Georges canguilhem aspects du vitalisme

Georges CANGUILHEM La connaissance de la vie Hachette pp - Aspects du vitalisme Le normal et le pathologique Il est bien di ?cile au philosophe de s'exercer à la philosophie biologique sans risquer de compromettre les biologistes qu'il utilise ou qu'il cite Une biologie utilisée par un philosophe n'est-ce pas déjà une biologie philosophique donc fantaisiste Mais serait-il possible sans la rendre suspecte de demander à la biologie l'occasion sinon la permission de repenser ou de recti ?er des concepts philosophiques fondamentaux tels que celui de vie Et peut-on tenir rigueur au philosophe qui s'est mis à l'école des biologistes de choisir dans les enseignements reçus celui qui a le mieux élargi et ordonné sa vision Il suit immédiatement que pour ce propos on doit attendre peu d'une biologie fascinée par le prestige des sciences physico-chimiques réduite ou se réduisant au rôle de satellite de ces sciences Une biologie réduite a pour corollaire l'objet biologique annulé en tant que tel c'est-à-dire dévalorisé dans sa spéci ?cité Or une biologie autonome quant à son sujet et à sa façon de le saisir ce qui ne veut pas dire une biologie ignorant ou méprisant les sciences de la matière - risque toujours à quelque degré la quali ?cation sinon l'accusation de vitalisme Mais ce terme a servi d'étiquette à tant d'extravagances qu'en un moment o? la pratique de la science a imposé un style de là recherche et pour ainsi dire un code et une déontologie de la vie savante il appara? t pourvu d'une valeur péjorative au jugement même des biologistes les moins enclins à aligner leur objet d'étude sur celui des physiciens et des chimistes Il est peu de biologistes classés par leurs critiques parmi les vitalistes qui acceptent de bon gré cette assimilation En France du moins ce n'est pas faire un grand compliment que d'évoquer le nom et la renommée de Paracelse ou de van Helmont C'est pourtant un fait que l'appellation de vitalisme convient à titre approximatif et en raison de la signi ?cation qu'elle a prise au XVIIIe siècle à toute biologie soucieuse de son indépendance à l'égard des ambitions annexionnistes des sciences de la matière L'histoire de la biologie importe ici à considérer autant que l'état actuel des acquisitions et des problèmes Une philosophie qui demande à la science des éclaircissements de concepts ne peut se désintéresser de la construction de la science C'est ainsi qu'une orientation de la pensée biologique quelque résonance historique limitée qu'ait le nom qu'on lui donne appara? t comme plus signi ?cative qu'une étape de sa démarche Il ne s'agit pas de défendre le vitalisme d'un point de vue scienti ?que le débat ne concerne authentiquement que les biologistes Il s'agit de le comprendre d'un point de vue philosophique Il se peut que pour tels biologistes d'aujourd'hui comme d'hier le vitalisme se présente comme une illusion de la pensée Mais cette dénonciation de son caractère illusoire appelle bien loin de l'interdire ou de la clore la ré exion philosophique Car

  • 34
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Aucune attribution requise
Partager