Georges Dumézil Mythes et dieux des Indo-Européens précédé de Loki, Heur et mal

Georges Dumézil Mythes et dieux des Indo-Européens précédé de Loki, Heur et malheur du guerrier Flammarion Collection : 1001 pages Maison d’édition : Flammarion Pour LOKI : © Flammarion, 1986. Pour HEUR ET MALHEUR DU GUERRIER : © Flammarion, 1985. Pour MYTHES ET DIEUX DES INDO-EUROPEENS: © Gallimard, pour Mythe et Épopée, tome I, 1968 et 1986 ; Idées romaines, 1969 et 1980 ; L’Oubli de l’homme et l’honneur des dieux et autres essais, 1985 ; Discours de réception de M. Georges Dumézil à l’Academie française et réponse de M. Claude Levi- Strauss, 1979. © Latomus, L’Idéologie tripartite, 1958. © Payot, Mariages romains, 1979. © Collège de France, Lecon inaugurale. © Flammarion, 1992, pour les autres textes de Georges Dumézil et pour la présentation de Herve Coutau-Begarie. © Flammarion, 2011, pour cette édition et pour la préface de Bernard Sergent. ISBN numérique : 978-2-0812-6650-6 ISBN du pdf web : 978-2-0812-6651-3 Le livre a été imprimé sous les références : ISBN : 978-2-0812-4015-5 Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo. Présentation de l’éditeur : « Une grammaire, pour moi, c’est un roman. » Ainsi Georges Dumézil évoquait-il sa passion pour les langues, point de départ d’une exceptionnelle carrière d’historien et de philologue. Professeur au Collège de France et membre de l’Académie française, il fut l’auteur d’une œuvre abondante, qui n’a cessé d’explorer la civilisation perdue des Indo-Européens et dont l’influence atteint l’ensemble des sciences humaines. La présente édition, qui rassemble quelques-uns de ses plus grands textes, constitue une introduction générale à la pensée et à la méthode de Dumézil. Loki est un ouvrage exemplaire de comparatisme : le personnage du folklore scandinave qui donne son nom au livre y apparaît comme le chaînon manquant entre l’Islande médiévale des sagas et l’univers du Mahabharata. Heur et malheur du guerrier aborde le dossier des mythes et des rites de la fonction guerrière chez les Indo-Européens. Mythes et dieux des Indo- Européens est un recueil de textes caractéristiques des résultats scientifiques et de la méthode du savant. Trois ouvrages fondamentaux, qui rappellent à chaque page combien l’inventeur de la « tripartition fonctionnelle » était aussi un amateur d’histoires et de légendes. Mythes et dieux des Indo-Européens PRÉFACE « Une grammaire, pour moi, c’est un roman. » C’est ainsi que, quelques années avant sa mort (en 1986), Georges Dumézil évoquait sa passion de toujours pour les langues, point de départ d’une exceptionnelle carrière d’historien, de philologue et de mythologue. Immense savant, professeur honoraire au Collège de France et membre de l’Académie française, Georges Dumézil fut l’auteur d’une œuvre abondante qui n’a cessé d’explorer la civilisation perdue des Indo-Européens – une œuvre que sa vie durant il a sans relâche remaniée et mise à jour ; une œuvre mondialement reconnue et dont l’impact atteint l’ensemble des sciences humaines. Pour autant, et malgré l’heure de gloire du maître dans les années 1980, qui ne contribua pas peu à une meilleure diffusion de ses travaux, ses ouvrages demeurent d’une lecture exigeante, difficile à vulgariser. La présente édition, qui rassemble quelques-uns de ses plus grands textes, se veut ainsi une introduction générale à la pensée et à la méthode de Dumézil : Loki est un ouvrage exemplaire de comparatisme mythologique ; Heur et malheur du guerrier aborde le dossier des mythes et des rites de la fonction guerrière chez les Indo- Européens. Tous deux sont des livres fondamentaux, admirables sur les plans de l’érudition et de la démonstration tout comme au niveau littéraire. Sous le titre Mythes et dieux des Indo-Européens, on trouvera un recueil (élaboré en 1992 par Hervé Coutau-Bégarie) de textes caractéristiques des résultats scientifiques et de la méthode du savant. Né à Paris en 1898, très tôt passionné par la matière mythologique et par les langues (il aimait à évoquer l’acquisition de sa première grammaire historique du latin et celle de sa première grammaire de sanskrit comme des moments-clés de sa vie), Georges Dumézil a consacré son existence à une unique spécialité : les études indo-européennes, du nom de ce domaine (allant de l’Inde à l’Europe ; de la mer du Nord à l’Iran) que, depuis le XIXe siècle, historiens et linguistes ont supposé avoir été occupé par un même peuple, ancêtre de tous ceux qui aujourd’hui parlent des langues appartenant à la même famille linguistique dite « indo-européenne » (des langues aussi diverses que le grec et le latin, le celte, le germain, les langues slaves, le persan ou l’hindi… Voir tableau p. 826-827). Au sein de cette discipline, c’est un problème précis qui intéresse Dumézil : si les langues de ces peuples sont aussi étroitement apparentées, il doit également exister entre ces derniers des ressemblances culturelles, des similitudes socioreligieuses, des divinités analogues, témoignant de la préhistoire commune qu’implique leur apparentement linguistique. C’est ce qu’il s’est attaché à découvrir. Dumézil n’était pas le premier à se poser la question : celle-ci avait en réalité surgi dès les années 1840, à la suite des grands travaux qui avaient démontré la parenté des langues, au début du XIXe siècle. À l’époque où Dumézil atteint l’âge de s’intéresser à ce sujet, les études comparatistes se signalaient par un contraste remarquable : alors que la parenté des langues indo-européennes était acquise, que les dictionnaires étymologiques des langues indo- européennes se multipliaient, que les études de linguistique remplissaient les revues toujours plus nombreuses, les études de mythologie comparée avaient en revanche abouti à un échec, ce malgré les efforts de chercheurs comme Adolphe Pictet, Adalbert Kuhn, ou Friedrich-Maximilian Müller. Ces trois auteurs, travaillant sur les premiers acquis, avaient posé un grand nombre d’équations entre noms de dieux ou de héros ; mais à la fin du XIXe siècle, les travaux de phonétique de Karl Brugmann, qui établissent des règles rigoureuses de rapprochement linguistique entre les mots des différentes langues, amènent à rejeter la plupart de ces équations. De la sorte, au début du XXe siècle, le bilan était bien maigre : pas un seul nom de héros, pas un seul nom de prêtrise, n’était commun à plus de deux langues indo-européennes, et un seul nom de dieu était véritablement commun à plusieurs langues : celui qui est en grec Zeus, en latin Jupiter, en vieil-indien Dyaus, en vieil-allemand Ziu, en norrois (langue de la Scandinavie ancienne) Tyr. Les bilans qui sont rédigés alors (sous la plume d’Otto Schrader ou de Hermann Hirt) n’ont à proposer que des rapprochements entre dieux lituaniens (connus par des textes des XVIe et XVIIe siècles) et dieux latins – rapprochements qui permettent, selon eux, de percevoir l’état « primitif » de la religion indo-européenne. Pourtant, le maître de Dumézil à l’université, Antoine Meillet (1866-1936), qui dominait les études de grammaire comparée en France dans la première moitié du XXe siècle, gardait, malgré son extrême rigueur, une nostalgie pour certains des rapprochements opérés par les auteurs nommés ci-dessus : celui entre les termes brahmanes et flamines, catégories sacerdotales indienne et romaine ; entre ambrosia et amr ̥ tā, noms grec et vieil-indien d’une nourriture ou boisson d’immortalité (voir ci-dessous) ; entre le nom des Centaures grecs (Kentauroi), celui des Gandharva indiens, et celui du februum latin. Lorsque Dumézil lui fait part de ses centres d’intérêt, Meillet l’encourage à reprendre l’étude de ces dossiers comparatifs. Ce jeune Dumézil qui, dès le bac, s’oriente vers la linguistique est, déjà, un homme étonnant. À sa sortie du lycée, il maîtrisait l’allemand, mais aussi le grec et le latin. De plus, à l’âge de 14 ans, il avait eu la chance de rencontrer le grand-père d’un de ses camarades, qui n’était autre que Michel Bréal, l’introducteur de la grammaire comparée indo-européenne en France. Bréal lui avait donné une grammaire de sanskrit, grâce à laquelle Dumézil s’était lancé seul dans l’apprentissage de cette langue. Il parlera plus tard de la « voie royale de la linguistique comparative qui, de Bréal à Meillet, de Meillet à Benveniste, s’allongeait sous [ses] yeux… ». Voici en tout cas quatre langues indo-européennes dans son bagage. Et il n’en a pas fini avec la capacité exceptionnelle qui s’exprime ici : au fil des années, Georges Dumézil apprendra la quasi-totalité des langues indo-européennes, en tout cas les anciennes, afin de pouvoir lire les textes dans leur version originale, ce qui représente un effort colossal. Mais il ne se « limitera » pas à elles : les langues caucasiennes deviendront l’une de ses spécialités (voir ci-dessous) ; il apprendra à fond l’une d’elles, l’oubykh, langue en voie d’extinction qu’il sauvera in extremis de l’oubli 1. Véritable collectionneur de langues, il apprend également les langues turques lorsqu’il enseigne à Istanbul ; en une autre occasion il se met au kičua (langue amérindienne) et apprend le hongrois (langue ouralienne) en un mois, à ce que l’on raconte ! Sous l’influence de Meillet, Dumézil s’attaque à l’un des problèmes légués par le XIXe siècle, celui du rapprochement entre le nom grec de l’ambroisie, ambrosíā, et son nom indien, amr ̥ tā : les deux mots sont en effet très voisins, ne différant, grammaticalement, que par le suffixe. Dès le uploads/s1/ dumezil-georges-mythes-et-dieux-des-indo-europeens-2015-flammarion.pdf

  • 46
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager
  • Détails
  • Publié le Jui 09, 2021
  • Catégorie Administration
  • Langue French
  • Taille du fichier 7.3928MB