Mon premier maitre Paul Ric ?ur Mon premier ma? tre en philosophie ? dans Marguerite Léna dir Honneur aux ma? tres Paris Critérion pp - Texte reproduit avec l ? aimable autorisation de Me Marguerite Léna MON PREMIER MA? TRE EN PHILOSOPHIE Paul RICOEUR Je

Paul Ric ?ur Mon premier ma? tre en philosophie ? dans Marguerite Léna dir Honneur aux ma? tres Paris Critérion pp - Texte reproduit avec l ? aimable autorisation de Me Marguerite Léna MON PREMIER MA? TRE EN PHILOSOPHIE Paul RICOEUR Je remercie Marguerite Léna de me donner l'occasion de dire ma dette à l'égard de Roland Dalbiez qui fut mon premier ma? tre en philosophie au Lycée de garçons de Rennes durant les trois années qui couvrent la classe terminale et les années de Lettres Supérieures - La carrière de Roland Dalbiez était en elle-même insolite ancien o ?cier de marine nourri de philosophie classique et néo-scolastique il avait passé sans di ?culté le concours d'agrégation et après des débuts à Laval venait de prendre en charge la classe de philosophie de notre lycée L'homme était haut de taille d'une fragilité robuste l'air plus concentré qu'a ?able et plutôt sévèrement vêtu ah le chandail qu'il portait par-dessus sa veste et dont il se dépouillait en pénétrant dans la salle de classe ?? façon rationnelle de se comporter à l'égard des intempéries Son cours rigoureusement construit et prononcé avec une lenteur soutenue qui convenait à une prise de notes presque exhaustive entretenait une atmosphère incroyablement studieuse Importaient plus que tout selon son enseignement le concept bien formé l'argument bien construit la thèse formulée avec netteté au terme d'une dispute ordonnée Bien entendu cette pédagogie raisonnée était adaptée avec un grand scrupule aux exigences du programme o ?ciel qui imposait un long parcours psychologique une station assez brève du côté de la logique formelle et inductive une traversée de la morale et un couronnement métaphysique Roland Dalbiez redistribuait les matières du programme entre deux grands ensembles théorique et pratique le premier regroupait la psychologie de la connaissance la logique et la métaphysique du Vrai le second la psychologie des émotions de l'habitude et de la volonté la morale et la métaphysique du Bien ?? la notion d'Etre regroupant ses transcendantaux que nous apprenions à convertir entre eux et avec l'Etre L'ennemi déclaré était l'idéalisme sous toutes ses formes Descartes Berkeley Hume Kant Brunschvicg qui régnait sur la Sorbonne on ignorait Hegel étaient Cl'objet d'une réfutation insistante et englobante une fois examinés les textes de leur défense L'argument majeur opposé aux idéalismes était qu'ils méconnaissaient gravement la priorité du réel par rapport à la connaissance consciente d'elle-même Notre ma? tre cherchait à nous convaincre que dans l'idéalisme la conscience était semblable à une pince tendue dans le vide et condamnée faute de prise extérieure à se saisir elle-même dans un vain redoublement La déréalisation dont l'idéalisme était accusé se trouvait ainsi assimilée à une maladie mentale de type psychotique Nous ses élèves percevions mal le rapport très étroit qui existait entre ce traitement clinique de l'idéalisme et les recherches que notre ma? tre menait alors dans le champ de la psychanalyse freudienne seuls pénétraient dans notre classe des échos de L ? Interprétation du Rêve et de la Psychopathologie de la vie

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