tourisme et loisirs ESPACES N° 333 NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2016 REVUE BIMESTRIELLE >>
tourisme et loisirs ESPACES N° 333 NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2016 REVUE BIMESTRIELLE >>> Votre lecture se poursuit en ligne sur www.revue-espaces.com RESTAURANTS DE MUSÉE FEUILLETONS DE TERRITOIRES USAGES RÉCRÉATIFS DES ESPACES FLUVIAUX Des enjeux à l’échelle des métropoles DOSSIER 2 ESPACES 333 • NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2016 PAGE 4 Feuilleton de territoires JÉRÔME FIHEY PAGE 11 Le restaurant de musée abat ses cartes ELSA BAUMBERGER 20 26 34 44 50 56 64 74 80 86 92 98 104 110 116 MARIA GRAVARI-BARBAS ET SÉBASTIEN JACQUOT CAMILLE CHOWAH FRÉDÉRIC DELAIVE BÉATRICE CABEDOCE SUSAN BARTON PHILIPPE VALETTE SYLVIE SERVAIN, ANNE RIVIÈRE-HONEGGER ET DOMINIQUE ANDRIEU KILDINE LEICHNIG ET SYLVIE CLARIMONT IRENE J. KLAVER INÈS MÉLIANI CÉCILE RENARD-DELAUTRE ALŽBETA KIRÁLOVÁ OLIVIER MEÏER MARTIN SEIDL ET CATHERINE CARRÉ MARTA BENAGES-ALBERT, XAVIER GARCIA ET PERE VALL-CASAS 3 NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2016 • ESPACES 333 SOMMAIRE DOSSIER USAGES RÉCRÉATIFS DES ESPACES FLUVIAUX Des enjeux à l’échelle des métropoles Les enjeux actuels de la conquête des espaces fluviaux sont complexes et multiples (patrimoniaux, identitaires, écologiques, sociaux…) et se jouent à l’échelle des métropoles. L’action en faveur du tourisme permet de fédérer les points de vue et de donner une résonance au foisonnement d’initiatives locales. Ce dossier a été réalisé à partir d’une sélection de communications du colloque interna- tional “Rivières et métropoles européennes. Invention, développement et perspectives d’un espace de (re)conquête : tourisme, loisirs, patrimoine(s)” organisé par le comité départemental du tourisme du Val-de-Marne et l’Irest (université Paris 1-Panthéon Sorbonne). PAGE 15 4 ESPACES 333 • NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2016 MISE EN EXPÉRIENCE DU TERRITOIRE Feuilleton de territoires JÉRÔME FIHEY Gérant, Le Crabe Fantôme, Cabinet de curiosité < jerome@crabe-fantome.fr > © robodread NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2016 • ESPACES 333 5 JÉRÔME FIHEY Une destination, une offre patrimoniale ou tou- ristique doivent, au même titre qu’un bien cul- turel (livre, film, spectacle, exposition, etc.), être la promesse d’une expérience pour le visiteur. Parmi les différents moyens de construire une telle expérience, le feuilleton (concept littéraire ancien remis au goût du jour par les séries télé- visées) se révèle un outil fructueux, tant pour immerger le public dans un univers que pour construire un événement décliné dans le temps (plusieurs jours, plusieurs semaines, voire plu- sieurs saisons), dans l’espace et dans les médias (une web fiction, un film en direct, un roman- photo, une fiction radio…). MISE EN EXPÉRIENCE DU TERRITOIRE 6 ESPACES 333 • NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2016 U n livre dont les lettres s’effacent et dont les sept nouvelles doivent être racontées au public sur sept médias différents pour déjouer la malédiction ; une grande cam- pagne archéologique dont les forages permet- tent de collecter des bulles sonores emprison- nées dans la vase des marais de Charente ; des enfants nantais et québécois nouant une cor- respondance pour recréer le projet de jardin idéal d’un botaniste du XIXe siècle : ce sont là trois exemples de feuilletons de territoire, de fictions immersives in situ imaginées à des fins de “mise en expérience” de territoires. Le public des territoires et lieux de visite (sites patrimoniaux, musées…) souhaite aujourd’hui vivre une expérience totale, inédite et unique – une expérience qui produise de l’émerveille- ment et qui laisse une empreinte durable dans la mémoire. Cette expérience émotionnelle, qui donne à l’offre touristique toute sa valeur, com- mence avant la visite pour se prolonger après. SÉRIALITÉ. Contrairement aux nouvelles et aux films, œuvres courtes qui n’engagent le lecteur ou le spectateur que pour quelques minutes ou quelques heures, le feuilleton litté- raire, très en vogue au XIXe siècle, fidélise les publics, aujourd’hui rassemblés devant les séries télévisées. La sérialité est étroitement liée à l’évolution des médias et à leur manière de tou- cher le public, par la proximité et le prix. Ainsi, les premiers quotidiens à bas prix au début du XIXe siècle ont permis une démocra- tisation de l’accès à l’information et à la cul- ture. Des romanciers, comme Balzac, Dickens ou Dumas, y ont vu le moyen de toucher le plus grand nombre en découpant leurs romans en épisodes, diffusés à intervalles réguliers dans les journaux. Au XXe siècle, on peut prendre l’exemple des comics américains, de Superman à X-Men, dévorés par les adolescents de toutes les géné- rations. Mais c’est l’arrivée de la télévision dans les foyers qui va permettre aux spectateurs de se délecter quotidiennement ou de façon heb- domadaire d’histoires de toutes sortes. La ten- dance, depuis le début du XXIe siècle, a pris une ampleur immense avec la multiplication des médias (chaînes du câble et de la TNT et, bien sûr, internet). Les œuvres à épisodes (feuilletons, séries, comics…) créent un engagement à long terme du public, ce qui donne à ce dernier le temps de tomber amoureux ou de ressentir le deuil pour un personnage par exemple. Elles créent aussi une dépendance par les rebondissements (les célèbres cliffhangers des Anglo-saxons) qu’elles proposent entre chaque épisode ou entre chaque saison. Elles s’intercalent dans la vie quotidienne, ce qui permet, entre chaque cha- pitre, de partager les histoires avec sa com- munauté (amis, collègues, famille, autres fans), de discuter de ce qu’il va advenir du héros (qui est le meurtrier ? qui va se marier avec qui ?). Cette discussion se fait autour d’un repas ou de la machine à café, dans un bar ou encore sur Facebook. Ainsi, Charles Dickens, entre deux parutions hebdomadaires ou mensuelles d’une de ses œuvres, ne manquait pas de pas- ser quelques heures dans des bistrots pour cap- ter les réactions du public et, si besoin, changer le cours du récit et, de cette façon, maintenir l’attention et la surprise de ses lecteurs. Aujourd’hui, les auteurs de série font la même chose en scrutant en temps réel les réseaux sociaux. TERRITOIRE NARRATIF. Un territoire donné (ville, lieu touristique ou patrimonial) peut être un média à part entière, un territoire réel peut donc accueillir lui aussi un univers narratif “feuilletonnisant”. Il faut pour cela immerger le spectateur, le faire entrer dans un univers narratif dans lequel il puisse voyager, ou même se perdre, hors de son quotidien. La Terre du Milieu chez Tolkien, les bords du Mississipi chez Mark Twain, les rues de Londres chez Dickens ou encore Westeros chez George R. R. Martin sont autant de territoires narratifs, réels ou imaginaires, propices à des aventures “feuilletonnantes”, dans lesquels les lecteurs ou spectateurs aiment à se plonger encore et encore. Les médias apparus ou popularisés au XXesiècle (radio, cinéma, télévision, internet) NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2016 • ESPACES 333 7 JÉRÔME FIHEY permettent de jouer avec la frontière entre fic- tion et réalité puisqu’ils s’adressent simultané- ment à un grand nombre, tout en faisant par- tie du quotidien de chacun via le poste de radio ou de télévision et maintenant l’ordinateur ou le smartphone. Le 30 octobre 1938, Orson Welles adapte La Guerre des mondes, de son presque homo- nyme H. G. Wells, en pièce radiophonique. Il pousse le réalisme tellement loin que beaucoup d’auditeurs paniquent, croyant réellement à une invasion extraterrestre sur le sol améri- cain. Depuis, et grâce aux nouvelles technolo- gies, les expériences d’immersion se sont mul- tipliées. Et les lecteurs de Tolkien le savent bien, nul besoin de nouvelles technologies pour avoir une impression intense d’immersion dans un monde narratif dense comme celui de la Terre du Milieu ! EXPLORATION IMMERSIVE. Alors comment créer l’inverse : faire pénétrer l’univers narratif dans le quotidien ou la réalité du spectateur et ainsi brouiller la frontière entre fiction et réa- lité ? Dans ce type de projet, le territoire (com- mune, lieu patrimonial ou muséal, parc d’at- tractions, etc.) devient, on l’a dit, un média à part entière. On travaille donc à partir de son “audience” habituelle (habitants, touristes, visiteurs), plus ou moins importante, et de son audience potentielle via une expérience sur mesure et une campagne de communication adaptée. Ce qui importe, c’est la promesse d’une exploration inédite et immersive d’un territoire réel ou imaginaire. On n’oppose pas le réel et l’imaginaire, mais on les fait se ren- contrer autour d’un même projet, s’enrichir l’un l’autre. Et peu importe alors de quoi ce voyage est fait : aventure, conte pour enfants, fantastique, policier, documentaire, science-fic- tion, anticipation, espionnage, historique, etc. Les séries télévisées reposent sur le travail d’une équipe très large menée par le show run- ner (celui qui dirige un show), qui assure la coordination de la production, pilote l’équipe des scénariste et réalisateurs, s’occupe de la direction artistique… bref, est le garant de l’in- tégrité du projet. Dans le cadre d’une fiction de territoire, il est indispensable que quelqu’un assure ce rôle de show runner. Celui-ci s’as- sure que le projet réponde aux objectifs sui- vants : créer l’immersion entre fiction et réa- lité ; provoquer l’engagement des publics ; gérer une temporalité spécifique ; rayonner au-delà du territoire. Le show runner propose un voyage narratif à son audience, passagers passifs ou membres de l’équipage en fonction du degré de partici- pation voulu par chacun. En fonction du type d’audience (familles, adolescents, seniors, etc.), il imagine plusieurs histoires au sein d’un même univers transmédia cohérent. Chaque média est un véhicule pour l’exploration du uploads/Voyage/ revue-espaces-tourisme-et-loisirs-333-usages-recreatifs-des-espaces-fluviaux.pdf
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- Publié le Fev 22, 2022
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