Cours 03 : l’organisation, sociologies et stratégies du collectif COSMAS Yannis
Cours 03 : l’organisation, sociologies et stratégies du collectif COSMAS Yannis 1 octobre 2021 Est-ce la société qui forme l’individu ou l’inverse ? (I) "La société", concept inventé au XIXe siècle, consiste à considérer que les positions individuelles ne sont que le reflet d’une démarche collective, parfois entrainée par des chefs "leaders". (II) Il demeure que la démarche collective est le fruit de l’observation de concordances individuelles, quitte à s’interroger sur la capacité des individus à devenir à leur tour des leaders capables d’insuffler une vision collective I. Faire société, autour d’un chef A/ Faire société Au XIXème siècle, avec l’apparition des démocraties, s’amorce la réflexion sur une pensée de ce qui constituerait les motivations des individus. Les précurseurs de la sociologie vont se séparer en deux camps, autour de Max Weber1 pour l’individualisme méthodologique accordant à l’individu une capacité stratégique d’organisation, même au travers d’une bureaucratie, et Emile Durkheim2 pour le holisme méthodologique, considérant que c’est la société qui forme les individus et non l’inverse. Leurs théories seront respectivement défendues au XXème siècle par Raymond Boudon et Pierre Bourdieu. D’autres chercheurs de cette époque, comme Gustave Le Bon, émettent l’hypothèse de l’existence d’un imaginaire collectif (psychologie des foules). Gabriel Tarde fonde la psychologie sociale, en étudiant la transformation des bourgs dans le cadre de l’expansion urbaine, consécutive aux premières révolutions industrielles (théorie de l’imitation). L’arrivée de nouvelles formes de médias en complément de la presse, comme la radio ou la télévision, vont bouleverser l’étude de la transmission culturelle en société, au point de créer une nouvelle discipline, les « cultural studies ». A la fin des années 50, elles étudieront la naissance de la « Culture pop », et de la « civilisation des loisirs » (1962, J.Dumazedier). Marshall Mac Luhan, caractérisera le phénomène du basculement culturel dans son livre « La galaxie Gutenberg » (1962), où il estime que la transmission de la culture inter génération, ce qu’il appelle par le sang, se fera désormais par l’éducation. B/ La question du chef La naissance d’un groupe est étudiée au départ par des ethnologues comme Grégory Bateson, montrant comment dans « la cérémonie du Naven » des individus confirment leur appartenance à leur tribu en adoptant les attitudes du genre opposé. Des hommes se déguisent en femmes et réciproquement, afin de développer une compréhension inter genre, tout en fixant ainsi le sien. Ces aspects intéresseront les tenants de l’Ecole de Chicago, comme G.H.Mead, étudiant les interactions symboliques dans l’esprit du Béhavorisme, ou Erving Goffman, observant les « rites d’interaction » (1974, voir aussi Frame analysis), dans les prisons, les hôpitaux psychiatriques ou les zones en déshérence au travers des « gangs ». Des changements culturels doivent s’opérer sans que l’interlocuteur « perde la face », expression de la « représentation de soi ». Il nomme cette identité publique le « self ». Pour Paul Lazarsfeld, les médias contribuent à construire des représentations collectives en introduisant des idées qui s’implanteront progressivement dans la société. Il décrit ce phénomène de « two step flow », qu’il qualifie métaphoriquement de « seringue hypodermique », maniant des messages aux idées simples, caractéristiques de l’industrie culturelle. H.D.Lasswell identifie ainsi un schéma de transmission par la formule « qui, dit quoi à qui, pour quel but et avec quels effets ». Il distingue les effets conatifs faisant évoluer les comportements, des effets cognitifs, faisant évoluer les états d’esprit. R.K.Merton étant l’étude de l’émetteur du message, en s’intéressant au rôle du leader, qui serait plus important que celui des médias, il regarde quelle est sa personnalité, monomorphe ou polymorphe. 1 Max Weber L'Éthique protestante et l'esprit du capitalisme, 1904-1905 2 Emile Durkheim Les Formes élémentaires de la vie religieuse : le système totémique en Australie, 1912 Cours 03 : l’organisation, sociologies et stratégies du collectif COSMAS Yannis 2 octobre 2021 Kurt Lewin étudie les styles de leadership dans les dynamiques de groupes, afin de créer des modèles capables de lutter contre les résistances au changement. Ces études sont à la base de ce qui deviendra le management (hérité de l’OST de F.W.Taylor chez Ford, H.Fayol). Ces théories furent remises en cause après la guerre au travers du Toyotisme (entreprise apprenante) et de tentative pour passer d’organisations de l’entreprise verticales (top down) à des organisations horizontales (bottom up). II. Pour une stratégie collective, parfois discutée A’/ La stratégie collective La richesse collective s’opère par l’innovation. Peter Drucker en sera l’un des grands théoriciens en étudiant les imprévus, les contradictions, les besoins structurels et surtout le changement au sein de l’entreprise. Henry Mintzberg en est un autre proposant une classification de cinq structures qu’il considère les plus adaptées : simple (direction directe en PME), mécaniste (avec des procédures, en administration), divisionnelle (répartie par secteur, cas des multinationales), professionnelle (tâches complexes et routinières, groupe de presse), et adhocratie (travail en collaboration, adapté à l’innovation -organique-). Certains outils ont été développés pour établir un pilotage stratégique des organisations, comme la matrice de D.Abell détaillant à partir de ses clients (qui), l’application à produire (quoi), selon les technologies adéquates (comment), afin de déterminer des domaines d’activités stratégiques (DAS), dont la réussite sera fonction de facteurs clefs de succès (FCS), en fonction du cycle de vie du produit (introduction, croissance, maturité, déclin). L’évolution du portefeuille produit peut être illustrée en simplifiant beaucoup dans une matrice BCG (Boston Consulting Group), définissant les produits en quatre catégories : la « vache à lait », assurant un revenu, mais risquant de glisser vers le poids mort, obsolète, la vedette (star) représente les projets d’avenir, risqués au point de pouvoir devenir un dilemme. B’/ La discussion en débat public Les tenants de l’Ecole de Francfort constatent les effets de l’uniformisation culturelle sur les individus. Horkheimer appelle dans « La dialectique de la raison » à construire une sociologie critique pour résister à l’acculturation de masse qu’est en train d’opérer l’Amérique sur le reste du monde, comme le fera à son tour, ensuite, l’Occident sur ses anciennes colonies. Herbert Marcuse parle de la création d’un « homme unidimensionnel » pour caractériser la mise en place de la négation de la diversité culturelle et, paradoxalement, en étudiant la notion de « culture » Adorno sera traité de conservateur par ses étudiants, en tentant de définir l’opposition entre culture classique et culture populaire. Jürgen Habermas va mener une étude sur la généalogie du débat public, qu’il considère possible par la discussion en public. Dans son acception, l’espace public est créé partout où il y a débat. Pour établir cette thèse, il étudie la façon dont les intellectuels européens discutaient des affaires publiques dans les cafés et matérialisaient ainsi une opinion publique. Mais, Walter Benjamin, dans son livre « L’œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique », montrait déjà que la modélisation de la création, comme tel allait être le cas de la modélisation des discours politiques et sociaux, libérait, certes, l’art de son emprise politique et religieuse, mais en en faisant une marchandise échangeable dont les spécificités pouvaient être adaptées à un public visé. Ce déclin de l’aura va de pair avec ce que Hannah Arendt nomme « La crise de la culture ». Elle étudie les conséquences de la fragilisation de la transmission culturelle entre individus et tente de penser, dans son livre « La condition de l’homme moderne », en faisant la distinction entre l’homme qui travaille et qui consomme, qu’elle appelle « l’animal laborans » de « l’homo faber » capable de construire un monde commun. A ses yeux, sa capacité créatrice le place dans la « vita activa » et lui redonne son caractère de « zoon politicon », c’est à dire chez Aristote, « d’animal citoyen » en perpétuelle adaptation pour vivre avec ses semblables. Conclusion : L’unité sociale se fait par le projet commun, mais qui ne dit (ou ne peut dire) mot consent. uploads/Societe et culture/03-cours-03-com-collective.pdf
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- Publié le Jan 27, 2022
- Catégorie Society and Cultur...
- Langue French
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