Dossiers pédagogiques Collections du Musée Un mouvement, une période LE FAUVI
Dossiers pédagogiques Collections du Musée Un mouvement, une période LE FAUVISME ET SES INFLUENCES SUR L’ART MODERNE André Derain, Les deux péniches, 1906 « L’ORGIE DES TONS PURS » La « cage aux fauves » du Salon d’Automne, 1905 Les sources du fauvisme Repères : la couleur comme absolu Les artistes et leurs œuvres Henri Matisse, Nature morte à la chocolatière, 19001902; La Gitane, 1905 Raoul Dufy, Les affiches à Trouville, 1906 André Derain, Les deux péniches, 1906 Maurice de Vlaminck, Les coteaux de Rueil, 1906 Georges Braque, L’Estaque, octobre 1906 LE FAUVISME ET L’ART MODERNE, EXPRESSIONNISME ET ABSTRACTION Un rôle nouveau pour la couleur Les artistes et leurs œuvres Ernst Ludwig Kirchner, La Toilette – Femme au miroir, 19131920 Vassily Kandinsky, Paysage à la tour, 1908 TEXTE DE RÉFÉRENCE Henri Matisse, Écrits et propos sur l’Art, Hermann, Paris 1972 BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE « L’ORGIE DES TONS PURS » LA « CAGE AUX FAUVES » DU SALON D’AUTOMNE, 1905 « Le fauvisme est venu du fait que nous nous placions tout à fait loin des couleurs d’imitation et qu’avec des couleurs pures nous obtenions des réactions plus fortes. » « La couleur surtout et peut être plus encore que le dessin est une libération. » Henri Matisse, Écrits et propos sur l’Art Régulièrement accrochés dans les premières salles du Musée national, les artistes fauves annoncent par la couleur la modernité et les bouleversements artistiques du début du XXe siècle. En donnant aux « chocs » émotifs, selon le mot d’Henri Matisse, une palette franche et pure, le fauvisme prête à la couleur la tonalité d’une émotion et d’une sensation. Il ne s’agit plus de traduire les instabilités de la lumière comme l’avaient fait les impressionnistes, mais d’affirmer avec force le regard du peintre sur un monde auquel il donne ses couleurs. C’est en 1905 que nait le mouvement dont Henri Matisse est le précurseur et le plus important représentant. Les artistes les plus remarqués sont réunis dans la salle VII du Salon d’Automne : Henri Matisse, Henri Manguin, André Derain, Maurice de Vlaminck, Charles Camoin et Albert Marquet. Dans d‘autres salles, Raoul Dufy, Othon Friesz, Jean Puy, Georges Rouault, Albert Marquet ou Kees van Dongen s’illustrent par une même franchise colorée. Ils entrent alors dans la postérité sous la plume du critique d’art Louis Vauxcelles qui, remarquant un buste d’angelot d’inspiration florentine du sculpteur Marque, perdu au milieu de « l’orgie des tons purs », évoque « Donatello au milieu des fauves » − il faut néanmoins reconnaître que l’origine du jeu de mots souffre de plusieurs origines ! Si l’agressivité et la violence caractérisent les fauves, le public rugissant avec les mots « scandale, fumisterie, démence, ignorance » sera particulièrement sévère. Loin d’être folie, les œuvres feront théorie et le fauvisme alors né deviendra référence. LES SOURCES DU FAUVISME Paul Gauguin, Femmes de Tahiti, 1891 Huile sur toile, 69 x 91,5 cm Les Nabis, réunis autour de Paul Sérusier, ont semblé dans un premier temps porter la couleur à son paroxysme − comme dans le Talisman, 1888 (27 x 21 cm, collection musée d’Orsay)1, toile qui amorce le mouvement. Mais la timidité des nuances lumineuses et les sujets convenus qui les caractérisent par la suite éclipsent l’importance qu’ils auraient pu avoir. Paul Gauguin, qui avait conseillé Sérusier sur la manière d’utiliser la couleur dans son tableau de référence, est, à l’inverse, un artiste essentiel dans l’origine du fauvisme. « Chaque couleur est comme vibration dans la musique », dira Paul Gauguin qui, en Polynésie, compose selon ses visions ses toiles par aplats de couleurs pures. Le paradis accessible de Paul Gauguin, où la couleur libérée se dévoile sans tabous, fascine tout autant que l’art primitif qui l’inspire. L’impressionnisme (18741886, dont Monet est le peintre le plus représentatif) s’impose alors comme la principale origine du fauvisme. Les théories d’Eugène Chevreul (et en particulier de la loi du contraste simultané des couleurs) publiées en 1839 inspirent au mouvement impressionniste une touche divisionniste qui tente de restituer les instabilités de la lumière. La couleur pure, sortie à même le tube (inventé vers 1840), incarne la base solaire d’une peinture réalisée le plus souvent sur le motif, en plein air. La couleur seule appliquée par petites touches abandonne la ligne et le dessin et se joue de ses contrastes pour exalter les impressions fugaces face aux paysages. L’œil restitue alors les sensations de la lumière que le peintre décompose en touches colorées. Dans le contexte postimpressionniste, Vincent van Gogh occupe une toute première place. Lorsque sont exposées, en 1901 chez BernheimJeune, 71 de ses œuvres, Vlaminck s’enflamme pour celui qui, par touches grasses et sinueuses, s’est brûlé sous les lumières de la Provence. S’inspirant parfois des estampes japonaises, il donne à la couleur des masses et contrastes importants qui anticipent les gammes fauves. C’est cette juxtaposition de touches colorées que Matisse, alors élève du peintre divisionniste Paul Signac, met directement en pratique dans Luxe, calme et volupté, 19041905 (98,5 x 118,5 cm, musée d’Orsay)2, œuvre pour laquelle le peintre pousse la division de la touche jusqu’au pointillisme. Derain et Braque dans un esprit similaire fractionneront la composition de polychromies rythmées. Enfin, dans ces influences, il faut signaler le rôle de Louis Valtat (18691952) qui, en 1896, enseigne à l’École des Beauxarts de Paris. Il a pour élèves Matisse, Rouault, Puy, Marquet, Camoin, Manguin. Pour cet adepte de Gustave Moreau, la couleur ne tend pas seulement à évoquer le réel mais peut s’enrichir d’une valeur symbolique. Expérimentant dans ses propres peintures réalisées à Arcachon pendant l’hiver 189596 les formes simplifiées contenant les couleurs pures, sans ombres portées ni perspectives abouties, il annonce dix ans avant ses élèves un triomphe auquel il participera : il exposera 5 toiles aux cotés de Kandinsky et Jawlensky dans la salle XV du Salon d’Automne de 1905. 1. Paul Sérusier, Le Talisman, 1888, collection Musée d’Orsay 2. Henri Matisse, Luxe, calme et volupté, 19041905, collection Musée d’Orsay REPÈRES – LA COULEUR COMME ABSOLU En 1899, Paul Signac publie De Delacroix au néoimpressionnisme, ouvrage dans lequel il définit les principes du pointillisme − un divisionnisme poussé, presque scientifique, dont Seurat est l’une des principales figures − et met en avant l’œuvre d’Eugène Delacroix − premier artiste qui accorde à la couleur une valeur égale à celle donnée au dessin. En 1901, ce sont 71 tableaux de Vincent van Gogh qui sont exposées à la galerie BernheimJeune. À cette occasion, André Derain présente Maurice de Vlaminck à Henri Matisse. En 1903, l’année de sa mort, Paul Gauguin expose chez Ambroise Vollard et au Salon d’Automne. Durant l’été 1904, Paul Signac enseigne à Henri Matisse les techniques pointillistes à SaintTropez, où se trouve également le peintre Charles Edmond Cross. À son retour, Matisse peint Luxe, calme et volupté, 19041905. Mais il abandonne vite cette technique, par trop contraignante : « On ne peut pas vivre dans un ménage trop bien fait, un ménage de tantes de province. Alors on part dans la brousse pour se faire des moyens simples qui n’étouffent pas l’esprit », ditil. (Entretien avec Tériade, publié dans l’Intransigeant (janvier 1929), in Écrits et propos sur l’art.) L’année 1905 est l’année décisive. En juin est en effet créé, à Dresde, le premier groupe expressionniste allemand, Die Brücke (le Pont), qui réunit Ernst Ludwig Kirchner, Erich Heckel, Fritz Bleyl et Karl Schmidt Rottluff. Le fauve Kees van Dongen se rapprochera du groupe et en sera l’intermédiaire avec les artistes français. En juillet et août, Derain et Matisse « turbinent » ensemble à Collioure sur la couleur et la traduction de la lumière, tandis qu’en octobrenovembre le IIIe Salon d’Automne à Paris au Grand Palais présente sur les 1 625 œuvres recensées, dans la salle VII, 39 œuvres de Matisse, Derain, Vlaminck, Manguin, Camoin et Marquet. Située à côté de l’espace consacré au Douanier Rousseau qui y présente, entre autres, Le lion, ayant faim,…3, elle devient « la cage aux fauves » dans l’article publié dans le supplément du Gil Blas du 17 octobre 1905, sous la plume de Louis Vauxcelles. La Femme au chapeau de Matisse4 (80,6 x 59,7 cm, San Francisco Museum of Modern Art) est particulièrement chahutée. D’octobre 1906 à février 1907, Georges Braque, accompagné d’Othon Friez, se rend à l’Estaque pour reprendre les motifs de Cézanne − il y avait peint à partir de 1870 − et se soumettre à la lumière du Midi. Septembre 1907, se tient au Salon d’Automne, avec une soixantaine d’œuvres, ce qui constitue la fameuse rétrospective Cézanne. Plus que « la petite sensation » prônée par le maître − une couleur qui viendrait moduler les plans −, c’est « modeler avec la couleur » qui va marquer les évolutions plastiques de certains fauves. À partir de 1907, beaucoup d’artistes à l’origine du mouvement choisissent des voies différentes. Georges Braque, aux côtés de Pablo Picasso, privilégie l’espace et sa construction dans le mouvement cubiste naissant. Derain, fauve flamboyant, ne laissera de son œuvre tardive qu’une palette éteinte, respectueuse d’une tradition « classique » de uploads/s3/ le-fauvisme-et-ses-influences-sur-l-x27-art-moderne.pdf
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- Publié le Mar 30, 2021
- Catégorie Creative Arts / Ar...
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