Compte-rendu d’expositions Semestre d’automne 2020 Pour les compte-rendu d’expo
Compte-rendu d’expositions Semestre d’automne 2020 Pour les compte-rendu d’expositions, j’ai sélectionné deux articles de mon carnet culture 2020 ayant été écrit entre sep- tembre et décembre. Le carnet contient initialement des films, des expositions, des musiques… Toutes les choses qui ont retenu mon attention ces derniers mois. Je considère qu’un designer se doit de connaître le monde qui l’environne et de toujours le questionner. Chaque chose peut se transformer en inspiration, ou du moins en piste de réflexion. Il me semble que c’est ce qu’enseigne cette matière. Je tiens également à préciser que j’ai réalisé toutes les images de ce compte-rendu (photos et illustrations) c’est pourquoi il n’y a aucun crédit identifié. J’ai choisi de présenter l’exposition Luxes du musée des Arts Décoratifs de Paris en me questionnant sur la place que le luxe occupe dans nos vie, dans notre histoire. Je suis initialement plus intéressée par les projets sociaux qu’élitistes, mais cette exposition m’a permis élargir mon regard sur cette pratique. J’ai notamment apprécié la liberté d’expérimentations que le luxe offrait au designer. J’ai ensuite longuement hésité mais j’ai finalement décidé d’exposer ma réflexion autour du rôle éthique du designer, initiée par le documentaire The social Dilemma. Je l’ai trouvée plus actuelle étant donné que les musées sont fermés et qu’avec le confinement nous démultiplions le temps derrière nos écrans. Bonne lecture ! PS : Si jamais vous voulez lire l’intégralité du carnet (en dehors d’un contexte de notation ou pt bonus), je me ferais un plaisir de vous l’envoyer et de pouvoir le partager avec quelqu’un. THE SOCIAL DILEMMA documentaire Netflix Scandale, incivilité, manque de confiance (en soi et en l’autre), solitude, aliénation, polarisation, hacking, populisme, détournement… Nous le savons tous, il s’agit de défauts issus de notre utilisation d’internet qui sont en pleine explosion. La seule chose qui est à la racine de tous les problèmes causés par internet est l’espèce humaine. Les GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon) ne font qu’exacerber ces vices déjà présents dans notre société. Par exemple, depuis l’apparition des réseaux sociaux, le taux d’hospitalisation pour automutilation a triplé chez les pré adoles- cents aux US. Le taux de suicide à également augmenté de 151% entre les années 2000 et 2010. La génération dite génération Z est en effet la plus touchée par les effets du numérique puisqu’il s’agit des premiers adolescents à être sur les réseaux sociaux depuis le collège. Certaines études ont prouvé que de très gros changements ont eu lieu en une seule génération (moins de pas- sage de permis, baisse du taux d’obtention de diplômes, moins de relations amoureuses et moins d’interactions en général…). Je devrais dire qu’il s’agit de ma géné- ration. Je devrais ressentir ce sentiment d’appartenance. Or même si je sais qu’il s’agit de nous, je ne nous reconnais pas. Ces déclarations semblent si éloignés de ma réalité. En 2018, j’ai lu L’homme nu de Marc Dugain dans lequel ce dernier ex- plique précisément l’impact des bigs Data sur nos vies. Ce livre m’avait marqué. Il était à la fois alertante et très bien construit, mais je trouvais qu’il manquait de solution. Depuis, je remets régulièrement en question mon utilisation des réseaux sociaux. Pendant presque deux ans j’ai vécu sans smartphone. Ce n’était pas vraiment un choix mais plus de la malchance. Ma vie n’a pas changé. Pas du tout même. J’ai tellement profité. Pendant les vacances j’ai vidé 6 pellicules en 2 semaines, apprécié tous les moments passés et conservé tellement de beaux souvenirs. Puis, je me suis racheté un téléphone. Depuis je ne le lâche plus. C’est devenu l’extension de ma main. Au moment où j’écris il est juste devant l’ordinateur sous mon avant bras. Cela rappelle tristement le Truman Show. Demandons nous : pourquoi Truman n’a jamais approché de la découverte de la vraie nature de son monde ? La réponse est simple : Nous acceptons la réalité du monde auquel on appartient. Comment se réveiller de la matrice quand on a toujours vécu dedans ? Chaque personne a sa propre vérité. Cela nous rend imperméables aux points de vue contraire. Ce conditionnement, bien que sociologiquement explicable, est fortement aggravé par la puissance de la technologie. Par la captation de nos données, les ordinateurs peuvent nous proposer des réponses adaptés à notre géolocalisation, à nos recherches, à nos centres d’intérêts. Tout est défini pour convenir aux mieux à l’utilisateur. Le système capitaliste de ces entreprises tire bénéfice de l’observation de ce que les 2,7 milliards de personnes connectés sur cette Terre font. Pour eux, il est essentiel de rendre la connexion primaire pour tous afin d’établir un modèle de prédiction de plus en plus précis cela dans 3 buts : capter l’intérêt, croitre, et vendre des publici- tés. Il s’agit d’un marché sans précédent du futur d’humains à grande échelle dans lequel les publicitaires sont les clients, nous sommes les objets que l’on vend. Tout cela amène un questionnement sur les règles éthiques à respecter dans la création. Le design à une énorme part de responsabilité dans ce phénomène. La technologie ne s’est pas implantée seule, les designers numériques ont fortement contribué à développer l’attachement de l’homme aux réseaux (notifications pour gar- der l’utilisateur connecté, boutons j’aime pour lui don- ner envie de « progresser » systématiquement…). Les designers ont utilisé la psychologie pour manipuler les gens. Plus exactement, ils ont usé de captologie. C’est-à-dire, ils ont poussé le design à l’extrême afin de modifier le comportement des gens. Le design doit-il nécessairement modifier le comportement humain ? Est ce que l’améliorer est le modifier ? Crée-t-on pour opérer un changement ? Inévitablement, oui. Le design permet de transmettre une idée, un comportement, de manière complètement inconsciente. Il est utilisé par l’homme pour agir sur l’homme. Le consommateur ne se rend pas compte de l’impact de la création sur ses choix. On remarque souvent cela dans le graphisme puisqu’il traduit visuel- lement des informations. Cela s’illustre dans le packaging notam- ment qui véhicule une sensation, une idée du produit au client à travers des codes (un packaging vert semble naturel, écologique etc.).Mais ce processus s’applique également à l’urbanisme qui influe sur notre comportement dans la ville (installer des pots de fleurs le long des routes pour créer un faux rétrécissement de la largeur et donc, faire ralentir l’automobiliste), à l’architecture d’intérieur, au design produit qui influent sur notre rapport à l’espace, et à toutes les autres disciplines créatives. Pour autant, ce n’est pas un schéma systématique. Avec son principe du Modulor dans la cité radieuse, Le Corbusier a adapté l’espace à l’homme et non l’homme à l’espace. Au même titre, lors de l’exposition Charlotte Perriand (en 2019 à la Fondation Louis Vuitton), ses dessins montraient sa recherche d’après les positions humaines et les différentes manière de s’as- seoir pour la création de sièges. La psychologie est essentielle pour comprendre les besoins du client. Elle permet également d’imaginer comment ce dernier utilisera un objet et ainsi le rendre plus intuitif. Ici, la captologie permet de programmer l’utilisateur sans qu’il s’en rende compte. Elle ne pense pas aux besoins du client mais à celui de l’entreprise. Tout est relatif. On ne peut définir une création comme foncièrement bonne ou mauvaise. Selon moi, le point le plus important est l’in- tention finale du designer. Chaque détail dans le fonctionnement est créé dans un but. Reste à savoir lequel. Il est clair que pour les GAFA, le seul objectif est le profit. À tout prix. Là est le vice. D’une part parce qu’il s’agit d’une pensée à court terme, ce qui nous profite aujourd’hui ne profitera pas au monde de demain. Et d’autre part, parce que c’est terrible- ment égoïste. Une poignée de personnes s’enrichit sur le dos de millions d’autres. De milliards même. Ces entreprises sont les plus riches et le plus florissantes de tout les temps. À lui seul, Jeff Bezos (patron d’Amazon ndlr) pourrait racheter la dette de l’Europe. Tout cet argent déséquilibre les puissances, mais la collecte de données, donne procure aux bigs datas un nouveau genre de pouvoir et d’influence. Et ceci de manière exponentielle. « On en a pris conscience et on l’a fait quand même » dit Sean Parker, ancien président de Facebook. Après la manière et le but, le dernier aspect que je veux interroger, est la responsabilité du créa- teur. On n’est jamais coupable d’avoir inventé quelque chose de mauvais pour notre société, c’est l’homme qui est coupable de mal s’en servir. L’exemple le plus parlant est sans aucun doute la bombe nucléaire. Einstein n’est pas coupable de l’avoir inventé, les « méchants » sont ceux qui l’ont utilisé pour anéantir des civils, les États- Unis. Or le concepteur à un rôle primordial. Lui seul aurait pu éviter tout cela. La responsabilité est partagée. Les conséquences d’une invention sont-elles de la responsabilité morale du créateur ? Qui doit payer les pots cassés ? Et qu’en est-il lorsque le créateur perd le pouvoir ? Quand la machine n’est plus contrôlable - ou parce qu’elle est autonome, ou parce que d’autres uploads/s3/ compte-rendu-d-x27-exposition-e-milie-gibert.pdf
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- Publié le Mai 20, 2022
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