1 I. Daumier 1. Biographie 2. Daumier vu par Baudelaire 3. Ses œuvres 4. Les jo
1 I. Daumier 1. Biographie 2. Daumier vu par Baudelaire 3. Ses œuvres 4. Les journaux de Philippon II. La caricature 1. Rapide histoire de la caricature 2. Qu’est-ce qu’une caricature ? 3. Grotesque et caricature : Arcimboldo 4. Techniques et procédés de la caricature 5. La lithographie III. Les œuvres de Daumier et leur descendance 1. Gargantua 2. Les célébrités du juste milieu (+ portrait-charge jusqu’aux Guignols de l’info) 3. La liberté de la presse 4. Rue Transnonain (Daumier Gil Tim) 5. Les types : Macaire et Ratapoil 6. La satire (parodie, avocats, trains, femmes, mode, photographie, photographie et dessin dans la presse) 7. Daumier et Hugo IV. Les caricaturistes aujourd’hui 1. De l’artiste au journaliste 2. Internet change la donne I. Daumier 1. Qui est Honoré Daumier ? Marseille 1808 - Valmondois 1879 La vie de Daumier est une vie sans histoires : pas de péripéties romanesques, pas de voyages lointains. Mais il est au cœur de son époque qu’il a auscultée tout au long de sa carrière à l’aide de son crayon à lithographie. Il a vécu sous six régimes différents : l’Empire, la Restauration, la Monarchie de Juillet, la Seconde République, le Second Empire et la Troisième République et connu trois épisodes révolutionnaires (les trois Glorieuses, les journées insurrectionnelles de 1848, la Commune de Paris). Daumier est le fils d’un vitrier (à la fois encadreur, réparateur de tableaux, dessinateur) marseillais qui part pour Paris en 1814 en vue d’embrasser une carrière littéraire qu’il abandonne en 1823. Honoré est d’abord commis puis il suit des cours de dessin auprès du peintre Alexandre Lenoir, travaille chez un lithographe et éditeur. En 1829, il collabore à La Silhouette, premier hebdomadaire satirique illustré en France, créé par Charles Philippon. Il publie ses premières caricatures de Louis-Philippe sous le nom de Rogelin. Gargantua, lithographie en noir et blanc est publiée dans la Caricature, n° 61, du 29 décembre 1831 et exposée dans la vitrine du journal, avant que la justice ne vienne saisir tous les exemplaires et briser la pierre lithographique. Gargantua lui vaudra une condamnation à six mois de prison et à une amende de 500 F "pour excitation à la haine et au mépris du gouvernement". En 2 1832, les bustes-charges figurant les principaux représentants de la droite sont exposés dans la vitrine du journal le Charivari de Philippon. Daumier fait paraître ses charges politiques, notamment le Ventre législatif et Rue Transnonain dans l’Association lithographique mensuelle, supplément à la Caricature qui disparaîtra en 1835, suite à la loi contre la liberté de la presse. Daumier va alors s’en prendre aux mœurs de son temps et réaliser notamment la série des Cent et Un Robert Macaire. En 1843, il publie quatre gravures dans l’édition Furne des œuvres de Balzac. Sa représentation du père Goriot sera reprise pour le frontispice de La Comédie humaine. En 1845, il compose la série les Gens de justice. Sa carrière de peintre commence en 1848 : sa toile La République nourrissant ses enfants et les instruisant est retenue parmi les vingt finalistes d’un concours de peinture. Des commandes officielles s’ensuivent, il participe au Salon avec Le Meunier, son fils et l’âne. En 1851, il crée la statue de Ratapoil, personnage préfigurant le coup d’Etat de Louis- Napoléon. En 1853, Daumier se lie d’amitié avec les peintres de Barbizon, Camille Corot, Jean-François Millet et Théodore Rousseau. En 1860, renvoyé du Charivari, il se consacre à la peinture et à la sculpture, mais n’arrive pas à en vivre. Il réintègre le Charivari le 18 décembre 1963, s’installe à Valmondois en 1865, s’inspire de Don Quichotte dans ses tableaux, sa vue commence à baisser à partir de 1867. Il connaît des difficultés financières, Corot achète sa maison et la lui prête à vie. En 1871, il publie des lithographies particulièrement sombres sur la guerre de 1870 et s’oppose à la proposition de Courbet d’abattre la colonne Vendôme. Il publie ses dernières lithographies dans Le Charivari en 1872. En avril 1878, une rétrospective de ses œuvres est organisée par la galerie Durand-Ruel et présidée par Victor Hugo. Elle connaît un succès critique mais pas public. Complètement aveugle, Daumier n’y assiste pas. Il meurt l’année suivante. Lien vers article Daumie,r Pierre Larousse Grand dictionnaire universel du XIXe siècle http://gallica.bnf.fr/Catalogue/noticesInd/FRBNF33995829.htm 2. Daumier vu par Baudelaire Ces échantillons suffisent pour montrer combien sérieuse est souvent la pensée de Daumier, et comme il attaque vivement son sujet. Feuilletez son œuvre, et vous verrez défiler devant vos yeux, dans sa réalité fantastique et saisissante, tout ce qu'une grande ville contient de vivantes monstruosités. Tout ce qu'elle renferme de trésors effrayants, grotesques, sinistres et bouffons, Daumier le connaît. Le cadavre vivant et affamé, le cadavre gras et repu, les misères ridicules du ménage, toutes les sottises, tous les orgueils, tous les enthousiasmes, tous les désespoirs du bourgeois, rien n'y manque. Nul comme celui-là n'a connu et aimé (à la manière des artistes) le bourgeois, ce dernier vestige du moyen âge, cette ruine gothique qui a la vie si dure, ce type à la fois si banal et si excentrique. Daumier a vécu intimement avec lui, il l'a épié le jour et la nuit, il a appris les mystères de son alcôve, il s'est lié avec sa femme et ses enfants, il sait la forme de son nez et la construction de sa tête, il sait quel esprit fait vivre la maison du haut en bas. … Pour conclure, Daumier a poussé son art très loin, il en a fait un art sérieux ; c'est un grand caricaturiste. Pour l'apprécier dignement, il faut l'analyser au point de vue de l'artiste et au point de vue moral. - Comme artiste, ce qui distingue Daumier, c'est la certitude. Il dessine comme les grands maîtres. Son dessin est abondant, facile, c'est une improvisation suivie; et pourtant ce n'est jamais du chic. Il a une mémoire merveilleuse et quasi divine qui lui tient 3 lieu de modèle. Toutes ses figures sont bien d'aplomb, toujours dans un mouvement vrai. Il a un talent d'observation tellement sûr qu'on ne trouve pas chez lui une seule tête qui jure avec le corps qui la supporte. Tel nez, tel front, tel œil, tel pied, telle main. C'est la logique du savant transportée dans un art léger, fugace, qui a contre lui la mobilité même de la vie. Quand au moral, Daumier a quelques rapports avec Molière. Comme lui, il va droit au but. L'idée se dégage d'emblée. On regarde, on a compris. Les légendes qu'on écrit au bas de ses dessins ne servent pas à grand'chose, car ils pourraient généralement s'en passer. Son comique est, pour ainsi dire, involontaire. L'artiste ne cherche pas, on dirait plutôt que l'idée lui échappe. Sa caricature est formidable d'ampleur, mais sans rancune et sans fiel. Il y a dans toute son œuvre un fonds d'honnêteté et de bonhomie. Il a, remarquez bien ce trait, souvent refusé de traiter certains motifs satiriques très beaux, et très violents, parce que cela, disait-il, dépassait les limites du comique et pouvait blesser la conscience du genre humain. Aussi quand il est navrant ou terrible, c'est presque sans l'avoir voulu. Il a dépeint ce qu'il a vu, et le résultat s'est produit. Comme il aime très passionnément et très naturellement la nature, il s'élèverait difficilement au comique absolu. Il évite même avec soin tout ce qui ne serait pas pour un public français l'objet d'une perception claire et immédiate. Encore un mot. Ce qui complète le caractère remarquable de Daumier, et en fait un artiste spécial appartenant à l'illustre famille des maîtres, c'est que son dessin est naturellement coloré. Ses lithographies et ses dessins sur bois éveillent des idées de couleur. Son crayon contient autre chose que du noir bon à délimiter des contours. Il fait deviner la couleur comme la pensée ; or c'est le signe d'un art supérieur, et que tous les artistes intelligents ont clairement vu dans ses ouvrages. Baudelaire, Curiosités esthétiques "VII. Quelques caricaturistes français" (1868). En ligne sur Gallica Nous ne connaissons, à Paris, que deux hommes qui dessinent aussi bien que M. Delacroix, l’un d’une manière analogue, l’autre dans une méthode contraire. - L’un est M. Daumier, le caricaturiste; l’autre, M. Ingres, le grand peintre, l’adorateur rusé de Raphaël. - Voilà certes qui doit stupéfier les amis et les ennemis, les séides et les antagonistes; mais avec une attention lente et studieuse, chacun verra que ces trois dessins différents ont ceci de commun, qu’ils rendent parfaitement et complètement le côté de la nature qu’ils veulent rendre, et qu’ils disent juste ce qu’ils veulent dire. - Daumier dessine peut-être mieux que Delacroix, si l’on veut préférer les qualités saines, bien portantes, aux facultés étranges et étonnantes d’un grand génie malade de génie; M. Ingres, si amoureux du détail, dessine peut-être mieux que tous les deux, si l’on préfère les finesses laborieuses à l’harmonie de l’ensemble, et le caractère du morceau au caractère de la composition, mais aimons-les tous les trois. Baudelaire, Salon de 1845 Piste : À comparer uploads/s3/ daumier-peda.pdf
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- Publié le Jul 09, 2021
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