La naissance de l'anthropologie (fin XVIIIe siècle - années 1870) L'anthropolog

La naissance de l'anthropologie (fin XVIIIe siècle - années 1870) L'anthropologie apparut en tant que science, dans le sens actuel du terme, au cours du dernier quart du XIXe siècle. C'est pourtant une centaine d'années auparavant que le terme commença à s'imposer, en particulier avec Emmanuel Kant, pour désigner une science de l'homme unifiée, croisant philosophie, sciences de la nature et sciences de la société. Cette science joua un rôle dans la construction de la nation unifiée, notamment en Allemagne et en France7. Elle était également liée à l'impérialisme des Européens imposant leur domination sur le reste du monde, y compris les Américains d'origine européenne sur les territoires amérindiens et les Russes sur les territoires sibériens8. Même si la communauté savante était déjà internationale, d'un pays à l'autre l'anthropologie fut plus ou moins linguistique ou physique, ethnographique ou naturaliste, locale ou lointaine, préhistorique, folkloriste ou exotique, selon les centres d'intérêt des personnalités qui s'en réclamaient et le succès des sociétés savantes qui se multipliaient : Société des observateurs de l'homme (1799), Société des antiquaires de France (1814), American Ethnological Society (1842), Anthropological Society of London (1863), Berliner Gesellschaft für Anthropologie, Ethnologie und Urgeschichte (1869)9... S'y rencontraient des personnes d'horizons très divers : des voyageurs-explorateurs, des administrateurs coloniaux, des missionnaires, qui avaient une connaissance du terrain, et surtout des savants de cabinet (armchair anthropologists) qui pouvaient comparer, généraliser, théoriser. En réalité, peu de savants avant les années 1870 étaient spécialisés en anthropologie. Généralement, les anthropologistes -on ne disait pas encore anthropologues- pratiquaient avant tout l'anatomie, l'étude des langues ou philologie, la médecine, la géographie10... Les débats entre anthropologistes opposaient monogénistes et polygénistes, fixistes et transformistes, linguistes et craniologistes partisans de l'histoire naturelle de l'homme, plus ou moins adeptes de physiognomonie ou de phrénologie11. Leurs échanges furent vifs, laissant poindre des visions du monde souvent antinomiques : chrétienne avec James Cowles Pritchard ou Armand de Quatrefages, républicaine et démocrate pour Rudolf Virchow, Albert Gallatin ou Paul Broca, profondément raciste chez Robert Knox ou Josiah Clark Nott. En dépit de ces fortes divergences idéologiques, la notion de "races humaines" était utilisée sans partage et l'idée d'une "supériorité européenne" ne faisait pas vraiment débat12. Malgré une vision plus large de leur propre champ d'étude, les anthropologistes s'intéressaient à l'ethnologie, comprise à l'époque comme une raciologie ou science des races humaines, très largement convaincus d'un déterminisme du physique sur la culture. uploads/Societe et culture/ la-naissance-de-l.pdf

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