Deux lois nous concernant sont en cours de révision Serons-nous mieux protégés?

Deux lois nous concernant sont en cours de révision Serons-nous mieux protégés? AU FÉDÉRAL, la Loi sur le droit d’auteur Élections, pas élections, l’automne nous promet encore quelques surprises. Mais si le gouvernement Harper résiste, il est probable qu’il déposera son projet de loi modifiant la Loi sur le droit d’auteur, dépôt qui a été remis année après année pour toutes sortes de raisons… politiques. Que nous réserve ce projet de loi ? Une plus grande ouverture aux intérêts des consommateurs ? Davantage d’exceptions pédagogiques ? Le maintien de la déresponsabilisation des fournisseurs Internet ? Possible. – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – - – SUITE À LA PAGE 3 – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – MOT DU PRÉSIDENT Faire face à la musique BON À TIRER Le poids des noms RELÈVE Facebook et vous LE BRÛLOT Chez les Newfies CLAUDE ROBINSON Victoire de l’auteur de Robinson Curiosité ENTRETIENS ENCHAÎNÉS Mona Latif-Ghattas Paul Bélanger LE JOURNAL DE L ’UNION DES ÉCRIVAINES ET DES ÉCRIVAINS QUÉBÉCOIS Volume 11 Numéro 3 Septembre 2009 2 — L’UNIQUE | SEPTEMBRE 2009 FAIRE FACE À LA MUSIQUE L’autre jour, rassemblés autour d’un buffet froid et d’un verre de rouge, quelques jazzmen invités au 24e Festi Jazz et moi discutions de droit d’auteur, de droit moral et de propriété intellectuelle, notions mises en péril à l’ère du numérique. En véritable avocat du diable, un bassiste avançait que, en musique, ces droits étaient liés à l’hégémonie de l’industrie du disque et que le glas avait sonné pour cette industrie, l’avènement du numérique n’étant pas forcément une mauvaise chose. À plus ou moins brève échéance, selon lui, la musique retrouvera son statut de bien public d’antan et les musi- ciens professionnels se verront obligés de gagner leur vie avec leurs performances en concert, plutôt que grâce aux redevances sur les ventes d’un support en voie de disparition. Évidemment, en héritier de Beaumarchais, de Mirabeau et des autres champions de la lutte pour la reconnaissance de la propriété littéraire, j’ai protesté contre la perspective de l’élargissement de cette situation aux autres disciplines artistiques, qui serait catastrophique pour les créa trices et les créateurs de ces domaines où la représentation n’est pas la finalité de l’œuvre. Tout corporatisme syndical mis à part, je ne suis pas prêt à re - noncer à cet idéal que nous ont légué les Lumières en stipulant que « la plus sacrée, la plus légitime, la plus inattaquable, et […] la plus per son nelle de toutes les propriétés, est l’ouvrage fruit de la pensée d’un écrivain ; c’est une propriété d’un genre tout différent des autres propriétés » (dixit Le Chapelier, dans son rapport sur la proposition de loi de Mirabeau, en 1791). Hélas, le Canada contemporain n’est pas la France des Lumières, ainsi qu’en témoignent les projets de réforme de la loi canadienne sur le droit d’auteur, proposés successivement par libéraux et conservateurs. À la lumière (oui, je sais : on a davantage l’impression de baigner dans une nouvelle petite noirceur !) des attentats du pouvoir étatique contre les acquis des créatrices et des créateurs d’art et de savoir, on ne peut s’empê - cher de revoir l’Histoire de la lutte pour la reconnaissance de la propriété intellectuelle avec l’impression d’assister au supplice de Sisyphe. Quand l’État se permet d’avaliser le viol d’une propriété historique- ment tenue pour particulière, comment s’étonner que des conglomérats d’édition comme Quebecor Médias puissent imposer des contrats abusifs aux pigistes à leur emploi, ravalés au statut d’interchangeables « producteurs de contenu » ? Hélas, dois-je encore déplorer, les débats de fond sur la place des écrivaines, des écrivains et des autres artistes dans la cité ne cessent d’être reportés dans des événements futiles, où ils s’enlisent. Sur ces questions, l’« incessant bavardage public », pour citer encore Pierre Milot, est d’une vacuité sidérante. Quant au manque de courage de nos politiciens qui hésitent à prendre les décisions qui s’imposent en faveur de la pensée et de la création, il est aussi désolant que leurs perpétuelles génuflexions à l’autel du Tout-à-l’économie. À l’issue de la lutte judiciaire qui a opposé pendant une quinzaine d’années Claude Robinson aux plagiaires associés à la firme Cinar qui lui avaient volé son œuvre, intitulée Robinson Sucroë, nous pouvons pourtant nous réjouir. À lire le verdict rendu par le juge Claude Auclair, on se plaît à croire qu’il y aurait une justice possible pour les créatrices et les créateurs trop souvent victimes d’abus dans une société à qui elles et ils offrent matière à rêver mieux. Que faire, alors, à l’égard des menaces qui pèsent sur nous et sur nos droits acquis? Nous n’avons d’autre alternative que de nous serrer les coudes… et faire face à la musique. % Stanley Péan Il n’y a pas que les BMW qui viennent de Bavière Je ne vous apprendrai rien en vous rappelant que, en 1989, le Premier ministre Robert Bourassa et le ministre-président Max Streibl si- gnaient une entente de coopération afin de favoriser les échanges commerciaux, scientifiques, tech- nologiques et culturels entre le Québec et la Bavière. Cette entente prévoyait notamment un échange de résidences d’écrivains dont le gouvernement a confié la gestion à l’UNEQ. C’est ainsi que Simon Verle et Bernadette Ott, tous deux écrivains et traducteurs, sont à Montréal pour les trois prochains mois. Simon Verle est dramaturge et traducteur de théâtre. Il a traduit Koltès et Jean Genet, mais il mani- feste aussi de l’intérêt pour les auteurs anglais, italiens et grecs (anciens). Bernadette Ott se consacre à la traduction d’ouvrages sur l’art, mais ne dédaigne pas la traduction littéraire. Parmi ses sujets, des catalogues d’expositions de Chagall, Bacon, Guimard, des ouvrages de Julia Kristeva et de Malika Ferdjoukh, auteur jeunesse renommée. Nous leur souhaitons à tous deux un agréable séjour. % François Jobin – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – DES NOUVELLES DE L ’UNEQ DU PRÉSIDENT mot Un petit café? Vous faites un saut à la Maison des Écrivains? Bonne nouvelle : vous pourrez y savourer (gratuitement) le meilleur espresso ou capucino à Montréal, parole de conteur d’histoires. (Qu’il y a du café, c’est vrai, qu’il est gratuit, aussi. Maintenant, que ce soit le meilleur à Montréal … à vous d’en juger.) — 3 L’UNIQUE | SEPTEMBRE 2009 – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – D o s s i e r Et les auteurs là-dedans ? Se rappelle-t-on que la Loi sur le droit d’auteur a été créée pour protéger les créateurs et maintenir la vitalité du secteur culturel ? Comment peut-on envisager que rendre l’accès aux œuvres de plus en plus gratuit favorisera la création ? Un des arguments que servent les tenants de la gratuité, c’est que les créateurs ayant déjà cédé leurs droits aux producteurs, ce ne sont pas eux qui bénéficient de la protection de la loi, mais les grandes entreprises qui les ont dépouillés. C’est oublier qu’il existe des contrats qui lient artiste et producteur ou diffuseur. Si on estime que ces contrats ne sont pas adéquats, ne devrait-on pas renforcer la force de négociation des artistes plutôt que faire comme s’ils n’existaient plus ? Payer l’auto mais pas l’essence? Les autres arguments en faveur de la gratuité, c’est qu’elle faciliterait l’accès aux œuvres pour les usagers et résoudrait le problème que pose le contrôle du numérique. C’est certainement vrai si l’on ne considère que le seul point de vue des consommateurs, mais il faudrait alors changer le nom de la Loi si les auteurs n’y ont plus de poids. Nous n’en sommes heureuse- ment pas là, car il existe des moyens de donner aux consommateurs l’accès aux œuvres sans pénaliser les auteurs. C’est le cas actuellement des uploads/s3/ l-unique-sept09-i.pdf

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