Actuel no 23 l’estampe contemporaine Actuel no 25 l’estampe contemporaine Actue

Actuel no 23 l’estampe contemporaine Actuel no 25 l’estampe contemporaine Actuel est une émanation du groupe Facebook « Parlons Gravure » Comité de sélection : Sabine Delahaut Jean-Michel Uyttersprot Catho Hensmans Comité de rédaction : Sabine Delahaut Pascale De Nève Richard Noyce Christine Pinto Jean-Michel Uyttersprot Mise en page : Jean-Michel Uyttersprot Pierre Guérin Relecture : Annie Latrille Hector Saunier pour l’estampe en couverture et pour le tirage de tête de ce numéro : un tirage pour la revue et limité à 20 exemplaires (ci-dessus). Sauf indication particulière, les visuels appartiennent aux auteurs. Les légendes des images sont à lire de gauche à droite et de haut en bas, les mesures sont celles de la surface imprimée, hauteur par largeur, sauf indications contraires. Pour toutes informations : magazine.actuel@gmail.com www.actueldelestampe.com Éditeur responsable : K1L éditions. Prix de vente : 20 € ISSN : 0774-6008 EAN : 978-2-930980-45-4 (4) Cédric Lestiennes (12) Alice Amoroso (18) Anneke Walch (24) Géraldine Daniel (30) Jullien-Clément (36) Michael Woolworth (42) Noh Jungsuk (48) Pascal Girard (54) Atelier Kasba (60) Matthieu Perramant (66) Sonia Mottier (72) Beirut Printmaking Studio Ont collaboré à l’écriture de ce numéro : Cédric Lestiennes, Alice Amoroso, Anneke Walch, Géraldine Daniel, Jean-François Jullien-Clément, Geum Hee Jeong, Pascal Girard, Luis Porquet, Kasba, Matthieu Perramant, Nohad Elhajj L a température extérieure dans certaines régions du Royaume-Uni au moment où j’écris cet édito est supérieure à 36 °C. Au pays de Galles, où je vis, il fait plus frais, 34 °C. Pendant ce temps, à Londres, la politique gouvernementale est parvenue à un croisement entre cirque et série de mauvaises blagues. Dans ce pays, nous ne sommes pas accoutumés à de telles températures, mais malheureusement nous ne sommes devenus que trop habitués à notre monde politique bizarre. Mais assez de cela, vous avez peut-être lu en partie ce qui se passe, et je n’en ajouterai pas plus. Cependant, la folie du monde actuel m’amène à réfléchir à la condition plus large de la gravure et à la façon dont les artistes-imprimeurs produisent une variété toujours croissante d’œuvres. À n’importe quelle exposition, ou dans n’importe quel concours, ou sur les pages de revues de gravure, il est possible de trouver des œuvres allant de l’extrêmement sérieux, porteuses d’un haut niveau d’habileté dans les techniques traditionnelles – bien que parfois sans réelle profondeur de sens –, à des chefs-d’œuvre visionnaires et ensuite à des œuvres qui démontrent un haut degré d’humour, de satire et l’équivalent graphique d’un « opéra bouffe » – souvent avec un message politique ou social sérieux –, en passant par des représentations délicates du paysage et de la nature morte qui ne sont rien de plus que cela. Quelque chose de nouveau, alors ? Pas du tout. L’histoire de l’art a été infiniment renforcée par le travail des satiristes du XVIIIe siècle, comme cela a été le cas avec les caricaturistes et les graphistes du XIXe qui ont concentré leur attention et leur art sur les inégalités sociales de leur époque. Les problèmes et les scandales qui ont inspiré les chefs-d’œuvre des XVIIIe et XIXe siècles se sont peut-être décolorés à vue, mais ceux, profonds, des XXe et XXIe siècles continuent d’inciter les caricaturistes à répondre à l’injustice et à la cupidité de nos jours. Ceci doit être salué et encouragé, car sans cela, la vie serait moins colorée et notre société encore plus polarisée. Quelqu’un a exprimé, lors d’une conférence il y a de nombreuses années, le point de vue que « tout art est politique, et s’il n’est pas politique, alors ce n’est pas de l’art ». J’y ai pensé récemment, comme beaucoup de fois auparavant, et j’estime qu’il y a plus qu’un lambeau de vérité dans cette affirmation. Je suis un admirateur des estampes qui montrent une technique qui a été perfectionnée. J’ai passé des heures dans des jurys à examiner les points les plus fins, par exemple de belles linogravures abstraites à grande échelle, mais j’ai compris qu’en fin de compte, elles signifient très peu au-delà du niveau de compétence. Au cours des mêmes jurys, j’ai également éprouvé une grande excitation à la découverte d’un nouvel artiste dont le travail fait preuve d’habileté, mais dont les idées et le message véhiculés sont stimulants et très pertinents pour nos vies contemporaines. Un exemple puissant de cette dernière catégorie peut être trouvé dans le travail d’Alice Amoroso, présenté dans ce numéro d’Actuel. Nous vivons une période très difficile : le changement climatique est maintenant clairement évident, de nombreux politiciens ont perdu le contact avec les personnes qui les ont élus pour servir, il y a des guerres violentes sur des revendications territoriales contradictoires, et le fossé entre les très riches et les très pauvres continue de se creuser. Nous avons besoin, maintenant plus que jamais, d’artistes prêts à crier et à contester tout ce qui est injuste dans notre société. Les arts, dont la gravure, doivent redevenir dangereux. juillet 2022 4 5 Cédric Lestiennes Passionné par le dessin et l’estampe, grand amateur de l’art du détournement, Cédric Lestiennes développe depuis quelques années un travail d’inventaire un peu particulier. À la manière des planches naturalistes Deyrolle, cette série d’affiches sérigraphiées répertorie des espèces qui n’ont jamais disparu, fruits d’hybridations improbables. S’inspirant de nos objets du quotidien, de références à la littérature ou à la culture populaire, l’artiste réinterprète la nature par le prisme du culturel jusqu’à la malmener parfois. Qu’on s’en inquiète ou qu’on s’en émerveille, ces transformations témoignent bien de l’incroyable source d’inspiration que représente la nature. Entre jeux de formes et jeux de mots, c’est au gré de l’inspiration que se développe ce recensement fictif. Et c’est souvent à travers une vision très anthropomorphique que les idées prennent forme. L’affiche des escargots est symptomatique de notre habitude anthropomorphique à envisager la coquille comme une habitation, et c’est cette habitude qui est à l’origine de l’idée de faire de notre gastéropode préféré l’occupant privilégié des plus grands monuments du monde. L’occasion de découvrir le mollusque de Moscou, l’escargomium de Bruxelles ou le colimaçon de Rome. Un voyage architectural au rythme de celui qui sait prendre son temps. Mais toutes les planches ne sont pas que pure fiction, elles témoignent parfois de notre rapport au monde. À l’animal aquatique, la planche Terre/Mer se contente d’associer l’animal terrestre qui apparaît dans son nom vernaculaire. Ainsi le poisson-chat, l’éléphant de mer ou le poisson-vache à quatre cornes n’ont pas été inventés. Ces noms existent réellement et témoignent de notre faculté à découvrir un monde aquatique à travers le prisme du monde terrestre auquel on appartient et que l’on croit mieux connaître. C’est par ce type d’analogie physique que l’homme a parfois imaginé de fausses parentés entre espèces. 6 Cette nomenclature non exhaustive est aussi caractéristique de l’intérêt de l’artiste pour la matière. La sérigraphie est une technique qui fait la part belle aux textures, à la qualité du papier et de l’encre. La densité de la couleur et la qualité des aplats apportent une sensualité particulière à l’estampe. Bien que plus rarement utilisée pour restituer la finesse d’un travail à la plume, une approche plus technique permet de retrouver la matière et les détails des dessins. C’est par un travail de trames et de hachures que l’auteur cherche à recréer le velouté d’un pelage, l’éclat d’une écaille ou la texture d’un plumage. Là encore, le monde animal et végétal offre une variété considérable qui devient un terrain de jeu hors norme pour le dessinateur. Les premières planches d’accumulations (iceberg, nuages) cherchent à développer une matière plastique, un grouillement visuel inspiré d’une faune et d’une flore de tous horizons. L’observation est le terreau de l’imagination. Imaginer, ce n’est pas partir de rien, c’est détourner, réinterpréter, envisager les choses différemment. Si cet inventaire d’inventions propose des hippopopoulpes, des tortueuses, des arbres à cadabra, des cumulopachydermus, des bolets basques et autres calamartichauts, ce n’est qu’à condition de rester dans le vraisemblable. Chaque espèce est issue d’une observation, d’une référence culturelle ou d’une orientation esthétique. C’est un travail qui propose au public de devenir complice. C’est une invitation à partager une culture populaire, des références communes ou énigmatiques, et à faire semblant d’y croire. Ces affiches sont un travail graphique et illustratif qui mêle le naturel et l’artificiel. Un vagabondage imaginaire au pays des zoobjets. Un univers empreint de références où un canard peut être à la fois un animal, un journal, un morceau de sucre plongé dans le café ou une fausse note. Un recensement fictif où se croisent des créatures à l’encre de Chine qui se multiplient en estampes sérigraphiques. Une liste d’espèces qui existent par un travail de trames, de textures et de matières. Des créatures de papier aux couleurs pop qui tentent de nous mettre dans la confidence. Un bestiaire vraisemblable qui cherche à s’extirper du monde auquel il se rapporte. Cédric Lestiennes est né en 1979 à Châtillon-sous-Bagneux (92, France), il vit et travaille au Plessis-Robinson. www.cedriclestiennes.fr 7 8 9 10 Couverture : Nubibus, 2021, sérigraphie, 70 × 50 cm, détail 4e de couverture uploads/s3/ actuel-25.pdf

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