• « C’est que chacune [des substances simples] est censée agir sur l’autre à me
• « C’est que chacune [des substances simples] est censée agir sur l’autre à mesure de sa perfection, quoi que ce ne soit qu’idéalement et dans les raisons des choses, en ce que Dieu a réglé d’abord une substance sur l’autre, selon la perfection ou l’imperfection qu’il y a dans chacune, bien que l’action et la passion soient toujours mutuelles dans les créatures, parce qu’une partie des raisons qui servent à expliquer distinctement ce qui se fait, et qui ont servi à le faire exister, est dans l’une de ces substances, et une autre partie de ces raisons est dans l’autre, les perfections et les imperfections étant toujours mêlées et partagées. C’est ce qui nous fait attribuer l’action à l’une et la passion à l’autre » (Théodicée, p. 140) • « Lors donc qu’il arrive un changement dont plusieurs substances sont affectées (comme en effect tout changement les touche toutes, je croy qu’on peut dire que celle qui immédiatement par là passe à un plus grand degré de perfection ou à une expression plus parfaite exerce, sa puissance, et, agit et celle qui passe à un moindre degré fait connoistre sa faiblesse et patit. » (Discours de métaphysique, édition Henri Lestienne, p. 51-52). • Si on essaie d’introduire un particulier dépendant R-à-S2, qui corresponde à la proposition « S1 est R à S2 » de la façon dont la verdeur correspond à « La feuille est verte », on se trouve confronté au dilemme suivant • 1) Le particulier dépendant cherché est-il un R-à-S2 (un à-droite-de-S2)? Cela semblerait exiger que S2 inhère à S1 comme étant une partie du R-à-S2 qui inhère à S1. • 2) Ce particulier est-il un R plutôt qu’un R-à-S2 ? Dans ce cas il inhère ou bien (a) à S1 seul, ou bien (b) à la fois à S1 et à S2, ou bien (c) ni à S1 ni à S2. La réponse ne peut pas être (a), car dans ce cas le fait que S1 soir R à S2 resterait inexpliqué ; et de plus cela impliquerait que S1 pourrait être dans la relation sans avoir un relatum. (b) ne peut pas être le cas, en vertu de ce qu’affirme Leibniz dans une formule célèbre et souvent citée, à savoir qu’« un accident ne peut pas avoir un pied dans deux sujets » (il n’y a pas d’accidents bipèdes). Même si S1 et S2 pouvaient partager un R, S2 pourrait cesser d’exister (autrement dit, être détruit par Dieu) et nous serions ramenés à l’absurdité de la situation précédente. Enfin (c) est exclu, puisque les particuliers autres que les substances sont dépendants (c’est-à-dire, inhèrent nécessairement à une substance). • « Leibniz a trouvé une façon intéressante de sortir de ce dilemme. En effet, il adopte une forme modifiée de la première branche de l’alternative. Il accepte le principe selon lequel, si • S1 est R à S2 • est vrai, alors il doit y avoir un R-à-S2 qui est inhérent à S1, et il accepte la conséquence que S2 doit être dans S1. Mais il réinterprète ces engagements à la lumière de la distinction cartésienne (en dernier ressort scolastique) entre l’être "représentatif" (ou "objectif") et l’être "formel". De ce fait, le R-à-S2 inhérent à S1 est interprété comme un représenter de S2 inhérent à S1, et Leibnitz, par conséquent, interprète le sens dans lequel S2 est une "partie" du R-à-S2 inhérent à S1 comme le fait pour lui d’être ce qui a un être représentatif ou objectif dans le représenter qui est le R-à-S2. Selon cette analyse, la vérité de propositions de la forme • S1 est Ri à S2 • dans lesquelles Ri est à première vue une relation réelle repose sur des faits de la forme • S1 représente (d’une façon spécifique Mi) S2 • étant bien entendu que le mode de représentation Mi qui correspond à Ri et fait de ce fait relationnel un phénomène bene fundatum n’est pas ce que le sens commun a à l’esprit quand il utilise le terme "Ri" » (« Méditations leibnitziennes », p. 159- 160). • « Grosso modo, une représentation vraie est une représentation dont l’objet est un représentable, qui, en plus d’avoir un être "objectif" dans la représentation", a un être "formel" dans le monde » (ibid., p. 160). • « Si on applique ces considérations à ce que le sens commun considère de façon impropre comme l’action causale exercée par une substance S1 sur une substance S2, on comprend pourquoi Leibniz se croit forcé d’interpréter le fait que • S2 subit une action de la part de S1 (par exemple, S1 en étant dans l’état φ est cause du fait que S2 devient ψ ou amène S2 à passer à l’état ψ) • comme impliquant, entre autres choses, des faits de deux types radicalement différents : • 1. Le représenter par S2 du fait que S1 est dans l’état φ • 2. Le fait que la représentation de ce fait par S2 est la cause de son devenir ψ. ». • Le point important, pour la question qui nous intéresse, est que: bien que • S1 en étant dans l’état φ a été la cause du fait que S 2 est devenu ψ • implique que S1 et S2 existent tous les deux, Leibniz peut soutenir que S1 et le fait qu’il soit dans l’état φ est, du point de vue causal, dépourvu de pertinence quant au fait que S2 est ψ et n’est pertinent que pour ce qui concerne la vérité de la représentation qui est la vera causa du fait que S2 est ψ : • « Par conséquent, S2, pour autant qu’il est question de la relation qui fonde chacun de ses épisodes dans d’autres épisodes est aussi autosuffisant (self-contained) que le monde de choses interagissantes de Leibnoza » (ibid., p.160, 161). • « S1 est sur une ligne entre S2 et S3 » = • « S1 représente S2 et S3 plus directement que S2 et S3 ne se représentent l’un l’autre, un représenter de Si étant indirect si et seulement si il est un représenter d’un représenter de Si. » • « Chaque substance est comme un monde à part, indépendant de toute autre chose, hors de Dieu ; ainsi tous nos phénomènes, c’est-à- dire tout ce qui nous peut jamais arriver, ne sont que des suites de notre ESTRE » (Discours de métaphysique, p. 47). • « [Chez Leibniz] il y a effectivement une connexion entre sa conception de la nature de la substance et sa négation de la réalité des relations entre les substances. Mais la deuxième chose en elle-même ne rend pas compte de la particularité de sa conception comme on peut s’en rendre compte si on remarque que Spinoza, de la façon qui lui est propre, adhère également à l’idée que la nature d’une substance fournit non seulement les (lois) hypothétiques, mais affirme tout autant les antécédents. Car, conçue sous l’attribut de l’extension, la nature de la seule et unique substance de Spinoza spécifie non seulement que, si le monde physique était à un moment quelconque dans un certain état, il serait par la suite dans un certain autre état, mais spécifie si oui ou un non, à un moment donné, il est dans le premier état. La nature de la substance fournit non seulement le si, mais le transforme en un puisque. Au cœur de la conception de Spinoza, par conséquent, il y a la demande que l’occurrence d’un épisode quelconque ait (en principe) une explication qui ne soit pas simplement de la forme • Cet-épisode-ci à cause de cet épisode-là » (Sellars, « Méditations leibnitziennes », p. 155-156). • « Spinoza demande, en termes kantiens, que la série des épisodes fondés sur d’autres épisodes ait son fondement dans une chose, évidemment autre qu’un épisode, qui rende compte de sa propre existence. Cet élément auto-explicatif est la substance (Deus sive Natura) ; et, bien entendu, en pensant à elle comme à un élément auto-explicatif, il pense à un argument in re dont une prémisse dit que la substance peut exister, une autre prémisse dit que ce qui peut exister doit exister s’il ne pourrait rien y avoir d’incompatible avec son existence, et une autre prémisse, elle-même une conclusion obtenue à partir d’un argument antérieur, dit que rien ne pourrait être incompatible avec l’existence de la substance. Soyons tout à fait clair sur le fait que, quoi que les rationalistes aient pu dire sur les abstractions, il leur était interdit de soutenir que l’esse des possibilités est le concipi. • Or Leibniz fait exactement la même demande avec exactement le même résultat. La réalité fournit le principe et affirme l’antécédent d’un argument in re, qui démontre l’existence de tout épisode, quel qu’il soit, qui appartient à l’histoire du monde réel. Mais, à la différence de Spinoza, il propose une histoire compliquée qui donne un certain sens à l’idée que cela pourrait être la manière dont les choses sont – alors que Spinoza en dernière uploads/s3/ l15.pdf
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- Publié le Jan 25, 2021
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