marges 06 marges 06 Art et ethnographie La revue du département Arts Plastiques

marges 06 marges 06 Art et ethnographie La revue du département Arts Plastiques de l’Université Paris 8 mai 2007, 5 € Journée d’études«Art et ethnographie» Claire Fagnart Art et ethnographie /Maria Ivens Une histoire ordinaire des artistes/ Jean-Claude Moineau L’artiste et ses modèles / Félix Tailliez Enregistrer, [montrer], raconter: récits d’expérience/Virginia Whiles Art et ethnographie Interventions artistiques Gabriela Gusmao Projet-témoignage Rua dos Inventos/Hélène Hourmat@ Rose des vents.com / Michaël Sellam Historique Journée d’études«Image de soi, image des autres. Europe de demain (art & philosophie) » François Soulages L’expérience de l’artérité de l’art comme expérience de l’altérité/ Julia Nyikos L’identité littéraire comme catalyseur de l’identité nationale et européenne/ Marc Tamisier Le temps de l’Europe, l’art et la photographie Varia Yannick Bréhin Une lecture de «La Beauté réelle » d’Eddy Zemach 3 Éditorial Journée d’études « Art & ethnographie » 8 Arts & ethnographie Claire Fagnart 17 Une histoire ordinaire des artistes Maria Ivens 28 L’artiste et ses « modèles » Jean-Claude Moineau 41 Enregistrer, [montrer], raconter: récits d’expérience Félic Tailliez 50 Arts & ethnographie Virginia Whiles Interventions artistiques 60 « Rua dos Inventos » Gabriela Gusmao 66 @Rose des vents. com Hélène Hourmat 73 Historique Michaël Sellam Journée d’études « Images de soi, images des autres. Europe de demain (art & philosophie) » 82 Introduction François Soulages 83 L’expérience de l’altérité de l’art ou l’art comme expérience de l’altérité François Soulages 90 L’identité littéraire comme catalyseur de l’identité nationale et européenne Julia Nyikos 98 Le temps de l’Europe, l’art et la photographie Marc Tamisier Varia 112 Une lecture de La Beauté réelle d’Eddy Zemach Yannick Bréhin 121 Notes de lecture, comptes rendus d’exposition 135 Abstracts (français, anglais) 140 Qualité des auteurs 141 Générique 142 Recommandations aux auteurs 143 Bulletin d’abonnement Sommaire Ce numéro rend compte d’une journée d’étude organisée à l’université Paris 8 en octobre 2005, autour des relations entre art et ethnographie. Cette journée concluait une série de rencontres et d’échanges répartis sur une semaine, où il s’agissait généralement de nourrir une réflexion sur la question de la « visibilité » des exclus dans l’art. Le point de départ de cette semaine avait été l’exposition de l’œuvre de l’artiste brésilienne Gabriela Gusmao, à l’université; une exposition qui avait été relayée par une lecture au théâtre Gérard Philipe d’une série d’entretiens réalisés par l’artiste avec des habitants démunis de Rio de Janeiro et, à la bibliothèque de l’université, par des rencontres avec des intervenants venus de disciplines différentes. En suivant des pistes proposées par le travail de Gusmao, il ne s’agissait pas tant d’observer les pratiques artistiques en provenance d’autres milieux culturels que de questionner la pratique de l’ethnographie à travers quelques expériences artistiques contemporaines « critiques ». Claire Fagnart part de la figure de l’artiste-ethnographe – empruntée à Hal Foster – pour s’interroger à la fois sur la crise de l’anthropologie et le succès simultané de ses problématiques dans le champ de l’art contemporain. Cela étant, ainsi qu’elle le constate, la question de l’ar- tiste-ethnographe réactive parfois des conceptions assez tradition- nelles de la figure de l’artiste, en tant qu’intermédiaire, non entre le divin et l’homme, mais entre le « réel » et les publics de l’art. Éditorial 3 5 Le texte de Julia Nyikos s’intéresse lui aux problèmes rencontrés par la Hongrie pour dépasser son isolement culturel; un isolement en partie dû à la complexité de sa langue. Enfin, le troisième texte, de Marc Tamisier, reprend certaines des thé- matiques abordées par François Soulages, en les confrontant – sous l’angle de l’art et de la photographie – à la question de l’altérité euro- péenne. La dernière partie de ce numéro est consacrée – comme précédemment – à des comptes rendus d’ouvrages et d’expositions récents. Une fois n’est pas coutume, l’un des comptes rendus, dû à Yannick Bréhin, prend la forme d’un article plus développé, afin de saluer l’importance de la traduction récente du Real Beauty d’Eddy Zemach. Les autres comptes rendus traitent du Fréquenter les incorporels d’An- ne Cauquelin, de Qu’est-ce qu’une image? de Jacques Morizot, de Qu’est-ce que la fiction? de Lorenzo Menoud, du dernier numéro de la revue Mélusine, consacré aux « métamorphoses », des expositions « Gary Hill » et « La Force de l’art ». Jérôme Glicenstein, mai 2007 4 Savoir où se situe l’artiste au sein de la société n’est de fait jamais simple, comme nous le rappelle Maria Ivens: la transformation du rôle de l’artiste depuis deux siècles témoigne ainsi de la permanence de conceptions anciennes voyant dans l’artiste un personnage privilégié hors du monde. Jean-Claude Moineau considère pour sa part que si l’artiste n’a certes pas un rôle particulier à jouer dans notre époque – pas plus aujour- d’hui qu’autrefois – il n’en demeure pas moins qu’il peut user de sa position sociale pour « porter » la parole de l’autre, des autres. C’est ce genre d’idée que met en pratique Félix Tailliez au cours de ses expériences de photographe « de terrain »; par ses rencontres et dis- cussions où la photographie n’est jamais un simple objet « pris » à l’in- terlocuteur quel qu’il soit, mais plutôt le support d’une rencontre où le dialogue ne peut être réductible à la production d’un simple objet d’art. Le texte de Virginia Whiles est sans doute celui qui prend le plus de distance avec son sujet, l’auteure revenant sur un séminaire qu’elle a mené pendant plusieurs années sur la question des relations entre art et ethnographie, en France et en Angleterre, auprès d’étudiants d’ori- gines très diverses. La journée d’études ayant été accompagnée (voire précédée) d’exposi- tions, il nous a paru essentiel de donner la parole à des artistes ayant travaillé sur ces problématiques. Les textes de Gabriela Gusmao et Hélène Hourmat sont ainsi illustrés de certaines des productions plas- tiques ayant été « récoltées » ou « produites » au cours de leurs enquêtes. Nous leur avons joint un travail de Michaël Sellam réalisé spécialement pour ce numéro et où l’artiste pratique lui aussi, à sa manière, un travail auquel l’ethnographie n’est pas complètement étrangère. Une deuxième partie de ce numéro rend compte d’une rencontre entre étudiants et universitaires européens ayant eu lieu à Athènes en 2005. Nous en publions trois textes. Le premier, de François Soulages, est une méditation à partir de Lévinas, sur la question de l’art, de l’Europe et de la relation à l’autre. 6 journée d’études Art & ethnographie 9 Crise de l’anthropologie Approche thématique Marc Augé définit ainsi l’anthropologie: « La recherche anthropolo- gique traite au présent de la question de l’autre. La question de l’autre n’est pas un thème qu’elle rencontre à l’occasion. Il est son unique objet intellectuel4. ». L’altérité constitue donc un objet com- mun à l’anthropologie et à l’art ethnographique5. L’anthropologie ne cherche pas tant à représenter l’autre comme individu qu’en tant qu’il s’inscrit lui-même dans une culture. À partir des années 1960, l’art a commencé à avoir la culture comme objet – l’artiste peut pro- poser une lecture de l’espace social (Joseph Beuys), de l’espace du musée, des discours institutionnels (Hans Haacke, Shapolsky et al. Manhattan Real Estate Holdings, a Real-Time Social System as of May 1, 1971, 1971 : dénonciation des magnats de l’immobilier, N.-Y., 1969-1973) – et parallèlement les artistes se sont interrogés sur la manière dont leur culture pouvait déterminer leur rapport aux autres. C’est la colonisation qui a engagé la question de l’autre. L’autre est alors perçu comme exotique, c’est-à-dire comme appartenant à un autre temps – selon une conception téléologique primitive de l’an- thropologie6 – et/ou à d’autres lieux (Afrique, Océanie). Il est donc radicalement différent. Cette différence est mise en tension avec l’hypothèse d’une commune humanité: celle d’un seul mode de fonctionnement de l’esprit humain, l’anthropologie traditionnelle situant alors l’autre exotique à un moment différent de son histoire, selon le modèle historiciste qui prévaut au 19e siècle. Il faut oppo- ser à cette anthropologie traditionnelle, l’anthropologie culturelle américaine actuelle qui est relativiste. C’est celle des Cultural Stu- dies. Elle postule que toute culture est un tout organique, un systè- me cohérent irréductible. Selon ce modèle relativiste, développé par Boas et Sahlins, « l’autre » est intégralement expliqué par sa culture (outils + formes esthétiques + structure sociale + classifica- tions de la pensée…). Son fonctionnement de l’esprit (de la pensée) est par conséquent radicalement spécifique. L’anthropologie ne tente plus alors d’énoncer un modèle d’humanité commune7. La décolonisation et le développement des moyens de transport et de communication a engagé un bouleversement de l’altérité elle- même. Nos rapports à l’espace et à la culture s’en sont trouvés absolument modifiés de sorte que « la mort de l’exotisme est la caractéristique essentielle de notre actualité8 ». L’anthropologie est devenue non exotique. De l’étude des peuples lointains, elle est pas- sée à l’étude de milieux lointains, comme par exemple la paysannerie. une conception générale de l’homme, en relation avec sa culture. Les frontières entre ces trois champs d’étude sont donc aisées à traverser (un même individu peut être tour à tour ethnographe, ethnologue et anthropologue). L’expression « art ethnographique uploads/s3/ marges-06-art-et-ethnographie.pdf

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