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•Vf"''',' il » ^ L'ŒUVRE DES BOLLANDISTES DES; PRESSES DE JULES DE MEESTER & FILS A WETTEREN (BELGIQUE) A TRAVERS TROIS SIECLES L'œuvre des BoUandistes 1615-1915 PAR HippoLYTE DELEHAYE S. I. BRUXELLES Bureaux de la Société des BoUandistes 22, Boulevard Saint-Michel 1920 m -81955 A 1 ^^\ Monsieur J. Franklin Jameson directeur de rAmerican Historical Review INTRODUCTION Il y a quelques années, le distingué biblio- thécaire de l'Académie des Lincei, rendant hommage, en termes chaleureux, SLUxActa sanc- torum, rappela qu'en 1915 les boUandistes célé- breraient le troisième centenaire de l'apparition du Vitae Patrum de Rosweyde, qui est comme le point de départ de l'entreprise *. A vrai dire, les boUandistes songeaient beau- coup plus à la faire avancer qu'à commémorer des anniversaires. Mais puisque d'autres y pen- saient pour eux, pouvaient-ils laisser passer, sans jeter un regard en arrière, la coïncidence I. G. Gabrieli, San Brizio e sun Niccta (Grottaferrata, igi2), p. 3-4. En 1893 un bibliolhccaire de l'université de Tubingue avait commémoré à sa façon le 250^ anniversai- re de l'apparition du premier volume des Acia Sanctorum par un article aux allures étranges. K. GEiGbR, Aus der Wcltder Aaa Sancturum, dans Deutsch-Evangelischc BUit- ter,t XViII(i8^3), p. 573-96. Cf. Analicia Buliundtana, t. XIII (i8^4j,p. 28S 89. 7, INTRODUCTION qui ramenait le second centenaire de la mort de Papebroch (f 1714) presque en même temps que le troisième centenaire de cette aurore du bol- landisme que fut la Vte des Pères ? Le début de 1915 semblait un moment bien choisi pour unir dans un même souvenir reconnaissant celui qui avait préparé les voies aux Acia sanctorum, et celui qui fut le plus illustre représentant de la critique hagiographique. Le seul énoncé de la date nous dispense d'expliquer pourquoi ce pro- jet n'eut point de suite. Si le moment où l'on aime à se laisser avertir, par le millésime, d'un devoir à remplir est passé, il n'est pas trop tard pour donner sur l'œuvre bollandienne, inséparable des noms de Roswey- de et de Papebroch, un aperçu que beaucoup de ses amis réclamaient. Dire comment elle est née, à qui elle doit sa forme et ses accroisse- ments, dans quel esprit elle a été conçue, quel- les directions lui ont été imposées par l'évolu- tion de ses principes non moins que par les circonstances, quel est son bilan à l'heure actu- elle, comment il faut s'y prendre pour tirer par- ti des ressources qu'elle a créées, tel est l'objet de ces pages '. I. Elles ont paru, à l'exception du dernier chapitre, dansl:s Études de Taris, du 20 mars au 20 août 1919. INTRODUCTION 3 L'œuvre boUandienne n'a pas à se plaindre de n'avoir pas été louée selon son mérite. Nous dirons même que sa réputation est un lourd héritage pour ses continuateurs. Il est vrai qu'elle trouve parmi ses admirateurs une classe fort nombreuse de gens qui se laissent volon- tiers impressionner par le chiffre imposant et le poids des volumes, et qui ont pour les boUandis- tes une sorte- de respect superstitieux ; Sacrés ils sont... on sait le reste. Le seul suffrage que puisse ambitionner un érudit, c'est celui de ses pairs ou de ses maîtres, et de ce côté encore les hagiographes n'ont pas été mal partagés. Nous n'avons pas l'intention de rappeler ces témoi- gnages, sinon exceptionnellement. Nous ne vou- drions pas, surtout, que cet exposé prît les allu- res d'un panégyrique. La Société des bollandis- tes n'a jamais passé pour une société d'encen- sement mutuel. Mais on ne nous interdira pas d'éprouver une vive sympathie mêlée de grati- tude pour ceux qui nous ont ouvert les voies, et de nous rappeler que nous vivons dans le rayon- nement de leur gloire. Mieux initiés que beau- coup d'autres aux secrets du métier, nous voy- ons mieux les difficultés de leur tâche, et il n'est que juste de ne pas dissimuler les mérites de ces pionniers. g q^v^^ 4 INTRODUCTION Les références n'encombreront pas le bas des pages. Notre source principale sont les Acta avec les travaux qui s'y rattachent et surtout les biographies des collaborateurs écrites par leurs collègues et insérées ordinairement dans le premier volume paru après leur décès. Cer- tains dossiers d'archives ont été consultés et aussi la correspondance des anciens bollandi- stes. Hélas! une partie importante de cette cor- respondance a péri dans le fatal incendie de la bibliothèque de l'Université de Louvain, où dom Pitra, plus tard cardinal, a trouvé un volume entier de lettres de Papebroch *. On pourrait citer un nombre considérable d'articles et de notices ayant pour objet l'en- semble ou quelque épisode de l'histoire de l'œu- vre. Nous n'indiquerons que la dissertation du P. Van Hecke : Dô ratione universa operis^ en tête du tome VII d'octobre, et l'article du P. De Smedt, Bollandtsts, dans VEncyclopédie catholique de New-York. Et puisque le nom du cardinal Pitra a été cité, nous ne pouvons oublier que les articles enthousiastes consacrés par lui à la col- lection bollandienne et réunis en volume n'ont I. Etudes sur la collection des Actes des saints (Paris, 1850), p. 68. INTRODUCTION 5 pas peu contribué à attirer sur l'œuvre renais- sante l'attention du clergé français. Ecrits pour des journaux *, ils ont gardé l'empreinte de leur origine. Les nombreuses inexactitudes qui les déparent et le style peu en harmonie avec la gravité du sujet ont eu pour effet de les faire vieillir rapidement. I. Principalement dans l'Univers, 184.7, numéros des 5, 8, II, 15, 21, 26 septembre. D'autres parties de l'ouvrage indiqué ci-dessus ont paru dans l'Université catholique, 2* série, t. VII, pp. 3^2, 411, 520 ; t. VIII, p. 37 ; t. X, p. 182. L'ŒUVRE DES BOLLANDISTES. CHAPITRE PREMIER L'œuvre. En 1603, le P. Olivier Manare, un Tournai- sien, envoyé en qualité de visiteur parle géné- ral de la Compagnie de Jésus, parcourait les maisons de la Province de Belgique *, Il se fai- sait renseigner sur les études et tâchait de se rendre compte de la direction qu'il fallait leur donner pour le plus grand bien de l'Eglise et l'honneur de la Compagnie. Un des religieux qu'il interrogea à ce sujet, lui dit qu'en lisant les Vies des saints il avait été frappé d'y rencontrer tant d'histoires apocry- phes, parfois même d'une orthodoxie douteuse. Les bibliothèques de Belgique étaient riches en manuscrits hagiographiques, et il serait facile d'en faire venir d'ailleurs beaucoup d'autres dont la publication valait la peine d'être entre- I. Memoriale de Patris Heribcrtt instituto quoad sanctorum historias et vitas illustrandas, à la bibliothèque des Bollan- distcs, manuscrit 25g, publié dans ^«a/«c/es />oar servir à l'histoire ecclésiastique de Belf^ique, t. V, p. 263-270. Courte biographie du P. Manare dans B. Losschaert, P. Oliverii Manarei S. I. Exhortationes (Bruxelles, 1912), p. 3*-i2*. 8 l'œuvre des bollandistes prise pour la gloire de l'Eglise et des saints. < Si les supérieurs le jugent bon, concluait-il, et qu'ils m'en donnent le loisir, je n'aurais aucune répugnance à me charger d'un pareil travail. » L'idée fut accueillie et le visiteur demanda un mémoire à communiquer aux consulteurs de la Province, ainsi qu'un autre destiné au Père général, Claude Aquaviva. Examiné à Rome et à Bruxelles, le projet fut approuvé, et le P. Ros- weyde. autorisé à se mettre à l'œuvre. Le P. Héribert Roswey, que nous continue- rons à appeler, selon l'usage courant, Roswey- de', naquit à Utrecht, le 21 janvier 1569. Reçu au noviciat de la Compagnie de Jésus à Tour- nai le 21 niai 1588, maître es arts à l'Université de Douai en 1591, il se prépara de bonne heure aux travaux d'érudition. Il prit l'habitude de consacrer les loisirs que lui laissaient ses étu- des et plus tard son enseignement à visiter les bibliothèques des abbayes voisines de Douai. D'autres villes devinrent par la suite le centre I. Il si^ne lui-même Ros-vvey dans V Album novitiorum, et c'est aussi la forme adoptée dans les premiers catalo- gues de la Province belge qui mentionnent son nom. Plus tard, il est inscrit sous le nom de Rosweydus. En tcte de ses ouvrages, il écrit parfois Ros-wôydus. Voir l'article Roswiyde par le P. Alfred Poncelet dans la Biographie nationale. l'œuvre g de ses explorations : Louvain, durant ses étu- des théologiques ; puis Anvers, où il exerçait les fonctions de préfet des études à l'époque où il eut avec le P. Manare l'entretien mémorable qui décida de l'entreprise. Dès que le Père général eut permis au P.Ros- weyde de tourner de ce côté son activité, le P. Bernard Olivier, provincial de Belgique, lui fournit l'occasion d'explorer les bibliothèques de Liège, et rien ne semblait s'opposer à ce que les travaux préparatoires à la publication des vies des saints fussent activement poussés, lors- qu'un professeur de controverse étant tombé malade à Saint-Omer, il fallut que le P. Ros- weyde, le seul homme jugé capable de le rem- placer, allât occuper sa chaire. Trois années entières se passèrent dans cet enseignement, et l'hagiographe ne rentra à Anvers qu'en 1606. C'est là qu'après avoir mis en ordre les pre- uploads/s1/ delehaye-l-x27-oeuvre-des-bollandistes-a-travers-trois-siecles-1615-1915-1920 2 .pdf

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  • Publié le Jul 28, 2021
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