Alain badiou penser les meurtres de masse du 13 novembre 1

Séminaire du novembre donné au Thé? tre de la commune Retrouvez cette intervention en vidéo sur la-bas org ALAIN BADIOU Penser les meurtres de masse du novembre Je voudrais parler ce soir de ce qui est arrivé le vendredi novembre de ce qui nous est arrivé de ce qui est arrivé à cette ville à ce pays à ce monde ?nalement Je voudrais d ? abord dire dans quel état d ? esprit je pense qu'il faut parler de ce qui est une atroce tragédie parce qu'évidemment comme on le sait et comme c'est dangereusement martelé par la presse et par les autorités la fonction de l ? a ?ect de la réaction sensible est dans ce genre de situation inévitable et dans un certain sens indispensable Il y a quelque chose comme un traumatisme comme le sentiment d ? une exception intolérable au régime de la vie ordinaire d ? une irruption insupportable de la mort C ? est là quelque chose qui s'impose à tous et qu'on ne peut pas contenir ni critiquer Cependant il faut tout de même savoir -- c'est un point de départ pour la prise en compte de ce que j ? appelle l ? état d ? esprit -- que cet inévitable a ?ect dans ce genre de circonstances tragiques expose à plusieurs risques risques que je voudrais quand même rappeler pour indiquer ce que sera ma méthode Je vois trois risques principaux auxquels nous exposerait après ce drame la domination sans partage du traumatisme et de l ? a ?ect Le premier c ? est d ? autoriser l ? État à prendre des mesures inutiles et inacceptables mesures qui en réalité fonctionnent à son propre pro ?t L ? État est brusquement mis sur le devant de la scène et il retrouve momentanément ou il croit retrouver une fonction de représentation symbolique de garant de l ? unité de la nation et autres postures semblables Ce qui nous permet j'y reviendrai de percevoir dans le personnel dirigeant une assez sinistre mais évidente jouissance de cette situation criminelle Dans ces conditions il faut quand même garder une mesure Il faut rester capable de mesurer dans ce qui est fait dans ce qui est prononcé ce qui est inévitable et nécessaire et ce qui est inutile ou inacceptable C'est la première précaution que je vois une précaution de mesure au regard du caractère je le répète encore une fois inévitable et indispensable de l'a ?ect Le deuxième risque de cette domination du sensible appelons-le comme ça c ? est de renforcer C les pulsions identitaires C'est un mécanisme naturel là aussi Il est évident que lorsque quelqu'un meurt accidentellement dans une famille la famille se regroupe se resserre et dans un certain sens se renforce Ces jours-ci on nous assure on nous dit on nous redit le drapeau tricolore à la main qu ? un horrible massacre sur le territoire français ne peut que renforcer le sentiment national Comme si le traumatisme renvoyait

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