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Facebook : La culture ne s'hérite pas elle se conquiert Facebook : La culture ne s'hérite pas elle se conquiert Facebook : La culture ne s'hérite pas elle se conquiert Facebook : La culture ne s'hérite pas elle se conquiert Réalité, mythe, icône La réalité La réalité du parcours d’Ernesto Guevara est connue des historiens, même s’il subsiste ici et là quelques domaines où les diverses interprétations possibles n’ont guère le moyen d’être mieux étayées qu’elles ne le sont actuellement. On pense aux divergences politiques entre Guevara et Fidel Castro, au rôle des Soviétiques pour soutenir le second et se débarrasser du premier , aux manœuvres de Castro lui-même pour mettre à l’écart celui qu’il allait encenser après sa mort. Les archives s’ouvriront un jour , même si, comme certaines de leurs sœurs soviétiques, elles doivent être « conservées pour l’éternité ». Le mythe Le mythe qui s’est construit autour d’Ernesto Guevara en fait un homme lucide, droit, courageux, prêt, pour établir la justice et la fraternité entre les hommes, à se battre jusqu’à son dernier souffle. Cette dimension combattante est centrale : celui qu’on appelle avec une nuance de familiarité « le Che » est présenté comme l’archétype du Juste refusant les compromis, mais aussi comme le dernier avatar d’un David prêt à donner sa vie pour terrasser le Goliath Facebook : La culture ne s'hérite pas elle se conquiert impérialiste et ses divers agents latino-américains, congolais ou boliviens. Sans doute le mythe s’est-il nourri, comme souvent, des éléments d’un réel dont il a fait son miel. Guevara est effectivement en 1967, lors de son dernier combat, un homme quasiment seul. Castro a délibérément fait savoir deux ans auparavant à l’opinion mondiale que le Che avait quitté Cuba, mais aussi renoncé à la nationalité cubaine et à toutes ses charges au sein de l’État ou du Parti. Et, si quelques hommes l’accompagnent dans son entreprise bolivienne, la dernière, ils forment un commando- suicide plus qu’un groupe solidement implanté dans un milieu qu’ils connaissent bien, et une troupe applaudie de loin plus qu’un détachement soutenu au plus près. Cette solitude, jugée poignante par beaucoup, ce combat perdu d’avance constituent en eux-mêmes autant de matériaux pour décrire et enjoliver cette geste héroïque, même si la réalité est, sans doute aucun, plus prosaïque et même plus sordide que les images et les rêves qui ont pu s’en nourrir. Qui, en effet, s’est engagé tête baissée dans cette Bolivie qu’il ne connaissait pas ? Qui s’imaginait que ce qui avait une fois réussi à Cuba réussirait à nouveau, en plein milieu du continent sud-américain ? Guevara. Les conditions, les hommes, les solidarités dont bénéficiait la guérilla n’étaient pourtant pas les mêmes. Ni les lieux, ni le contexte politique, ni la conjoncture. Facebook : La culture ne s'hérite pas elle se conquiert Loin du portrait enjolivé et magnifié qu’on en a donné trop souvent, en effet, Guevara s’est avéré un homme têtu, lesté d’idées simples pour ne pas dire simplistes, persuadé qu’un monde en noir et blanc – le nôtre – requérait seulement quelques individus minoritaires mais décidés pour créer des situations nouvelles et prometteuses, aider les peuples à prendre conscience de leurs forces et à vouloir en découdre avec leurs oppresseurs. Un homme pour qui les ennemis n’étaient que des obstacles qu’il fallait vaincre, et donc tuer , un halluciné certain que des révolutions allaient éclater un peu partout. En Amérique latine ou en Afrique ? Sur ce point, les jugements du Che fluctuaient, au gré des conjonctures, mais ces bouleversements étaient inéluctables et apporteraient, avec le socialisme, prospérité et bonheur, à Cuba comme partout. Les études les plus minutieuses sur le « vrai » Guevara ne laissent plus de doute sur sa simplicité et sa brutalité. Certaines laissent même entrevoir un fanatisme, des exigences à la lisière du sadisme et un goût inquiétant de la violence. Le mythe du guérillero héroïque est en effet depuis quelques années revisité, comme on dit, dans des travaux comme la Lune et le Caudillo, le livre précurseur de Jeannine Verdès- Leroux1, et plus récemment la Face cachée du Che 2, de Jacobo Machover , C’era una volta Il Che, de Leonardo Facco 3, ou Ernesto Che Guevara, Mito y realidad, d’Enrique Ros4, dans des revues comme Historia5, dans des articles comme celui de Rui Ramos Facebook : La culture ne s'hérite pas elle se conquiert (« Le mépris du Che6 »), dans El Pais7 ou le Monde8. Sans oublier la vingtaine de pages justes et magnifiques d’un Régis Debray qui, bien après la Bolivie, a désormais tout compris du Che9. Toutes ces critiques se rejoignent dans la dénonciation du mythe guévariste qui n’a plus en France que quelques défenseurs comme Michael Löwy et Olivier Besancenot. Nouvelles pistes Les pages qu’on va lire poursuivent donc en un sens une œuvre déjà commencée. Mais à ne pas reprendre la visée exhaustive propre à toute biographie savante, à ne pas s’en tenir à une approche monocolore, comme les hagiographies ou les pamphlets, elles s’engagent dans des voies nouvelles, éclairant de près certains détails de la biographie du guérillero argentin, tentant d’entrer au plus profond de sa psychologie et mettant ainsi en évidence les contrastes entre constat et invention, ombre et lumière, réalité et mythe. L’icône Ces pages le soulignent aussi : malgré la pertinence de bien des mises en cause, celles-ci ne suffisent pas. Même écaillés, rongés et fatigués, ni le mythe ne tombe ni la statue ne descend de son piédestal. La référence à Guevara dans des luttes comme la grève générale de la Guadeloupe en février 2009 fut très appuyée, sa popularité semble presque intacte en Facebook : La culture ne s'hérite pas elle se conquiert Amérique du Sud, des millions de tee-shirts adolescents ou militants le portent en effigie de par le monde et lancent encore à la face de tous son regard farouche. De « braise », dirait notre facteur trotskiste10. Ce n’est pas une bonne nouvelle pour « le Che » : si ce dernier atteint une dimension nouvelle qui empêche qu’on passe de la critique et de la déconstruction de son mythe à l’atténuation de sa popularité, c’est qu’il est de moins en moins un mythe et de plus en plus une icône. Che Guevara est désormais, et de plus en plus, le signe de tout autre chose que lui-même. Un prête- nom pour la justice, l’altruisme, l’amour de la vérité, et toutes les qualités qu’on voudra. Un vivant qui cache un mort, un pacifique qui masque une brute. Et, pour beaucoup, un porte-parole commode. Une facilité. Un raccourci paresseux pour adolescents et militants gauchistes en quête de couleurs, de drapeau, de gri- gri, de justifications. Facebook : La culture ne s'hérite pas elle se conquiert I I Une jeunesse qui ne passe pas « Un sens qui tourne sur lui-même et qui tombe en arrière de soi » Pascal Q uignard l était une fois un jeune garçon appelé Ernesto. Ernesto Guevara de la Serna. Né à Rosario, en Argentine, il avait été élevé dans une famille originale, bohème : ses parents étaient de riches marginaux, méprisant leur milieu pour son conformisme mais profitant de ses avantages, et mangeant avec allégresse l’argent qui leur avait été légué dans des entreprises aussi folles l’une que l’autre. Celia de la Serna avait hérité de grands domaines agricoles. Révoltée, volontaire, une des premières Argentines à posséder dans les années 1920 un chéquier à son nom, elle se coiffait à la garçonne et se promenait au volant de sa voiture sur la rue Florida, une artère élégante de Buenos Aires, avec à ses côtés Ernesto Guevara Lynch, le futur père du Che. D’après ce dernier , les études « ne servaient à rien », et il abandonna bientôt ses cours d’architecture. « Plutôt me flinguer que m’asseoir devant un bureau », avait-il Facebook : La culture ne s'hérite pas elle se conquiert déclaré. Les jeunes gens se marièrent et purent voler de leurs propres ailes. Ils partirent à l’extrémité nord du pays, dans un vaste territoire propice aux aventuriers de leur espèce, sur les rives du haut Paraná, en zone tropicale. Leur but : faire pousser du maté, qui donne une sorte de thé vert et amer dont raffolent les Argentins. On pouvait ainsi faire fortune, paraît-il. Il fallait défricher . Ils défrichèrent. Mais, à peine installés, ils rêvèrent d’autre chose. Les gerbes de maté, qu’ils négligeaient d’expédier , pourrirent sous les hangars… Les finances du couple se dégradèrent. Après la naissance d’Ernestito – le « petit Ernesto », le futur porteur d’icône – la situation se détériora encore : la crise économique argentine qui faisait écho à celle d’Amérique du Nord les poussa à partir , autant que la volonté d’échapper à l’air surchargé d’humidité de la région. Le petit garçon manifestait en effet une propension inquiétante à des crises d’asthme. Ses parents déménagèrent. L’asthme L’enfance, l’adolescence et la jeunesse d’Ernesto ne présentent guère d’exploits ni de faits vraiment saillants à rappeler . Pas de uploads/Societe et culture/ la-veritable-histoire-de-che-guevara-pdf.pdf

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