4- Usages des composites Dans la pratique, les usages des matériaux composites
4- Usages des composites Dans la pratique, les usages des matériaux composites sont nombreux. Parmi ceux-ci, il y a plusieurs domaines dans lesquels les applications sont diverses. Il y a par exemple l’automobile, l’aviation, la recherche spatiale ou encore le sport. Au niveau sportif, des équipements tels le ski, la raquette de tennis ou encore la canne de hockey peuvent être cités. De nouveaux objets comme les prothèses ont aussi été grandement améliorés et ont servi aussi bien au handisport qu’au quotidien de personnes souffrant de handicaps, permettant à certaines personnes de poursuivre leur activité professionnelle par exemple. Application dans le sport L’innovation dans le sport peut avoir plusieurs objectifs bien distincts : développer un sport, par exemple en augmentant le rendement et les performances ou en accroissant son caractère spectaculaire, créer de nouveaux sports grâce aux inventions technologiques ou encore ouvrir un sport à un plus grand nombre de pratiquants. L’aspect financier et la concurrence entre les différentes entreprises peuvent également apporter un aspect négatif à ces grandes innovations. Si une entreprise investit sur la recherche dans les matériaux composites via un laboratoire ou un bureau d’étude, ses concurrents se voient contraints d’en faire de même sous peine de disparaître. Deux exemples permettent d’illustrer cela. Tout d’abord le ski alpin dans lequel l’innovation a pour but de développer le sport de compétition ou de loisir et, ensuite, le handisport qui montre comment certaines avancées ont ouvert aux personnes souffrant d’un handicap l’accès à de nouveaux sports. L’impact des composites sur le ski alpin Le ski est apparu plusieurs milliers d’années avant J-C sous forme de simples planches de bois servant à se déplacer sur la neige. Il a donc toujours été lié aux composites. C’est à la fin du XIXe siècle que les premières compétitions de vitesse sont organisées et que l’on commence à le développer. Le début du XXe siècle se caractérise par l’industrialisation du ski alpin avec comme point d’orgue, les premiers Jeux Olympiques d’hiver à Chamonix en 1924, bien que le ski alpin apparaisse uniquement à Garmisch-Partenkirchen en 1936. À cette époque, les skis étaient composés essentiellement de bois et ce n’est que plus tard que des skis hybrides composés en partie de matériaux composites (autres que le bois) feront leur apparition. Dès 1950, à la suite de la seconde guerre mondiale, bon nombre d’évolutions seront apportées (matériaux, fixations, bâtons, etc.). Schéma de la structure d'un ski Le ski peut être considéré comme une poutre multicouche hétérogène composée de divers éléments. Parmi ceux-ci, plusieurs sont faits, tout au moins en partie, en matériaux composites. Il y a notamment le noyau, partie centrale du ski, encore fait le plus souvent en bois lamellé-collé qui permet de mécaniser les fibres afin d’augmenter la performance. Pour les rendre plus rigides, les skis de courses peuvent être équipés de plaques en titane ou autres matériaux extrêmement rigides. D’autres pièces que le noyau utilisent également la technologie propre aux composites. On peut citer en exemple une couche de composite avec un renfort fibre de verre/résine époxy au-dessus de la semelle ou encore des renforts en alliage d’aluminium combinés à ceux en verre/époxy. Le ski est une structure extrêmement hétérogène puisqu’il est composé de plusieurs éléments de nature très différentes qui, eux-mêmes, peuvent être composés d’un ensemble composite. D’autres équipements ont été étudiés afin d’augmenter les performances. Les casques, par exemples, sont confectionnés avec les matériaux ayant le moins de résistance possible à l’air et cela parfois en dépit de la perte de résistance donc de sécurité que cela engendre. Plusieurs choses peuvent complexifier la recherche et l’utilisation de nouvelles technologies. Tout d’abord, le règlement sportif peut limiter les améliorations. C’est ce qui est arrivé au skieur canadien Ken Read en 1979 à la suite de sa victoire dans la descente de Morzine-Avoriaz. Il fut disqualifié car sa combinaison hybride s’avéra non conforme aux normes de perméabilités autorisées par le règlement de la fédération internationale de ski. Cela permet de voir l’un des aspects néfastes des avancées technologiques : l’innovation au service de la tricherie, c’est-à- dire utiliser de nouvelles technologies pour essayer de contourner les éventuelles failles du règlement. De plus, la performance n’est pas le seul aspect recherché par l’innovation. Le confort, par exemple, est l’élément essentiel du vacancier allant skier. Ce ne sont pas forcément les mêmes matériaux qui vont être utilisés dans le sport de pointe ou de loisir et c’est ce qui rend complexe la recherche pour les différentes marques ne pouvant pas agir sur tous les fronts simultanément. Pour finir d’illustrer cela, l’exemple de la sécurité évoqué précédemment est parlant. Dans le sport de pointe, certaines requêtes au niveau de la performance ont pu amener le développement de matériaux extrêmement aérodynamiques, parfois au détriment de la sécurité. Dans le sport loisir, c’est généralement l’inverse et la sécurité est l’un des critères primordiaux pour séduire le consommateur. L’exemple du ski permet d’illustrer toute la complexité des avancées technologiques dans le sport et, en particulier, des matériaux composites. En plus d’avoir un équipement complexe composé de plusieurs composites différents, les propriétés recherchées varient énormément en fonction du type d’utilisation souhaitée. Le cas du handisport ou de l’homme « hybride » Dans le cadre du handisport, la prothèse fait partie intégrante de la performance de l’athlète. Le composite n’est plus un objet « externe » au corps mais bel et bien un prolongement direct du corps de l’athlète. Cette substitution donne naissance à une catégorie d'humains définis comme « hybrides » (mélange de corps humain et de technologie). L’hybridation produit une compensation adaptative et une attribution fonctionnelle du corps. Selon Henry Dougan, l’hybridation est bivalente : « Les processus d’hybridation perturbent les frontières fixées, ceux-ci peuvent provoquer des réactions brutales visant à renforcer des marqueurs essentialistes » ou pour Jean-Michel Besnier, la technique nous force à tout réinventer que ce soit l’humain, la morale ou bien les valeurs. Faire corps avec la technique n’est plus seulement un habitus mais bel et bien une réelle modification de soi. L’hybride est un mixte et un mélange confus car la délimitation entre la nature et l’artifice produit un trouble identitaire. Oscar Pistorius lors du relais 4 × 400 mètres des championnats du monde d'athlétisme 2011. Avant les années 1960, date à laquelle vont se dérouler les premiers Jeux Paralympiques officiels à Rome, la distinction n’est pas encore faite entre l’athlète valide et celui non-valide car la notion de handicap reste encore mal définie dans le cadre sportif. Il était donc d’usage de voir des athlètes, quels qu’ils soient, participer aux mêmes épreuves sportives ; par exemple Karoly Takacs, tireur hongrois amputé de la main droite en (1948) ou George Eyser, gymnaste unijambiste (1904). Ce n’est qu’après 1960 que la distinction est faite, mais celle-ci engendre tout de même des controverses. Dans les questionnements actuels sur les frontières de l’humain, le cas le plus connu est celui d’Oscar Pistorius, sportif sud-africain doublement amputé des jambes. Il doit être considéré comme une exception puisque bien qu’il ait deux prothèses, il court avec les valides et cela engendre de vastes controverses. Il s’agit donc d’un athlète handicapé ayant couru à la fois en handisport et avec les valides. Il semble être l’incarnation même du développement de l’intervention biotechnologique qui bénéfice elle-même des avancées liées aux matériaux composites , à tel point que ses performances seraient inégalables sans l’aide de la technologie : « La taille de ses prothèses augmenterait celle de ses foulées. Là où l’appareillage de ses adversaires “simples amputés” ne peut dépasser en taille la jambe valide, Pistorius est accusé d’avoir profité de sa double amputation pour se grandir artificiellement. » La controverse réside dans le fait que la performance potentiellement supérieure à celle des athlètes valides est possible uniquement avec un appareillage qui remplace une partie du corps de l’athlète. La situation autour de sa classification sportive démontre qu’Oscar Pistorius est un « mixte » problématique : il est à fois humain et machine. Son corps sportif est une hybridation dotée d’une prothèse composée de lames en fibres de carbone. En tant que « sportif handicapé » son hybridation technologique est une obligation liée à sa discipline mais peut être jugée trop importante en comparaison avec d'autres athlètes. L’aide mécanique, possible notamment grâce aux développements des matériaux composites qui constituent les prothèses des athlètes, peut favoriser la création de « surhumains aux performances inégalables ». Le handisport est directement témoin de cette évolution mettant à profit différentes technologies. uploads/Sports/ 4-usages-des-composites-automobile-aviation-sport-protheses-handisport.pdf
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Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Sep 23, 2021
- Catégorie Sports
- Langue French
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