L’ A f r i q u e e n t r e l ’ E u r o p e e t l ’ A m é r i q u e Le rôle de l
L’ A f r i q u e e n t r e l ’ E u r o p e e t l ’ A m é r i q u e Le rôle de l’Afrique dans la rencontre de deux mondes 1 4 9 2 - 1 9 9 2 Directeur de la publication : Elikia M’Bokolo É d i t i o n s U N E S C O M É M O I R E D E S P E U P L E S La Route de l’esclave Dans la même collection : L’affirmation de l’identité culturelle et la formation de la conscience nationale dans l’Afrique contemporaine La christianisation de la Russie ancienne Contacts de civilisations en Martinique et en Guadeloupe Destins croisés : cinq siècles de rencontres avec les Amérindiens Les routes de la soie : patrimoine commun, identités plurielles Spécificité et dynamique des cultures négro-africaines Spécificités et convergences culturelles dans l’Afrique au sud du Sahara Dans la série « La route de l’esclave » : Les abolitions de l’esclavage : de L. F. Sonthonax à V. Schœlcher (1793, 1794, 1848) L’Afrique entre l’Europe et l’Amérique Le rôle de l’Afrique dans la rencontre de deux mondes (1492-1992) Directeur de la publication : Elikia M’Bokolo M é m o i r e d e s p e u p l e s É d i t i o n s U N E S C O Les textes publiés dans le présent ouvrage sont ceux des communications au Colloque international organisé par l’UNESCO sur « Le rôle de l’Afrique dans la rencontre de deux mondes (1492-1992) » qui s’est tenu à Praia (Cap-Vert) du 4 au 8 mai 1992. Les idées et les opinions exprimées dans cet ouvrage sont celles des auteurs et ne reflètent pas nécessairement les vues de l’UNESCO. Publié en 1995 par l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture 7, place de Fontenoy, 75352 Paris 07 SP Composition : Éditions du Mouflon, 94270 Le Kremlin-Bicêtre Impression : Imprimerie de la Manutention, 53100 Mayenne ISBN 92-3-203149-3 © UNESCO 1995 Préface Destiné à apporter un éclairage sur les multiples relations entre l’Afrique et les Amériques, cet ouvrage se structure autour de 1492, année charnière de la conquête. Néanmoins, la réflexion s’aventure également sur les rives de l’avant et de l’après 1492 tout en se projetant sur les perspectives à venir. Ainsi, amorçant un processus de connaissance mutuelle entre tous les peuples de la terre, l’année 1492 constitue un tournant décisif dans l’histoire de l’humanité. Pour la pre- mière fois dans l’histoire, les hommes de toute la planète allaient peu à peu, directement ou indirectement, se rencontrer. Ce premier contact sera suivi de beaucoup d’autres, dont les effets en chaîne conduiront peuples et nations vers une interdépendance croissante, en une évolution qui se poursuit encore aujour- d’hui. Carrefour de rencontre et de dialogue des peuples et des cultures du monde, l’UNESCO ne pouvait pas ne pas commémorer un événement sans équivalent dans l’histoire. C’est pourquoi le Conseil exécutif de l’Organisation adopta en 1988 la décision 130 EX/9.2 associant l’UNESCO à la Commémoration du cin- quième centenaire de la rencontre de deux mondes, afin « de réfléchir sur les conditions et les conséquences de la rencontre des peuples et de leurs cultures, sur leurs emprunts successifs, leurs apports mutuels et les transformations profondes qui en ont résulté pour l’évolution générale de l’humanité ». Toutefois, si l’importance de cette commémoration fut unanimement recon- nue, les divergences quant à la nature de l’événement historique — découverte, rencontre, choc culturel — nourrirent une vive polémique qui ne laissa personne indifférent. Au cœur du débat, une double préoccupation existait. D’une part, effectuer une juste évaluation du passé, d’autre part, faire coexister les peuples dans le respect de la différence et de la diversité culturelles. L’UNESCO, pour sa part, se devait de promouvoir et de renforcer aussi bien la réflexion historique que le dialogue interculturel. C’est pourquoi un pro- 8 gramme fut lancé pour analyser les apports et faire entendre les voix de tous ceux qui, d’une façon ou d’une autre, furent impliqués dans les interactions surgies de cette rencontre de 1492. Des spécialistes des disciplines les plus diverses — historiens, anthropo- logues, économistes, philosophes — s’associèrent alors, à l’invitation de l’UNESCO, pour une réflexion globale sur cinq cents ans d’histoire afin d’es- sayer d’identifier quelques lignes de force en vue d’une meilleure compréhension de notre destinée commune. Il s’agissait de relire l’histoire, de rechercher les racines communes, de tracer des voies de dialogue. D’un dialogue ayant pour but non seulement de réconci- lier les sociétés avec leur passé, mais aussi et surtout de jeter les bases de la soli- darité et de la paix. C’est dans ce contexte que s’inscrit la présente publication, fruit de la réflexion d’un groupe d’intellectuels africains, européens et américains autour du rôle de l’Afrique dans la rencontre de deux mondes. L’année 1492 amena de multiples bouleversements pour le continent africain — démographique, sociopolitique, économique et culturel —, qui furent tantôt passés sous silence, tantôt relégués à l’arrière-plan. L’année 1992 fut donc l’occa- sion d’ouvrir un dialogue autour de la « mémoire assumée » et d’un patrimoine commun. C’est pourquoi une analyse du passé s’imposait afin d’essayer d’identifier des passerelles pour l’avenir. Cette analyse souleva un certain nombre de questions : Comment l’historiographie africaine a-t-elle abordé le problème de la « décou- verte » des Amériques ? Quel était l’état politique, économique et social de l’Afrique à la fin du XVe siècle ? Comment la traite des esclaves s’est-elle mise en place et développée ? Quelles furent les influences réciproques entre le continent africain et le continent américain ? Dans ce contexte, le « commerce triangulaire » de la traite constitue un fait historique majeur et paradoxal puisque l’acte barbare de la plus grande déporta- tion connue dans l’histoire de l’humanité fut fondateur de civilisations ! En effet, les hommes et les femmes arrachés par la violence à la terre de leurs ancêtres se convertirent en porteurs d’idées, de valeurs, de traditions, de croyances et de reli- gions. C’est cette culture en mouvement qui donna naissance à de nouvelles formes d’identités plurielles au sein d’un processus d’adaptation, de résistance et d’interfécondation. Aussi nous a-t-il semblé utile de mettre en relief les liens qui unirent en pro- fondeur des peuples enchaînés par l’histoire et d’analyser les apports réciproques entre l’Afrique et l’Amérique. C’est, par exemple, en se référant à leur identité culturelle que les Africains et leurs descendants américains se lanceront à la conquête de leur liberté en même temps qu’ils contribueront aux côtés d’autres peuples — amérindiens, européens et asiatiques — à la construction de l’identité plurielle et dynamique des Amériques et des Caraïbes. C’est pourquoi les réflexions publiées dans cet ouvrage sur la part de 9 l’Afrique dans la rencontre de deux mondes sont à la fois un regard renouvelé et critique sur le passé et une vision nouvelle de l’avenir dans le respect de l’unité et de la diversité des peuples puisque, comme l’écrit le poète martiniquais Aimé Césaire, « mieux connaître le passé […] c’est encore le plus sûr et le plus court chemin pour construire le futur ». Sommaire La rencontre des deux mondes et ses répercussions : la part de l’Afrique (1492-1992) Elikia M’Bokolo 13 1. La rencontre 1492 Samir Amin 33 La « découverte » : un point de vue africain Nana-Kow Bondzie 41 L’Amérique et l’Afrique sans Christophe Colomb Alain Anselin 53 Le Cap-Vert dans l’expansion européenne Elisa Silva Andrade 69 2. Conséquences de l’expansion européenne L’Afrique noire à la veille de la découverte de l’Amérique Iba der Thiam 83 L’Afrique à la veille de la conquête M’baye Gueye 93 Négriers de la Guadeloupe sur la côte africaine au début du XIXe siècle Josette Fallope 103 3. Afrique-Amériques : influences réciproques Les Amériques africaines, les chemins du retour Nina S. Friedemann 119 La troisième racine : présence africaine au Mexique Luz María Martínez Montiel 131 4. Afrique-Amériques : perspectives Des Amériques à l’Afrique : les cheminements du panafricanisme Elikia M’Bokolo 145 Que pense l’Argentine de l’Afrique ? Nilda Beatriz Anglarill 157 La dimension culturelle des futures relations entre l’Afrique et l’Amérique. L’essentiel et l’accessoire Kiflé Sélassié Beseat 169 Biographie des auteurs 187 La rencontre des deux mondes et ses répercussions : la part de l’Afrique (1492-1992) Elikia M’Bokolo Dans ce qu’il est convenu d’appeler la « rencontre de deux mondes », la part de l’Afrique fut apparemment simple : l’Afrique, dit-on, a été absente de la « décou- verte » du Nouveau Monde, dans laquelle elle n’était pas partie prenante ; sa seule contribution, de toute évidence, aurait été celle d’une main-d’œuvre abondante et bon marché, amenée du continent africain aux Amériques par la traite des esclaves noirs. Or, si un tel énoncé affiche la force de la simplicité, peu de faits historiques comportent autant de paradoxes que la traite des Noirs. Si le fait historique que constitue la traite n’est pas discuté, tout uploads/Societe et culture/ l-x27-afrique-entre-l-x27-europe-et-l-x27-amerique.pdf
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- Publié le Fev 11, 2021
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