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Tous droits réservés © Les Presses de l'Université de Montréal, 1998 Ce document est protégé par la loi sur le droit d’auteur. L’utilisation des services d’Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d’utilisation que vous pouvez consulter en ligne. https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/ Cet article est diffusé et préservé par Érudit. Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l’Université de Montréal, l’Université Laval et l’Université du Québec à Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. https://www.erudit.org/fr/ Document généré le 25 juin 2021 10:39 Sociologie et sociétés La société de communication à la lumière de la sociologie de la culture : idéologie et transmission de sens The Communication Society in the Light of the Sociology of Culture : Ideology and Transmission of Meaning Jean-François CÔTÉ Le second souffle de la sociologie Volume 30, numéro 1, printemps 1998 URI : https://id.erudit.org/iderudit/001150ar DOI : https://doi.org/10.7202/001150ar Aller au sommaire du numéro Éditeur(s) Les Presses de l'Université de Montréal ISSN 0038-030X (imprimé) 1492-1375 (numérique) Découvrir la revue Citer cet article CÔTÉ, J.-F. (1998). La société de communication à la lumière de la sociologie de la culture : idéologie et transmission de sens. Sociologie et sociétés, 30(1), 117–132. https://doi.org/10.7202/001150ar Sociologie et sociétés, vol. XXX, n° 1, printemps 1998 La société de communication à la lumière de la sociologie de la culture : idéologie et transmission de sens JEAN-FRANÇOIS CÔTÉ XXX1printemps 1998 Le rapport qui s’établit aujourd’hui entre une présumée « société de communication » et le développement des sciences humaines paraît se tenir dans l’horizon d’un devenir totalement unifié ; mieux, Gianni Vattimo a même soutenu récemment que les sciences humaines appartenaient si bien la société de communication qu’elles en étaient en réalité les promoteurs attitrés (G. Vattimo, 1990, pp. 23-25)1. Et de fait, on peut dire que les importantes entreprises de théorisation contemporaine — en sociologie du moins, domaine qui nous intéressera particulièrement ici — ont suivi, avec une logique parfois simplement mimétique et positive, le développement phénoménal de la communica- tion. Or, pour déterminant que soit devenu dans le contexte actuel le phénomène de la communica- tion, il reste que sa compréhension ne peut pas se fondre directement à l’immédiateté, l’évidence ou la transparence présumées de sa (ou ses) manifestation(s). Là comme ailleurs, il reste en effet à saisir ce qui constitue la logique véritable de ce développement dans un espace de médiation qui, s’il s’apparente lui-même à une forme de communication, n’en revendique pas moins un moment et un lieu spécifiques d’élucidation — qu’on appellera tout simplement, ici, théorique. En d’autres mots, la compréhension phénoménologique de la communication peut sans doute être elle-même « communication », à condition toutefois qu’elle parvienne à mettre en forme un espace de média- tion qui comprenne réflexivement ce qu’est la communication, par-delà l’« évidence » qui la cons- titue aujourd’hui. Je vais tenter dans les pages qui suivent de poser quelques jalons permettant, sinon de définir complètement ce qu’est la communication dans le contexte de la « société de communication2 », à tout le moins d’indiquer comment sa signification sociétale peut se présenter à notre compréhension par le biais du développement des sciences de la culture. C’est donc en consi- dérant la communication comme un phénomène culturel et en nous appliquant à considérer les pro- 1. Sur cette question et les enjeux épistémologiques qu’elle pose dans l’opposition encore plus catégorique entre le néo-positivisme et l’herméneutique, que ne semble pas véritablement relever VATTIMO, voir également K. O. Apel (1972). 2. Je préfère ici la dénomination « société de communication » à d’autres qui lui sont concurrentes, comme celles de « société post-industrielle », de « société de l’information » ou « société de connaissance ». Bien que l’on ne puisse nier que l’information, en tant que modalité typique de mise en forme de la signification, ou que la connaissance, en tant que modalité spécifique de mise en forme de la signification, soient des composantes de la société de communication, cette dernière paraît livrer de façon plus éclairante l’ensemble des phénomènes (des médias aux pratiques économiques et politiques, et des enjeux épistémiques aux définitions épistémologiques) dont il est question. 2 SOCIOLOGIE ET SOCIÉTÉS, VOL. XXX, 1 blèmes rencontrés dans le développement contemporain des sciences de la culture pour la compréhension de tels phénomènes que nous interrogerons cette rencontre devenue semble-t-il iné- luctable. Nous nous efforcerons d’abord, pour ce faire, à mettre en relief la constitution socio-histori- que à travers laquelle prend corps la société de communication, en insistant sur la dimension idéo- logique qui pourra éventuellement donner à cette occasion sa consistance propre au phénomène de communication. Nous verrons ensuite comment situer cette constitution dans son contexte onto- épistémologique, en soulignant les débats qui travaillent la philosophie de l’histoire des XIXe et XXe siècles dans laquelle elle s’inscrit et en montrant l’enjeu théorique qu’elles ont pour les sciences de la culture. Nous nous interrogerons enfin sur les modalités de compréhension qui viennent à partir de là faire différer l’acception courante de « communication », à travers des notions théoriques capables de faire apparaître la logique de ce déploiement phénoménal, en suggérant notamment que la « communication sociale » à laquelle renvoie sa définition usuelle doit plutôt être comprise comme communication culturelle, définie pour sa part dans la perspective d’une phénoménologie à caractère herméneutique. La nécessité d’une telle approche pour comprendre le développement du monde de la communication contemporain devrait apparaître ici. HISTOIRE DE LA COMMUNICATION ET HISTORICITÉ DU SENS DE L’HISTOIRE L’un des phénomènes les plus remarquables du monde de la communication actuel consiste sans doute en sa « fusion » avec le devenir historique de la société ; l’heure où les médias établis- sent leur emprise spatio-temporelle sur la société coïnciderait ainsi avec la « fin de l’histoire » (G. Vattimo, 1987 ; p. 15). La mise en parallèle de ces deux termes que sont communication et his- toire, et l’abolition éventuelle du second par le premier répondent, en fait à un problème fonda- mental pour la sociologie : depuis ses origines, en effet, qu’on situe généralement chez Auguste Comte mais que je préfère pour ma part situer dans les Principes de la philosophie du droit de Hegel3, la sociologie s’est comprise comme une capacité réflexive de mise en évidence du principe téléologique du développement historique d’ensemble des formes de la société. La coïncidence d’un « achèvement de l’histoire » dans la forme — présente ou à venir — de la société situait en quelque sorte l’explication socio-logique de son mouvement d’évolution immanent4. Que la socio- logie trouve donc son acte de naissance dans la nécessité pour la société de situer en elle-même le principe (logique) essentiel qui la constitue en propre, qu’elle advienne en d’autres mots comme le rejeton légitime de la modernité, à travers laquelle la société institue pour la première fois la recon- naissance du principe transcendant qui lui serait immanent, c’est ce que l’on reconnaît générale- ment — peu importe que l’on conçoive alors ce projet de la modernité comme « achevé » ou non (Habermas, 1981). L’important pour notre propos est davantage de saisir que la sociologie côtoie à ce moment de très près une autre forme de médiation symbolique visant à saisir le mouvement d’ensemble de la société, sinon même à le diriger : l’idéologie. Comme phénomène de réflexion de la société sur elle-même, l’idéologie au sens propre apparaît pour ainsi dire au même moment que 3. Il y a plusieurs raisons à cela, mais la première et la plus évidente est que le schéma de la société bourgeoise que présente Hegel dans cet ouvrage apparaît comme la première formulation de la compréhension de l’autonomie de développement de la société. Hegel, en effet, présente ici l’articulation systématique de tous les « moments » de la société, ainsi que le principe fondamental de son développement (l’auto-développement de l’« esprit objectif »). La sociologie de Comte, Spencer et Marx (et même les autres formulations classiques de Durkheim, Weber et jusqu’à Parsons) tiendront également le pari d’une approche conférant un sens téléologique au développement de la société, que ce soit dans les termes du positivisme, de l’évolutionnisme, de la lutte des classes, de l’équilibre homéostatique ou même de l’auto-poïèse (Luhmann) ou de la pragmatique universelle (Habermas). 4. Sur cette question, voir notamment Friedrich JONAS (1991), Brian SINGER (1986). Michel FOUCAULT (1966 ; pp. 314-354) insiste aussi sur l’« étrange doublet empirico-transcendantal » auquel renvoie à ce moment ce qu’il appelle l’« analytique de la finitude » et la compréhension de la réalité socio-historique, dans la mutation qu’elle subit au tournant des XVIIIe et XIXe siècles. LA SOCIÉTÉ DE COMMUNICATION À LA LUMIÈRE DE LA SOCIOLOGIE DE LA CULTURE 3 la sociologie5, et cette proximité a donné lieu, à certains moments de l’histoire de la discipline sociologique, à des croisements relativement « gênants » du point de vue de la scientificité (sinon de l’« objectivité ») revendiquée par l’une au détriment de l’autre. Je fais ici ce rappel de la proxi- mité entre la naissance de la uploads/Societe et culture/ the-communication-society-in-the-light-of-the-sociology-of-culture-ideology-and-transmission-of-meaning 1 .pdf
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- Publié le Nov 13, 2021
- Catégorie Society and Cultur...
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