De l’espace public à l’hAcktion urbaine De l’espace public à l’hAcktion urbaine
De l’espace public à l’hAcktion urbaine De l’espace public à l’hAcktion urbaine 7 7 Introduction Un contexte 15 Quel espace? 19 Un espace physique et sensoriel 29 Paradoxe entre liberté et réglementation Pourquoi cet espace? 35 Une richesse sociale 41 La ville comme support d’expression Ma position, mes inspirations 49 Vers un design anti-industriel 53 Le "Do It Yourself" 57 Du déchet, au "cradle to cradle" en passant par "l’upcycling" 61 Du hacker au hacking urbain Mon expérience 65 L’intuition 69 La maraude 73 l’hAcktion urbaine 9 77 Conclusion 81 Bibliographie 85 English translation 121 Remerciements 11 Introduction Le design est au coeur des questions de société, il interroge l’humain. Il s’inscrit dans une démarche de questionnements face aux problèmes que pose notre avenir immédiat : -"Vivre ensemble" ou comment un mobilier urbain, un aménagement collectif peuvent contribuer à créer du lien? -"Jouer / travailler" ou comment l’espace ou l’outil peuvent accompagner l’activité? Cet exercice d’écriture est avant tout un moyen de rendre compte de l’évolution de mes réflexions de ces deux dernières années. La difficulté était de savoir sur quel thème et par quel moyen je pouvais allier le travail de designer et mes opinions et intérêts personnels. Cette corrélation entre le design et la société est une question que je me pose. Un design que je voudrais moins élitiste, moins privé, plus public, plus proche de la population. Une vision, des intentions qui sont le résultat d’une pratique du design en école des Beaux-Arts. Les réflexions que je vais aborder dans cet écrit sont le résultat d’observations, de perceptions, de sensations, d’écrits sur le thème de l’espace public urbain. C’est ainsi que je m’interroge sur la manière d’ intervenir dans cet espace afin de détourner un lieu, un usage tout en améliorant et questionnant les dispositifs existants? Comment ces interventions permettent-elles de socialiser ces espaces sans les détériorer? Ces questions me permettront d’aborder la notion de potentialité sociale de l’objet et de l’espace public urbain. Outre ces réflexions liées à cet espace, cet écrit a été pour moi le moyen de partager ma vision de la société et de me focaliser sur des pratiques du design qui ne me laissent pas insensibles, telles que le "do it yourself", la philosophie "cradle to cradle" ou encore le "hacking" urbain. J’ai également souhaité dans une première partie mettre l’accent sur la définition de cet espace et des différentes terminologies employées. Un espace que j’ai ensuite décrit, pour enfin démontrer le paradoxe entre liberté et réglementation qui le régit. Dans un deuxième temps j’ai expliqué pourquoi je m’étais concentré sur cet espace. Après l'avoir analysé, j’ai souhaité partager ma vision : celle du design dans un premier temps, pour ensuite évoquer les pratiques cohérentes du design en réponse à ma vision. Finalement c’est pour moi le moyen de partager ma vision d’un espace spécifique : l’espace public urbain, et de partager mes intérêts et mon expérience évolutive. 15 Un contexte Quel espace ? 1. l’Espace Public : archéologie de la publicité comme dimension constitutive de la société bourgeoise. Espace concret…, construction purement intellectuelle…, lieu prédéfini par la loi… Comment définir cet espace qui parfois se nomme espace public, espace urbain ou espace commun ou encore tout simplement la rue? Cette notion reste peu claire et à priori, difficile à saisir. Pourtant grand nombre de théoriciens, géographes, architectes, urbanistes se sont penchés sur la question. Le nombre de définitions et de termes employés pour le qualifier le rend ambigu. Il me paraît donc important de préciser son origine afin de mieux le comprendre et l’appréhender. Je pense qu’il est essentiel de prendre en compte plusieurs définitions. J’ai tout d’abord recherché l’origine du terme "espace public". D’un point de vue sociologique, Jürgen Habermas philosophe et sociologue allemand, fut le premier à évoquer et à définir la notion d’"espace public" suite à sa thèse1 dans les années 1960. Il distingue alors une différence entre "espace public" et les "espaces publics". Le premier, plus philosophique, est lié à la notion de débat privé dans une sphère publique, et de partage, correspondant à certains lieux tels que les cafés ou encore certains outils tel que la presse, jusqu’à ce que cette dernière soit utilisée à des fins capitalistes. Quant aux espaces publics, la définition plutôt urbanistique qu’il en fait et à laquelle j’adhère totalement est la suivante : un espace physique, de circulation, de connections, de rencontres... Un espace favorisant la relation sociale, bref l’espace que je côtoie et pratique tous les jours. C’est aussi ce que nous signifie la définition suivante tirée de Wikipédia: "L’espace public représente dans les sociétés humaines, en particulier urbaines, l’ensemble des espaces de passage et de rassemblement qui est à l’usage de tous, soit qui n’appartient à personne 2. Institut National de la Stastique et des Études Économique. www.insee.fr (en droit par ex.), soit qui relève du domaine ou, exceptionnellement, du domaine privé." Je souhaite mettre l’accent sur une chose qui me paraît essentielle dans l’espace public ainsi défini : le rassemblement. Ce mot (rassemblement) est important car je ne pense pas que cet espace soit cohérent si on ne prend pas en considération ceux qui l’utilisent. Cela rejoint en quelque sorte la définition des grecs au sujet de l’agora. Durant l’antiquité grecque, ce terme désigne à l’origine le lieu où se réunissait l’assemblée des citoyens. Ce mot vient du verbe ageirein, qui veut dire rassembler. Outre le fait que cet espace soit physique, je ne peux pas évoquer l’espace public sans définir l’espace urbain. Ces deux termes sont intimement liés. L’un ne va pas sans l’autre. Lorsque je regarde la définition de l ’ INSEE 2, un espace urbain est "un ensemble continu d’aires urbaines et de communes dites multipolarisées, c’est-à-dire dont au moins 40 % de la population résidente active travaille dans l’une ou l’autre de ces aires urbaines." On appelle donc espace urbain, un espace physique continu de communication entre des zones d’habitations et des zones de travail. Cette définition assez générale reste quelque peu floue selon le lieu où on l’utilise. Dans le dictionnaire de la géographie écrit par Pierre George, il dit que "la campagne s’oppose à la ville", mais cette définition varie beaucoup d’un pays à l’autre : en France les communes de moins de 2 000 habitants sont considérées comme appartenant à un espace rural, alors qu’au Japon une commune est rurale quand elle oscille entre 20 000 et 50 000 habitants. Voici donc une définition plus générale tirée du livre Espace urbain : Vocabulaire et morphologie de Bernard Gauthiez l’auteur, et de Guy Burgel qui a écrit la préface de l’ouvrage. 17 "Espace urbain, g.n.m. : Continuum physique des agglomérations; ensemble des espaces construits et libres d’une agglomération, en liaison avec le sol naturel ou artificiel qui les reçoit." C’est une expression qui nous permet de définir une zone globale plus qu’une particularité. L’espace public quant à lui est composé d’espaces bâtis et d’espaces de communications. Cette alternance crée des rythmes de pleins et de vides qui en déterminent souvent l’identité visuelle. La combinaison de ces espaces forme ce que l’on appelle plus communément, la ville. C’est un milieu à forte densité humaine où se concentrent différentes activités telles que l’habitat, le commerce, l’industrie, l’éducation, la santé, la politique, la culture... La ville s’organise différemment, selon sa situation géographique : sa forme est généralement issue de son histoire et de sa topographie. 19 Un espace physique et sensoriel 3. G.Perec,Espèce d’espace, p 93. 4. Helge Meyer, Inter Art Actuel n°111, Prendre le risque de rencontrer des gens, p 20. 5. Marc Augé,Non-Lieux , introduction à une anthropologie de la surmodernité. ed.Seuil, p100 Pour moi, la définition d’un espace physique correspond à un espace concret, que l’on peut toucher, montrer, pratiquer, utiliser… Il est là, il s’impose à nous, on le pratique, avec plus ou moins d’aisance, de facilité, mais on ne peut faire autrement que de s’adapter au lieu que l’on nous impose. Dans les ouvrages géographiques, architecturaux et urbanistiques, ils considèrent l’espace urbain comme l'espace physique, à l'instar de tous les lieux appartenant au domaine public, qui sont accessibles librement et gratuitement. C’est une combinaison d’espaces spécialisés, ouverts, déterminés en fonction de leurs utilisations: la voie de circulation, le trottoir, la piste cyclable… Quand Georges Perec nous parle de l'un des lieux spécifiques de cet espace qu’est la rue, il dit : "la rue est ce qui sépare les maisons les unes des autres, et aussi ce qui permet d’aller d’une maison à l’autre" 3 Une vision du lieu que je trouve trop réduite à un seul acte : l’acte de se déplacer. Ce n’est d’ailleurs pas le seul à le penser. Helge Meyer dit au sujet du trottoir : "le trottoir est un "non-lieu", un lieu de passage: les gens utilisent le chemin pour passer d’un endroit à un autre." 4 Cette citation soulève la question du "non-lieu". Est ce que le trottoir est ici vu comme un espace de transition entre deux espace? Doit-on le considérer seulement comme une
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- Publié le Oct 15, 2022
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