Encyclopédie berbère 9 | Baal – Ben Yasla Bélier à sphéroïde (Gravure rupestre
Encyclopédie berbère 9 | Baal – Ben Yasla Bélier à sphéroïde (Gravure rupestre de l’Afrique du Nord) G. Camps Édition électronique URL : http://journals.openedition.org/encyclopedieberbere/1511 ISSN : 2262-7197 Éditeur Peeters Publishers Édition imprimée Date de publication : 1 avril 1991 Pagination : 1417-1433 ISBN : 2-85744-509-1 ISSN : 1015-7344 Référence électronique G. Camps, « Bélier à sphéroïde », in Gabriel Camps (dir.), 9 | Baal – Ben Yasla, Aix-en-Provence, Edisud (« Volumes », no 9) , 1991 [En ligne], mis en ligne le 01 avril 2013, consulté le 01 mai 2019. URL : http:// journals.openedition.org/encyclopedieberbere/1511 Ce document a été généré automatiquement le 1 mai 2019. © Tous droits réservés Bélier à sphéroïde (Gravure rupestre de l’Afrique du Nord) G. Camps 1 Parmi les très nombreuses gravures rupestres de l’Atlas il est un thème qui a très tôt attiré l’attention des archéologues, celui d’un ovidé paré d’une coiffure globuleuse de forme sphérique et de divers attributs, l’ensemble étant communément désigné sous l’appellation de « bélier à sphéroïde ». Comparaison proposée par E.F. Gautier entre une représentation du dieu Amon-Ra de Karnak (Égypte) et un ovin d’une gravure rupestre de Zénaga (Algérie). 2 Ces curieuses figurations parmi lesquelles se comptent quelques chefs-d’œuvre de l’art rupestre nord-africain ont donné lieu à de nombreux commentaires et hypothèses. 3 Les plus anciens sont fondés sur une analogie de ces représentations avec celles du dieu égyptien Amon-Râ. Le dieu de Thèbes, Amon, était figuré depuis l’ancien Empire sous la Bélier à sphéroïde Encyclopédie berbère, 9 1 forme d’un bélier ; par suite de sa fusion avec Râ, le dieu solaire, il faut affublé, surtout devant le Nouvel Empire, du disque solaire. Or les coiffures sphériques des ovins de l’Atlas sont représentées à plat sur deux dimensions et paraissent être des disques. La confusion devenait d’autant plus facile que parmi les attributs qui s’échappent des sphéroïdes sur de rares gravures, les plus soignées (Bou Alem, Aïn Naga, Zénaga) certains de forme courbe et redressée sont assez semblables aux uraei (serpents dressés qui flanquent habituellement le disque solaire égyptien). Les premiers spécialistes de l’art rupestre nord-africain étaient donc conduits à voir dans les représentations atlasiques des figurations d’une divinité africaine d’origine égyptienne. 4 Cette opinion était confortée par l’importance donnée alors au culte du dieu Amon durant l’Antiquité classique. On admettait facilement qu’à la tête du panthéon africain siégeait un dieu suprême, Amon ou Ammon*, devenu célèbre dans le monde grec dès le VIe siècle av. J.-C. par son oracle de l’oasis de Siouah. Les auteurs croyaient que ce dieu oraculaire, confondu avec le dieu thébain Amon-Râ, avait étendu son influence jusqu’à l’extrême ouest de l’Atlas. D’autre analogies, de nom cette fois, permettaient d’établir une autre équivalence : on savait qu’à Carthage le dieu Baal-Hammon (dont le nom semble signifier en phénicien le Maître des Brûle-parfum) détenait un rôle prééminent ; les Africains n’auraient-ils pas confondu ce dieu punique et le dieu égyptien sous le même nom ? Enfin, dernier élément à l’appui de cette thèse, R. Basset retrouvait chez les Guanches des Iles Canaries, le nom d’Aman qui signifiait « Seigneur » et était appliqué au Soleil. 5 Amon dieu-bélier primordial, devenu dieu solaire par sa fusion avec Râ aurait ainsi établi de proche en proche sa domination sur les panthéons inorganisés des Barbares de l’Ouest africain, mais ceux-ci restés à un stade plus primitif adoraient le même dieu sous sa forme animale. Ce culte aurait subsisté très tard puisque El Békri, au XIe siècle, signalait l’existence d’un culte du bélier dans le Sous. Bélier à sphéroïde Encyclopédie berbère, 9 2 Béliers parés ; différents aspects du sphéroïde et des colliers. 1. Bou Alem, 2. Guelmouz el-Abiod, 3. Dayet es-Stel, 4. Hadjra Sidi Bou Baker. 6 La thèse était trop simple. La coiffure des béliers de l’Atlas n’est pas un disque solaire et les représentations égyptiennes, situées arbitrairement à l’origine de celles de l’Atlas leur sont postérieures de 2 à 3 millénaires puisque celles-ci appartiennent au Néolithique ancien. St. Gsell, qui dans le tome 1 de son Histoire ancienne de l’Afrique du Nord, avait admis la thèse égyptienne, la rejetait définitivement en 1927, dans son tome 5. Dès 1900, G.B.M. Flamand avait émis une hypothèse inverse, et plus vraisemblable, celle d’une influence libyenne sur le culte du bélier de Mendès. Ce qui n’empêchait pas F. Benoît, en 1930, encore, de parler de béliers porteurs de disque solaire flanqué de deux uraei, mais en même temps il établissait une comparaison avec les parures de béliers que les tribus Songhaï sacrifiaient sur les bords du Niger. Ces parures sont des calebasses munies de banderoles de cuir. Le disque solaire devenait une simple calebasse comme l’avait déjà suggéré G.B.M. Flamand en 1900. 7 Se fondant sur la présence de cette calebasse et de colliers portés par certains ovins, L. Joleaud présenta une thèse nouvelle assez surprenante qui associait plusieurs thèmes des gravures rupestres à un rite en vue d’obtenir la pluie. Cette hypothèse était appuyée sur des arguments spéciaux (ainsi tout trait figuré sous les animaux était considéré comme une émission d’urine ou de semence, même lorsque ce trait jaillissait, comme à Zénaga, des mamelles d’une brebis), et sur des documents mal interprétés, comme les mouflons de Kef Fentéria qualifiés de moutons à sphéroïde. Elle ne rencontra guère d’écho favorable. 8 Le dernier commentaire des gravures rupestres du Sud oranais relatives à ces ovins a été donné par H. Lhote qui fait connaître de nouvelles représentations dans les monts des Ksour et le Djebel Amour et les monts des Ouled Naïl. La seule idée nouvelle exprimée et qui surprend est que les moutons représentés dans les gravures qui appartiennent au Bélier à sphéroïde Encyclopédie berbère, 9 3 style naturaliste jugé le plus ancien, même ceux munis de collier et de coiffure sphérique, ne sont pas des animaux domestiques. Nous allons successivement tenter de reconnaître l’espèce représentée, d’examiner les attributs qui ornent ces animaux, enfin de définir les rapports entre les figures animales et les figures humaines qui leur sont associées. L’espèce représentée 9 L’animal qui figure plus d’une soixantaine de fois, identifié par son sphéroïde, est très différent du mouton qui vit aujourd’hui dans les mêmes régions. Cependant la répétition de ce qui pourrait paraître une anomalie est trop constante pour qu’on puisse l’attribuer à la fantaisie des artistes. Si on examine les meilleures représentations, comme celles de Bou Alem, Aïn Naga, Hadjar Sidi Bou Beker, on remarque que ces animaux ont un corps étroit porté par des membres longs et secs, la croupe toujours plate, parfois anguleuse, aux gigots plats. La queue, mince et longue, descend jusqu’à l’articulation métatarsienne, mais dans certaines figures (Daïet es-Stel, Enfous) elle est plus large et s’arrête au bas du gigot. 10 La tête est tout à fait remarquable, elle est, dans les meilleures œuvres, plus courte, voire camuse, que dans la réalité. Les ressemblances entre les têtes d’Aïn Naga, Bou Alem, Gada el-Kharrouba, Guelmouz el-Abiod, Hadjerat Sidi Bou Beker, Daïet es-Stel, etc. sont telles qu’il s’agit manifestement d’une donnée stylistique qui aurait voulu accentuer la convexité du chanfrein et le raccourcissement du museau. Or dans la plupart des cas il s’agit d’un bélier dont la tête, dans la nature, est effectivement plus convexe que celle des brebis. Précisément la brebis aux mamelles gonflées de Zénaga a une tête bien plus fine et une convexité moins marquée ; toutefois une brebis de Bou Alem a exactement le même profil que le mâle du même site. Béliers à poils ras du Sahara méridional : mouton maure du Mali et mouton targui de la variété Ara- Ara du Niger. 11 Qu’ils soient mâle ou femelle ces animaux portent des cornes qui sont encore figurées dans les représentations moins réalistes ou d’un schématisme avancé (El Richa, Safiet Bou R’Nam, Oued Nourème), or la forme et la taille de la seule corne visible sur le profil de ces ovins est d’une constante remarquable, elle est toujours petite, grêle, à simple courbure, incurvée vers l’arrière pour revenir vers l’avant au-dessous de l’œil, sauf à Khrelouat Sid Cheikh où elle revient au-dessus de l’œil. Il s’agit dans ce cas, peut-être, d’une tentative Bélier à sphéroïde Encyclopédie berbère, 9 4 ou d’un début de déformation volontaire qui, comme nous le verrons, semble avoir été parfois pratiquée par les bergers de l’Atlas à cette époque. 12 L’oreille, qui est plus facilement omise que la corne, est pendante, assez longue ; sa racine est cachée par le départ de la corne. 13 Les détails de la robe des animaux ne sont que rarement indiqués. Dans les œuvres les plus soignées (Aïn Naga, Safiet Bou R’Nam, Sidi Bou Beker, Guelmouz el-Abiod...) la partie endopérigraphique est entièrement polie et peut avoir été peinte. L’un des ovins asexué de Zénaga a le corps entièrement piqueté à l’exception du collier et de la tête ce qui révèle bien l’intention de figurer le pelage. Le même figuré apparaît sur le corps d’un mâle de Khrelouat Sid Cheikh, tandis qu’à Hadjar Berrik, à Dehar Bel Haadi et ailleurs, le corps uploads/s3/ belier-a-spheroide.pdf
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- Publié le Fev 20, 2022
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