Bodinier Lisa Tle ES 1 Sujet n°2 : L’art peut-il se passer de règles ? On dit s

Bodinier Lisa Tle ES 1 Sujet n°2 : L’art peut-il se passer de règles ? On dit souvent qu’un travail bien fait est un travail « fait dans les règles de l’art », cela met en relief un problème, celui de la présence ou non de règles dans l’art. Étymologiquement, art vient du latin ars qui signifie technique. Dès lors on peut définir l’art comme l’ensemble des productions issues de l’habileté de l’homme : le monde de l’art se distingue ainsi du monde naturel. Pourtant la création artistique se distingue d’une production dans la mesure où elle seule exprime une particularité, une singularité. Dans cette mesure, le terme d’art ne désigne pas l’ensemble des productions humaines mais, plus spécifiquement, les beaux-arts. L’art évoque en effet aujourd’hui les beaux-arts, c’est-à-dire l’ensemble des créations humaines ayant une visée esthétique et dans lesquelles s’exprime une sensibilité particulière. Ils s’opposent à l’artisanat, lequel est soumis aux règles de l’utile. Le sens actuel de l’art fait donc appel à l’imaginaire et à la créativité de l’homme. C’est ce qui explique la valeur que la société accorde aux œuvres, qu’elle conserve dans les bibliothèques ou les musées. L’art, comme œuvre esthétique, utilise des moyens techniques ne pouvant se passer de règles (la perspective, la maîtrise des instruments…). Ainsi, l’artiste doit acquérir un certain savoir-faire. Par exemple, le poète ne peut exercer son art sans connaître et appliquer les règles du langage. L’art doit-il obéir à un certain nombre de règles ? Y a-t-il des conditions à la création d’une œuvre d’art ? Au contraire, la production artistique ne doit-elle pas être originale et s’affranchir de toute règle ? Enfin, ne plus se soumettre aux règles veut-il dire nécessairement s’en passer totalement ? On voit ainsi que les rapports entre liberté, inspiration, techniques et contraintes sont en jeu. L’artiste, pour produire une œuvre d’art, doit réaliser un objet qui n’existait pas avant qu’il ne le crée. Cet objet pourra ensuite être admiré par un public. Mais justement pour réaliser un tableau, une symphonie, un poème ou toute autre forme d’œuvre d’art, il faut nécessairement utiliser certains moyens et surtout une certaine maîtrise pour mener à bien son projet et aboutir à une œuvre d’art. Ainsi il apparaît Page 1 sur 7 clairement que tout art s’élabore à partir de codes, de règles, de principes. L’artiste doit donc apprendre ces techniques pour créer une œuvre d’art. Par exemple les musiciens doivent apprendre le solfège et les mouvements des doigts, le peintre doit maîtriser la perspective… Il faut, pour l’artiste, connaître l’anatomie pour dessiner un homme et un animal, mais aussi connaître les lois de la pesanteur et des proportions pour construire une sculpture, un édifice. L’artiste ne peut pas échapper aux règles de la nature, il doit les connaître. Cependant l’art n’est pas seulement un ensemble de connaissance. L’art, comme l’artisanat, procède d’un savoir-faire. En effet, l’art à pour étymologie grecque : tekhnê et latine : ars, qui renvoient tous les deux à la technique. C’est ce qu' Hegel affirme, l’artiste doit apprendre à maîtriser la matière qu’il utilise pour réaliser son œuvre d’art. Cela s’applique pour toutes les œuvres d’art : la peinture, la sculpture mais aussi les arts intellectuels comme la musique ou la poésie. La création de l’œuvre est donc une rencontre entre l’artiste et la matière venant de l’extérieure et qui lui résiste. Pour pouvoir la maîtriser il doit la maîtriser grâce à une certaine technique, il doit acquérir un savoir-faire. Il est alors évident que seul un artiste initié aux règles de l’art pourra créer une véritable œuvre. Les connaissances et le savoir- faire font la différence entre un artiste talentueux et un qui ne l’est pas. Un artiste médiocre ignore la théorie et la pratique de l’art (techniques, savoir-faire). Donc, derrière toute œuvre des règles ont été appliquées même si elles ne se voient pas. Pour sculpter ou peindre, il faut savoir travailler la matière, ce qui fait appel à une technique, donc à des règles amenées directement par celle-ci. Mais il faut aussi suivre des règles en science. L’art n’est pas la science mais la composition d’une œuvre d’art dépend de règles. Une œuvre doit produire une satisfaction particulière liée à la beauté de l’œuvre. La beauté, du latin forma, signifie la belle forme. C’est le fait de construire une forme harmonieuse qui crée l’art. Ainsi la connaissance et la pratique de certaines règles sont aussi importantes pour le spectateur. Il doit pouvoir reconnaître une œuvre esthétique. Il existe d’ailleurs des canons de beauté, inspirés de l’art grec, qui permettent justement aux spectateurs de reconnaître l’œuvre comme œuvre d’art esthétique. Mais aujourd’hui nous avons d’autres moyens pour cette reconnaissance. Les expositions dans les musées, ou encore le prix des œuvres fixé par le marché peuvent aussi aider à cette reconnaissance et pour mesurer la qualité d’une œuvre. Cependant ces critères et ces règles pour reconnaître une œuvre d’art change au fil du temps. On ne peut donc pas Page 2 sur 7 se fier durablement aux règles posées pour l’art. Quelle valeur ont alors les règles dans l’art si elles ne peuvent pas se maintenir ? Les règles dans l'art sont donc variables, elles ne sont pas universelles. Elles ne peuvent donc pas être reconnues. De plus, l'œuvre d'art doit être originale avant tout. L'artiste doit créer une œuvre qui n'existait pas avant et qui dégage quelque chose de nouveau. Ainsi l'art ne devrait-il pas s'affranchir de toute règle? L'artiste, pour Kant, est celui qui s'émancipe des règles : « est beau ce qui plaît universellement et sans concept ». L'œuvre d'art est originale et exemplaire au sens où elle témoigne de la libre capacité d'engendrer une œuvre. Le génie des artistes n’ai pas toujours compris tout de suite, car justement ces artistes étaient innovants, ils brisaient les règles déjà établies : les œuvres produites par le génie ne sont pas tout de suite reconnues car non comprises. Mais avec le temps l'originalité et l'innovation apportée par ces œuvres se fait reconnaître. C'est le cas pour Van Gogh qui toute sa vie s'est consacré à ses œuvres qui n'étaient pas comprises, il fut reconnu comme grand artiste après s'être suicidé. Cela prouve que l'art peut se passer de règles puisqu'en s'écartant des règles on peut créer une œuvre artistique reconnue comme telle. L'artiste est un créateur et chacune de ses œuvres contiennent en elle-même des règles nouvelles : en effet le génie s'échappe des règles pour en créer de nouvelles, pour inventer une nouvelle manière de voir le monde. Les premiers impressionnistes ont surpris parce qu'ils ne cherchaient plus à représenter la réalité exactement comme elle est mais plus à représenter les impressions qui peuvent être provoquées par l'œuvre. Celle-ci n'est pas seulement originale, mais elle confère aussi à l'œuvre une certaine beauté. L'art est une « production par la liberté » selon Kant. Que serait une œuvre d'art qui suivrait les règles à la lettre des modèles de beauté qui existaient déjà avant ? Le génie artistique est précisément celui qui, à une époque historique donnée, est capable de bouleverser les règles en usage dans son art. Si le public n'est pas surpris, comment peut-il considérer l'œuvre comme originale et innovante ? Or, le propre de l'imagination est de créer des rapports inattendus, surprenants, capables de délivrer par-là des émotions ou des idées riches. Toute œuvre d'art vraiment réussie délivre une sorte de surprise. Il faut que l'artiste surprenne par son œuvre. Par exemple, dans le cas du théâtre, une bonne pièce est Page 3 sur 7 une pièce qui surprend le public et dans laquelle le spectateur ne s'attend pas du tout au dénouement. La représentation réaliste au plus haut niveau de la réalité se rapproche de la technique du trompe-l'œil. Mais une fois que la technique a été adoptée elle ne présente plus tellement d'intérêt. Platon critique cette imitation presque parfait dans la République, il dit que sous cette forme l’art devient trompeur. L'art dans ce cas à une fonction d'illusion, il est une apparence de la réalité mais éloigné au second degré du vrai. L’artiste ne fait que produire des apparences sensibles et le Beau qu’il tente de créer reste alors éloigné de son idéal et une beauté toujours moins parfaite que la réalité. On ne peut pas donner à l'art la règle d'être une bonne imitation car cela ne peut pas être un critère déterminant de sa qualité car elle réduit l’art à une simple technique. La pure application des règles ne délivre jamais une œuvre d'art profonde. Ces mécanismes ne suffisent pas. Créer une harmonie originale ne se réduit pas au respect strict des règles. C'est même, souvent, un jeu entre les règles et leur transgression qui exprime les atmosphères les plus riches ou émouvantes dans les œuvres d’art. Or, dans de nombreux cas la technique ne suffit pas à produire une œuvre d’art. L’art, comme l’artisanat, procède d’un savoir-faire. Mais, si l’artisan doit obéir à des règles pour créer un objet utile et beau, uploads/s3/ dissert-philo 1 .pdf

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