LA FORMATION DU VOCABULAIRE (morphologie lexicale) INTRODUCTION : les différent
LA FORMATION DU VOCABULAIRE (morphologie lexicale) INTRODUCTION : les différents types de mots Les mots simples, constitués d'un seul morphème, s'étudient très vite en morphologie lexicale : il n'y a pas grand-chose à dire sur eux, ils ne peuvent pas être décomposés en éléments, en unités significatives plus petites. Ex : table, moustique, vapeur, maison, monument, élément, aliment, hameçon... (ils ne sont pas forcément constitués d'une seule syllabe). Les autres mots, complexes, sont appelés mots construits ; ils sont formés d'au moins deux morphèmes, et ont été constitués selon plusieurs procédés, dont les plus fréquents relèvent de la dérivation, ou de la composition. On dit qu'ils sont motivés, c'est-à-dire qu'ils sont perçus en association avec une forme simple originelle, ils ne reposent pas simplement sur eux-mêmes. C'est une association à l'intérieur de la langue, alors que les mots simples sont associés à une réalité. Le lexique d'un dictionnaire comprend environ un quart de mots simples et trois quarts de mots construits. Au contraire, une conversation banale (orale) utilise à peu près 80% de mots simples, soit la proportion inverse. I - LES DÉRIVATIONS 1) La dérivation (proprement dite) Un mot dérivé est formé par l'adjonction d'un ou plusieurs affixes (préfixes ou suffixes, soudés) à un morphème lexical appelé base ; la base ultime, minimale est appelée radical. Rappel : préfixe au début, suffixe à la fin ! Les désinences (pluriel, féminin...) ne sont pas des affixes, et ne participent pas à la dérivation. Cependant, la désinence verbale d'infinitif joue le rôle d'un suffixe de niveau zéro : aucun apport sémantique, mais changement de catégorie grammaticale. Notons que certains ouvrages comptent environ 260 préfixes et 175 suffixes en français ! A vrai dire, certains éléments relevés dans ces listes relèvent plutôt de la composition savante, même s'ils tendent à fonctionner comme préfixes ou suffixes (comme anti). La base peut être assez diverse. Dans un certain nombre de cas, elle est facilement identifiable : fierté (nc) vient de fier (adj). Dans d'autres cas, c'est plus flou : danseur (nc) vient-il de danser (v) ou de danse (nc) ? On peut former des mots sur des bases étrangères : débriefer (questionner au retour d'une mission) < un briefing (une réunion d'information avant une mission). Ou sur des sigles : CAPES > capésien ; SMIC > smicard. Ou sur des constructions syntaxiques entières : le je-m'en-foutisme ; un jusqu'au-boutiste. L'étude d'un mot dérivé, méthode : • On commencera par indiquer le procédé, et sa définition. • On précisera d'abord quel est le radical, et quelle est sa nature grammaticale. • A partir du radical, on retracera les étapes, et on précisera quel mot a servi à chaque fois de base au suivant. On peut avoir à signaler en cours de route des modifications morphologiques, dans la prononciation ou l'orthographe. On indiquera le cas échéant qu'une étape est sautée (dérivation parasynthétique). A chaque ajout d'un affixe, on précisera l'apport sémantique et, dans le cas des suffixes, la modification syntaxique (changement de nature grammaticale). • Lors de la dernière étape, on donnera le sens global du mot, en s'appuyant autant que possible sur le radical, et en prenant bien garde à définir un nom comme un nom (un objet, une personne, une technique, etc.), un adjectif comme un adjectif (ex : « qui est apte à... »), etc. Sur le plan sémantique, les préfixes et les suffixes ont le même effet : apporter une modification de sens par rapport à la base. Dans l'étude d'un mot, on précisera quelle est cette modification, en se méfiant des 1 variantes ou des apparences : • embarquer : le préfixe em- signifie « dans » / emmener : il exprime indirectement l'éloignement (on prend avec soi). • incarner : in- = « dans » = en- / inactif : il indique un contraire (la plupart des cas) • rougeâtre, marâtre : suffixe péjoratif ou approximatif (= « pas bon, ou pas franc ») Les préfixes les plus courants sont re- / ré- (répétition), dé- (éloignement, idée de défaire ce qui a été fait), in- (contraire). Sur le plan syntaxique : un suffixe change généralement la catégorie grammaticale, il sert même à cela, alors qu'un préfixe ne la change pas. La preuve qu'une désinence (pluriel, féminin, imparfait...) n'est pas un suffixe, c'est qu'elle sert à confirmer la catégorie grammaticale, et non à la changer (voir le cours d'orthographe). Cependant, l'ajout d'une désinence d'infinitif (par exemple sur une base adjectivale) change la catégorie. Il existe une quantité de suffixes de noms (-age, -ade, -ure, -aison, -ation, -ment...> généralement une action), d'adjectifs (-able / -ible / -uble > capacité), d'adverbes (-ment > manière), de verbes (-iser, -ifier > action, idée de faire). Il n'existe pas des préfixes de noms, d'adjectifs, etc. La désinence d'infinitif change évidemment la catégorie, puisqu'elle sert à former un verbe ; ce n'est pas un suffixe, mais elle a les caractéristiques, peut-on dire, d'un suffixe niveau zéro, sans élément de forme ni de sens. Quelques suffixes ne servent pourtant pas à changer la catégorie grammaticale, puisqu'ils s'appuient sur elle : ce sont des diminutifs, ou des suffixes péjoratifs, approximatifs, ou mélioratifs : amour / amourette (diminutif) vert / verdâtre (approximatif) crier / criailler (péjoratif) vin / vinasse (péjoratif) célèbre / célébrissime (mélioratif) chauffeur / chauffard (remplacement du suffixe normal par un suffixe péjoratif) bricoleur / bricoleux (idem, suffixe populaire prenant une valeur péjorative) Ne pas chercher des affixes là où il n'y en a pas : quel est le préfixe dans enfant ? dans épinard ? 2) La conversion, ou dérivation impropre Un mot change de catégorie grammaticale sans changer de forme, c'est très courant, et très économique sur le plan de la langue, très facile à comprendre aussi : Une blonde ; le vrai et le faux ; le rouge et le noir (adj. > nc) Méthode : • Procédé, et définition du procédé. • Nature d'origine, et nature obtenue. • Modification sémantique : sens obtenu. Exemples de modifications sémantiques : « une fille blonde » ; « les choses vraies ou fausses » (dans des paroles, des affirmations) ; « la couleur rouge ou noire ». Exemples de conversions : Un frigidaire, une poubelle, du pinard, une Peugeot ; (NP > nc) Le moi, un petit quelque chose, un rien (pronoms > nc) Les pourquoi et les comment (adverbes > nc) Le pour et le contre (prép. > nc) Les interjections, mots-phrases, ont des origines diverses : Jésus-Marie-Joseph ! (NP) / bon ! (adj.) allons ! voyons ! tiens ! (verbes) attention ! (nc) Avec des si, on mettrait Paris en bouteille. (conj de sub > nc) Un frigidaire, une poubelle (noms propres > noms communs : antonomase) 2 Sur le plan de l'orthographe, ces mots peuvent conserver la morphologie de leur catégorie d'origine ; par exemple, on n'écrit pas des sis. Notes : Pour certaines analyses, en grammaire, il faut penser que tout est a priori possible (bien que tout ne soit pas réellement possible). C'est-à-dire qu'un mot d'une certaine catégorie peut trouver un emploi correspondant à une autre catégorie. Par exemple, pratiquement n'importe quel élément peut être employé comme nom commun, quand on l'utilise avec un déterminant : ● des si - les si n'aiment pas les -rais ● le qu'en dira-t-on ● un petit je ne sais quoi ● un moi d'abord les autres après s'il reste de la place... C'est un peu comme si l'on mettait cet élément entre guillemets, comme une citation. Dans un texte imprimé, on l'écrit en italiques. De la même manière, un nom commun peut avoir exceptionnellement une fonction purement adjectivale, comme l'épithète. C'est le cas des adjectifs de couleur invariables, comme cerise, citron, marron... ; par exemple, ce dernier est bien « senti » comme un adjectif, mais il ne peut pas s'accorder, au moins au féminin (le pluriel en marrons commence à entrer dans les mœurs). On continue à sentir qu'avec cerise ou citron, c'est une comparaison ; avec rose, orange ou marron, on ne le sent plus. Dès qu'on ne sent plus que ce mot est utilisé comme citation ou comparaison, il est complètement lexicalisé, il a changé de nature, et il tend à prendre la variabilité de sa nouvelle catégorie, quand ça ne pose pas de problème de sonorité ou de sens. 3) La dérivation inverse Elle consiste à tirer un mot plus simple d'un mot plus long ; dans la pratique, on part souvent d'un verbe, qui donne la notion de base, et pour former un nom, on enlève simplement la désinence d'infinitif, le mot créé est alors appelé un déverbal : Accorder > un accord refuser > un refus attaquer > une attaque. Le problème, c'est que cela se situe sur un plan historique, et qu'il est parfois difficile de déterminer si c'est le verbe ou le nom qui est venu en premier. L'étude des définitions permet souvent de conclure : un refus, c'est « le fait de refuser », mais refuser, ce n'est pas « opposer un refus », c'est « uploads/s3/ la-formation-du-vocabulaire.pdf
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- Publié le Aoû 19, 2021
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