Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres Ins
Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres Inscriptions grecques trouvées à Suse † Franz Cumont Citer ce document / Cite this document : Cumont Franz. Inscriptions grecques trouvées à Suse. In: Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 75ᵉ année, N. 3, 1931. pp. 278-292; doi : 10.3406/crai.1931.76089 http://www.persee.fr/doc/crai_0065-0536_1931_num_75_3_76089 Document généré le 04/06/2016 278 COMPTES RENDUS DE L 'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS pire» en deux volumes publiée sous le titre « Gesellschaft und Wirt- schaft-in dem rômischen Kaiserreich ». (Quelle und Meyer, Leipzig, 1931). Le texte a été changé ici et là (p. ex. un nouveau chapitre sur la Nubie a été ajouté), les notes ont été revues et l'illustration augmentée. » • ■■■■. COMMUNICATION INSCRIPTIONS GRECQUES TROUVÉES A SUSE, PAR M. FRANZ CUMONT, ASSOCIÉ ÉTRANGER DE l'aCADÉMIE. II Inscriptions de l 'époque des Séleucides, Outre les deux documents remarquables de la période parthe que nous avons fait connaître le mois dernier à l'Académie *, les fouilles exécutées cet hiver à Suse nous ont apporté des inscriptions grecques plus anciennes, remontant au temps des rois séleucides. Notre confrère le Père Scheil a bien voulu nous confier aussi les photographies et les estampages qu'avait pris M. de Mecquenem de ces textes intéressants, et nous communiquons ceux-ci à l'Académie, comme les premiers, avec des notes succinctes, en attendant le commentaire développé qui pourra être donné plus tard dans les Mémoires de la Mission en Perse. On verra que ces inscriptions sont pour la plupart des débris d'actes juridiques. Après les avoir gravés sur la pierre, on les avait exposés, selon l'usage, dans un temple, celui de la grande déesse de Suse, que les Grecs appelaient Arté- mis et les indigènes Nanaïa. Brisés souvent en menus fragments, ces documents mutilés attestent encore la vio- 1. Cf. Comptes rendus, supra, p. 233. . INSCRIPTIONS GRECQUES TROUVÉES A SUSE 279 lence avec laquelle fut saccagé le sanctuaire, dont les richesses avaient déjà tenté la cupidité d'Antiochus IV l et qui dut être pillé plus tard. Bien qu'on ne puisse l'affirmer jusqu'ici d'une façon absolue, il semble bien que ces consécrations fussent toutes, comme le document si heureusement restitué par Haussoullier 2, celles d'hiérodules, qui devaient servir la déesse un certain temps, puis être affranchies. Nous savons que dans les grands sanctuaires, où se perpétuait la pratique des prostitutions sacrées, vivaient des centaines de femmes que la piété des fidèles avait ainsi vouées aux déesses de la fécondité 3. On peut donc se figurer quelle quantité d'actes de donation ont dû être conservés de la sorte dans le temple de Nanaïa, et il n'est point surprenant que quelques débris en soient parvenus jusqu'à nous. 1. Petite plaque de pierre, brisée en trois fragments et mutilée du bas. Larg. 17 cm. ; haut. niax. 8 cm. — Hauteur des lettres : 4 à 8 mill. Les caractères sont irréguliers et mal gravés ; les trous creusés au foret pour marquer l'extrémité des traits restent visibles. On notera la forme arrondie des a, empruntée à la cursive : IWiXsûovtoç SsAe'jxou Itooç Xp' f.[Y)]vb[ç] . • • Aaiuiou sv ZsXeuxswti [t|îji ttpoq twi Ey- Xaion àsiépuxTSv KaXXiçàW Aio5o>- pou, ça[Aevoç sî[v]ai xwv ûxb AXÉ- . 5 ÇavSpov '.TCxéwv, 'AîtoXXtovi xat 'ApTsp.i§i AaiTtaiç û^èp t^ç [2s- Xsjîcou tou ^aatX[é]to; xai A[as- xîjç [^a<riX]ijaYj[ç 1. II Macchab., I, 13. 2. Mémoires de la Mission en Perse, XX, 1928, p. 85, n° 4. 3. Cf. Strabon, VIII, 6, £20, p. 378 C, à propos deCorinthe :"ûurenXstou? T) ^tXta; Upo5oûXouç £xsxty)TO (to Upàv) éraipaç aç àvîti'Osarav xrj 0£w xal avôpe; xal^uvaus;. Cf. XI, 14, § 16 pour le temple d'Anaïtis dans l'Acilisène et XII, 3, § 36 pour celui de Ma à Comane. 280 COMl'TES RENDUS DE L 'ACADÉMIE- DES INSCRIPTIONS L'orthographe est correcte, sauf qu'à la 1. 4, le lapicide a gravé un M au lieu du N de eTvac. — De faibles traces du haut de caractères dans l'angle gauche inférieur montrent que le texte se continuait sur la partie manquante de la pierre. « Sous le règne de Séleucus, l'an 130, au mois de Daisios, à Séleucie de l'Eulaios, Calliphon, fils deDiodore, ayant déclaré être un des cavaliers (servant) sous Alexandre, a consacré à Apollon et à Artémis Daïttaï pour le salut du roi Séleucus et de la reine Laodice ...» La suite du texte mutilée devait indiquer ce que Calliphon avait consacré aux dieux. Peut-être était-ce une jeune esclave (xatciaxrj), comme dans l'acte d'affranchissement de Suse que nous avons publié d'après les notes d'Haussoullier * . Notre inscription, en effet, n'est pas une simple dédicace, comme on pourrait le croire à première vue, mais le préambule, ou, pour parler latin, la praescriptio d'un document juridique, dont les formules sont analogues à celles de l'acte 1. Mém. Miss, de Perse, XX, 1928, p. 84, n° 4. Cf. sur cette forme de Taffranchissementen Babylonie, Koschaker, Zeitsc.hr. der Savigny-stiftang, LI, 1931, p. 429. et, plus complètement, Abhandl. Akad. Leipzig, X.LU n"l, 1931, p. 70 s. INSCRIPTIONS GRECQUES TROUVÉES A SUSE 281 cité. On voit maintenant qu'il faut bien lire dans celui-ci, à la 1 . 2, èv SsXeuxsiaTrjnupbç xôn EùXaiwt, comme nous l'avions supposé J, Séleucie de l'Eulaios étant le nom officiel de Suse, devenue une colonie macédonienne2. Le mois de Daisios de l'année \ 30 des Séleucides répond à mai-juin 183 av. J.-C. et il s'ensuit que le roi nommé est Séleucus IV Philopator, qui monta sur le trône en 187 et fut assassiné par son ministre Héliodore en 175. L. 3, àapiépwaev, terme habituel à Suse pour a consacrer» ; cf. Mém., l. c, n° 4, 1. 3, et infra, n° 5. Calliphon, fils de Diodore « a déclaré être un des cavaliers sous Alexandre». Il ne peut s'agir ni d'un des tazeiç ayant servi sous Alexandre le Grand, comme ceux qui sont énumérés dans une dédicace d'Orchomène 3, car la chronologie s'y oppose, ni d'un descendant d'un de ces cavaliers, car il faudrait alors une autre formule. L'expression tôv ùtzo 'AXsijavSpov l~id<ov signifie simplement que Calliphon sert sous un commandant nommé Alexandre. De même, dans la convention conclue entre Eumène de Pergame et ses mercenaires 4, on lit : "Opy.oç ov wjaousv Ilapa;j.3voç -/.ai oî ^Y£i«V£? y-a- otùç'aÛTsùç c-paTiwxai. . . */.al 'Aruvaç b '.Ttxxpyyiç xalcî ûç 'aÙTÔv Ixzsîç. La tournure laoraip-svcç (ou wv) br.o xbv osïva est habituelle à l'époque hellénistique pour marquer la relation entre les simples soldats et leurs chefs immédiats •', qui sont les y)vs;j.5vsç dans l'infanterie et les tXap/ai dans la cavalerie. Alexandre était donc probablement non un hipparque, un général en chef, de Séleucus IV, mais une simple « ilarque » L'inscription ayant été trouvée à Suse, on peut conjecturer qu'il commandait I'ïXyj {âajiXixrj, la troupe d'élite qui accom- 1. Cf. aussi m/ra, nM 2 et6. 2. Mém., l. c. p. 82. 3. C1G. Sept., 1, 3206, = Michel, 1112. 4. Michel, n° 15= Dittenbergeiy Or. /user., 266, 1. 20; cf. 1. 59. 5. Cf. l'inscription de Théangéla publiée par Rostovtzeff, Revue des études anciennes, XXXIII, 1931, 1. 7 ss.et les exemples cités dans le commentaire, p. 13, notamment Dittenberger, Or. Inscr.,n" 229, 104 : Tt'fxtovt i Ç évo'.i \>r.o Ttfifova. 282 COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS pagnait le roi1, mais rien ne l'indique dans le texte. L'ex-r pression « un des cavaliers sous Alexandre » rappelle l'usage constant à l'époque romaine de désigner les centuries ou les turmes dont font partie tel ou tel légionnaire ou eques, par le nom du centurion ou du préfet qui les commande 2. . Le libellé de notre inscription otxuevoç thaï se comprendrait difficilement s'il s'agissait d'une simple dédicace de Calliphon lui-même, mais il s'explique dans le préambule d'un acte dont la copie authentique a été gravée sur la pierre. Le rédacteur de ce document juridique a simplement noté la déclaration de Calliphon, sans en prendre la responsabilité. Il ne paraît pas possible de rattacher çipsvoç etvai au nom qui précède et de traduire « ayant dit être fils de Diodore » , car on s'attendrait dans ce cas au verbe YSY^vevai, non stvau L. 5-6. Calliphon a consacré quelque personne ou quelque objet à Apollon et Artémis AaiTTaiç. Ce surnom intéressant se retrouve à Daphné près d'Antioche, dans une lettre par laquelle Antiochus III désigne un nouvel « archiprêtre » de ces mêmes dieux 3 : T'îj^ àp^ispaxruvyjç tgu 'AtcôXXwvoç xa't tîjç ApT£|M$oç tôW Aai'-wv xat twv aXXwv lepfôv wv Ta tsu.évtj suitv exl Aa?VTjç TCpoffSsoj/ivYjç àvofo^ spiXcu, SuvYjaojAévcu Se Tîpoaxyjvat â^iax;. Mais cette épithète inconnue a paru suspecte aux épi- graphistes, qui l'ont corrigée de trois façons différentes *. La pierre est conservée aujourd'hui à l'Université de Yale et M. Rostovtzeff, qui a attiré mon attention sur elle, m'a t. Cf. Realenc, s. v. I'Xyj, col 997, n° 2; Berve, Das Alexanderreich, 1926» I, p. 104 ss. 2. P. ex. en Egypte, y(âpxi]ç a' Q^aidiv -:ùp^.r\/; Ilpewxou (Lesquier, V&r- mée d'Egypte, p. 136 ss., n° 22). La ressemblance est d'autant plus étroite que sous les Romains i\dpyrr\i est uploads/s1/ cumont-inscriptions-grecques-trouvees-a-suse-1931-crai-0065-0536-1931-num-75-3-76089-pdf.pdf
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- Publié le Oct 25, 2021
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