Photos-Langages Photos-Expressions • Francis YAICHE • Hachette FLE D1010004 L’u
Photos-Langages Photos-Expressions • Francis YAICHE • Hachette FLE D1010004 L’utilisation de la photo dans la classe de langue étrangère • Que peut-on faire à partir d’une photo en classe de langue ? Tout ou à peu près tout ! Par exemple, • très simplement, mettre des couleurs et des tons sur une photo en noir et blanc si l’on veut travailler le lexique de la couleur et le présentatif « il y a » ; • mais aussi se présenter à partir d’une photo en disant pourquoi elle plaît ou ne plaît pas ; • ou encore, imaginer qu’une photo est parue à la « Une » du journal du matin et en écrire les gros titres, • imaginer que la photo est le visuel d’une publicité dont il faudra écrire l’accroche et l’argument, • déchirer une photo en deux ou en plusieurs morceaux puis essayer de la recomposer, • inventer une histoire dont la photo (ou les photos) est le témoignage, etc. • • • Un support privilégié La photo est un support privilégié pour favoriser l’expression écrite, l’expression orale ou le montage de jeux de rôles, et ce, quels que soient les publics. Que ce soit pour • décrire, • inventer, • argumenter, • raconter, • identifier, • se présenter La photo, une catharsis • la photo est un lieu d’expression riche = plus d’une soixantaine d’activités à développer dans des contextes d’apprentissage variés en langue générale ou de spécialité. • la photo est : un mode d’expression contemporain que les jeunes affectionnent et pour lequel ils ont une compétence : décryptage sémiotique mais aussi production créative. • un support projectif favorisant une catharsis des passions personnelles et sociales, permettant donc souvent de lever les inhibitions et verrous qui bloquent l’accès aux processus d’apprentissage. Quelques réflexions médiologiques en complément de l’atelier sur le photos-Expressions • Il faut tenir compte de la nouvelle définition de la relation à la photo des « digital natives » nés avec un appareil photo numérique incorporé à leur i-phone. • Les technologies de la communication ont transformé les individus en consommateurs « addicts » de photographies, (cf Instagram), là où les anciennes générations n’en disposaient que de quelques dizaines ou centaines. • Depuis que le « robinet » des « NTIC » est grand ouvert nous consommons des centaines de milliers de photos ; et surtout – ce qui est nouveau - nous les produisons, nous les fabriquons, nous les manipulons (avec Photo Shop par exemple). De ce fait, notre relation à la photo n’est plus la même : elle a perdu – comme beaucoup d’autres choses, le livre par exemple – de sa sacralité, de son autorité, nous ne lui faisons plus autant confiance que par le passé. • Régis Debray dit - avec optimisme - que nous sommes en passe d’acquérir la même liberté avec les images que celle que nous avons avec les mots. Les images ne sont plus des « certificats de réalité », de vérité, nous sommes entrés dans « l’ère du soupçon » ( Nathalie Sarraute). • Il y a eu tellement de « bidonnages » d’images (les faux charniers de Timisoara, les images de la première guerre du Golfe montrant des oiseaux « emmazoutés » par Saddam Hussein, en fait des fous-de-bassan englués dans le pétrole de l’Amoco Cadiz ; la fausse interview de Fidel Castro par PPDA, etc. mais aussi le célèbre baiser des amoureux de Doisneau qui est un faux instantané ou la mythique photo du milicien fauché par une balle soupçonnée d’être un montage de Robert Capa) • il y a tellement de possibilités de trucages, notamment pour confectionner des créatures de rêve pour la publicité, • que les individus ne sont plus aujourd’hui dans la fascination, dans la sidération, l’admiration, l’émotion et la crédulité qui étaient le lot des anciennes générations, celles d’avant le numérique. • Le statut nouveau de la photo est paradoxal : - d’un côté, la photographie accède au statut d’œuvre d’art et trouve sa place dans tous les musées d’art contemporain du monde ; on « recatégorise » d’ailleurs certaines photos – au départ d’actualité ou d’ethnologie (cf celles du musée Albert Khan), comme des photos d’art ; et du coup la photo trouve aussi sa place sur le marché de l’art (la photo de la mer de Le Gray, datant de 1851 a été adjugée en 2000 plusieurs millions de …francs) ; - de l’autre côté, c’est un produit de grande consommation/consolation devenu banal, jetable, qui envahit notre quotidien, la presse, la pub, le net, qui est donc consommé et produit en masse par des « particuliers » qui ont de plus en plus une vraie compétence : • sémiotique de décryptage • de fabrication, manipulation (photo-shop est devenu le B.A. BA de la photo !) • Cela change de toute évidence le regard et la relation à l’objet étudié. Le numérique et sa profusion, la « reproductibilité » annoncée par Walter Benjamin, dans sa logique des grands nombres, a dé-construit la magie photographique, la magie de la révélation du temps de l’argentique, dont le facteur temps était l’un des paramètres. Autrefois, on ne savait pas – il fallait attendre – ce qui allait sortir du bac ou de chez le photographe auquel on avait confié – sinon le Grand Rouleau – du moins la « bobine ». • Il y a aujourd’hui • une forme de proximité, immédiateté, simplicité, dans l’acte photographique, dans la nouvelle définition de la relation à la photo, • • simplicité qui se traduit d’ailleurs par une « esthétique » nouvelle, celle de la photo imparfaite ; on est beaucoup dans l’esthétique (l’idéologie !) du flou, du ratage (notamment sur Facebook), de l’imprécis. • Au début du 20è siècle, quand on était photographié, on n’avait pas le droit à l’erreur et on était sérieux et bien habillé ; • puis dans les années 60, on a commencé à sourire à l’objectif et à accepter d’être « pris » dans des situations ordinaires ; • aujourd’hui, depuis l’ère numérique ( à comprendre aussi comme étant celle du grand nombre) on sait qu’il y aura des milliers de photos d’un individu dans une vie (ça ne coûte rien !) en conséquence de quoi il n’y aura pas/plus de « crispation » sur la nécessité d’être net et beau. La frontière entre l’intime et l’extime • Le naturel en photo a donc changé ; la frontière intime/extime aussi ; la photo de famille déborde la sphère de l’intime (notamment sur les réseaux sociaux), les frontières de l’exposition de soi et de l’auctorialité bougent également : cf les « selfies » postés sur le Net. Nous sommes tous des photographes • Nous sommes tous devenus « auteurs » (les femmes comme les hommes, alors que c’était une « technique » proprement masculine par le passé), et cette nouvelle auctorialité pose aussi la question de la « photo d’auteur » et de la « photo d’art ». Nous sommes tous des “pronétaires” • Les « pronétaires » que nous sommes devenus (Joël de Rosnay) ont une telle capacité à mitrailler que sur le grand nombre se trouve parfois en effet une photo d’exception. • La question de l’auctorialité et du périmétrage des notions photos d’auteur/photos d’art est à reconsidérer/redéfinir. • les photos ne peuvent pas ne pas être des images d’auteur. • Les photos sont-elles toujours des déclencheurs de paroles ? • Oui… mais il y a quantité de situations où une photo ne déclenchera rien : par exemple : • - avec des apprenants en fragilité scolaire ou psychologique et qui donc ne veulent pas être encore un peu plus marginalisés par le recours à la créativité ; • - avec des apprenants qui ressentiront l’injonction à parler librement sur une photo comme une forme d’inquisition inacceptable ou comme une « double-bind » les engageant à surtout être spontanés ; • - avec des enseignants « flous » ou mal à l’aise avec cette approche particulière et n’ayant pas fait le choix de l’exploitation en expression écrite ou orale (ou des deux combinés) ou encore dans le choix des techniques d’animation. Valeur et limites • Certaines photos peuvent être aussi – sur certains publics (adolescents par exemple)- des « inhibiteurs » de paroles : on pense là à - certaines photos d’auteurs incompréhensibles pour certains publics, certaines cultures, - à certaines photos de publicité (le porno-chic ou les célèbres « pubs » de Benetton des années 80) - ou certaines photos choc d’actualité violente ou brûlante. • Des expérimentations ont été faites au Belc dans les années 80 sur les bénéfices supposés de l’utilisation de la photo. • La conclusion était – comme pour l’utilisation des simulations globales – qu’il n’y avait pas de véritable bénéfice sur les acquisitions entre une classe fonctionnant avec une approche classique et celle utilisant une approche créative. Le jeu était à peu près égal entre les deux groupes. • En revanche, les bénéfices étaient nets sur le plan du plaisir uploads/s3/ photos-langages-photos-expressions.pdf
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- Publié le Dec 08, 2022
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