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Menu Vous êtes ici Accueil » Série de Textes sur Nature et Culture Série de Textes sur Nature et Culture Texte 1 Posons donc que tout ce qui est universel, chez l’homme, relève de l’ordre de la nature et se caractérise par la spontanéité, que tout ce qui est astreint à une norme appartient à la culture et présente les attributs du relatif et du particulier. Nous nous trouvons alors confrontés avec un fait, ou plutôt un ensemble de faits, qui n’est pas loin, à la lumière des définitions précédentes, d’apparaître comme un scandale : nous voulons dire cet ensemble complexe de croyances, de coutumes, des stipulations et d’institutions que l’on désigne sommairement sous le nom de prohibition de l’inceste. Car la prohibition de l’inceste présente, sans la moindre équivoque, et indissolublement réunis, les deux caractères où nous avons reconnu les attributs contradictoires de deux ordres exclusifs : elle constitue une règle, mais une règle qui, seule entre toutes les règles sociales, possède en même temps un caractère d’universalité. Que la prohibition de l’inceste constitue une règle n’a guère besoin d’être démontré ; il suffira de rappeler que l’interdiction du mariage entre proches parents peut avoir un champ d’explication variable selon la façon dont chaque groupe définit ce qu’il entend par proche parent ; mais que cette interdiction, sanctionnée par des pénalités sans doute variables, et pouvant aller de l’exécution immédiate des coupables à la réprobation diffuse, parfois seulement à la moquerie, est toujours présente dans n’importe quel groupe social. C. Lévi-Strauss, Les structures élémentaires de la parenté (1947) Texte 2 Contrairement à ce qu’on croît volontiers, l’Homme a depuis longtemps cessé d’évoluer. L’Homme d’aujourd’hui, l’Homme du XXe siècle, l’Homme que nous sommes ne diffère pas essentiellement de l’Homme qui vivait il y a quelque cent mille ans dans les cavernes du Quaternaire, et dont les paléontologistes ont exhumé les vestiges osseux et l’outillage rudimentaire. Toute la portion d’histoire humaine qui s’est écoulée depuis ces âges lointains n’a point ou guère, altéré le statut morphologique et physiologique de notre espèce : et, partant, l’énorme différence qui existe entre le vieux tailleur de silex et son héritier moderne n’est que l’œuvre de la civilisation, c’est-à-dire de la culture graduellement accumulée et transmise par la tradition sociale. Dés l’origine de l’espèce, l’homme était égal à ce qu’il allait devenir. Il portait en lui, à l’état virtuel, tout ce qui, peu à peu, allait s’épanouir et fructifier en industrie, en technique, en science, en art, en philosophie, en religion. A telles enseignes que si, par un prodige, on pouvait faire resurgir de nos jours un nouveau-né de cette époque révolue, pour l’élever et l’éduquer comme l’un des nôtres, il deviendrait un homme tout pareil à nous, un homme que rien, ni dans son aspect, ni dans sa conduite, ni dans sa pensée intime, ne dénoncerait comme un étranger parmi nous, comme un revenant du passé, un homme qui n’éprouverait aucune difficulté particulière à s’initier aux complexités et aux raffinements de nos mœurs, un homme qui, se trouverait de plain-pied avec les manifestations les plus avancées de la pensée ou de l’esthétique, pourrait aussi bien qu’un autre raisonner sur l’existentialisme ou expliquer la peinture de Picasso… Il y a bien là, sans doute, de quoi nous faire mesurer l’importance considérable du facteur social dans l’évolution humaine, mais on n’en oubliera pas pour cela que c’est le facteur biologique qui joua le rôle décisif au départ de l’aventure, que c’est lui le grand responsable de ce que, par analogie avec le « miracle grec », on peut bien l’appeler le « miracle humain ». Si, à dater d’un certain moment de son histoire, et grâce au jeu combiné de l’intelligence et des instincts de groupe, l’homme a pu devenir celui qu’il est, il le doit d’abord à ce qu’un petit changement –un assez petit changement- s’est produit dans son organisme physique, dans son être corporel. De ce changement, qui allait tirer l’Homo sapiens d’un Homme primitif qui n’était pas sapiens, nous ignorons, à vrai dire, l’exacte nature, et les causes qui l’ont amené mais nous savons qu’à peine s’était-il produit dans la lignée humaine, la grande partie était implicitement jouée, tout le reste n’étant qu’explication et conséquence. L’homme, désormais, à la faveur de cette petite altération de son animalité, allait pour jamais rompre avec la bête. De mammifère supérieur, qu’il était, il devenait bien autre chose, « cet être unique » qui allait marquer si fortement l’histoire de la vie, l’histoire de la terre, peut-être l’histoire de l’univers, et inaugurer l’aventure prodigieuse qui, aujourd’hui encore, n’en est qu’à ses prémices. Jean Rostand, Peut-on modifier l’homme ?, III, Ed. Gallimard Texte 3 Il n’est pas plus naturel ou pas moins conventionnel de crier dans la colère ou d’embrasser dans l’amour que d’appeler table une table. Les sentiments et les conduites passionnelles sont inventés comme les mots. Même ceux qui, comme la paternité, paraissent inscrits dans le corps humain sont en réalité des institutions. Il est impossible de superposer chez l’homme une première couche de comportements que l’on appellerait « naturels » et un monde culturel ou spirituel fabriqué. Tout est fabriqué et tout est naturel chez l’homme, comme on voudra dire, en ce sens qu’il n’est pas un mot, pas une conduite qui ne doive quelque chose à l’être simplement biologique, et qui en même temps ne se dérobe à la simplicité de la vie animale, ne détourne de leur sens les conduites vitales, par une sorte d’échappement et par un génie de l’équivoque qui pourraient servir à définir l’homme. Maurice Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception, p220, Ed. Gallimard.1945 Texte 4 L’homme est destiné par sa raison à exister en société avec des hommes et à se cultiver, se civiliser se moraliser, dans cette société, par l’art et les sciences, si grand que puisse être son penchant animal à s’abandonner passivement aux séductions du confort et du bien-vivre qu’il appelle félicité : bien plutôt est-il destiné à se rendre activement digne de l’humanité, en luttant contre les obstacles dont l’accable la grossièreté de sa nature. L’homme doit donc nécessairement être éduqué en vue du bien ; mais celui qui a le devoir de l’éduquer est à son tour un homme qui est encore plongé dans la grossièreté de la nature et doit pourtant produire ce dont lui-même a besoin. De là vient le constant écart de l’être humain par rapport à sa destination, avec toujours des tentatives répétées pour y revenir. Kant, Anthropologie du point de vue pragmatique, partie II Texte 5 La diversité culturelle présente une portée philosophique jusqu’ici fort peu remarquée ; elle montre, non pas la division de l’homme, mais bien plutôt son identité générique. L’humanité n’est pas génériquement identique malgré la diversité culturelle, mais précisément en raison de la multiplicité des cultures. La prolifération des cultures, des langues, des systèmes sociaux, des religions, atteste la fécondité de la créativité humaine. Une même population, racialement et biologiquement homogène, peut créer les formes culturelles les plus disparates, parler de multiples langues, pratiquer de multiples religions, etc. Inversement, une seule et même culture peut être vécue et développée par des groupes ou des individus racialement hétérogènes. Une langue d’un peuple noir peut être parlée par des blancs et des jaunes, une religion d’un peuple blanc peut être pratiquée et développée par des noirs et des jaunes. Ce qui montre que les différences raciales sont inessentielles et qu’elles ne déterminent pas les différences culturelles et ne sauraient dresser des barrières infranchissables entre les cultures. Il s’agit là d’un phénomène remarquable car, en dehors de l’homme, aucune autre espèce, aucune autre race animale ne saurait adopter le comportement d’un autre en restant biologiquement elle-même. Marcien Towa, Identité et transcendance, pp. 346-347. Texte 6 Les cultures concrètes d’Afrique se groupent en quelques civilisations. Alors que chaque culture est liée à une société particulière et que les membres de celle-ci peuvent l’identifier- ils savent qu’ils sont Bambara et les Bambara agissent de telle manière et ont telle coutume - Une civilisation n’est pas la tradition d’un groupe et ceux qui participent à une civilisation n’en ont habituellement pas conscience. C’est au sociologue qu’incombe la tâche de marquer les limites des civilisations. Chacune des civilisations résume ce que nous croyons être commun et essentiel aux différentes cultures concrètes qui peuvent être rassemblées en un vaste groupe. Le mot « essentiel » se réfère à une certaine hypothèse sur l’importance relative des divers aspects d’une culture et sur les influences réciproques qu’ils exercent. Il est impossible de classer des cultures selon leurs ressemblances sans hypothèse directrice, que voici et qui indique quelles sont les ressemblances significatives et celles qui ne le sont pas. La culture vient d’être définie comme un héritage social. Considérée dans une autre perspective, elle est un système d’adaptation d’un groupe à son environnement. Imaginons que, par quelque accident, une génération ne transmette pas à la suivante cet ensemble de moyens d’ajustement à un milieu : la société périrait. L’adaptation la plus urgente consiste à tirer du milieu uploads/Societe et culture/ texte-nature-culture.pdf

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