Dix clés pour faire mieux Les Etats Généreux de la Culture au Centquatre, Paris

Dix clés pour faire mieux Les Etats Généreux de la Culture au Centquatre, Paris, le 3 décembre 2016. Nous avions envie de prouver que la culture est le meilleur lien social qui vaille. Que, dans bien des coins de France, du nord au sud et d’est en ouest, dans villes et villages, la quête de l’art, du beau peut réunir et redonner du sens et du désir à des existences laminées par la crise, le chômage, la désespérance. Réenchanter la société. Une utopie ? Bien sûr que non ! La culture s’est toujours augmentée, renforcée, magnifiée d’être partagée. Alors, en juin 2016, d’abord via un site Internet dédié, puis officiellement au Festival d’Avignon, nous avons lancé les nous avons recueilli témoignages et propositions nouvelles. Les Etats Généreux de la Culture s’achèvent sur une belle récolte. Nous y avons assisté à un soulèvement de l’imagination et des désirs. Désir d’art et de culture, mais plus encore désir de sens, désir de réappropriation d’un destin culturel commun et à toujours réinventer. Il s’articule autour des dix points, des dix mots clés, que nous vous proposons dans ce livre blanc : Artiste, Publics, Création, Argent, Démocratisation, Education, Multiculturalisme, Numérique, Faire-ensemble, Politique. Aux Etats Généreux, l’art et la culture ne sont jamais apparus comme un problème. Plutôt comme une solution. Jamais comme un secteur oublié, en péril. Plutôt comme la fabrique intime et partagée de notre avenir. Notre intuition était bonne : les esprits et les Édito Etats Généreux de la Culture. Pas généraux. Généreux. Il n’était pas question en effet d’y dresser des bilans, d’y accumuler d’inévitables et légitimes doléances sur ce qui fonctionne mal ou pas assez bien. Mais de trouver plutôt des pistes sur ce qui s’invente et donne des signes de vitalité, des marques de rayonnement, voire de renaissance. Des semaines durant, des journalistes de Télérama ont ainsi observé les initiatives culturelles qui s’imaginent, se réalisent sur le terrain, dans quelques régions témoins de France. Nous voulions mesurer combien la culture et l’envie de culture y étaient vivaces, combien y fleurissaient d’idées à faire circuler pour que tous puissent s’en inspirer. A Lille, Lyon, Marseille et Paris, auprès d’artistes, d’associations, de médiateurs culturels, d’institutions, de spectateurs, « Une notion clé fait timidement son apparition dans nos lois : le droit à la culture. Un grand basculement s’amorce… » 4 énergies sont mobilisés pour faire de la culture le terreau d’une démocratie nouvelle. D’une manière d’être au monde plus riche. Mais comment passer à la mise en œuvre ? C’est pour soumettre ces propositions et idées à la sagacité des responsables politiques que nous les partageons ici ; au terme de dizaines de tables rondes et d’entretiens, de plusieurs centaines de contributions en ligne, sous le parrainage bienveillant et engagé d’un(e) artiste né(e) ou vivant dans chaque lieu de débats : Sylvie Testud à Lyon, Robert Guédiguian à Marseille, Rachida Brackni à Paris, Marie Desplechin à Lille. Nous les remettrons d’abord à la ministre de la Culture, Audrey Azoulay. Puis aux candidats à l’élection présidentielle. Si la « case » culture se fait trop discrète dans leurs programmes, peut- être faut-il passer par les cases « générosité » et « imagination » pour les convaincre ? Aidons-les, aidons-nous. C’est l’objectif des synthèses que vous trouverez ici. Le premier enseignement des Etats Généreux est un optimisme lucide et pragmatique. Qui regarde l’avenir sans amnésie ni nostalgie, et repose sur une conviction : la culture est un bien commun, développé et entretenu depuis des siècles en France. Particulièrement grâce à un maillage exceptionnel, sur tout le territoire, au vivier de talents et d’artistes qu’ont suscités, chacun à leur façon, André Malraux et Jack Lang. Ce bien commun s’enrichira encore d’être partagé par le plus grand nombre. C’est le fondement des propositions qui ont irrigué nos Etats Généreux. Car notre modèle culturel semble épuisé et ne plus répondre assez aux attentes, des artistes comme du public, et cette fameuse exception culturelle qui fait notre légitime fierté être devenue, parfois, une coquille vide, sous les coups répétés de la crise économique et de la mondialisation. Tous les acteurs culturels continuent de se tourner vers un Etat qui n’a plus forcément les moyens de ses interventions et doit repenser son rôle. Les Villes font souvent désormais leur propre politique. On ne sait plus qui est responsable de quoi. Le temps est venu d’un chambardement. Il faut repenser « le modèle Malraux-Lang », le retourner comme un gant. De l’intérieur vers l’extérieur. En remettant au centre du jeu la place des publics – non plus destinataires mais premiers acteurs du renouveau, dans la diversité de leurs pratiques, de leurs 5 attentes et de leurs rêves. De leurs cultures. On n’ouvrira le cercle culturel et ne sortira de l’« entre-soi » que par ce changement de perspective. Qui bousculera davantage les pratiques institutionnelles que l’art et les artistes. Comment étendre notre bien commun culturel ? L’idéal d’« accès à la culture » tant prôné et souvent condescendant – on a même entendu « colonialiste » lors des Etats Généreux ! – systématise plus qu’il ne réduit l’opposition entre les privilégiés de la culture et les autres. Il faut le revitaliser. De l’éducation à la création, de la production à la diffusion. En dépassant les frictions entre cultures savantes et alternatives, urbaines, ou autodidactes. En repensant la fonction culturelle de l’Etat et celle, de plus en plus importante, des Villes et des Régions. Un grand basculement est engagé. Avec l’apparition d’une notion clé qui fait timidement son apparition dans nos lois : le droit à la culture. Passera-t-il davantage par le numérique ? Qui est aussi un formidable outil pour l’expérimentation, la prospection de talents neufs et l’imagination, transversale et collaborative, dans et hors l’institution. Il doit être accompagné davantage par les politiques publiques. Faut-il imaginer un autre financement de la culture ? L’audace ici aussi est de mise. Mais attention à ne pas appauvrir les uns pour dés-appauvrir les autres ; ni à substituer le financement privé au soutien public. Complexe, l’enjeu invite à explorer d’autres solutions. Et l’Europe est, là aussi, une citadelle à conquérir. Ce livre blanc voudrait ouvrir des chemins. La redéfinition d’un ministère de la Culture élargi en est un. Il y a plus d’un demi-siècle – et ce fut une conquête –, il s’est créé en se séparant des pratiques amateurs, de l’enseignement supérieur et de la recherche comme de l’action diplomatique. Le moment est venu de repenser le périmètre de son intervention et, en amont, sa vision. Viser réellement les futures générations et la place des pratiques artistiques dans l’éducation serait un début de révolution. Faudra-t-il légiférer ? Au risque de brusquer, des règles et des quotas sont sans doute nécessaires. Sur la parité, la diversité, le droit à la culture, Internet et la propriété intellectuelle. Accompagner ce désir de culture capable de nous réunir et de nous offrir imagination, audace et esprit est une exaltante responsabilité. Fabienne Pascaud, directrice de la rédaction 6 Dans notre métier de journaliste, les choses commencent souvent par une phrase lancée à la volée, entre deux portes : « Vous allez voir, les candidats à la présidentielle de 2017 ne vont pas parler de culture ! Ça ne fait même plus partie de leurs sujets, ça ne les concerne plus… » Evidemment, ce sujet-là est tout sauf anecdotique, et mérite mieux qu’un pronostic pessimiste dans un couloir de Télérama. En vérité, depuis quelques mois, Fabienne Pascaud (directrice de la rédaction) réfléchit à une initiative forte, un « geste » éditorial, qui entraînerait notre rédaction, basée à Paris, dans un travail de mise en lumière de tous ceux qui se battent pour que l’activité culturelle, partout en France, soit plus vibrante encore. Jusqu’à s’imposer « Mettre en lumière tous ceux qui se battent pour que l’activité culturelle, partout en France, soit plus vibrante encore. » comme un des moteurs de nos vies et donc, nécessairement, un thème de campagne. Cet événement, ce sera les Etats Généreux de la Culture. On passe de la machine à café à la salle de réunion. On élabore un plan, on liste les problématiques permettant de structurer les recherches. Organiser des débats dans dix villes de France est un fantasme qu’il faut sagement revoir à la baisse : l’histoire s’écrira en quatre étapes, Lyon, Marseille, Paris et Lille. Un peu court évidemment, mais nous décidons de recueillir sur Internet propositions, témoignages : le site Web contributif des Etats Généreux est mis en ligne dès juin 2016. En même temps, nous approchons des « parrains » pour chaque ville – Sylvie Testud, Robert Guédiguian, Rachida Brakni et Marie Desplechin –, à qui nous proposons de témoigner de leur expérience, de leurs convictions – et qui auront pour mission de se trouver à Lyon, Marseille, Paris et Lille un(e) allié(e) pour la journée, artiste de la génération suivante. Ils choisiront Philippe Morvan, Philippe Pujol, Berthet One et Tiphaine Raffier. Journalistes et équipe de l’action culturelle (en charge, toute l’année, LES COULISSES 7 de tisser uploads/Societe et culture/ livre-blanc-3455 1 .pdf

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