1 La théorie du comportement planifié d’Ajzen (1991) : Application empirique au

1 La théorie du comportement planifié d’Ajzen (1991) : Application empirique au cas tunisien Sana El Harbi Maître de Conférence Faculté de Droit et des Sciences Economiques et Politiques de Sousse Tunisie Tél : (+216) 23 22 12 70 harbisana@yahoo.fr Naima Mansour Doctorante Institut Supérieur de Gestion de Sousse Tunisie Tél : (+216) 94 13 48 06 mansournaima@yahoo.fr Le présent papier vise à étudier les déterminants de l’intention de créer une entreprise chez les étudiants universitaires tunisiens. Sur le plan théorique, nous avons privilégié l’approche des intentions entrepreneuriales. Ainsi, plusieurs auteurs s’accordent à dire que la création d’entreprise correspond à un processus intentionnel (Krueger et al, 2000 ; Tounès, 2003 ; Fayolle, 2005 ; Kolvereid et Isaksen, 2006). Le modèle théorique que nous avons adopté pour guider notre recherche est le modèle d’intention proposé par la théorie du comportement planifié d’Ajzen (1991). L’outil de collecte des données que nous avons utilisé dans cette recherche est le questionnaire. L’échantillon de l’enquête est composé de 332 étudiants de diverses spécialités et appartenant à 9 établissements universitaires localisés dans la région de Sousse (Tunisie). Ces étudiants sont à quelques mois d’achever leurs cursus universitaires. Nos résultats ont prouvé la pertinence de la théorie du comportement planifié d’Ajzen (1991) dans l’explication de l’intention entrepreneuriale chez les étudiants universitaires tunisiens. Le modèle d’Ajzen (1991) a été validé et les trois antécédents de l’intention entrepreneuriale à savoir ; l’attitude vis-à-vis de la création d’entreprise, la norme sociale perçue et le contrôle comportemental perçu, prédisent significativement l’intention de créer une entreprise chez les étudiants. Thème : L’intention entrepreneuriale 2 Introduction L’entrepreneuriat est devenu aujourd’hui un enjeu majeur pour plusieurs pays. Les divers avantages qu’il génère justifie amplement l’intérêt grandissant qu’il suscite. Par ailleurs, à côté de son contribution dans la création d’emploi et du renouvellement du tissu économique, l’entrepreneuriat peut apporter de l’intérêt aux individus qui peuvent trouver dans des situations entrepreneuriales (et plus particulièrement la création d’entreprise) des sources de satisfaction. En Tunisie, l’entrepreneuriat jouit d’une grande attention de la part de plusieurs acteurs. Une telle attention tournée vers l’entrepreneuriat s’explique par la reconnaissance du rôle primordial de l’entrepreneuriat dans le développement économique des pays. Ainsi, les diverses actions qui ont été entreprises en faveur de l’entrepreneuriat en Tunisie, témoignent la volonté de ce pays d’encourager l’initiative privée. Parmi les actions qui ont été entreprises nous pouvons citer : La promulgation du code d’incitation aux investissements1, à ceci s’ajoute la réhabilitation des institutions de formation professionnelle et l’établissement des structures d’appui et d’accompagnement à la création d’entreprise qui constituent des piliers de l’environnement institutionnel dédiés aux entrepreneurs potentiels. Néanmoins, il convient de signaler qu’il est important, pour la promotion de l’entrepreneuriat dans un pays de connaître les divers facteurs pouvant influencer l’intention entrepreneuriale de sa population. La connaissance de ces facteurs aide à envisager les actions appropriées pour stimuler davantage les comportements entrepreneuriaux des individus. En Tunisie, peu de recherches s’intéressent aux facteurs pouvant agir et former l’intention entrepreneuriale chez les tunisiens en général et chez les étudiants en particulier. A partir de ce constat, il nous a paru intéressant d’étudier les déterminants de l’intention entrepreneuriale chez les étudiants universitaires tunisiens. En effet, plusieurs programmes ont été mis en place dans le but de stimuler davantage la dynamique de l’esprit d’entreprise auprès de cette catégorie d’individus, et de les aider à voir dans la création d’entreprise une option de carrière possible. La majorité des travaux théorique qui se focalisent sur l’étude de l’intention entrepreneuriale se basent sur la théorie du comportement planifié (TCP) d’Ajzen (1991) et le modèle de l’évènement entrepreneurial de Shapero et Sokol (1982), (Krueger et al, 2000 ; Emin, 2003 ; Boissin et al, 2005 ; Fayolle, 2005 ; Fayolle et al, 2006 ; Kolvereid et Isaksen, 2006 ; Souitaris et al, 2007). Ces deux travaux fournissent une explication similaire de l’intention entrepreneuriale de l’individu et ils offrent un cadre cohérent, simple et robuste pour atteindre une meilleure compréhension du processus de création d’entreprise, (Krueger et al 2000). Dans la présente recherche, l’approche privilégiée est celle des intentions entrepreneuriales. Par ailleurs, plusieurs auteurs s’accordent à dire que la création d’entreprise correspond à un processus intentionnel (Krueger et al, 2000 ; Tounès, 2003 ; Fayolle, 2005 ; Kolvereid et Isaksen, 2006). Le modèle théorique pour lequel nous avons opté pour guider notre recherche est celui proposé par la théorie du comportement planifié d’Ajzen (1991). Ce modèle constitue l’un des modèles d’intention les plus utilisés, (Fayolle, 2006 ; Moreau, 2006 ; Kolvereid et Isaksen, 1 Ce code est promulgué par la loi 93-120 du 27/12/1993. Il a pour objectif de relancer l’investissement direct à l’étranger; de revitaliser l’investissement local et de dynamiser les exportations. Il couvre tous les secteurs d’activité, à l’exception des mines, du secteur financier et du commerce intérieur qui sont régis par des lois spécifiques 3 2006). De nombreuses recherches l’ont emprunté afin d’améliorer la compréhension des intentions entrepreneuriales de plusieurs catégories d’individus y compris les étudiants. En plus, les résultats empiriques ont démontré la pertinence et l’intérêt de cette théorie dans le domaine de l’entrepreneuriat, (Krueger et al, 2000 ; Tounès, 2003 ; Emin, 2003 ; Fayolle, 2006 ; Kolvereid et Isaksen, 2006 ; Souitaris et al, 2007). La structure de ce papier est la suivante : Dans une première section nous présenterons la théorie du comportement planifié d’Ajzen (1991) ainsi que les hypothèses sous jacentes. Dans une deuxième section la méthodologie de recherche sera exposée. Dans une troisième section nous présenterons les résultats de la recherche. Finalement, nous discuterons les résultats obtenus et nous présenterons quelques recommandations pour promouvoir l’entrepreneuriat auprès des jeunes. 1. Le modèle théorique et les hypothèses sous jacentes Nous commençons par la présentation de la théorie du comportement planifié d’Ajzen (1991). Nous présentons succinctement les hypothèses de recherche. 1.1. La théorie du comportement planifié d’Ajzen (1991) La théorie du comportement planifié d’Ajzen (1991) est une extension de la théorie de l’action raisonnée, dans laquelle une variable complémentaire a été ajoutée : Le contrôle comportemental perçu, « the theory of planned behavior differs from the theory of reasonned action in its addition of perceived behavioral control», (Ajzen, 1991). La théorie du comportement planifié confère à l’intention de l’individu la place centrale de la genèse du comportement, (Tounès, 2003 ; Fayolle et al, 2006). Selon cette théorie, tout comportement qui nécessite une certaine planification (tel que la création d’une entreprise), peut être prédit par l’intention d’avoir ce comportement. L’intérêt de cette théorie est de proposer un modèle théorique utilisable dans toutes les situations où le comportement est intentionnel puisqu’elle ne repose pas sur les variables externes comme déterminants immédiats du comportement, (Emin, 2003). Selon la théorie du comportement planifié d’Ajzen (1991), l’intention est le résultat de trois déterminants conceptuels. ¾ L’attitude vis-à-vis du comportement, ¾ La norme sociale perçue et ¾ Le contrôle comportemental perçu. Le comportement est déterminé par l’intention et par le contrôle comportemental perçu. 1.1.1. L’attitude vis-à-vis du comportement L’attitude vis-à-vis du comportement désigne le degré d’évaluation favorable ou défavorable qu’une personne a, du comportement concerné, (Ajzen, 1991). Cette variable représente l’attractivité du comportement, (Emin et al, 2005). Par exemple, l’attitude envers le risque, amène une personne à considérer de façon positive ou négative le fait de prendre des risques. De même l’attitude envers le succès et l’échec de création d’entreprise favorise ou défavorise la décision de créer une entreprise chez un individu. 1.1.2. La norme sociale perçue Elle désigne les pressions sociales perçues pour réaliser ou ne pas réaliser un comportement (Ajzen, 1991). En d’autre terme, la norme sociale perçue correspond à la perception de l’individu de la pression sociale, qui concerne ce que les personnes proches, la famille et les ami(e)s pensent de ce qu’il voudrait entreprendre, ( Tounès, 2003 ; Fayolle et al, 2006 ). 4 Les attitudes vis-à-vis du comportement ainsi que la norme sociale perçue renvoient au concept de désirabilité proposé par Shapero et Sokol, (Tounès, 2003 ; Fayolle, 2005 ; Emin et al, 2005). 1.1.3. Le contrôle comportemental perçu Selon Ajzen (1991), le contrôle comportemental perçu correspond à la facilité ou la difficulté perçue pour réaliser un comportement. Entre autre, il renvoie à la perception qu’une personne a, de la faisabilité personnelle du comportement concerné, (Emin et al, 2005). Le concept du contrôle comportemental perçu est très proche du concept de l’efficacité personnelle2 de Bandura (1977), (Ajzen, 1991) et du concept de faisabilité de Shapero et Sokol (1982), (Tounès, 2003 ; Emin et al, 2005). Les attitudes vis-à-vis du comportement, la norme sociale perçue et le contrôle comportemental perçu sont exprimées en terme de croyances. Ces dernières correspondent aux informations vraies ou fausses qu’une personne a sur le monde qui l’entoure. Figure 1 : Le modèle de la théorie du comportement planifié, Ajzen (1991) 1.2. Les hypothèses de recherche En guise de rappel, la présente recherche porte davantage sur la prédiction de l’intention et ne vise pas à vérifier le lien entre l’intention et le passage à l’acte (la création d’entreprise). Nos hypothèses de recherche ont été définies conformément uploads/Societe et culture/ la-theorie-du-comportement-planifie-d-x27-ajzen-1991-application-empirique-au-cas-tunisien.pdf

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