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3’:HIKRTF=WUZ^U^:?k@a@b@a@k"; M 07952 - 10 - F: 5,90 E - RD Octobre 2018 • N° 1

3’:HIKRTF=WUZ^U^:?k@a@b@a@k"; M 07952 - 10 - F: 5,90 E - RD Octobre 2018 • N° 10 • Le Nouveau Magazine Littéraire 3 édito n ne peut plus attendre, il faut se mouiller ! » On peut rendre ce mérite à Daniel Cohn-Bendit de nous avoir sortis de la déprime qui accompagnait le renoncement de Nicolas Hulot à pour- suivre ses fonctions de ministre de la Transition écologique et solidaire. L’émotion face à un échec personnel, qui était aussi le nôtre, tour- nait au culte de la démission asthénique et de l’immobilisme aigre jusqu’au soir du Grand Soir. Les professionnels de la profession révolu- tionnaire nous promettaient une nouvelle fois le paradis – vert cette fois – pour les lendemains du renversement du système capitaliste. Sans voir même l’once d’une contradiction entre la proclamation d’un état d’urgence pour la nature et l’injonction à l’immobilisme puisqu’il n’y au- rait rien à faire. Rien, sauf se bouger ! Car il y avait cela de positif dans « le testa- ment » de Nicolas Hulot : l’appel à une mobili- sation générale qui lui avait tant fait défaut. À commencer par celle des écologistes, premiers responsables de l’impuissance de l’animateur triste qu’ils ont fait battre autrefois. Alors même que leurs thèses se révélaient justes pour beau- coup, leur sectarisme les a conduits à un isole- ment dramatique. Des Verts solitaires quand leurs thèses devenaient majoritaires. Un tel gâ- chis ne peut inciter à un repli supplémentaire. Le temps est venu de se « mouiller » donc, de marcher ainsi que l’ont fait spontanément des dizaines de milliers de personnes dans toute la France. Des premiers pas, et chaque avancée compte. Car il n’est plus question d’aller « comme s’en vont les écrevisses, à reculons, à reculons ». Ces mots sont ceux de Guillaume Apollinaire, à qui nous consacrons un dossier enchanté car il n’est pas de politique concrète sans poétique. Ce donneur de songes peut nous servir de guide. D’éclaireur. Il ne s’agit pas seulement de se bouger, ou même de prendre tout ce qu’il y a de bon à prendre dans ce gouvernement ou dans le suivant. Toutes les réformes de progrès que l’on pourra arracher seront les bienvenues. Car c’est reculer que d’être stationnaire. Mais « il est grand temps de rallu- mer les étoiles », ainsi que l’écrit encore Apolli- naire. Autrement dit, il ne suffit pas de se « mouiller » les doigts de pied au bord du Ru- bicon. Car nous n’avons plus un poil de sec. L’échec auquel nous devons faire face est celui de l’écologie, mais aussi celui du système capi- taliste qui se révèle incapable de maîtriser sa ﬁ- nanciarisation et ses « dingues du pognon ». Ces excès devenus la norme engendrent iné- galités et populisme. Ils annoncent – nos contri- buteurs ne sont pas tous de dangereux anticapi- talistes – une crise qu’il faut anticiper d’urgence. Sans prophétiser l’apocalypse. C’est un des risques, car la peur qui prend les pays au ventre mange aussi les cervelles. Notre imaginaire est toujours plus envahi par le spectre de la ﬁn du monde qui nous pousse au repli, alors qu’il fau- drait balayer les miasmes de l’angoisse pour re- trouver le sens du possible et de l’inventivité. C’est le chacun pour soi qui s’impose, alors qu’il faudrait penser le collectif, le sauvetage de l’éco- logie et de l’économie. La bataille, en toile de fond, est celle de l’esprit contre l’irrationnel. Les réformistes du quotidien ne sauraient oublier ce que l’essayiste Daniel Cohen appelle joliment « la critique artistique qui permet à chacun de conserver une conscience rebelle de ses besoins véritables ». Voilà qui nous convient. L « Il est grand temps de rallumer les étoiles » Par Nicolas Domenach Apollinaire, ce donneur de songes, peut nous servir de guide, d’éclaireur. « Octobre 2018 • N° 10 • Le Nouveau Magazine Littéraire 5 sommaire Le Nouveau Magazine littéraire • N° 10 • Octobre 2018 3 Édito par Nicolas Domenach 6 Courrier 8 Le bien commun les idées 10 Qui veut la peau du pape François ? par Henri Tincq 14 Les caves du Vatican par Julien Théry 16 Un temps pour haïr de Marc Weitzmann par Fabrice Colin 20 Benalla : en faire tout un Monde ? par Michel Azaïs 22 François-Xavier Bellamy, le directeur de conscience par Marie-Dominique Lelièvre 26 Maurice Audin, souvenirs d'en France par Nicolas Domenach en couverture Le capitalisme ne répond plus 30 Y a-t-il un pilote dans l'avion ? par Christine Kerdellant 34 Une croissance numérique en trompe-l'œil par Daniel Cohen 37 Les Gafa campent sur leur pactole par Gilles Fontaine 38 « Faire des salariés des actionnaires » entretien avec Alain Minc 40 « La prochaine crise sera plus grave » entretien avec François Lenglet 42 Christophe Guilluy, un diagnostic plus que moyen par François Bazin 43 Se ressaisir ou disparaître par Paul Jorion 45 « Le XXIe siècle sera celui de la Chine » entretien avec Claude Meyer 46 L'Occident peut-il s'efondrer ? par Patrice Bollon 50 Ces Lumières qui vacillent par Patrice Bollon notre bibliothèque Fiction 54 Dans les ombres des sixties : Christophe Boltanski et Bertrand Schefer par Alain Dreyfus 56 Christophe Donner 58 David Diop 60 Dan Chaon 62 Julian Barnes 63 Nicole Krauss 64 Jón Kalman Stefánsson non-ﬁction 66 La ballade des imbéciles heureux par Maxime Rovere 69 Pierre Rosanvallon 70 Jean Paulhan 72 Michaël Ferrier les arts 74 Olivier Cadiot traduit La Nuit des rois par Alain Dreyfus 77 Les mille coups de Minuit : la bibliothèque des Lindon par Marie Fouquet dossier Apollinaire 82 Extase du cœur éconduit par Frédéric Pajak 86 Orphée ce qu'il te plaît par Laurence Campa 89 À chacun son Guillaume par Agnès Desarthe, Stéphane Audeguy, David Diop, Geneviève Brisac, Philippe Forest 94 Un voyant sans œillères par Marie Fouquet 95 Et l'épris d'art échoua au violon par Alexis Brocas le roman d'un livre 98 Fahrenheit 2018 par Delphine Minoui idées, débats, récits... www.nouveau-magazine-litteraire.com Ont également collaboré à ce numéro : Simon Bentolila, Maialen Berasategui, Eugénie Bourlet, Jacques Braunstein, Pauline Feuillâtre, Alexandre Gefen, Jean-Baptiste Harang, Manon Houtart, Jean Hurtin, Félicie de Karst, Pierre-Édouard Peillon, Bernard Quiriny, Maxime Rovere, Camille Thomine. En couverture : Richard Kolker/Getty images – Adoc-photos © ADAGP-Paris 2018 pour les œuvres de ses membres reproduites à l’intérieur de ce numéro. Ce numéro comporte 2 encarts : 1 encart abonnement Le Magazine Littéraire sur les exemplaires kiosque France. 1 encart abonnement Edigroup sur les exemplaires kiosque Suisse et Belgique. ILLUSTRATIONS DE RITA MERCEDES, SYLVIE SERPRIX, SYLVIE BELLO ET FRÉDÉRIC PAJAK POUR LE NOUVEAU MAGAZINE LITTÉRAIRE 28 80 10 66 courrier 6 Le Nouveau Magazine Littéraire • N° 10 • Octobre 2018 !"#$%&'()'*"$+!'$ ,--,.,/)$,!)*.'),'.# Je me suis abonnée tout ré- cemment quand j’ai découvert, un peu trop tard d’ailleurs, la qualité et la richesse des articles de la revue menée par Raphaël Glucksmann. Des dossiers pas- sionnants, des sujets éclec- tiques, des thèmes sociétaux, des sciences humaines, un ton vif et acéré (est-ce si gênant que cela ?). Maite Ceberio Esteban Je proteste contre la rup- ture de contrat que constitue le débarquement de M. Gluks- mann ! « Cher » actionnaire principal, il vous a déplu, la belle affaire ! À moi lecteur votre action me déplaît… Je pensais soutenir une presse libre ! Je ne me suis pas abonné à la Pravda. Alain Marmion 0#$.#1!2$3#$$ 0,$2#!0#$,0)#.",)'&#$ 4,(.*"5-*-!0'24# Les critiques très conte- nues sur Emmanuel Macron étaient salutaires, donnant un peu d’espoir, a contrario de tous les thuriféraires qui vire- voltent d’un plateau à l’autre pour donner leur avis d’« ex- perts » laudateurs ! Ces cri- tiques, loin de favoriser les idées populistes, nous donnaient à réﬂéchir sur une autre voie, celle du bien commun, dont le terme même semble disparu des dic- tionnaires de ceux qui nous gouvernent. M. F. Marinari J’avais renoncé au Nouvel Obs, en raison de mon désac- cord sur une ligne éditoriale devenue sourde aux injustices, et embourgeoisée. La main posée par M. Perdriel sur la ligne du Nouveau Magazine annonce ma prochaine défec- tion. C’est lui le patron, et ce mot implique que je ne saurais accepter ses actions modéra- trices, ni partager les valeurs « démocratiques et républi- caines » dont il s’estime dépo- sitaire. La lutte contre le popu- lisme et les extrêmes (au nom de quoi se permet-on de qua- liﬁer d’extrêmes les positions des insoumis ?) est sa priorité de nanti, comme le soutien à M. Macron, qui pour moi est ex- trêmement libéral. Faites-vous plaisir, usez de vos droits à mé- priser la gauche égalitaire et fraternelle, mais ce sera sans mon aide. Bon appétit, mes- sieurs de la gauche hors-sol. Michel Charbonnel Je lis Le Magazine littéraire depuis de longues années, certes de manière épisodique, mais sans rater les numéros consacrés à la rentrée littéraire et ceux dont le dossier est dé- dié à un auteur que j’affec- tionne. Le n° 1 du Nouveau Ma- gazine littéraire a suscité ma curiosité et provoqué ma sur- uploads/s3/ le-nouveau-magazine-litteraire-le-capitalisme-ne-repond-plus.pdf