent «plus adéquates», telles sont les ambitions de cette collection. Pour choisir les thèmes de ces publications pédagogiques, nous avons écouté et questionné divers acteurs du secteur social et socioculturel de Liège et Bruxelles. Pour l’accueil qu’ils nous ont réservé et la franchise de nos échanges, nous remercions toutes les personnes rencontrées. 5 6 sommaire 7 Introduction 9 Pression sociale et influence 11 Et la soumission actuellement ? 20 Le concept d'engagement 23 Conformisme et indépendance 28 L'uniformité 30 Sommes-nous tous soumis ? 34 Conclusion 39 8 Introduction Qu'est-ce que la pression sociale ? Qu'est-ce que l'influence ? Chaque individu s'insère dans une société complexe, qu'il nourrit par sa présence et qu'elle nourrit en retour. Nous faisons partie d'un système, créé par notre société1. Nous sommes, bien entendu, influencés par le monde qui nous entoure, par notre réseau social. Mais, à quel point sommes-nous sensibles aux pressions extérieures ? A quel point nos pensées et nos actions sont-elles dirigées par les influences extérieures ? Quel est l'impact de la pression sociale, du réseau, de la société sur nos comportements et nos manières d'agir ? Avons-nous conscience de la pression sociale ? Et qu'en faisons-nous ? Cet outil a pour objectif d'éclairer certaines questions, à travers des textes d'auteurs, des expériences racontées et des références culturelles. Cependant, notre objectif principal est surtout de sensibiliser aux concepts de pression sociale et d’influence. Nous souhaitons rencontrer les deux intentions suivantes : 1. Permettre le questionnement par rapport à la pression sociale et aux attentes de rôle. 2. Ouvrir à la réflexion sur le positionnement de chacun face à la pression sociale d'une part et d'autre part, à sa propre contribution à cette pression. 9 1 Nous entendons par "société" le système qui émerge des interactions entre tous les individus. 10 11 Pression sociale et influence La pression sociale est liée à l'influence sociale. Fischer (2010) explique qu'il existe deux formes essentielles d'influence sociale : d'une part, la conformité et d'autre part, la soumission. Ces formes sont, pour l'auteur, «des situations dans lesquelles intervient une modification du comportement qui résulte de pressions spécifiques2». Abordons ces deux types d'influences Premier type d'influence : la conformité Nous allons débuter par la conformité. Celle-ci est définie par Fischer comme «la modification de croyances ou de comportements par laquelle un individu répond à divers types de pressions d'un groupe, en cherchant à se mettre en accord avec les normes ambiantes par l'adoption de comportements approuvés socialement.3» L'auteur se penche sur les raisons qui font que les gens se conforment. Qu'est-ce qui fait qu'une personne va se conformer à l'avis d'une autre ou d'un groupe ? Il envisage plusieurs explications : 1. L'hypothèse des normes de groupe Nous envisageons dans ce cas les normes comme étant l'ensemble de croyances qui sont partagées au sein d'un groupe. Les normes régissent les interdits, les autorisations. 2 Fischer, p. 74 3 Fischer, p. 74 Nous partons sur l'idée que le groupe a un but précis. Afin d'atteindre ce but, une soumission aux règles du groupe est impérative. Dès lors, tout ce qui est considéré comme déviance est réprimé. Il s'agit donc de comparer et vérifier les comportements afin de trouver et maintenir une harmonie. La personne, confrontée à des croyances et des comportements, est à la recherche de celle-ci. Au sein d'un groupe, imaginons une norme relative à la boisson : chacun boit à volonté. Un individu qui ne boit pas serait susceptible d’être considéré comme déviant, car la norme du groupe est de boire. Afin de s'intégrer et de se conformer, une personne nouvellement arrivée au sein du groupe essayera de suivre la norme du groupe. Fischer estime que la confiance en soi a donc un impact important : si l'individu a peu confiance en lui, il aura tendance à rejoindre la conformité. 2. L'idée de dépendance L’auteur explique qu'un groupe, face à l'évaluation d'une situation, crée un «système de réponses qui assure non seulement la réduction de l'anxiété, mais aussi sa propre cohésion. Ce système s'impose par conséquent comme la réponse la plus adaptée et devient une norme : si l'on prend le risque de s'y opposer, on peut être rejeté du groupe.4» La personne qui se trouve en désaccord doit par conséquent faire un choix : se soumettre à la norme ou respecter son système propre de réponse. La soumission à la norme va produire l'approbation sociale et c'est ce «mécanisme qui crée une dépendance de l'individu à l'égard de la norme majoritaire5». Notons que cette explication liée à la dépendance montre l'individu comme étant relativement passif. 3. Le phénomène de la négociation, par Moscovici (1972) Moscovici estime que l'individu n'est pas inactif et soumis à la pression car il a lui-même un système de réponses personnelles. 12 4 Fischer, p. 79-80 5 Fischer, p. 80 Dès lors, la personne est amenée à confronter son propre système de réponses et celui du groupe (ou de la majorité). Il y a donc négociation et la conformité deviendrait un compromis. Personnaz (1976) se penchant également sur ce phénomène ajoute deux éléments importants. Il estime que la source d'influence a un impact, car c'est sur elle que se focalise la personne. Par ailleurs, l'influence n'est pas forcément effective sur la durée. La conformité peut tout à fait être temporaire. Ces différents points de vue montrent que l'individu est un être social. L'homme ou la femme éprouvent le besoin de se conformer ou le besoin de se différencier des autres. Second type d'influence : la soumission Fischer met en évidence deux types de soumission. 1. La soumission librement consentie Ce concept renvoie à «un type d'influence qui consiste à amener quelqu'un à se comporter de façon différente qu'à son habitude, en le manipulant de telle sorte qu'il a le sentiment de faire librement ce qu'on lui demande6». Deux stratégies sont employées N la stratégie d'influence du pied dans la porte : «Il s'agit d'un procédé qui consiste à amener quelqu'un, à travers une première demande anodine, à faire ce qu'on attend réellement de lui 7». N la stratégie de l'amorçage ou de la faveur déguisée : «consiste à amener quelqu'un à s'engager sur une proposition qu'on lui fait, mais sans qu'il connaisse le coût réel de son accord8». Fischer, pour éclairer «la soumission librement consentie», insiste sur deux éléments. D'une part, la soumission sans pression permet à l'individu de penser qu'il conserve sa liberté. 13 6 Fischer, p. 82 7 Fischer, p. 83 8 Fischer, p. 83 14 D'autre part, il y a émergence d’une notion d'engagement : «un individu qui adhère psychologiquement à ce qu'on lui demande, se sent plus impliqué par l'acte qu'il pose.9» 2. La soumission à l'autorité L'auteur s'attarde sur le concept d'obéissance, uploads/Societe et culture/ w-pression-sociale.pdf

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