Récits et Anecdotes Le Chef d’Escadrons Guy CANIOT, un homme de conviction, Dir

Récits et Anecdotes Le Chef d’Escadrons Guy CANIOT, un homme de conviction, Directeur du Journal BLED, Officier au 12ème Régiment de Chasseurs d’Afrique. Né à Constantine le 16 juillet 1918, Guy CANIOT effectua sa première communion à Bordj Bou Arreridj, en l’église voisine du domicile de ses parents, et fréquenta l’école des garçons située à deux pas. Enfant, il accompagnait son père dans les Maadid pour y chasser les sangliers et l’outarde ou dans la plaine du Hodna, la Ganga, perdrix des sables. Il suivit les cours au Lycée de Constantine, puis à la faculté de droit d'Alger. Gaulliste en 1940, il l’était encore en 1954 lors du déclenchement de l’insurrection de novembre en Algérie. A ce moment là, il était Capitaine au Service d’Information du Cabinet du Ministre de la Défense, Jacques CHABAN-DELMAS, à Paris. Compte tenu de ses expériences indochinoises, il fut envoyé en mission en Algérie, son pays natal, en novembre 1954, pour être, à l’issue, chargé par le Général BLANC, Chef d’Etat Major de l’Armée de Terre, de concevoir l’organisation de bureaux d’action psychologique, futurs 5èmes Bureaux. Il rédige alors en 1955 plusieurs rapports sur le sujet, dont "L'action Psychologique en Algérie". Afin d’effectuer son temps de commandement, il fut affecté début 1956 au 6ème Régiment de Cuirassiers qui se trouvait alors à l’est de Tébessa, Secteur d’Elma el Abiod, près de la frontière tunisienne. Courant 1956, il fut muté à Alger, au 9, Boulevard Laferrière, dans les anciens locaux de « La Dépêche Algérienne », pour prendre la direction du Journal « LE BLED », qui avait été créé par le Général LORILLOT l’année précédente, hebdomadaire des Armées distribué gratuitement dans les Régiments. Sous le haut contrôle du Général SALAN, le Journal était tiré à 300.000 exemplaires et paraissait en six éditions : d’Algérie en Français, d’Algérie en arabe, de Métropole, du Maroc, de Tunisie et des forces Françaises en Allemagne. La préparation était faite à Alger, puis envoyée par avion à Paris, Rabat, Tunis et Baden-Baden en Allemagne, où étaient réalisés les tirages. Les prises de positions politiques Algérie Française du Journal « LE BLED » lors du 13 mai 1958 provoquèrent la mutation de Guy CANIOT à Paris, et le changement de nom du journal en « BLED ». Rapidement sa ligne éditoriale fut « reprise en main » par le gouvernement qui lui donna une orientation conforme à l’évolution de sa politique algérienne, c'est-à-dire vers l’indépendance de l’Algérie. Le Chef d’Escadrons Guy CANIOT signa son dernier « BLED » le 18 décembre 1958, puis fut muté à l’Etat Major de la Zone nord algérois commandé par le Général COSTE. Cette affectation ne lui convenant plus, il opta pour le 12ème Régiment de Chasseurs d’Afrique basé à M’Sila, dans le sud-ouest constantinois, dont un poste de son grade venait d’être libéré. Venant d’Alger, il arriva à M’Sila le 15 mai 1960. Il fut reçu par le Colonel du CHENE, Chef de Corps, qui l’affecta en remplacement du Chef d’Escadrons VIEUX en fin de séjour, comme Commandant du Quartier de M'Sila. Il se réjouissait de pouvoir continuer la pacification de la région du Chott el Hodna que son arrière-grand-père avait commencée un siècle auparavant comme Officier au 3ème Chasseurs d’Afrique. Il installa son PC dans une vaste maison à la sortie ouest de M’Sila. Pour mener à bien ses missions, le CE Guy CANIOT disposait du 4ème Escadron du 12ème RCA, commandé par le Capitaine François de LESCURE, sur automitrailleuses AMM8, maintenant stationné à M’Sila, des GMS 93 du Ksob et GMS 52 de M’Sila, d’une Harka commandée par un OR, et, sur demande, du Commando 66 formé par la 3ème Compagnie du 4ème Bataillon de Zouaves se trouvant provisoirement près du barrage du Ksob. D’autre part, il pouvait disposer en priorité du Peloton d’avions légers basé sur le terrain d’aviation à quelques kilomètres au nord-ouest de M’Sila, sur la route de Tarmount, qui était alors aux ordres d’un cavalier, le Capitaine ABOUDARAM. Sa mission principale : regrouper les populations afin de les soustraire à l’action psychologique, à la perception de l’impôt, la Chtirak, et au terrorisme du FLN, afin que ce dernier ne puisse plus être « Comme un poisson dans l’eau ». Sa zone d’action : Le Secteur de M’Sila, c'est-à-dire, au nord les monts du Hodna avec les quartiers du Hammam et du Ksob, à l’est, vers Barika, le Quartier de Selmane, au sud, le Chott el Hodna et au-delà jusqu’à Bou-Saada, et à l’ouest, jusqu’à la limite du Corps d’Armée d’Alger. Tantôt avec les uns, tantôt avec les autres de ses moyens, le CE était toujours sur le terrain, de jour comme de nuit, impliqué avec passion dans son rôle de pacificateur. Suite à information de l’aviation, le 25 juin 1960, qui avait repéré des mouvements suspects de cavaliers et de piétons en limite sud-ouest du Quartier, Le CE CANIOT se porta, sous une pluie battante, avec le Peloton Pionniers, l’Escadron du 4/12 et les GMS 52 et 93 à la Mechta Dialem, sans avoir été détecté. L’interception eut lieu dans l’oued el Ham où 8 rebelles se rendirent avec leurs armes. Leurs chevaux permirent aux Harkis à pieds de devenir cavaliers. CANIOT décida alors d’implanter là un poste sous les ordres de l’Aspirant SIRIZZOTTI. Celui-ci transforma avec son Peloton une maison cantonnière abandonnée près du pont de l’oued en un poste solide. L’opération de regroupement des Ouled Mansour s’effectua courant juin et jusqu’au 8 juillet 1960 grâce à l’efficacité de l’Aspirant SIRIZZOTTI. Confection de briques en torchis pour élever les murs des maisons, les toits réalisés à partir des poutres des mechtas abandonnées, récupération des chaumes. Le 8 juillet, une trentaine de familles transportées en camions, venaient prendre possession des maisons du regroupement. Ce regroupement fut GAD (Groupe d’Auto- défense) et fut confié à un Sergent Harki. le Général Commandant la ZOC, accompagné de journalistes, vint le visiter, mais curieusement aucun article ne fut publié. Les 9 et 10 juillet 1960, l’Aspirant SIRIZZOTTI, à la tête d’un petit commando composé d’un MDL et de deux Harkis déguisés en faux fellouzes, investit une des maisons de Mechta Dialem où avait lieu une réunion de rebelles. La présence permanente sur le terrain permit la mise en insécurité des éléments HLL, la découverte de très nombreuses caches avec récupération d’armes, de matériel divers de stock de nourriture de documents permettaient de préparer les interventions suivantes. Afin d’occuper les espaces par un maillage de postes, le Chef d'Escadrons CANIOT fit créer aussi les postes de Baniou et d’El Gassia, réorganisa la protection de la SAS de Chellal devenue très vulnérable, installa une école et une infirmerie aux Ouled Mansour ainsi qu’aux deux nouveaux postes, fit venir régulièrement l’assistance médicale dans tous les postes du Régiment. A El Gassia, le moniteur sportif avait été formé à Issoire, en Métropole. L’épouse du CE CANIOT rejoignit son mari quelques temps à M’Sila. Elle logea à l’«Hôtel des Voyageurs » tenu par Madame MAHMED, une Allemande veuve d’un musulman, s’impliquant dans son rôle social, faisant le « Père Noël » à Mechta Dialem en décembre 1960. Le 15 janvier 1961, nouvelle intervention aux Ouled Mansour contre des HLL cachés dans les maisons abandonnées à la suite du regroupement. Les HLL se rendirent avec leurs armes. Après plus de 11 mois de missions ininterrompues, le 21 avril 1961, le Chef d’Escadrons CANIOT quitta M’Sila à bord d’un piper de l’ALAT. La veille, une prise d’armes eut lieu sur la place devant le PC du Régiment. Le Lieutenant-colonel BLACAS, Chef de Corps du 12ème RCA, étant en permission, ce fut son Commandant en second, le Chef d’Escadrons ESTIEU, qui présida cette cérémonie. Elle fut suivie d’un repas au mess avec les adieux de chacun. Après une boucle au dessus de M’Sila, le piper survola les Ouled Mansour avec son drapeau tricolore, et bientôt la Mitidja, puis effectua l’atterrissage à Maison-Blanche. Après quelques semaines passées à Alger, le CE CANIOT rejoignit sa nouvelle affectation à la Section d’Etudes et de Recherches de l’Armée de Terre, boulevard Victor à Paris, et prit en charge le groupement Psychologique pour le rajeunissement de la pédagogie dans les Ecoles Militaires, puis le Groupement fut annexé à la D.T.A.I. C’est alors qu’il demanda sa mise en disponibilité en 1964 comme Chef d’Escadrons. Dès son retour à Paris, il se tiendra informé par son successeur le CE GRANDJEAN de la situation du 12ème RCA, et précisément des Harkis qu’il avait commandés. Maintenant civil, il opta pour une place dans l’industrie pharmaceutique à Toulouse pour animer un réseau de 120 technico-commerciaux sur toute la France. Il y passa 6 années. En parallèle à ses activités professionnelles et dès les accords d’Evian de mars 1962, restant fidèle à ses idées, il s’investit dans le rapatriement des Harkis du 12ème RCA, réceptionnant ceux que les cadres du Régiment arrivaient à faire évacuer par Aïn-Arnat, l’aérodrome de Sétif, trouvant en Métropole logement décent et travail pour eux et leur famille. Un décret de 1980 lui permit de clore sa carrière uploads/s1/ creation-du-journal-le-bled.pdf

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  • Publié le Mai 08, 2022
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