57 Insee Références – Édition 2022 – Dossiers – Métiers « de femmes », métiers

57 Insee Références – Édition 2022 – Dossiers – Métiers « de femmes », métiers « d’hommes » : en quoi les conditions… Métiers « de femmes », métiers « d’hommes » : en quoi les conditions de travail des femmes et des hommes diffèrent‑elles ? Les femmes et les hommes salariés ne sont pas confrontés aux mêmes conditions de travail. Leurs expositions aux risques professionnels diffèrent selon que les métiers sont mixtes, féminisés ou masculinisés, ainsi qu’au sein des métiers eux‑mêmes. Les hommes sont plus exposés aux sollicitations physiques. Ils sont davantage présents dans les métiers les plus soumis à la pénibilité physique, et ils y sont aussi plus confrontés que les femmes exerçant ce type de métier. Les femmes sont plus exposées aux risques psychosociaux. Elles exercent plus souvent des métiers de service, exposant à des contraintes d’organisation du temps de travail, à des exigences émotionnelles ou encore à une faible latitude décisionnelle. En outre, dans les métiers mixtes, dans les métiers féminisés de service et les métiers masculinisés ouvriers, où les risques professionnels sont les plus élevés, les femmes sont davantage confrontées que les hommes à tous les risques (travail intense, conflits de valeur, instabilité du poste, manque d’autonomie et de reconnaissance, etc.) à l’exception de la pénibilité physique. Ces différences d’expositions amènent à s’interroger sur le rôle des normes de genre dans les risques que les femmes et les hommes encourent dans leur travail, y compris dans leur appréhension. Les salariés n’ont pas les mêmes conditions de travail selon leur sexe [Avril, Marichalar, 2016]. Les hommes sont plus exposés à la pénibilité physique, comme porter des charges lourdes ou travailler dans un environnement agressif, alors que les femmes subissent plus souvent une pression temporelle, les obligeant à se dépêcher ou à exécuter des gestes répétitifs. Elles disposent de moins d’autonomie dans l’organisation de leur travail et sont plus exposées à une charge mentale importante (penser à trop de choses à la fois, cacher leurs émotions, etc.). Ces différences renvoient à l’inégale répartition des femmes et des hommes dans l’emploi, dans des professions différentes [Briard, 2021] mais aussi, au sein d’une même profession, à des tâches, des organisations de l’activité ou des environnements de travail différents [Fortino, 2009 ; Guignon, 2008]. Dans les secteurs de la construction et de l’industrie manufacturière, qui comptent de nombreux métiers à forte proportion d’hommes, le travail expose souvent au bruit, à la poussière ou à des produits dangereux [Rivalin, Sandret, 2014]. Les professions à forte proportion de femmes exposent davantage au « job strain », c’est‑à‑dire à une forte demande psychologique couplée à une faible latitude décisionnelle [Bercot, 2011], sans toujours épargner physiquement, comme en attestent les métiers d’agent d’entretien, d’aide‑soignant ou d’aide à domicile. Par ailleurs, au sein même des collectifs de travail, les tâches réclamant de la force physique sont plus souvent assignées aux hommes, alors que celles impliquant des aptitudes relationnelles le sont plus fréquemment aux femmes. La sous‑représentation de ces dernières dans les postes d’encadrement et leur surreprésentation dans des emplois à temps partiel peuvent en outre s’accompagner d’une moindre autonomie et d’une plus grande insécurité socioéconomique. Les études à l’origine de ces constats sont circonscrites à certaines professions ou conditions de travail, ou bien comparent les risques professionnels des femmes et des hommes dans leur ensemble, en moyenne ou à caractéristiques identiques pour neutraliser des différences liées à leur inégale répartition dans l’emploi. L’étude présentée dans ce dossier considère 88 métiers de la nomenclature des « familles professionnelles » sources et une gamme large de 74 conditions de travail méthode. Au regard de ces conditions de travail et de la proportion de femmes et d’hommes au sein des métiers, plusieurs groupes de métiers sont identifiés afin d’interroger les expositions respectives des femmes et des hommes aux risques professionnels sous deux angles : diffèrent‑elles entre les métiers selon que ceux‑ci sont exercés principalement par des femmes ou par des hommes, et diffèrent‑elles entre les femmes et les hommes qui exercent les mêmes métiers ? 58 Femmes et hommes, l’égalité en question – Insee Références – Édition 2022 Des conditions de travail qui se différencient selon la nature de l’activité et la prédominance sexuée des métiers Les seules conditions de travail permettent de distinguer sept classes de professions qui s’articulent autour de deux grandes lignes de partage figure 1. La première distingue les ouvriers des non‑ouvriers, en lien avec la nature plus ou moins physique des tâches, l’autonomie dont disposent les salariés pour les réaliser et l’organisation de leur temps de travail. La seconde est le degré d’interaction avec le public, en lien avec les tensions émotionnelles et les contraintes d’organisation du temps de travail qui peuvent en découler. Elle sépare les salariés engagés dans une relation de service à des clients ou usagers des salariés « de bureau » ou délivrant des services aux particuliers qui bénéficient d’une certaine autonomie pour organiser leur temps de travail. 1. Scores d’exposition des sept classes de métiers aux conditions de travail proches Ouvriers - Construction et agriculture Ouvriers - Industrie et tertiaire a. Métiers ouvriers Pénibilité physique Intensité du travail Manque de soutien Conflits de valeurs Manque d’autonomie Exigences émotionnelles Instabilité du poste Contraintes d’organisation Pénibilité physique Intensité du travail Manque de soutien Conflits de valeurs Manque d’autonomie Exigences émotionnelles Instabilité du poste Contraintes d’organisation Cadres et professions intermédiaires de services au public Employés de services privés b. Métiers de services à des clients ou usagers Pénibilité physique Intensité du travail Manque de soutien Conflits de valeurs Manque d’autonomie Exigences émotionnelles Instabilité du poste Contraintes d’organisation Employés de services aux particuliers Professions intermédiaires et employés de bureau Cadres de bureau c. Métiers de bureau et de services aux particuliers Lecture : la ligne en pointillés représente le score moyen pour l’ensemble des salariés, toutes professions confondues, lequel vaut 0 pour toutes les catégories de conditions de travail. Un score plus proche (respectivement éloigné) du centre correspond à une exposition moindre (respectivement plus importante). Champ : France, salariés. Source : Dares, enquête Conditions de travail 2019. 59 Insee Références – Édition 2022 – Dossiers – Métiers « de femmes », métiers « d’hommes » : en quoi les conditions… Ces sept classes de professions caractérisées par leurs conditions de travail recoupent partiellement une partition selon le degré de mixité des professions, ce qui distingue cinq groupes de métiers (deux féminisés, deux masculinisés, un mixte) méthode. Les professions masculinisées, exercées par au moins 65 % d’hommes, se partagent entre un premier groupe de métiers exposant à une pénibilité physique élevée, tous des métiers d’ouvriers, et un second groupe de métiers qui en sont généralement épargnés, composé essentiellement de métiers de bureau (cadres, professions intermédiaires et employés) et d’employés de services privés. Les professions féminisées, exercées par au moins 65 % de femmes, se partagent en deux groupes se distinguant au regard des contraintes d’organisation du travail. Le premier rassemble des métiers assez exposés à ces contraintes : cadres et professions intermédiaires de services au public et employés de services privés. Le second regroupe des employés et des professions intermédiaires effectuant des tâches administratives, ainsi que des employés assurant des services aux particuliers. Les métiers mixtes se répartissent dans six des sept classes de professions, mais un salarié sur deux exerce un métier de cadre de bureau. Ces cinq groupes comptent chacun de 11 à 23 métiers (dont les principaux sont listés en figure 2) et rassemblent de 16 % à 25 % des salariés figure 3. Ces salariés sont plus ou moins soumis à certains risques professionnels selon le groupe auquel appartient le métier qu’ils exercent. Ainsi, par exemple, les métiers masculinisés ouvriers les exposent particulièrement à la pénibilité physique, alors que les métiers féminisés de service les confrontent davantage à des exigences émotionnelles ou des contraintes organisationnelles figure 4. 2. Principales professions dans les cinq groupes de métiers en % Part des salariés Proportion de femmes Métiers féminisés de service Employés de services privés 53 76 Agents d’entretien 21 71 Vendeurs 15 70 Aides à domicile et aides ménagères 10 95 Cadres et professions intermédiaires de services au public 47 78 Enseignants 16 66 Aides-soignants 11 90 Métiers féminisés de bureau Professions intermédiaires et employés de bureau 83 78 Employés administratifs de la fonction publique (catégorie C) 18 75 Techniciens des services administratifs, comptables et financiers 12 73 Professions intermédiaires administratives de la fonction publique (catégorie B) 11 68 Secrétaires 10 97 Employés de services aux particuliers 16 97 Assistants maternels 11 98 Ouvriers de l’industrie et du tertiaire 1 66 Ouvriers qualifiés du textile et du cuir 1 66 Métiers masculinisés ouvriers Ouvriers de la construction et de l’agriculture 62 8 Conducteurs de véhicules 18 9 Ouvriers qualifiés du second œuvre du bâtiment 7 3 Maraîchers, jardiniers, viticulteurs 6 19 Ouvriers qualifiés du gros œuvre du bâtiment 6 1 Ouvriers qualifiés de la maintenance 4 7 Ouvriers non qualifiés du gros œuvre du BTP, béton et extraction 4 6 Ouvriers de l’industrie et du tertiaire 38 23 Ouvriers qualifiés de uploads/s1/ iref-fh22-d2 1 .pdf

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  • Publié le Apv 26, 2021
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