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HAL Id: hal-01187054 https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01187054 Submitted on 25 Aug 2015 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. Un violon sous le bras et les pieds dans la poussière : les violons italiens du roi durant le voyage de Charles IX (1564-1566). Laurent Guillo To cite this version: Laurent Guillo. Un violon sous le bras et les pieds dans la poussière : les violons italiens du roi durant le voyage de Charles IX (1564-1566).. La musique, de tous les passetemps le plus beau… : hommage à Jean-Michel Vaccaro. Paris : Klincksieck, 1998., Klinksieck, p. 207-233., 1998, 2-252-03204-9. ￿hal- 01187054￿ Laurent Guillo Un violon sous le bras et les pieds dans la poussière : les violons italiens du roi durant le voyage de Charles IX (1564-1566). In "La musique, de tous les passetemps le plus beau…" : hommage à Jean-Michel Vaccaro, p. 207-233. - Paris : Klincksieck, 1998. Texte révisé en 2015. Paris, janvier 1564. Lorsque, en cette fin du mois de janvier, le jeune roi Charles IX et la reine mère Catherine de Médicis commencent le voyage qui les mènera durant plus de deux ans sur les routes du royaume, c'est presque une ville qui les accompagne1. Leur maison, les grandes familles, les ambassadeurs et les agents du pouvoir forment un convoi dont l'importance varie autour de 5 000 personnes, sans compter les chevaux, les mulets et les chariots2. À tout moment, des courriers, des émissaires ou des corps de garde rejoignent la cour ou en repartent ; s'y ajoute le renouvellement progressif des membres de la maison du roi et de celle de la reine qui, pour la plupart, les servent par quartier. De ville en château, de bourg en seigneurie, précédé d'une avant-garde qui assure la route et prépare le gîte, suivi par tous ceux qui, pour une raison ou pour une autre, se sont laissé distancer, le convoi parcourt en vingt-sept mois, par petites étapes, un itinéraire qui le mène tout autour du royaume en faisant des arrêts prolongés à Fontainebleau, Troyes, Lyon, Roussillon, Avignon, Arles, Toulouse, Bayonne et Saint-Jean de Luz, Bordeaux, Châteaubriant et Moulins. Il transporte avec lui tout ce qui lui est nécessaire : vaisselle et ustensiles divers, des provisions en quantité pour pallier l'insuffisance de l'approvisionnement local, les meubles pour le service de leurs majestés, les registres diplomatiques et les nécessités du secrétariat du gouvernement. Tous les corps de métier sont représentés, des tapissiers aux pourvoyeurs de foin, des menuisiers aux boutiquiers, des soldats aux marchands les plus divers, en bref tout ce qu'il faut à la cour pour vivre et se sentir chez elle quand elle n'est pas en Île-de-France. À cette immense caravane, encombrée de bancs et de tréteaux, de ballots, de lits et de coffres, les singes, les oiseaux, les ours et les chameaux de la ménagerie de Catherine viennent donner une touche un 1 Sur le tour de France de Charles IX et Catherine de Médicis, deux ouvrages récents sont incontournables, complémentaires et passionnants : de Victor E. Graham et W. McAllister Johnson, The royal tour of France by Charles IX and Catherine de' Medici : festivals and entries, 1564-6 (Toronto, 1979) est un recueil de toutes les sources imprimées du temps - dont le fameux journal d'Abel Jouan - et de quelques sources manuscrites, avec une abondante iconographie. Au contraire, de Jean Boutier, Alain Dewerpe et Daniel Nordman, Un tour de France royal : le voyage de Charles IX (1564-1566) (Paris, 1984) présente des analyses croisées sur les plans géographique, politique, rituel et sociologique. Sur les aspects diplomatiques et politiques, on consultera Pierre Champion, Catherine de Médicis présente à Charles IX son royaume, 1564-1566 (Paris, 1937). 2 En 1560, la Maison du roi est estimée à 4 000 personnes, servant en général par quartier, 2 000 environ étant présentes en permanence. peu exotique. Les joueurs d'instrument font porter sur des charrettes qui son épinette, qui ses luths, et les baladins, souvent sollicités, ne se séparent pas de leur matériel. Pour oublier l'insécurité du voyage, les rigueurs du climat et l'inconnu du lendemain, la cour s'emploie à se divertir dès qu'elle trouve un moment disponible et un lieu adéquat. Bals, jeux, comédies, danses et autres mascarades se succèdent, durant lesquels on ne dédaigne pas de chanter quelques chansons, sans oublier des activités plus viriles telles que les courses de bague, les chasses ou les tournois. Catherine invite son fils à tenir un bal deux fois par semaine et, quand une étape se prolonge, ils veillent tous deux à ce qu'une salle de bal soit aménagée près des appartements royaux. Les musiciens du roi peuvent y divertir la noblesse comme ils l'auraient fait au Louvre ou à Saint- Germain-en-Laye3 : dans les grandes salles ou les galeries des châteaux qui accueillent Charles, Catherine et leurs proches, les bals gardent à peu près l'aspect qu'on leur connaît par quelques tableaux de l'époque4. Des décors sont parfois montés, des spectacles complexes sont échafaudés qui coûtent jusqu'à des centaines de milliers d'écus, sommes qu'on n'hésitera pas à dépenser quand, à Bar-le-Duc ou à Bayonne, la cour et les monarques étrangers veulent mutuellement s'éblouir. Les violons italiens à Paris Le premier à nous en parler est Pierre de Bourdeille, seigneur de Brantôme, à propos de la maîtresse de Charles de Cossé, seigneur de Brissac et maréchal de France, en ce temps-là gouverneur du Piémont. Tandis que sa légitime épouse s'en revenait en France faire ses couches, celui-ci s'affichait dans les réjouissances locales avec la signora Novidalle, sa belle maîtresse piémontaise... Aussi pour telle et pour quasi princesse, M. le mareschal la faisoit paroistre, tant en respectz, honneurs, qu'en pompes d'habitz et autres sumptuositez, jusques aux dances et musiques : si bien qu'il avoit sa bande de viollons, la meilleure qui fust en toute l'Italie, où il estoit curieux de l'envoyer rechercher et la très-bien appoincter ; desquelz en ayant esté faict grand cas au feu roy Henry et à la reyne, les envoyarent demander à M. le mareschal pour apprendre les leurs qui ne valoient rien et ne sentoient que petits rebecz d'Escosse au prix d'eux5 ; à quoy il ne faillit de les envoyer : dont Jacques Marye et Baltazarin estoient les chefz de la bande ; et 3 Tous les jours la chapelle chante une courte messe, rendue plus solennelle dans les églises des grandes villes d'étape. Mais nous ne nous occuperons ici que de divertissements : l'article de Jeanice Brooks, dans ce présent recueil, traite de certains aspects de la musique sacrée durant ce même voyage. 4 Deux ou trois peintures de la fin du XVIe siècle, représentant un bal à la Cour des Valois, sont actuellement connues (Musée de Rennes, Penshurst Place, Kent). Voir les illustrations dans David D. Boyden, The history of violin playing from its origins to 1761... (London, 1965), planches 13 et 14, et une analyse dans Lucienne Colliard, Tableaux représentant des bals à la Cour des Valois, in Gazette des Beaux-Arts, mars 1963, p. 147- 156. 5 comparés à eux. Baltazarin despuis fut vallet de chambre de la reyne, et l'appeloit-on M. de Beaujoyeux, comme j'en parle ailleurs.6 Ceci se passait vers 1555. Cette première bande de violons italiens vint sans doute renforcer les musiciens du roi, dans des conditions peu claires qui méritent qu'on s'y attarde un peu plus loin. Comme on peut raisonnablement supposer que ces violons italiens, assez réputés en leur art pour que la cour soit allé les quérir si loin, ne daignaient pas jouer sur des instruments français (présumés rudes et fascheux), on alla chercher des instruments de facture italienne pour compléter l'équipement de la bande. On peut citer un acte de 1556, donc tout-à-fait contemporain : À Gerin Christof dict de Mantoue vallet de chambre ordinaire de ladicte dame7 [Catherine de Médicis] la somme de trois cens dix livres dix solz tz à luy ordonnez pour son rembourcement des partyes cy apres decelees, Assavoir 148 l. 10 s. tz pour six violles qu'il a acheptees dans Ferrare à raison de unze escuz à 45 s. tz piece pour chacque violle, 40 l. 10 s. tz payez à ung mulletier qui les a apportees sur ung mullet dudict lieu jusques à Lyon, 33 l. 15 s. tz pour les avoir faict amener par charroy dudict Lyon jusques à St Germain en Laye, 54 l. pour deux lucz à 12 escus piece baillez par le commandement de ladicte dame à deux de ses vyollons et 33 l 15 s. tz pour plusieurs cordes tant de violles que de lucz baillez auxd. viollons cy lad somme de 310 l. 10 s. tz8. uploads/Voyage/ guillo-melvaccaro-violons-roy.pdf

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  • Publié le Aoû 12, 2022
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