les indiscrets Dossier enseignant du projet pédagogique 2017/2018 2 Fondation e

les indiscrets Dossier enseignant du projet pédagogique 2017/2018 2 Fondation espace écureuil pour l’art contemporain Dossier d’accompagnement du projet pédagogique les indiscrets Un projet pédagogique en partenariat : Fondation espace écureuil, Toulouse Maison des Associations, Toulouse Julie Hourlier de Préval Professeure d’arts plastiques chargée de mission au service éducatif auprès de la Fondation espace écureuil pour l’art contemporain, Académie de Toulouse. 3 Fondation espace écureuil - 3 place du capitole - 31000 Toulouse - 05 62 30 23 30 educatif@caisseepargne-art-contemporain.fr / contact@ caisseepargne-art- contemporain.fr 4 SOMMAIRE 1. Introduction générale ........................................................................................... 6 2. L’art de la discrétion ............................................................................................ 9 (A) PERCEVOIR ...................................................................................................... 9 LE PEU ................................................................................................................... 14 ENTRE (NOUS) ..................................................................................................... 19 LE DON .................................................................................................................. 24 LE JE-NE-SAIS-QUOI (et LE PRESQUE-RIEN) .................................................... 27 DE L’INUTILE ......................................................................................................... 31 LIER ....................................................................................................................... 34 REGARDE OU TU MARCHES .............................................................................. 36 (INCOGNITO) ......................................................................................................... 41 L’INFINI .................................................................................................................. 44 3. Fiche pédagogique Quentin Jouret – touriste ................................................ 48 4. Fiche pédagogique Stéphane Thidet – Tout un Monde ................................. 52 5. Conclusion .......................................................................................................... 58 6. Programmes ....................................................................................................... 59 7. Glossaire ............................................................................................................. 61 8. Bibliographie ....................................................................................................... 62 9. Contenu mallette pédagogique ......................................................................... 63 5 L’architecture du dossier fait écho à la scénographie de l’exposition qui développe dans des salles distinctes chacune des occurrences de la discrétion. Ainsi les textes du dossier déclinent des références historiques et développent une réflexion autour d’une constellation de thèmes auxquels sont associées des pistes pédagogiques. L’ensemble des textes du dossier est destiné à tous les enseignants, du premier degré aux formations de l’enseignement supérieur ; les pistes pédagogiques ont été conçues pour s’adresser à des niveaux et à des programmes disciplinaires précis. Une couleur différente a été utilisée pour distinguer les pistes pédagogiques de chaque cycle. Vous pourrez vous repérer grâce à ce code coloré, selon vos programmes et vos inspirations : La couleur Rose a été choisie pour les écoles du primaire. La couleur Bleue a été choisie pour les établissements du secondaire. La couleur Jaune a été choisie pour l’enseignement supérieur. Contributeurs précieux au dossier : Groupe Arts et culture, Valérie Simoulin, conseillère pédagogique des arts plastiques pour les écoles primaires. Frédéric Jourdain, responsable service éducatif de l’enseignement supérieur pour la Fondation espace écureuil. Plan de l’exposition « l’art de la discrétion » par Quentin Jouret 6 1. Introduction générale « La discrétion qui, de toutes les vertus, est la vertu suprême » Milan Kundera, La Lenteur, 1995. La discrétion est une attitude, un caractère, une manière de faire... Le « discret » sait passer inaperçu, se fondre dans le décor, garder un secret, agir avec réserve. Aujourd’hui, certains artistes contemporains ont le désir de revenir à des productions qui convoquent cette posture ou cette notion. Après des décennies de réalisations plastiques monumentales et qui semblent flirter dangereusement avec un monde spéculatif, on voit émerger, doucement mais sûrement, une scène artistique qui œuvre autour de l’intime, du détail, du peu, du presque rien, de l’imperceptible… et surtout du sensible. « Le véritable art est celui qui ne paraît pas être de l’art et on doit par-dessus tout s’efforcer de le cacher » Baldassare Castiglione, Le Livre du courtisan, 1528. « L’art de la discrétion » nous aide-t-il à appréhender ou à nous réapproprier le monde afin de comprendre plus subtilement ses enjeux et pouvoirs ? Nous permet-il d’accéder à plus de délicatesse, ou de faire usage de davantage de patience ? Au contraire, ne contribue-t-il pas à amener de la subversion lorsque la censure devient trop forte ? Ne consiste-t-il pas simplement à inventer une autre manière de percevoir ? Cette pratique de la discrétion dans le domaine artistique n’est pas précurseuse en soi, on la retrouve notamment au XVème siècle dans le célèbre tableau Le portrait des époux Arnolfini de Jan van Eyck. Le peintre glisse délicatement son autoportrait dans le miroir en arrière-plan de la scène et une inscription « Johannes de Eyck fuit hic » signifiant « Jan van Eyck fut ici ». Un peu plus tard, au XVIIème siècle dans David avec la tête de Goliath du Caravage, l’identification du modèle est un détail qui prend toute son importance. Pour certains spécialistes, la tête de Goliath est celle du peintre en pleine repentance et pour d’autres, elle n’est qu’une provocation de plus contre la religion. Il a réussi à détourner le sujet principal, discrètement, en intégrant son autoportrait dans la peinture. Nombreuses sont les œuvres de cette période qui donnent à l’implicite une valeur primordiale. Prenons pour seul exemple Le dessert de gaufrettes du peintre français Lubin Baugin (1630, musée du Louvre) : la simplicité des objets qui y sont représentés (un verre de cristal, une cruche à vin et quelques gaufrettes sur un plateau d’étain) associée au dépouillement de la composition en font une ode explicite aux plaisirs simples du quotidien. Pourtant, chacun de ces objets renvoie discrètement et 7 implicitement au rituel de l’eucharistie (partage du pain et du vin symbolisant le corps et le sang du Christ). L’austérité du décor et de l’éclairage de cette petite nature morte d’apparence profane renforce la gravité de ce qu’elle symbolise pour le spectateur croyant de l’époque et qui néanmoins demeure invisible à ses yeux : le sacrifice du fils de Dieu. Au XXème siècle, Marcel Duchamp a été un des premiers modernes à œuvrer dans le sens de la discrétion. D’abord avec son Grand verre qui fut pendant longtemps une œuvre secrète et même légendaire chez les surréalistes. Puis avec Étant donnés (...), dont seulement trois personnes connaissaient l’existence du projet, avant sa mort. Pourtant, ces deux œuvres font parties des plus commentées du XXème siècle. Mais Marcel Duchamp et ses Ready-Made jouaient déjà avec l’invisible, l’insaisissable, le léger et le « mince » (l’inframince...). Son ombre flottera subtilement dans les dédales des cloisons montées pour l’occasion à la Fondation. La notion de discrétion semble donc renaître aujourd’hui dans le travail de nombreux plasticiens contemporains. Pourquoi maintenant ? Peut-être, pour mieux ressentir les vibrations silencieuses et les enjeux invisibles du monde dans lequel nous vivons et qui s’impose à nous dans l’outrance de ses images et de ses slogans. Pour chacun des spectateurs de cette exposition, c’est l’espace du sensible qui est ici invité, convoqué et réinterrogé. Quentin Jouret, artiste plasticien et enseignant à l’IsdaT, est devenu, le temps d’une exposition à la Fondation espace écureuil, commissaire d’exposition. Et, nous ne pouvons dissocier cet événement de sa thèse, soutenue en 2015 à l’université Toulouse-Jean-Jaurès, sous le titre pour le moins éloquent L’art de la discrétion. L’infranuance et le petit usage (consultable dans l’exposition). Il a souhaité organiser l’exposition sous forme de « constellations ». C’est à dire en dix occurrences qui seront intitulées et toutes développées dans le dossier : (A) Percevoir. Le peu. Entre (nous). Le Don. Le Je-ne-sais-quoi (et le presque-rien). De l’inutile. Lier. Regarde où tu marches. (Incognito) L’infini 8 Quentin Jouret a construit chacune d’elles en empruntant des œuvres d’artistes contemporains à différents FRAC (Fonds régionaux d’art contemporain), mais aussi des pièces issues de champs et d’époques différents, à trois musées de Toulouse : Georges- Labit, Saint-Raymond et les Augustins. En effectuant ces rapprochements, Quentin Jouret suggère avec délicatesse qu’une œuvre vit pour elle-même mais entre également en relation avec d’autres. Elle engage discrètement un dialogue avec le regardeur mais aussi avec ses pairs. La discrétion n’est pas seulement le thème central de l’exposition mais devient le mode opératoire de chacune des œuvres présentées, encourageant le spectateur à être particulièrement attentif ou à veiller soigneusement à le rester. Il s’agit bien d’une attention portée à la marge, à l’anodin, au silence. Si cette posture est induite par les œuvres de l’exposition, elle n’est pas pour autant limitée à la sphère artistique. Et ce que souhaite le plus Quentin Jouret en promenant ce concept à travers différentes pratiques, est « de faire apparaître, en creux, un certain art de vivre ». Nous espérons que cette exposition, mais aussi les deux précédentes, « touriste » (exposition personnelle de Quentin Jouret) et « Tout un Monde » (de Stéphane Thidet) seront des sources inépuisables pour imaginer et concevoir avec vos élèves les futures productions plastiques qui seront exposées aux mois de mai et juin 2018. Vous trouverez au fil des pages, un dossier complet sur « L’art de la discrétion » ainsi que les deux fiches pédagogiques concernant les deux expositions citées ci-dessus. Nous avons traité un grand nombre d’entrées du programme, dans l’objectif de vous plonger avec délicatesse dans cette nouvelle aventure. 9 Gabriel Orozco, Dog urine in snow. 1993. 2. L’art de la discrétion (A) PERCEVOIR « On n’a pas encore découvert ce langage qui pourrait exprimer d’un seul coup ce que l’on perçoit en un clin d’œil » Nathalie Sarraute, Le Planétarium, 1959. (A) PERCEVOIR ce qui est là mais qui n’apparaît que discrètement. C’est léger, fugace, intime… mais bien présent. Cette constellation autour de la thématique de la perception aborde en premier lieu la question du Regard. Elle interroge notre manière de voir, d’être attentif aux détails, de relever le fragment, de mettre en exergue uploads/s1/ dossier-pedagogiqueart-de-la-discretion.pdf

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  • Publié le Jui 07, 2022
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