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Extrait de la publication Extrait de la publication Extrait de la publication Messieurs) Nous sommes situés dans une époque importante, dans une fer- mentation, où l'Esprit a fait un bond en avant, a dépassé sa forme concrète anté- rieure et en acquiert une nouvelle. Toute la masse des idées et des concepts qui ont eu cours jusqu'ici, les liens mêmes du monde, sont dissous et s'effondrent en eux-mêmes comme une vision de rêve. Il se prépare une nouvelle sortie de l'Esprit c'est la philosophie qui doit en premier lieu saluer son apparition etla reconnaître, tandis que d'autres, dans une résistance impuissante, restent collés au passé, et la plupart constituent inconsciemment la masse de son apparition. Mais la philo- sophie, en le reconnaissant comme ce qui est éternel, doit lui présenter des hom- mages. • (Hegel, Conférences de Iéna de 1806, allocution finale.) Le courage de la vérité, la foi en la puissance de l'Esprit, sont la première condition de la philosophie. L'homme, puisqu'il est Esprit, peut et doit se consi- dérer comme digne de tout ce qu'il y a de plus sublime. n ne peut jamais surestimer la grandeur et la puissance de son esprit. Et s'il a cette foi, rien ne sera assez revêche et dur pour ne pas se révéler à lui. • (Hegel,1816.) Extrait de la publication NOTE DE L'ÉDITEUR Nous nous excusons de la composition quelque peu disparate de cet ouvrage. Le noyau en est. forme par les notes prises, de jan- vier 1933 à mai 1939, au cours que fit M. Alexandre Kojève à l'Éeole pratique des Hautes Études (5* section) sous le titre de La Philosophie Religieuse de Hegel et qui était en réalité une lecture commentée de la Phénoménologie de VEsprit. Ce sont ces notes que nous publions aujourd'hui, revues par M. Alexandre Kojève, à qui ses occupations actuelles n'ont pas permis d'écrire X Introduction à la lecture de Hegel que nous attendions de lui. Chaque année de cours est complétée par le résumé publié dans ¥ Annuaire de rÉcole des Hautes Etudes. De plus, les six premières leçons de l'année 1937-1938 et toute l'année 1938-1939 sont données dans leur texte intégral, selon une version sténographiée que l'on a bien voulu nous confier. Enfin,en guise d'introduction », on trouvera la traduction com- mentée de la section A du chapitre IV de la Phénoménologie de l'Esprit, parue sous la signature de M. Alexandre Kojève, dans le numéro de Mesures, du 14 janvier 1939. En appendice, nous avons réuni d'autres textes de M. Kojève L Le texte intégral de quatre conférences du cours de l'année 1934-1935, sur la dialectique du réel et la méthode phéno- ménologique IL Le texte intégral de deux conférences du cours de l'année 1933-1934, sur l'idée de la mort dans la philosophie de Hegel IIL Le plan de la Phénoménologie de V Esprit (plan dont les subdivisions ne s'accordent pas toujours avec celles données par Hoffmeister dans la quatrième édition, de 1937 édition à laquelle toutes nos références se rapportent de plus, ce plan permettra de se reporter à la traduction de J. Hyppolite). Le lecteur qui ne désire pas suivre le texte de la Phénoménologie pourra lire l'Introduction, puis le Résumé des pp. 161-195 et les deux premiers Appendices. .*• Cette seconde édition ne diffère de la première que par la note additionnelle de M. A. Kojève, pp. 436-437. Raymond QUENEAU. Extrait de la publication EN GUISE D'INTRODUCTION (*) Hegel. erfasst die Arbeit als das Wesen, als das sieh bewàhrende Wesen des Men- achen. KARL Marx. 1. Traduction commentée de la Section A du chapitre IV de la Phéno- ménologie de f Esprit, intitulée Autonomie et dépendance de la Conscience- de-soi Maîtrise et Servitude.Le commentaire eet imprimé en italique entre crochets. Les mots réunis par des traits d'union correspondent & un seul terme allemand. Extrait de la publication Extrait de la publication [L'homme est Conscience de soi. Il est conscient de sof, conscient de sa réalité et de sa dignité humaines, et c'est en ceci qu'il diffère essentiellement de fanimal, qui ne dépasse pas le niveau du simple Sentiment de soi. L'homme prend conscience de soi au moment où pour la« première» fois il dit: « Moi ». Comprendre l'homme par la compréhension de son « origine s c'est donc comprendre l'origine du Moi révélé par la parole. Or, tanalyse de la« pensée », de la t raison », de r « entende- ment », etc. d'une manière générale du comportement cognitif, contemplatif, passif d'un être ou d'un « sujet connaissant », ne découvre jamais le pourquoi ou le comment de la naissance du mot « Moi », et par suite de la conscience de soi, c'est-à-dire de la réalité humaine. L'homme qui contemple estabsorbé par ce qu'il contemple; le « sujet connaissant» se « perd » dans Vobjet connu. La contemplation révèle fobjet, et non le sujet. Cest tobjet, et non le sujet qui se montre à lui-même dans et par ou, mieux encore, en tant que acte de connaître. L'homme « absorbépar fobjet qu'il contemple ne peut être« rappelé à luique par un Désir: par le désir de manger, par exemple. Cest le Désir (cons- cient) d'un être qui constitue cet être en tant que Moi et le révèle en tant que tel en le poussant à dire « Je. ». Cest le Désir qui trans- forme VÊtre révélé à lui-même par lui-même dans la connaissance (vraie), en un « objetrevête à un 1 sujet»par un sujet différent de robjet et « oppose àlui. Cest dans et par, ou mieux encore, en tant que « sonDésir que Thomme se constitue et ae révèle à soi- même et aux autres comme un Moi, comme le Moi essentielle- ment différent du, et radicalement opposé au, non-Moi. Le Moi (humain) est le Mot d'un ou du Désir. L'être même de l'homme, rêtre conscient de soi, implique donc et présuppose le Désir. Par conséquent, la réalité humaine ne peut se constituer et se maintenir qu'à tintérieur d'une réalité biologique, d'une vie animale. Mais si le Désir animal est la condition nécessaire de la Conscience de soi, il n'en est pas la condition suffisante. A lui seul, ce Désir ne constitue que le Sentiment de soi. A rencontre de la connaissance qui maintient l'homme dans une quiétude passive, le Désir le rend in-quiet et le pousse à t action. Etant née du Désir, faction tend à le satisfaire., et elle ne peut le f aire que par la « négation la destruction ou tout au moins la transformation de robjet désiré pour satisfaire la faim, par exemple, il faut détruire ou, en tout cas, transformer la nourriture. INTRODUCTION A LA LECTURE DE HEGEL Ainsi, toute action est « négatrice ». Loin de laisser le donné tel qu'il est, V action le détruit; sinon dans son 2tre, du moins dans sa forme donnée. Et toute« négativité-négatricepar rapport au donné est nécessairement active. Mais faction négatrice n'est pas purement destructive. Car si l'action qui naît du Désir détruit, pour le satis- faire, une réalité objective, elle crée à sa place, dans et par cette des- truction même, une réalité subjective. L'être qui mange, par exemple, crée et maintient sa propre réalité par la suppression de la réalité autre que la sienne, par la transformation d'une réalité autre en réalité sienne, par V « assimilation », r« intériorisation » d'une réalité « étrangère »,« extérieure ». D'une manière générale, le Moi du Désir est un vide qui ne reçoit un contenu positif réel que par l'action négatrice qui satisfait le Désir en détruisant, transformant et « assimilantle non-Moi désiré. Et le contenu positifdu Moi, constitué par la négation, est une fonction du contenu positifdu non- Moi nié. Si donc le Désir porte sur un non-Moinaturel le Moi sera« naturel » lui aussi. Le Moi créé par la satisfaction active d'un tel Désir aura la même nature que les choses sur lesquelles porte ce Désir: ce sera un Moichosiste », un Moi seulement vivant, un Moi animal. Et ce Moi naturel, fonction de l'objet naturel, ne pourra se révéler à lui-même et aux autres qu'en tant que Sentiment de soi. Il ne parviendra jamais à la Conscience de soi. Pour qu'il y ait Conscience de soi, il faut donc que le Désir porte sur un objet non-naturel, sur quelque chose qui dépasse la réalité donnée. Or la seule chose qui. dépasse ce réel donné est le Désir lui- même. Car le Désir pris en tant que Désir, c'est-à-dire avant sa satisfaction, n'est en effet qu'un néant révélé, qu'un vide irréel. Le Désir étant la révélation d'un vide, étant la présence de l'absence d'une réalité, est essentiellement autre chose que la chose désirée, autre chose qu'une chose, qu'un être réel statique et donné, se main- tenant éternellement dans V identité avec soi-même. Le Désir qui porte sur un autre Désir, pris en tant que Désir, créera donc par Vaction négatrice et assimilatrice qui le satisfait, un Moi essentiellement autre que le « Moi» animal. Ce Moi, qui se uploads/s1/ introduction-a-la-lecture.pdf

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  • Publié le Mai 11, 2022
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