Lycée franco-mexicain – Année scolaire 2015-2016 Cours Olivier Verdun Séance 1
Lycée franco-mexicain – Année scolaire 2015-2016 Cours Olivier Verdun Séance 1 : LA CULTURE Qu’est-ce que la culture ? Repères : universel/général/particulier/singulier, en puissance/en acte, absolu/relatif. Objectif méthodologique : apprentissage global de la dissertation en vue du devoir maison n°1. Introduction générale 1) Les différentes acceptions du mot culture (repère «universel / général / particulier / singulier») Le mot « culture » vient du latin « colere » qui signifie cultiver, soigner, entretenir, préserver, travailler, mettre en valeur un champ, une terre en vue de la rendre propre à l’habitation humaine (ex : cultiver du maïs). L'agriculture désigne ainsi le processus par lequel la terre, une fois travaillée par l'homme, produit un fruit que la terre ne pouvait féconder par elle-même. Cicéron, dans Tusculanes (II 13), parle de la culture pour les choses de l’esprit (cultura animi) qu’il compare au travail des champs : « […] de même qu’un champ, si fertile soit-il, ne peut être fructueux sans culture (sine cultura) ; de même l’esprit ne peut l’être sans enseignement (sine doctrina) […]. Or la culture de l’esprit, c’est la philosophie. Elle extirpe radicalement les vices et met les esprits à recevoir les semences, leur confie et, je le dis ainsi, sème ce qui, avec le temps, produira la plus abondante des récoltes ». La culture désigne ici les activités mentales et les productions de l’esprit en général, l'ensemble des processus par lesquels l'homme met en valeur ses propres facultés linguistiques, intellectuelles, spirituelles, morales artistiques, comme il met en valeur la nature en cultivant la terre pour en récolter les produits. Ainsi, avoir une solide culture ou être cultivé, ce n’est pas seulement posséder des connaissances étendues dans beaucoup de domaines, ce n’est pas seulement être instruit et savant, c'est être capable d'assimiler ces connaissances en vue d'un perfectionnement. Il ne faut pas seulement avoir une tête bien pleine, encore faut-il qu'elle soit bien faite. En sorte que la culture désigne l’ensemble des connaissances acquises qui permettent de développer le sens critique, le goût, le jugement. Quand on parle de la culture mexicaine ou de la culture gay, le terme de culture a un sens ethnologique ou sociologique : la culture désigne l'ensemble des techniques et des savoirs, des coutumes et des institutions, des croyances (comme la religion) et des représentations (comme l'art) forgées par une communauté. La culture, c’est donc l'ensemble des faits symboliques et des institutions qui ajoutent à la nature une signification dont celle-ci semblait dépourvue. Le terme de culture s'utilise alors au pluriel (« les cultures ») pour désigner les manières d’être, les pensées, les habitudes de tout ordre qui distinguent un peuple ou un groupe d’un autre. Lycée franco-mexicain – Année scolaire 2015-2016 Cours Olivier Verdun Il ne faut pas confondre culture et civilisation : si la culture renvoie aux usages et croyances humaines, le mot « civilisation » que l’on emploie au singulier comporte une connotation laudative, c’est-à-dire l’idée d’un mouvement continu de l’humanité vers plus de connaissances et de lumières. La notion de civilisation a partie liée avec celle de progrès, progrès scientifique, technique, politique, mais aussi moral : la civilisation est l’état d’avancement des mœurs, des connaissances, et s’oppose à l’état sauvage (état primitif, naturel, animal, de la « forêt ») et à la barbarie (celui qui n'est pas civilisé). Dans cette optique, on serait plus ou moins civilisé selon les époques et les continents. Certaines sociétés seraient plus civilisées que d’autres. Certaines cultures seraient supérieures à d’autres. Ainsi a-t-on longtemps pensé que les sociétés dites primitives étaient moins civilisées que les sociétés industrielles. Le mot « culture » revêt ainsi trois acceptions principales : la culture comme connaissances acquises par l'éducation et l'instruction; la culture comme l’ensemble des activités et des résultats des activités qui témoignent d’une capacité à s’écarter de la nature et à la transformer ; la culture au sens des différentes manières dont les hommes se sont appropriés un territoire. L'idée de transformation et d’amélioration est commune à ces trois acceptions, - transformation de soi, de sa nature, transformation de la nature, de l'environnement, de la réalité extérieure. 2) Problématique Un premier problème concerne le statut de la culture dans son rapport avec la nature : faut-il opposer nature et culture, et définir la culture comme une « anti-nature » (l’expression est de Clément Rosset dans son ouvrage éponyme) ? Un second problème, tout aussi essentiel, concerne l’usage du mot « culture » au singulier ou pluriel : la culture au singulier renvoie à une série de caractères qui définissent l’homme en général, tandis que les cultures désignent des systèmes de normes et d’instituions qui qualifient des nations ou des groupes, dont l’une des vocations serait de les particulariser. La culture qui unifie l’humanité n’est pas la culture qui sépare, voire oppose, les nations, les catégories sociales, etc. Les cultures (habitudes d'une population, d'un peuple transmises par l'éducation) sont particulières ou générales ; la culture est universelle (il n'existe pas de sociétés sans langue, mœurs, croyances, interdits, techniques, lois, techniques, arts, etc.). La culture au singulier renvoie à l'idée d'une unification du genre humain qui pousse l'homme à s'arracher à tout ce qui, en lui, relève de sa particularité naturelle, à se civiliser ; les cultures au pluriel marquent l'appartenance de l'homme à une culture particulière qui contribue à façonner son identité, au risque de l'enfermer dans celle-ci. La culture est-elle, pour l'homme, un facteur d'unité et d'unification, ou n'est-elle pas plutôt un facteur de division et de dispersion ? La diversité culturelle est-elle une richesse et une chance pour l'humanité, ou faut-il y voir un obstacle ? Comment s’articulent, dans la culture, l’universel et le particulier, la culture et les cultures ? L'universel : est universel ce qui est valable pour tous les éléments d'une totalité donnée, partout et toujours, ce qui donc tend à l'unité. Par exemple, est universel le jugement « Tous les hommes sont mortels » (ce jugement est valable dans tous les cas sans exception). Lycée franco-mexicain – Année scolaire 2015-2016 Cours Olivier Verdun Le général : le général, qui provient du terme « genre », s'applique à un vaste groupe (on parle d'une règle générale); se distingue de l'universel dans la mesure où il souffre quelques exceptions. Les règles de grammaire, par exemple, ne sont pas universelle quoique générales, elles ne sont pas valables pour tous les cas d'une langue donnée (il y a des exceptions), mais ont un degré de généralité. On parle de l'intérêt « général » (celui, par exemple, d'un pays ou d'une corporation). Le particulier : est particulier ce qui est valable pour une partie seulement d'une totalité, ce qui appartient en propre à un individu, ce qui est unique. Par exemple, est particulière la proposition : « Quelques Grecs sont des philosophes ». Journal d'achat et de vente de logements « de particulier à particulier ». Le singulier : est singulier ce qui est valable pour un individu ou une totalité individuée : « Socrate est philosophe », « L'armée soviétique a remporté la bataille de Stalingrad ». Est singulier donc, ce qui fait qu'un être est unique, original, se distingue vraiment des autres. I) NATURE ET CULTURE En premier lieu, peut-on distinguer en l’homme ce qui relève de la nature et ce qui relève de la culture, ce qu’il y a d’originaire et d’artificiel dans la nature actuelle de l’homme ? La culture que l’homme semble devoir ajouter à la nature vient-elle compléter ou parachever celle-ci ? Ou bien la culture en constitue-t-elle l’antithèse, la négation ? L’opposition de la nature et de la culture est- elle pertinente ? A) LA CULTURE, UNE ANTI-NATURE On peut d'abord envisager le rapport nature-culture en termes d'opposition et définir l’acquis par opposition à l’inné, l’humanité par contraste avec l’animalité. La culture désigne alors la formation par laquelle l'homme parvient à réaliser certaines dispositions qu'il contient en germe, en s'arrachant à la nature. A.1) La nudité humaine (le mythe de Prométhée, texte de Platon n°1, in Protagoras) L'homme est un animal inachevé, indéterminé, qui doit s'éduquer lui-même. Ce qu'il y a d'humain en l'homme n'apparaît pas originellement : l'homme est le seul être dans la nature qui a à devenir ce qu'il est, en sorte que l'humanité, pour l'homme, est un idéal, un horizon à atteindre. L'animal est, au contraire, un être de pure nature; guidé par l'instinct, il est d'emblée tout ce qu'il peut être. L'animal est achevé car la nature prend soin de lui à la naissance : il est équipé, peut se défendre à l'aide de ses crocs, de ses griffes, etc. L'homme a été partiellement abandonné par la nature, comme l'enseigne Platon dans le mythe du Protagoras (320 c-321 c). Épiméthée est chargé de la répartition des capacités entre les diverses espèces; il veille à équilibrer les dons, de sorte qu'aucune espèce ne soit menacée d'extinction : les oiseaux ont des ailes pour fuir dans les airs, les rongeurs savent creuser des Lycée franco-mexicain – Année scolaire 2015-2016 Cours Olivier Verdun galeries où trouver refuge; aux uploads/Societe et culture/ qu-x27-est-ce-que-la-culture.pdf
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Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Mar 23, 2022
- Catégorie Society and Cultur...
- Langue French
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